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9 Mai

Concours
d'histoires

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CONCOURS D'HISTOIRES

Jusqu’à m’étouffer de toi

Je me réveillai avant l’heure, comme souvent.
Le soleil filtrait déjà à travers les persiennes, dorant les murs clairs de ma chambre d’une lumière épaisse, presque collante. Il n’était que six heures, et pourtant, la chaleur avait déjà envahi l’air, saturé les draps, perlé sur ma peau. Une de ces chaleurs humides, tropicales, sensuelles… dangereuses.

Je m’appelle Aaron. J’ai vingt-sept ans, je vis en Guadeloupe… et je suis gay.
Je l’ai toujours su. Mais ici, dans ce petit bout d’île où les rumeurs vont plus vite que la pluie, j’ai appris à ne pas le dire. À baisser les yeux. À camoufler mes gestes. Mon timbre. Mon regard. Pourtant, certains savaient. Ou croyaient savoir. Il y a des choses qu’on n’a pas besoin d’avouer pour qu’elles fassent peur aux autres.

Le carnaval était passé. Le carême avait commencé.
Les autres avaient brûlé leurs excès dans les défilés, les danses, l’alcool et les corps pressés contre d’autres corps. Moi… je portais encore mes péchés. Les miens n’étaient pas lavables à l’eau bénite.

Je me levai, nu.
Le sol encore tiède sous mes pieds. Mon corps me plaisait. Je ne le disais jamais à voix haute, mais j’aimais le miroir du matin. Mes épaules larges. Ma taille dessinée. Ma peau sombre, luisante de sueur. Et surtout… mon cul. Ferme, musclé, rond sans excès. Masculin. Mais généreux. Il appelait la main. Ou la bouche. Ou…

Je fixais mon reflet.
Je voulais me sentir. Me posséder. Mes doigts effleurèrent mes fesses. Ma queue était déjà semi-dure, réveillée par la moiteur, par cette routine interdite que je m’offrais parfois, quand la maison était calme.

Sous la douche, je laissai l’eau tiède couler sur moi.
Ma main droite enroula mon sexe. Je fermai les yeux. Je pensai à rien. Ou peut-être à lui. Ce salaud. Ray. Toujours à me regarder de travers. À me lancer ses petites piques comme des coups de couteau. Ce n’était même pas ce qu’il disait… c’était comment il me regardait. Comme s’il savait. Comme s’il avait envie de m’écraser sous son talon.

Et pourtant, il revenait dans ma tête quand je me branlais.

Ma main glissa plus vite. Je cambrai les reins. Mon autre main descendit lentement entre mes fesses, jusqu’à mon trou. J’hésitai une seconde, puis je glissai un doigt. C’était chaud. C’était serré. C’était bon.

Et c’est à ce moment-là que la terre se mit à gronder.

Un bruit sourd. Une secousse.
La maison trembla. Les murs gémirent. Je perdis l’équilibre, m’agrippai à la paroi de la douche, le cœur cognant dans ma poitrine. L’eau continuait de couler, chaude, tremblante. Tout vacillait autour de moi.

Et dans ma tête, une seule pensée, absurde, honteuse :

C’est moi. C’est à cause de moi.
J’ai mis un doigt dans mon cul pendant le carême, et Dieu est en colère.

Le sol vibrait encore par à-coups, comme un battement de cœur malade. Je restai figé dans la douche, l’eau dégoulinant sur ma peau, les doigts encore humides de mon propre désir, la peur enfoncée dans mes tripes. La maison semblait tenir, mais j’entendais des choses tomber — des verres, un cadre, un bruit de craquement sinistre dans le plafond.

Mes jambes tremblaient, mes muscles tendus par l’adrénaline et la honte.
Je sortis de la douche d’un pas pressé, l’eau traînant derrière moi sur les carreaux. Une fissure avait lézardé le mur près de la fenêtre. Une partie de moi voulait s’arrêter, observer, comprendre… mais l’autre, plus primitive, criait “Fuis.”

Je m’essuyai à la va-vite, la serviette collant à ma peau brûlante.
Mon sexe était encore gonflé, frustré, durci par la peur et le manque — une tension insupportable, laissée en suspens. Je l’ignorai. J’enfilai un caleçon propre, puis un short un peu trop serré, celui qui épousait mes fesses avec insolence. Une chemise légère, moite déjà malgré mes gestes rapides, et mes baskets sans chaussettes.

Dehors, des cris. Des aboiements. Le bruit strident d’un klaxon quelque part.

Je jetai un regard à mon reflet dans le miroir, sans m’attarder cette fois. Mes cheveux mouillés formaient de petites boucles sombres, et mes yeux… ils trahissaient quelque chose. De la panique. Mais aussi… autre chose. Un feu sourd, brûlant plus bas que le ventre.

Je pris mon téléphone — pas de signal.
Pas de réseau. Pas d’internet. Rien.

Mon ventre se contracta. Je descendis les escaliers en courant. J’ouvris la porte d’entrée. La lumière du dehors me frappa de plein fouet. Le soleil brillait comme si de rien n’était, mais quelque chose avait changé. Dans l’air. Dans la façon dont les oiseaux s’étaient tus.

Et puis je l’entendis. Une voix. Celle d’un voisin, hurlant à pleins poumons :

— Alerte tsunami ! Montez en hauteur ! Montez !

Je n’avais même pas fait deux pas dehors que mon téléphone vibra violemment dans ma main. Et ce n’était pas le seul.
De tous les coins du quartier, des sonneries stridentes, mécaniques, angoissantes se mêlaient au chaos ambiant. Le son des alertes tsunami. Ce bip aigu et saccadé qui annonce que l’eau va venir. Qu’il faut courir. Qu’il faut monter. Qu’il faut survivre.

Mon cœur explosa dans ma poitrine.
Je relevai les yeux : des gens sortaient de chez eux, certains en pleurs, d’autres avec des sacs, des enfants dans les bras, des visages figés par la panique. Une voisine criait pour appeler sa mère, un chien courait en aboyant dans la rue.

Je n’avais pas prévu ça. Je n’étais pas prêt.
Ma gorge était sèche, mes jambes déjà lourdes.

Et c’est à ce moment-là que je les vis.

Dwayne.
Il sortait de la ruelle d’en face, sac sur l’épaule, T-shirt blanc tendu sur ses épaules larges, son visage traversé d’ombre et de lumière. Il avançait vite mais calmement, concentré, le regard vif. Quand il m’aperçut, un sourire bref éclaira son visage.

— Yo Aaron… ça va ? T’as entendu l’alerte ? Viens, on doit monter vite.

Sa voix était grave, posée, rassurante. Il allait vers moi quand l’autre est apparu derrière lui.

Ray.

Mon ventre se serra. Je le sentis avant même de le voir. Comme un orage qui approche.
Il portait un débardeur noir, son torse souillé de poussière, les veines de ses bras gonflées de tension. Ses yeux me fixèrent aussitôt, sombres, glacés, déjà pleins de quelque chose entre la colère et le mépris.

Et puis il a lâché :

— Oh, tu dis bonjour au macomaire maintenant ?

Sa voix claqua dans l’air comme une gifle.
Dwayne se figea. Moi aussi.

Macomaire.
Un mot sale. Insinuant. Lâché avec ce demi-sourire dégueulasse qu’il arborait toujours quand il se pensait supérieur.

Un frisson de rage me remonta le long de l’échine.

— T’as un problème ? je lançai, la voix sèche.
— J’ai toujours eu un problème avec les gars comme toi, ouais, il répondit en s’approchant.
— Et moi j’ai un problème avec les gars qui parlent trop.

Il rit, court, méprisant.

— Tu crois que parce qu’on va peut-être tous crever aujourd’hui, tu peux enfin assumer ta petite perversion tranquille ?

Je ne me suis même pas entendu avancer.
Ma main est partie toute seule. Mon poing a heurté sa joue avec un bruit sec.

Ray a reculé d’un pas. Pas assez.

Il m’a regardé avec un mélange de surprise et de fureur. Puis il a serré les poings. Il allait me frapper en retour quand Dwayne s’est interposé.

— Hé ! Oh ! Arrêtez vos conneries là ! C’est pas le moment !
— T’as vu comment il parle ?! j’ai crié.
— T’as pété un câble ou quoi ?! Aaron, faut qu’on bouge, maintenant !

Mais c’était trop tard.

Je ne pouvais plus le regarder sans avoir envie de hurler.
Mon cœur battait trop fort. Mes joues brûlaient. J’avais envie de pleurer, de frapper, de fuir. Alors c’est ce que j’ai fait.

Je suis parti. Seul.

Je l’ai entendu crier quelque chose derrière moi, mais je ne me suis pas retourné.
J’ai couru, à travers les petites rues, vers la montagne, vers n’importe où.

La sirène d’alerte retentissait maintenant dans tout le quartier.

Et puis, soudain, une voix familière juste derrière moi :

— Tu crois que tu frappes qui, hin, le macomaire ?!

Je me retournai, haletant.

Ray était là, ses yeux lançant des éclairs, son corps tendu comme un piège prêt à claquer.
La colère dans sa voix me figea un instant — pas parce qu’elle me faisait peur. Mais parce qu’elle ressemblait trop à quelque chose que je connaissais. Cette rage-là, je la portais aussi. Elle n’était pas si différente de la mienne.

Mais je ne voulais pas qu’il me rattrape. Pas maintenant.
Alors j’ai fait ce que je savais faire : j’ai couru.

Je remontai la petite route en pente, les jambes lourdes de sueur et d’adrénaline. J’entendais ses pas derrière moi, rapides, lourds, puissants, le souffle de ses poumons dans mon dos comme une menace. Chaque virage me rapprochait un peu plus des hauteurs, mais je ne savais pas où j’allais. J’avais juste besoin de le fuir. De m’éloigner de lui, de ses mots, de son regard, de ce qu’il réveillait en moi.

Et puis j’ai glissé.

Une pierre sous ma chaussure.
Mon pied est parti. Mon corps a chuté brutalement, les genoux râpant le gravier. Un cri bref. Je me suis retourné à moitié, prêt à me relever, mais il était déjà sur moi.

Il me plaqua au sol, ses mains sur mes épaules, son torse contre mon dos, son souffle court dans mon oreille.

— T’as de la chance que j’ai pas envie de te casser la gueule, putain.

Je me débattais, mais pas vraiment. Pas complètement. Mon corps voulait fuir, oui. Mais une autre partie de moi… brûlait. De colère. De honte. D’excitation ?

— Dégage, Ray ! Ne me touche pas !

— C’est toi qui m’as frappé, espèce de—

Je le repoussai violemment, et il tomba sur le côté.
Je me relevai en vitesse, sans lui laisser le temps de répondre, et je repris ma course.

Le cœur battant à m’en éclater la poitrine.
Une douleur vive au genou. Une tension presque sexuelle entre mes cuisses, que je refusais de nommer.

Je montai encore, plus haut, à travers les arbres et les maisons de tôle, jusqu’à tomber sur une vieille case abandonnée, semi-cachée dans la végétation.
Les volets étaient arrachés, la porte pendait de travers. Mais elle tenait encore debout.

J’y entrai à bout de souffle, me collant contre le mur de l’entrée, le visage trempé, les mains tremblantes.

Et je crus l’avoir semé.

Un silence.

Puis…

Clic.

La porte grinça.
Je tournai la tête lentement.

Il était là. Ray.
Silencieux. Essoufflé. Trempé de sueur. Ses yeux noirs rivés aux miens. Son torse se soulevait à un rythme irrégulier. Il referma la porte derrière lui.

— T’as décidé de jouer à cache-cache ?
— Barre-toi.

Je le dis sans y croire.
Ma voix était rauque. Mon short collait à mes fesses, mes muscles tremblaient. Je le détestais. De toute mon âme. Et pourtant…

Il s’approcha. Lentement.
Et au moment où je crus qu’il allait m’attraper encore une fois — un grondement sourd déchira le silence.

On se figea.

Un rugissement. Un cri venu de la mer.

Je courus jusqu’à la fenêtre brisée. Et là, je la vis.
La vague. En bas. Monstrueuse. Inhumaine. Elle avançait.

— Merde…

Ray me rejoignit. Son souffle s’arrêta.
La maison trembla une première fois. Puis l’impact.

BOUM.

L’eau frappa comme une bête furieuse.
La structure craqua. Une fenêtre vola en éclats. La pluie s’engouffra avec violence. Le sol se mit à trembler sous nos pieds.

— Faut monter, viens ! j’ai crié.

Je l’attrapai par le bras, l’entraînai dans l’escalier intérieur, vers la pièce la plus haute.
L’eau s’infiltrait déjà sous les murs, montant vite, trop vite.

Et puis j’ai entendu son cri.

Je me retournai : il avait glissé.

L’eau entrait par l’ouverture arrière, en furie. Ray était à moitié emporté, accroché à un meuble, la panique dans les yeux.

Sans réfléchir, je sautai dans l’eau, l’attrapai à bras-le-corps. Je tirai. Je luttai. Mes pieds glissaient, mes muscles hurlaient.

Et enfin, je le hissai contre le mur, essoufflé, trempé.
Nos regards se croisèrent. Un instant. Silencieux. Glaçant.

Et puis, le silence.
La vague était passée. La maison avait tenu. À peine.

Mais nous…
Nous étions seuls.

Le silence pesait.
Juste nos souffles, le vent à travers les planches disjointes, et ce goût de sel dans la bouche.

Ray était assis contre un mur, son corps ruisselant, son regard fixé sur un point au loin. Il avait une coupure fine au flanc, rien de grave, mais assez pour rappeler qu’on aurait pu mourir. Qu’on était seuls. Et qu’on le resterait peut-être.

Je m’étais calé de l’autre côté de la pièce, laissant un espace entre nous. Trop près, c’était dangereux. Trop loin, c’était lâche.
Je ne disais rien. Lui non plus.

Et puis, sans me regarder, sa voix a tranché le silence :

— … T’as fait ce qu’il fallait.

Je le fixai, surpris. Il se passait une main dans les cheveux, les mâchoires crispées.

— Comment ça ?
— J’aurais pu me noyer. Tu m’as pas laissé faire. C’est tout.

Il me remerciait. Mais pas directement. Pas vraiment.
Comme si dire “merci” aurait été une faiblesse.

— J’allais pas regarder l’eau te bouffer, Ray.

Il grogna, comme s’il n’aimait pas ma réponse. Comme si le fait d’avoir été sauvé par moi lui laissait un goût amer.

Il se leva d’un bond, nerveux. Ses muscles se contractaient sous sa peau luisante. Il faisait chaud, et tout était moite — l’air, nos fringues, nos silences.

— T’aurais pu. Beaucoup l’auraient fait.

Je haussai les épaules.

— Peut-être. Mais pas moi.

Un silence encore.
Il fit quelques pas, regardant autour de lui, les débris, les traces d’eau, la vie déchirée.
Puis il lâcha :

— Fait chier… qu’on soit que nous deux.

Le ton était amer. Vraiment amer.

Je me redressai.

— Tu préfères être seul que d’être coincé avec moi, c’est ça ?
— J’ai pas dit ça.

Il me jeta un coup d’œil. Fuyant. Défensif.
Et pourtant, il ajouta :

— J’ai dit que c’était la merde.

Puis, il tourna les talons, brusque.

— Faut qu’on bouge. Voir s’il reste des vivants. De la bouffe. Un endroit plus sûr.

Et il sortit.

Juste comme ça.
Sans une excuse. Sans un regard.

Mais j’avais vu la crispation dans sa nuque. La tension dans ses épaules.
Un malaise qu’il n’assumait pas.
Pas encore.

On a marché toute la journée.
Au début, sans parler. Juste avancer. Descendre les chemins, contourner les amas de bois, les tôles arrachées, les arbres couchés sur les routes. Le paysage était méconnaissable. Des maisons éventrées. Des voitures retournées. Des morceaux de vie flottant dans les flaques de boue.

Et pas un bruit humain.
Pas un cri. Pas une voix.

J’avais l’impression qu’on était les deux derniers hommes sur Terre.

Mon short collait à ma peau depuis des heures. Mon dos me faisait mal, mes jambes tremblaient. Ray ne disait rien, mais je voyais à sa mâchoire contractée, à sa respiration hachée, que lui aussi était à bout.

Le soleil était haut, brûlant, impitoyable. Et tout suait.
Nos corps. Les murs. Le sol.

Ray jetait des regards autour de lui, comme s’il espérait voir quelqu’un surgir au coin d’une rue, nous appeler, nous prendre dans ses bras.

Mais il n’y avait personne.

— Tu crois qu’ils sont tous morts ? j’ai demandé.

Ma voix m’a surpris. Je n’avais pas parlé depuis des heures.

Il a haussé les épaules, le regard toujours fixé devant lui.

— J’sais pas. Peut-être qu’ils ont tous pu se réfugier ailleurs. Ou qu’ils sont en train de chercher… comme nous.

Mais on y croyait pas. Pas vraiment.

Vers la fin de l’après-midi, le ciel s’est chargé d’orange et de rouge.
On avait mal partout. Faim. Froid. Les fringues trempées, le cœur vide.

C’est là qu’on a trouvé l’endroit.
Une ancienne bâtisse en pierre, un peu plus haut dans les terres.
Le toit était partiellement effondré, mais une pièce, au fond, avait tenu. Un sol sec. Un coin à peu près propre.
Un endroit où s’écrouler.

Ray est entré le premier, balayant la pièce du regard.
Il a testé les murs, regardé le plafond, puis a posé son sac trempé dans un coin.

— On fera pas mieux pour ce soir, il a dit.

J’ai hoché la tête, soulagé malgré moi.

Je me suis laissé glisser contre
un mur, mes muscles hurlant à l’unisson. Je sentais la crasse sur ma peau, le sel, la sueur, la fatigue. Ray s’est assis en face, à quelques mètres. Il était torse nu maintenant, son débardeur fichu. Sa peau brillait dans la lumière mourante du jour.

On ne parlait pas.
Mais le silence entre nous était plus dense que n’importe quelle conversation.

Il regardait dehors, le regard durci, les traits creusés par l’épuisement. Moi, je le regardais lui. Sans le vouloir.
Je ne savais pas ce que je voulais lire dans ses yeux. De la peur ? De la gratitude ?
Ou autre chose.

Le soleil a fini par disparaître derrière les collines, laissant un ciel violet et chaud, et cette nuit qui tombe si vite sous les tropiques.
Et dans cette pénombre, j’ai senti quelque chose changer.
Pas dans le monde.
Dans lui.

Pas une parole. Pas un geste.
Mais sa présence devenait plus lourde. Plus… réelle.

Et pour la première fois depuis des heures, ses yeux ont cherché les miens.

— Demain, on fouillera les alentours, il a dit. Voir si y a des réserves, un village qui a tenu.

— Ouais, j’ai murmuré. Mais ce soir… on est vivants.

Il n’a rien répondu.
Il a juste fermé les yeux un instant. Et dans son visage tendu, j’ai cru voir… une faille. Une seconde.

Puis il s’est couché dos à moi, sans un mot de plus.

Et dans cette petite pièce chaude, pleine d’ombres et de respiration…
j’ai senti que la vraie tempête ne faisait que commencer.

Les jours ont passé.

Combien, je ne sais plus. Trois. Quatre. Peut-être cinq.
Le soleil se levait et se couchait sans qu’on sache si ça signifiait encore quelque chose. Le monde autour de nous était figé dans le silence. L’île, belle et cassée, ne respirait plus comme avant.

On n’a trouvé personne.
Pas un cri. Pas une silhouette au loin. Juste des carcasses de voitures, des maisons éventrées, des champs de bananes arrachés, et parfois, l’odeur de la mort, portée par le vent.

On a fini par s’installer dans la vieille bâtisse.
Un coin de table récupéré, deux chaises, une lampe torche qui tenait encore, quelques boîtes de conserve trouvées dans une épicerie retournée.
Ray a sécurisé les ouvertures comme il a pu, a déplacé un vieux matelas dans un coin. On dormait dans la même pièce, à quelques mètres l’un de l’autre, sans jamais se tourner le dos, mais sans jamais se faire face non plus.

Les premiers jours, on ne parlait presque pas.
On bougeait, on cherchait, on revenait. On mangeait peu, buvait à peine, et nos corps se sont mis à parler à notre place.

Je voyais ses épaules briller de sueur au petit matin. Son torse qui se soulevait lentement quand il dormait. Sa bouche qui se crispait parfois dans ses rêves.
Et je sentais ses yeux sur moi, la nuit, quand il croyait que je dormais.

On devenait autre chose que deux survivants.
Des bêtes à l’instinct lentement réveillé.

Ce soir-là, il faisait encore plus chaud que d’habitude.
L’air était épais, lourd, collant. La nuit tombait lentement sur notre abri, teintée de rouge, de poussière et d’électricité dans l’air.

J’étais torse nu, mon short pendait bas sur mes hanches, trempé de sueur. Je m’épongeais avec un vieux chiffon, incapable de rester en place. Ray, lui, était assis sur une chaise bancale, jambes écartées, en train de tailler un bout de bois avec un vieux couteau émoussé. Il fixait ses mains, mais je sentais ses yeux glisser vers moi. Encore. Et encore.

Je n’en pouvais plus de son silence. De ses regards qui brûlaient sans jamais s’assumer.

— T’as un problème ? ai-je lâché sans me retourner.

— Couvre-toi, a-t-il grogné.

— Pourquoi ? J’t’excite ?

Je l’avais dit d’un ton neutre. Mais je sentais mon pouls dans ma gorge.

Il releva les yeux lentement. Se leva.
Son regard était noir, mais quelque chose vibrait sous la surface. Quelque chose d’instable.

— Répète ?

— J’ai dit : j’t’excite ? C’est pour ça que tu me mates comme ça tous les soirs ?

Il s’était avancé d’un pas, puis d’un autre.
Mon cœur battait plus vite, mais je n’avais pas bougé. Je voulais qu’il vienne. Qu’il craque. Qu’il montre enfin ce qu’il planquait derrière ses murs.

— Tu veux une claque, c’est ça ? a-t-il craché.

— C’est pas ce que t’as envie de me mettre.

Il me saisi et me plaqua contre le mur.

J’ai riposté, brutalement. Nos corps se sont cognés. Il a glissé, m’a repoussé, m’a attrapé à nouveau. On s’est pris, repoussés, plaqués. Ce n’était pas une vraie bagarre. C’était un trop-plein qui éclatait. Un cri qu’on ne savait pas dire.

Et soudain, sa bouche s’est écrasée sur la mienne.

Pas un baiser. Une morsure. Un coup.
Il m’a embrassé comme on attaque. Comme on revendique.
Sa main s’est crispée sur ma nuque, son bassin a heurté le mien. Je sentais sa queue dure contre mon bas-ventre, et ça me rendait fou.

Je l’ai attrapé, moi aussi. Mes doigts dans ses cheveux. Ma bouche affamée.

Mais il s’est reculé d’un coup, haletant. Son regard fuyant, ses lèvres rougies.

— T’approche plus de moi.

Et il est sorti.
La porte a claqué.

Moi, je suis resté là.
Avec sa salive sur ma bouche.
Et l’odeur de son désir sur ma peau.

Le lendemain matin, il ne m’a pas regardé.

Il s’était levé avant moi. La pièce était encore sombre, fraîche, et j’entendais ses pas à l’extérieur, lourds, réguliers. Il faisait comme si rien ne s’était passé. Comme si sa bouche n’avait pas broyé la mienne. Comme si je n’avais pas senti sa queue bandée contre mon ventre, son souffle rauque contre mon cou.

Moi, je m’étais réveillé brûlant. Pas seulement à cause de la chaleur.
Je le sentais encore dans mes lèvres, mes reins, mes os.

Quand je suis sorti, il était en train de couper du bois, torse nu, tendu. Il transpirait déjà, même s’il ne faisait pas encore chaud. Il ne m’a pas dit bonjour. Pas un mot. Pas un regard.

Mais il avait mauvaise mine.
Comme s’il n’avait pas dormi. Comme s’il était hanté.

Je ne lui ai rien dit non plus.

Pas encore.

Les jours suivants furent une guerre silencieuse.

Ray m’évitait, sans vraiment fuir. Il répondait par monosyllabes. Il sortait plus souvent. Travaillait trop. Ramenait du bois, de l’eau, des objets utiles, sans jamais croiser mon regard.

Mais je sentais qu’il me voyait.

Quand j’enlevais ma chemise pour faire sécher ma peau au soleil.
Quand je sortais de la douche improvisée, trempé, le short collé à mes fesses.
Quand je chantonnais doucement, sans le regarder, le dos tourné, penché sur le feu.

Il détournait les yeux. Mais trop tard.
Toujours trop tard.

Et alors j’ai compris.

Je pouvais le faire craquer.
Je pouvais le faire tomber.

J’ai commencé petit.

Des touches. Des gestes anodins. Je passais plus près de lui qu’il ne fallait. Je le regardais avec trop d’intensité, juste une seconde. Je lui parlais avec douceur, presque tendrement.

Parfois, je le surprenais à me fixer pendant que je lavais mes vêtements torse nu, ou quand je m’étirais au réveil, le dos cambré, les yeux mi-clos.

Et quand nos regards se croisaient, je ne baissais plus les yeux.

Il serrait la mâchoire. Il se raidissait.
Et parfois… il fuyait la pièce.

Mais une nuit, je l’ai entendu se lever.
Ses pas. Lents.
Je n’ai pas bougé. Je suis resté allongé, yeux mi-clos, dos tourné vers lui, les draps à moitié glissés sur mes reins nus.

Je l’ai senti s’arrêter. Me regarder. Longtemps.

Et repartir.

Il ne disait toujours rien.
Mais son corps, lui, parlait de plus en plus fort.

Et moi, j’avais décidé de répondre.

La journée était passé et le soleil descendait lentement derrière les arbres éventrés.
Un ciel de feu et de braise enveloppait l’île dans une lumière presque irréelle, dorée, chaude, vibrante. L’air sentait le sel, la cendre, la mangue fermentée. Et quelque chose d’autre. Quelque chose qui vibrait entre mes côtes.

J’étais assis contre un mur de pierre, à moitié dans l’ombre. Je regardais Ray en silence.
Il était là, torse nu, en train de réparer une espèce de bâche au-dessus de la porte. Ses bras tendus, ses muscles contractés, le front ruisselant de sueur. Chaque mouvement était tendu, chargé, comme s’il se battait avec l’air lui-même.

Et soudain… j’ai su.

Pas comme une pensée. Pas comme une surprise.

Comme un souvenir. Un retour. Une évidence.

Je l’aimais.

Depuis longtemps.

Peut-être depuis toujours.

Et c’était insupportable.

Je l’avais caché sous la colère. Sous l’humiliation. Sous mes regards durs, mes silences froids. Parce qu’il me méprisait. Parce qu’il me regardait comme on regarde une menace.
Alors j’avais préféré le haïr.

C’était plus simple de le détester que d’aimer un homme qui me rejetait.
Un homme qui ne se regardait même pas en face.
Un homme qui me faisait mal… et me faisait bander dans le même souffle.

Mais là, dans cette lumière tremblante, ce corps fatigué, cette solitude partagée…
Je ne pouvais plus mentir.

Je l’aimais.

Pas parce qu’il m’avait embrassé.
Pas parce qu’il était beau.

Parce que même cassé, sale, tordu…
Il était lui.

Et j’étais foutu.

Je ne l’avais pas vu s’approcher.
Mais soudain, il était là. Debout devant moi. Le visage tendu.

— Faut qu’on parle.

Je levai les yeux.

— Je t’écoute.

Il avait les bras croisés. Le regard fermé. Mais je sentais une nervosité étrange vibrer sous ses gestes.

— C’est quoi ton problème ?
— Mon problème ?
— Ouais. T’agis comme si t’étais… je sais pas… la putain de petite femme parfaite. Doux, gentil, toujours à faire les trucs bien, à t’occuper du feu, à parler avec ta voix calme de merde.

Je le regardais, sans répondre.
Il s’énervait. Il transpirait. Il cherchait un angle d’attaque.

— Tu veux quoi ? Tu veux que je m’effondre ? Que je pleure dans tes bras ? Que je te baise pour te remercier de pas être un connard ?

Je me levai doucement. Je m’approchai de lui, sans agressivité.
Je sentais la chaleur de son corps. Sa tension. Son trouble.

Et je dis, calmement :

— Je veux rien, Ray. Je suis juste là. Et j’arrête de fuir ce que je ressens.

Il me fixa. Son souffle se bloqua dans sa gorge.

— Tu crois que t’as tout compris, hein ? Que t’as gagné ?

Je posai une main sur sa joue. Très doucement.

— J’ai rien gagné.
J’ai juste arrêté de me cacher. Et je t’attends là, si tu veux me rejoindre.

Son visage se crispa. Il ouvrit la bouche, la referma.

Et puis… il me saisit par la nuque.
Sa bouche s’écrasa sur la mienne.

— C’est ça que tu voulais ? souffla-t-il contre mes lèvres.
— Oui.

Son souffle était rauque contre ma bouche, tremblant presque.
Ray m’embrassait comme s’il voulait me punir de l’aimer. Ses mains étaient dures, possessives, ses lèvres me mordaient autant qu’elles me goûtaient. Il me tenait par la nuque, et j’avais l’impression qu’il allait me briser… ou me garder.

Je lui rendais tout. Sans peur. Sans défense.
C’était lui. C’était moi. Et c’était maintenant.

Ses mains glissèrent sous ma chemise, trempée de sueur. Il l’arracha presque, ses doigts courant sur ma peau chaude, pressée par la journée.
Il me poussa contre le mur, doucement mais fermement. Nos bassins se heurtèrent. Je sentis sa queue dure sous son short, lourde, brûlante.

Je gémis.
Ça sortit tout seul, contre ses lèvres.

Il s’arrêta une seconde.
Ses yeux plongèrent dans les miens.
Il haletait.

— Tu veux ça ? dit-il, la voix basse, presque rauque.
— Je te veux, Ray. Pas juste ça. Toi.

Il grogna.
Un bruit animal, comme si ça faisait trop mal d’entendre ça.

Il me dévora la bouche à nouveau. Ses mains descendirent, agrippant mes fesses, les malaxant, les tenant comme quelque chose qu’on ne veut plus lâcher. Il grognait contre moi, perdu.
Je sentais son désir battre contre mon bas-ventre, lourd, insistant. Et le mien lui répondait déjà, tendu, impatient.

Il me retourna contre le mur. Lentement. Avec une force contenue.
Je me laissai faire, tremblant d’envie, de peur douce, de cette attente qui me rongeait depuis des jours. Des années, peut-être.

Ses mains descendirent le long de mes hanches. Il fit glisser mon short et mon caleçon d’un seul geste, me mettant nu, là, devant lui, exposé à la lumière dorée du soleil couchant.

— Putain… souffla-t-il.
— Quoi ?
— Ton cul. Il est…

Il ne termina pas.
Il posa ses paumes sur mes fesses, les écarta lentement. Sa respiration devint plus saccadée.

Il se mit à genoux derrière moi.

Je sentis sa langue.

Un choc. Une chaleur. Une onde.

Il me lécha lentement, doucement, explorant mon intimité comme s’il s’y noyait, comme s’il se punissait et se libérait en même temps. Ma tête tomba en avant, un gémissement franchit mes lèvres, incontrôlable. Il me bouffait. Il me rendait fou.

Et puis il se releva, sa queue frottant contre ma peau. Il se colla à moi.

— Je peux ? souffla-t-il, sa voix brisée.

— Oui.

Je le sentis défaire son short, précipité, maladroit. Il cracha dans sa main, enduisit sa queue. Ses doigts vinrent préparer mon entrée, lentement, tremblants. Il était doux, plus que je ne l’aurais cru. Son doigt entra, puis un deuxième. Je m’ouvrais à lui, mon dos cambré, les yeux fermés, le souffle court.

Quand il poussa enfin sa queue contre moi, j’en tremblai.

Il entra lentement.
Profondément.
D’un seul mouvement long, retenu, presque douloureux. Et pourtant… délicieux.

— Putain… t’es chaud… t’es serré…
— Vas-y, Ray…

Et il bougea.
Un va-et-vient lent, régulier, profond. Il me tenait par les hanches, ses doigts s’enfonçant dans ma chair. Je gémissais à chaque poussée, sentant mon ventre s’enflammer, mon cœur s’ouvrir autant que mon corps.

Il accéléra. Me plaqua contre lui. M’embrassa l’épaule. Mordit ma nuque.
On transpirait, haletait, vibrait ensemble.
Il me baisait comme on cherche un refuge. Comme on hurle en silence. Comme on s’excuse sans mots.

Et moi, je me laissais faire.
Parce que je l’aimais.

Il me retourna, me regarda dans les yeux. Sa queue glissa entre mes fesses, contre ma peau trempée. Il me reprit, cette fois en face, là où je pouvais le voir tout entier. Son corps. Sa rage. Sa peur. Son désir.

— Je… je t’avais vu, murmura-t-il entre deux gémissements. Depuis longtemps. J’ai jamais su…

Je l’embrassai.

Et il me prit à nouveau, plus fort.
Je caressai son dos, ses reins, son visage.
Et je jouis. Contre lui. Sur son ventre. Dans un cri étouffé.

Il me suivit, quelques secondes plus tard, tendu, crispé, perdu, dans une giclée chaude entre nous.

Puis il retomba sur moi, haletant, vidé.

Il ne dit rien tout de suite.

Mais il ne partit pas.
Il resta là. Contre moi. En moi.

Et je sus que plus rien ne serait comme avant.

La lumière filtrait à travers les interstices du toit, douce, dorée, tiède.
Il faisait encore frais. Le silence était presque total. Juste quelques oiseaux, très loin.
Et son souffle.
Ray.

J’étais nu, étendu sur le matelas, collé à lui.
Son dos contre ma poitrine. Sa peau chaude. Mon bras autour de sa taille.
Son odeur, mêlée à la mienne, à celle du sexe, de la sueur, du sommeil.

J’avais encore les yeux fermés, mais tout mon corps se souvenait.
Ses mains, ses coups de reins, ses soupirs.
La douceur inattendue.
Le feu dans sa bouche.

Je n’avais pas rêvé.
Il ne m’avait pas repoussé.
Et cette fois, il était resté.

Je bougeai légèrement. Mon ventre se pressa contre ses reins.
Mon sexe, encore engourdi, commença doucement à se tendre, réveillé par sa chaleur, par sa présence.

Ray grogna doucement, sans bouger.
Mais sa main, posée sur ma cuisse, se resserra.
Un frisson me traversa.
Il ne dormait plus.
Il m’avait senti.

Je glissai mes lèvres contre sa nuque. Lentement.
Un baiser. Puis un autre.
Il ne dit rien. Mais il ne me repoussa pas.

Je laissai ma main descendre le long de son ventre, jusqu’à sentir sa queue — semi-dure, lourde, chaude.
Je la pris doucement dans ma paume.

Il soupira. Longuement.
Puis il murmura :

— Tu fais exprès, hein ?

— Non… ai-je répondu, la voix basse. C’est juste… naturel.

Je le caressai lentement, tendrement.
Il gémit. Juste un peu.
Son bassin remua légèrement, comme s’il s’offrait.

Alors je me décalai, je le laissai se tourner vers moi.
Ses yeux croisèrent les miens. Pas de peur, cette fois. Pas de haine.
Juste… une fatigue douce. Et du désir.

Je passai une main dans ses cheveux, son front, sa joue.

— On est en vie, Ray.

Il ne répondit pas. Mais il vint chercher mes lèvres.
Un baiser plus lent, plus profond. Un baiser de matin. De vérité.

Il bascula sur moi, son corps s’étendant au-dessus du mien. Je sentis sa queue dure contre la mienne. Il la frotta, lentement. Ses hanches ondulaient avec lenteur.

— J’veux te sentir encore… souffla-t-il.

— Prends ton temps, dis-je.

Et il le fit.

Il écarta mes cuisses. Se positionna. Me regarda une dernière fois.
Puis il entra, lentement, profondément.
Je haletai, le front posé contre son épaule.
Ses bras m’entouraient, ses reins bougeaient dans un rythme régulier, plus doux que la veille, plus ancré.

Il n’y avait plus de colère.
Juste lui.
Ray, en moi. En silence. En vie.

Et je compris que ce n’était pas juste du sexe.

Ray était au-dessus de moi, son corps lourd, chaud, enveloppant.
Sa queue m’emplissait lentement, profondément, chaque va-et-vient me consumait un peu plus. Ses hanches roulaient dans un mouvement fluide, presque tendre, mais tendu de désir. Ses paumes s’étaient posées à plat de chaque côté de ma tête, m’enfermant sous lui.

Je le regardais, la bouche entrouverte, haletant, les jambes relevées autour de sa taille. Je sentais ses abdominaux se contracter à chaque poussée, sa peau luisante de chaleur.
Ses yeux ne me lâchaient pas.
Ils me traversaient.

Il s’enfonçait en moi sans brutalité, mais avec une fermeté possessive, comme s’il ne voulait laisser aucune partie de moi lui échapper.

— T’es tellement… putain, souffla-t-il. T’es trop bon.

Ses mots me firent frissonner.
Je le voulais entier. Je le voulais vrai. Comme ça.

Je bougeai sous lui, me cambrai pour l’accueillir plus profondément.
Ses couilles claquaient contre mes fesses, le bruit moite de nos corps résonnait dans la pièce encore assoupie. Il accéléra un peu, son souffle devenant plus haché, plus rauque. Ses gémissements me faisaient durcir encore plus.

— Vas-y… plus fort, Ray…

Il obéit.
Ses coups de reins devinrent plus profonds, plus puissants. Il me prenait entièrement, son corps claquant contre le mien. Je sentais sa queue frotter ce point précis en moi, encore et encore, jusqu’à m’arracher des gémissements que je n’arrivais plus à contrôler.

Il me baisait comme s’il voulait s’ancrer en moi, comme s’il cherchait un abri dans mon corps.

Je passai mes mains sur ses bras, sur son torse, caressai ses flancs, agrippai ses hanches, je voulais tout de lui.

Et lui… il ne fuyait pas.

Il s’assit, m’attira sur lui.
Je m’empalai sur sa queue en m’asseyant à califourchon sur lui, mes bras enroulés autour de son cou. Il me tenait par la taille, me faisait monter, descendre, me contrôlait avec cette force douce et brute à la fois.

Ma tête tombait en arrière, ma bouche ouverte, mes muscles tremblaient.

— Regarde-moi, dit-il.

Je baissai les yeux.

Ses yeux étaient sombres, brûlants, pleins de quelque chose que je n’osais pas nommer.
Peut-être du désir. Peut-être plus.

Je le chevauchai, lentement, puis plus vite, je le sentais gonfler en moi, durcir encore, prêt à venir.

— Tu veux que je jouisse où ? souffla-t-il contre ma bouche.
— En moi… Je veux tout, Ray.

Il grogna. Fort.
Sa main glissa entre mes fesses, me plaqua contre lui, et il jouit, profondément en moi, chaud, brûlant, longuement, dans un râle rauque qui vibra contre ma peau.

Et moi, je me mis à trembler.
Ma queue pressée entre nos corps, je vins à mon tour, en giclée chaude contre son ventre, les yeux clos, le cœur renversé.

On resta là. Collés. Noués.
Sa queue encore en moi, son souffle dans mon cou.

Il ne disait rien.
Mais ses bras ne me lâchaient pas.

Et je sentais que, peut-être, il n’avait plus envie de partir.

Je ne savais plus exactement combien de jours s’étaient écoulés depuis notre première fois.
Le temps s’était étiré, fondu, avalé dans une suite de réveils moites, de baisers étourdis et de corps emmêlés.

Notre monde avait changé.
L’île était toujours brisée, silencieuse. Mais entre nous, quelque chose avait poussé.

Chaque matin, je me réveillais nu, collé à Ray, sa peau chaude contre la mienne, son souffle régulier dans ma nuque. Parfois, sa main glissait sur mon ventre, sur mes cuisses, jusqu’à ce qu’il me tire doucement contre lui.
Et là, sans un mot, il entrait en moi.
Lentement.
Comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.

Et moi, je l’accueillais.
Toujours.

On faisait l’amour au réveil, encore engourdis, les corps collés par la chaleur, la lumière douce du matin léchant nos dos. Puis je me levais, je lavais ce qu’on avait sali, je préparais à manger avec ce qu’on avait trouvé.
Je m’occupais de lui. De notre refuge. De notre feu.

Et lui… il me regardait.

Il n’était pas tendre dans ses gestes, mais il l’était dans sa présence.
Il me suivait partout. Il me touchait souvent. Il me baisait dès qu’il en avait envie — parfois deux, trois fois dans la journée.

Contre un mur. Sur le matelas. Dans l’herbe derrière la bâtisse.
Et parfois, il me tirait doucement par la main, me posait sur le dos, et me prenait lentement, en me regardant dans les yeux.
Comme s’il voulait me dire des choses qu’il ne savait pas dire.

On parlait peu, mais on rigolait.

Il me taquinait sur mes habitudes, sur ma façon de “jouer à la petite femme”, comme il disait.
Et moi, je lui répondais qu’il avait qu’à épouser un homme plus viril, s’il n’assumait pas d’être amoureux d’un gars comme moi.

Il râlait.
Mais il souriait.
Et il revenait toujours m’embrasser.

J’étais à lui. Il était à moi.
On vivait au milieu des ruines, mais on riait, on jouissait, on s’aimait.
Et je crois que c’était ça, notre miracle.

Il ne me disait pas “je t’aime”.
Mais il me le montrait avec ses mains. Sa bouche. Ses gémissements.
Et quand il me prenait lentement, la tête contre mon torse, je sentais dans ses mouvements tout ce qu’il ne savait pas dire.

C’était simple. Brûlant. Animal.
Et c’était beau.

Le soleil filtrait à travers le toit de tôle, chaud sur ma peau nue.
Ray était allongé sur le dos, essoufflé, torse nu, les cheveux en désordre, son ventre soulevé par sa respiration profonde.
Je le chevauchais, cuisses écartées, les mains posées sur son torse. Ma peau collait à la sienne, et sa queue en moi m’emplissait si bien que j’en tremblais.

J’allais vite. Sauvagement.
Je roulais des hanches, je le montais comme on monte un cheval de feu. Mon dos se cambrait, ma bouche entrouverte laissait s’échapper des gémissements chauds.
Il m’observait. Fasciné.

— Putain, Aaron… T’es… incroyable…

Il agrippait mes hanches, me guidait, gémissait à chaque descente.
Je le regardais droit dans les yeux. Je souriais.
Je l’aimais. Et je lui montrais.
Pas de rôle. Pas de honte.
Juste moi, lui, et ce putain de plaisir.

Je me penchai sur lui, l’embrassai à pleine bouche, avalant son souffle, puis redressai le buste pour reprendre mes mouvements. Son gland frottait exactement là où il fallait, et je sentais ma jouissance monter, sourde, violente, délicieuse.

Et puis—

Un son.
Loin.
Un cri.

— À l’aide… !

On s’arrêta net.

Ray ouvrit les yeux. Moi aussi.

— T’as entendu ?
— Oui.

Je me redressai, sortis lentement de lui. Nos corps encore chauds, tremblants. Ma cuisse était trempée de son pré-sperme, son torse brillait.

On s’habilla rapidement, le cœur encore haletant.
Je remis mon short sans même nettoyer mon ventre. Ray attrapa son t-shirt froissé, passa la main dans ses cheveux et se referma immédiatement.

On sortit de la bâtisse, courant dans la chaleur écrasante, les herbes hautes nous fouettant les jambes. La voix se rapprochait.

— Hé ho ! Y a quelqu’un ?!

Et là, on le vit.
Dwayne.
Boitant, couvert de poussière, le bras en sang, un bandage sale autour de la jambe. Il avait maigri, les traits tirés, mais il souriait en nous voyant.

— Aaron ?! Ray ? Bordel… vous êtes vivants…

Je courus vers lui, mon cœur battant. Je l’attrapai par l’épaule, le serrai fort contre moi. Il haletait, soulagé. Je sentis son odeur — la fatigue, la survie, le sang.

Ray resta en arrière. Figé.

On raccompagna Dwayne jusqu’à notre refuge. Il parlait, racontait, doucement, encore choqué. On l’installa sur le matelas, je lui apportai de l’eau, je nettoyai sa plaie comme je pouvais.

Et Ray ne disait rien.

Quand je me tournai vers lui pour lui demander de l’aide, il me répondit :

— T’as l’air de bien t’en sortir sans moi.

Je fronçai les sourcils.

— Quoi ?

Il détourna les yeux. Croisa les bras.

— C’est bon. Continue de jouer à l’infirmier modèle. Il va t’aimer, lui aussi.

Un frisson me traversa. Pas de plaisir, cette fois.

— Ray… qu’est-ce que tu—

— Rien. Je dis rien.

Il sortit. Claqua la porte.
Dwayne me regarda, surpris.

— Il est toujours comme ça ?
— Non… ai-je soufflé. Non, pas avant aujourd’hui.

Je ne comprenais pas.
Quelques minutes avant, je le chevauchais comme un roi. Il me regardait comme un homme amoureux.
Et maintenant, il redevenait Ray-le-masque, Ray-la-carapace, Ray-la-coupure.

Et j’avais froid.
Même sous ce soleil de plomb.

Je ne reconnaissais plus Ray.

Depuis l’arrivée de Dwayne, il avait changé.
Il parlait peu. Me regardait à peine. Répondait sèchement à mes questions, quand il répondait tout court.
Et surtout, il ne me touchait plus.

Je tentais de comprendre. De recoller les morceaux.
Mais tout ce que je récoltais, c’était son silence, ses regards fuyants, son dos tourné quand je me glissais dans le lit la nuit.
Il s’allongeait loin de moi, bras croisés, sans un mot.
Et moi, je restais là, nu, frustré, le cœur serré, sans comprendre ce que j’avais fait.

Pendant ce temps, Dwayne reprenait des forces.

Il parlait avec moi. Me remerciait. Il souriait beaucoup, malgré la douleur.
Je passais mes journées à m’occuper de lui, à changer son bandage, à lui préparer à manger avec ce qu’on avait.
J’étais heureux de le voir vivant.
Il me rappelait le monde d’avant, les visages connus, une forme de normalité.

Et j’aimais passer du temps avec lui.

On riait.
On parlait de musique, de souvenirs.
Parfois, il me taquinait gentiment, me faisait rire aux larmes.

Et pendant ces moments-là, je sentais le regard de Ray.
Il ne disait rien.
Mais il brûlait.

Je le surprenais parfois, planté dans l’ombre de la pièce, le regard dur, les poings crispés, le torse tendu sous sa chemise à moitié déboutonnée. Il nous observait.
Puis disparaissait.

Parfois, il claquait une porte.
Parfois, il cassait quelque chose en silence, un morceau de bois, un pot vide.
Et parfois, il se contentait de m’ignorer comme si je n’existais plus.

La nuit, il ne me touchait plus.
Mais j’entendais sa respiration saccadée.
Je le savais éveillé. Je le savais tendu.
Je savais que sa queue était dure, comme la mienne, mais qu’il refusait de céder.

Je me sentais rejeté, humilié.
Et terriblement seul.

Et pourtant…
Je l’aimais.
Encore.

Un après-midi, alors que Dwayne dormait, je sortis chercher des fruits.
Ray était dehors, en train de hacher du bois avec une violence qui n’avait rien de productive.

Je m’approchai doucement.

— Tu vas bien ?

Il ne me regarda pas.

— Je suis occupé.

— T’as pas envie de parler de ce qu’il se passe ?

— Il se passe rien.

— Ray, tu me parles plus. Tu me regardes plus. Tu me touches plus. Tu me—

Il balança sa machette au sol.

— Tu veux pas aller t’occuper de ton pote, là ? T’as l’air de bien kiffer sa compagnie.

Je restai figé.

— Tu me reproches quoi, au juste ? Que Dwayne soit vivant ? Que je sois content de le voir ?

Il me regarda enfin. Son regard était noir, blessé, jaloux.

— Je te reproche de m’avoir oublié en deux jours.
— Tu t’es effacé, Ray. Tu t’es fermé. Moi, j’ai rien oublié. C’est toi qui—

Il se rapprocha, trop vite. Son visage à quelques centimètres du mien.

— T’as couché avec lui ?

— Quoi ?!

— Réponds.

— Non, espèce de malade ! T’as perdu la tête ?

— Pas encore, souffla-t-il. Mais j’suis pas loin.

Je le vis.
Ses yeux.
La peur. La colère. L’amour. Tout mélangé.
Il était au bord.
Et moi… j’étais en train de tomber.

Il me regardait comme s’il allait me frapper.
Mais ce n’était pas ça.
Je connaissais ce regard, maintenant. Je savais le lire.
C’était du désir. Du manque. De la rage d’aimer.

Et soudain, il m’embrassa.

Pas un baiser. Un choc.
Sa bouche écrasa la mienne, sa langue força l’entrée. Il m’aspira, me mordit, m’agrippa comme s’il voulait me briser ou me garder. C’était brutal, violent, incontrôlé.

— Tu veux que de la douceur ? hein ? C’est ça ? Tu veux qu’on t’caresse, qu’on t’aime tout gentil ?

Je n’eus pas le temps de répondre.
Il me poussa au sol.
Je tombai sur le dos, les coudes dans la terre, le souffle court. Il était déjà sur moi, les yeux brûlants, ses mains tirèrent mon short d’un coup sec.

— Ray… attend…

— T’as pas dit non.

Et non.
Je ne disais pas non.
Parce que mon cœur battait comme un fou.
Parce que ma queue était dure.
Parce que je le voulais. Même comme ça.

Il descendit son pantalon, libérant sa queue, déjà gonflée, épaisse, luisante de désir. Il cracha dans sa main, frotta son sexe rapidement, sans douceur.
Il écarta mes jambes, les prit sous ses bras.

Et il pénétra d’un coup.
Brutal.
Profond.
Sans prévenir.

Je poussai un cri.
Pas de douleur insoutenable, non.
Mais de l’intensité. De la violence du choc. De ce corps en moi, entier, pressé, qui me prenait sans plus demander, sans plus attendre.

Il bougeait déjà. Fort.
Ses coups de reins me faisaient glisser sur le sol. Il me tenait par les hanches, me baisait comme un animal, les mâchoires serrées, les muscles tendus.

— T’es à moi. Pas à lui. T’entends ? À moi.

Je gémissais à chaque poussée.
Parce que oui. J’étais à lui.
Même comme ça.
Même dans cette rage, ce chaos, cette sueur et cette saleté.
Je l’aimais. Et il me baisait comme un homme fou.

Ses couilles frappaient mes fesses, son souffle devenait plus rauque, plus pressant. Il se pencha sur moi, agrippa mes poignets au sol, et accéléra encore.

— Putain, t’es bon… trop bon…

Son front toucha le mien. Nos souffles se mêlaient. Ses yeux étaient rouges. Pleins. Brûlants.

Je sentis sa queue gonfler.
Il s’enfonça plus fort, plus profond, et jouit en moi, dans un râle étouffé, le corps secoué, le cœur battant contre ma poitrine.

Et moi…
Je restai là, haletant, rempli.

Il ne dit rien.

Il resta quelques secondes ainsi, puis se redressa, retira sa queue lentement.
Je sentis le sperme chaud couler entre mes cuisses.

Il s’éloigna, sans un mot.
Son visage fermé. Son regard dur.

Et moi, allongé dans la poussière, le cœur battant à m’en étouffer,
je ne savais plus s’il venait de me faire l’amour…
ou de me marquer.

Je ne dis rien.
Pas un mot.

Quand il s’était retiré de moi, tout à l’heure, j’étais resté au sol.
Pas brisé. Pas vraiment blessé.
Mais… vidé.
Par la brutalité. Par la confusion. Par l’amour que j’éprouvais encore pour lui, même après ça.

J’avais remonté mon short, m’étais assis quelques minutes à l’ombre, seul. Puis j’étais retourné dans la maison, silencieux, le cœur fatigué.

Dwayne dormait déjà.
Je m’étais allongé dans un coin du matelas, tourné vers le mur, le corps tendu, le ventre encore douloureusement vide.

Ray ne m’avait pas suivi.
Pas tout de suite.

La nuit s’était installée, moite, épaisse, saturée de silence.
Le souffle calme de Dwayne remplissait la pièce.

J’avais les yeux ouverts.
Je ne dormais pas.

Et puis… je l’avais senti.

Le matelas s’était affaissé doucement derrière moi.
Un souffle chaud dans ma nuque. Un frôlement. Une présence familière.

Ray.

Il ne dit rien tout de suite.
Puis… tout bas, comme un murmure honteux :

— Je suis désolé…

Sa voix était rauque. Fatiguée. Humaine.
Pleine d’un regret qu’il ne savait pas exprimer autrement.

Je ne répondis pas.

Mais je ne bougeai pas non plus.

Alors il s’approcha un peu plus. Son torse contre mon dos. Sa main glissa lentement sur ma hanche.

Il posa ses lèvres dans le creux de ma nuque.
Un baiser. Vrai. Sincère. Tendu.

Et je sentis sa queue, déjà dure, se presser contre moi.

Cette fois, il attendit.
Il ne forçait rien.

C’était moi, maintenant.

Alors j’écartai un peu les jambes. Juste ce qu’il fallait.
Et il comprit.

Il abaissa mon short, lentement, silencieusement.
Sa main caressa mes fesses, mes reins, mon dos. Puis je sentis ses doigts, plus doux, plus patients. Il me prépara doucement, presque tendrement, puis se glissa contre moi.

Il entra en moi d’un geste lent, profond, chargé.

Je haletai contre ma propre main, les dents serrées, le cœur tremblant.
Il se pencha sur moi, son souffle chaud dans mon oreille.
Et il bougea.
Lentement. Régulièrement.

Un va-et-vient silencieux. Étouffé.
Pour ne pas réveiller Dwayne.
Mais surtout… pour ne pas briser ce moment.

Ses bras m’enveloppèrent. Ses lèvres revinrent contre ma peau.
Il me tenait. Me prenait. Me rassurait.
Sans un mot.

Et moi…
Je pleurais un peu. Juste un peu.
En silence. Parce que je l’aimais. Encore.

Et qu’il venait de me le dire. À sa manière.

Ray était en moi, lentement, profondément.
Son bassin collé au mien. Son torse brûlant contre mon dos.
Ses bras m’enfermaient. Sa main droite glissée sous mon ventre, tenant ma hanche, la gauche posée sur ma poitrine, contre mon cœur.

Chaque va-et-vient était mesuré, contenu, retenu.
Mais chargé.
Oh, putain, tellement chargé.

Je sentais sa queue glisser en moi avec une précision douloureuse, frôlant ce point en moi qui me faisait trembler, sans jamais aller trop vite. Il gérait tout. Il me possédait en silence.
Mais dans ses gestes, je sentais le pardon. Le besoin. L’amour maladroit.

Mon front était appuyé contre mon bras, ma bouche ouverte, haletante.
Mais je me forçais à ne pas faire de bruit. À garder mes gémissements enfermés dans ma gorge.

Derrière moi, Ray se courbait plus, épousait mon dos, m’enveloppait tout entier.
Ses reins ondulaient, réguliers, puissants.
Sa bouche effleurait ma nuque, mon épaule, glissait parfois sur ma mâchoire.

Il murmurait des mots que je n’arrivais pas à saisir.
Des “putain… t’es à moi…”
Des “pardon…”
Des “je peux pas…”

Il me baisait avec une lenteur féroce.
Comme si chaque coup de reins était une demande de rester.
De le comprendre.
De lui pardonner.

Sa main descendit sur ma queue. Il la caressa doucement, en rythme avec ses mouvements.
Je me cambrai, étouffant un gémissement dans le drap.
Il accéléra un peu.
Pas beaucoup. Juste assez pour me rendre fou.

Mon corps s’ouvrait à lui.
Je le voulais. Je le prenais. Je le laissais me reprendre.

Je sentais son souffle s’accélérer, son ventre se contracter contre mon dos.
Sa main se fit plus ferme sur ma queue. Je n’en pouvais plus.

— Ray… j’vais—

— Viens… viens avec moi…

Sa voix était rauque, basse, tremblante.
Il planta ses dents dans ma nuque pour étouffer un râle.

Et je jouis.

En silence. En spasmes.
Entre ses bras. Sur ses doigts. Contre lui.

Quelques secondes plus tard, il s’enfonça une dernière fois, fort, profond, et il jouit en moi, son corps vibrant, étouffant son râle contre ma peau.
Je sentis sa semence chaude me remplir. Je me sentis entier. Aimé.

Il resta là, en moi, ses bras m’enveloppant, sa tête dans mon cou.
Notre souffle redevenait calme.
Et Dwayne dormait toujours.

Ray déposa un dernier baiser dans ma nuque.
Puis il murmura, presque inaudible :

— J’t’aime pas comme il faut. Mais j’t’aime fort.

Je ne répondis pas.
Je pris simplement sa main dans la mienne.

Et je la serrai.

Je ne comprenais pas vraiment ce qu’on était devenus.
Ou peut-être que si.

Ray m’aimait.
Mais pas au grand jour.
Pas devant Dwayne.
Pas comme moi, je l’aimais.

Depuis l’arrivée de Dwayne, Ray m’ignorait.
Il passait ses journées à l’écart. Il parlait avec lui, il travaillait dehors, il me lançait des regards furtifs, presque hostiles, quand je riais trop fort ou que je passais trop de temps avec Dwayne.

Mais il ne me touchait plus.
Il ne me parlait plus.
Comme si j’étais redevenu invisible.

Mais chaque soir…
Chaque soir, il revenait.

Quand Dwayne dormait, quand la nuit pesait sur nous comme un drap moite, il venait se glisser dans mon dos. En silence.
Il ne disait jamais mon nom.
Il ne me regardait même pas, parfois.
Mais ses mains retrouvaient mon corps comme si elles l’avaient attendu toute la journée.

Et moi, j’acceptais.

Parce que la nuit, il me faisait l’amour.
Pas toujours doucement. Pas toujours tendrement.
Mais c’était lui.
Son souffle. Son odeur. Son poids sur moi. Sa bouche dans mon cou.

Il entrait en moi sans un mot. Il me prenait lentement ou violemment, selon l’humeur.
Parfois il me couvrait la bouche pour que je ne gémisse pas.
Parfois, il me faisait jouir deux fois avant de finir lui-même.
Parfois, il restait en moi longtemps après avoir joui. Juste pour rester là. Collé à moi.

Et au petit matin, il s’éloignait.
Sans un mot.
Sans un regard.

Et je redevenais rien.

Je ne savais plus comment le vivre.
J’étais heureux de le sentir contre moi, en moi, chaque nuit.
Mais le jour, son silence me tuait.

Je me surprenais à rire plus fort avec Dwayne. À chercher ses yeux. À m’attarder sur ses mains quand il me remerciait pour un soin.
Pas parce que je voulais trahir Ray.
Mais parce que j’avais besoin d’exister.

Et Ray…
Ray voyait tout.
Et ne disait rien.

Mais je sentais sa jalousie comme une fièvre.
Un orage qui approchait.

Il était venu plus tard que d’habitude.
La maison dormait. Le ciel était noir, épais, sans lune.
Je l’avais senti. Avant même qu’il ne me touche.
Son souffle dans mon cou. Sa chaleur contre mes reins.

Mais cette fois, il n’y avait rien de tendre.

Il me retourna sur le dos, brutalement.
Ses mains sur mes poignets, ses yeux brillants dans l’ombre.

— Tu crois que je t’ai pas vu ?
— Quoi… ?

Il me coupa avec un baiser sec, sa bouche dure contre la mienne, presque une morsure.
Puis il me plaqua au sol, remonta mon short d’un geste impatient, l’abaissa, et s’enfonça en moi d’un seul coup.

Sans un mot.
Sans préparation.

Je lâchai un cri étouffé.
Mais il posa sa main sur ma bouche, ferme. Possessive.

— Ferme-la.
— Mmh— !

Il me baisait en missionnaire, brutalement, son torse plaqué contre le mien, ses coups de reins rapides, puissants, saccadés.
Ses dents dans mon cou.
Ses hanches cognant les miennes.
Sa main m’empêchant de hurler.

Je suffoquais de plaisir et de honte mêlés.
Mon dos arquait à chaque poussée. Mes mains s’accrochaient à ses bras.
C’était sauvage. C’était animal. C’était Ray.

— Il te touche ?
Je secouai la tête.

— Il te regarde ?
Je murmurais “non” contre sa paume.

— T’es à moi, Aaron. À moi.

Et il me baisait comme pour me le prouver.
Comme pour me marquer. Pour effacer le monde.

J’allais jouir. Je le sentais. Je le voulais.

Et soudain…
le silence changea.

Je sentis Ray se figer.
Il tourna la tête.

Je suivis son regard.

Dwayne.

Debout.
Dans l’encadrement de la porte.
Silencieux.
Ses yeux fixés sur nous.

Mon cœur s’arrêta.
Ray sortit brusquement de moi, honteux, haletant, le sexe encore dur, reculé comme si on venait de lui foutre une gifle.

— Putain… Dwayne… c’est pas ce que tu crois… j’allais… je voulais pas que tu…
Il bafouillait.
Cherchait ses mots. Sa dignité.

Mais Dwayne ne dit rien.

Il nous regardait.
Longtemps.
Calme.

Et puis…
il leva les mains.
Attrapa le bas de son t-shirt.
Et le retira.

Lentement.
Puis le short.

Et il se retrouva nu, devant nous.

Sans un mot.
Sans un sourire.
Juste… là.

Présent. Offert.

Dwayne s’était approché.
Nu. Calme. Maître de lui.

Son sexe encore au repos, mais il le caressait doucement, ses doigts glissant lentement de la base au gland, le regard planté dans le nôtre.

— Vous pensiez que j’avais pas vu ? souffla-t-il.
Il sourit. Un sourire tranquille. Confiant.

— J’avais déjà compris votre petit jeu.

Je me redressai à moitié, les jambes tremblantes, le cœur battant à m’en faire mal.
Ray, lui, était toujours figé, debout à côté de moi, la queue dure, l’air troublé, presque choqué.

Mais il ne disait rien.
Il fixait Dwayne. Et moi.

Et Dwayne continua d’avancer, sa queue commençant à gonfler dans sa main.
Il se tenait juste devant moi, maintenant.

— Tu vas la sucer, Aaron ?

Je levai les yeux.
Je n’étais pas sûr de savoir s’il me parlait vraiment à moi… ou à Ray.

Mais ce fut Ray qui répondit.
Sa voix, grave. Sombre. Sûre.

— Ouais. Suc–le.

Mon ventre se contracta.

Il y avait dans sa voix de la jalousie, oui… mais aussi du désir. Une excitation qu’il ne contrôlait plus.

Je me tournai vers Dwayne, toujours debout, sa queue désormais dure, fière, palpitante. Il la tenait dans sa main, me la tendait presque, ses yeux posés sur ma bouche.

Je me mis à genoux.
Mes mains sur ses hanches.
Et j’ouvris les lèvres.

Je le pris. Lentement.
Sa queue entra dans ma bouche, chaude, salée, épaisse. Je le suçai doucement d’abord, faisant glisser ma langue sur son gland, l’enveloppant de chaleur.

— Ouais… comme ça, Aaron…

Ray était derrière moi.
Je le sentais approcher. Son souffle contre ma peau. Ses doigts sur mes fesses.

Et puis, sans prévenir, il me pénétra.

Un gémissement m’échappa, étouffé par la queue de Dwayne dans ma bouche.
Ray était en moi. Entier.

— Putain… t’es serré…

Il bougea tout de suite.
Pas doucement.

Ses hanches cognaient mes fesses, me prenant fort, pendant que ma bouche glissait sur le sexe dur de Dwayne, ma salive coulant sur son gland, sur mon menton.

J’étais pris des deux côtés.
Entre leurs mains. Leur chaleur. Leur souffle.

Ray me tenait par les hanches, il me baisait fort, profondément, ses couilles claquant contre moi. Dwayne, lui, me caressait la tête, guidait mes mouvements, me laissait le sucer avec envie.

Je n’étais plus que désir.

Mon corps ouvert, offert, traversé.

Et je les aimais tous les deux, différemment.

Je haletais contre la queue de Dwayne.
Je gémissais sur celle de Ray.

Et je n’avais jamais rien ressenti d’aussi puissant.

Ray me prenait toujours fort, en coups de reins puissants, ses mains marquant mes hanches, pendant que je suçais la queue épaisse de Dwayne avec ferveur.
J’étais à genoux entre eux, plié, pris, tenu.
Et j’aimais ça. J’adorais ça.

Je n’étais qu’un corps traversé par le leur.
Une offrande. Un pont entre deux désirs.

Et puis Dwayne grogna, recula légèrement.
Il fixa Ray, un demi-sourire au coin des lèvres :

— Laisse-moi goûter.

Ray s’arrêta.
Retira sa queue de moi, encore dure, luisante. Il me poussa légèrement sur le côté.

— À toi, va.

Dwayne s’agenouilla derrière moi. Ses mains glissèrent sur mes fesses, plus larges, plus chaudes. Il écarta mes jambes, me força à bien me cambrer.

Et sans attendre, il me pénétra.

— Aaah… putain…
Il entra d’un coup, sans retenue, son bassin claquant aussitôt contre mes fesses.

Il bougea vite, profond, sa queue me remplissant d’une manière différente.
Ray s’était assis devant moi, la queue toujours dure.

Il m’attira à lui, m’empoigna la nuque.

— Tu vas continuer à sucer. T’arrêtes pas.

J’ouvris la bouche.
Et je repris sa queue entre mes lèvres.

Et je me retrouvai là.
À quatre pattes.
Baisé par Dwayne. Entrain de sucer Ray.

Mes gémissements étouffés. Mes joues creusées. Mon trou rempli. Mon cœur au bord de l’explosion.

Ils se parlaient au-dessus de moi, dans des souffles rauques.

— Putain, il aime ça…
— Regarde-moi comme il s’ouvre… tu le vois ? Il bande encore plus.

Ils riaient un peu.
Et continuaient.

Puis ils changèrent encore.
Ray revint derrière moi, Dwayne s’assit.
Je m’assis sur les cuisses de Dwayne, lui tournant le dos, le laissant entrer en moi lentement, pendant que Ray caressait ma poitrine, mordait mon cou.

Ray guida mes hanches, me faisant monter et descendre sur Dwayne, sa main sur ma queue, me branlant en rythme.

Je haletais, secoué par les sensations.

Et puis Ray se plaça de nouveau derrière.
Il pressa son gland contre mon trou déjà rempli.

— Tu crois que tu peux… ?
— Essaie…

Et doucement, Ray entra.

Avec Dwayne.

Deux queues.
En moi.
En même temps.

Je hurlai, la bouche grande ouverte, le souffle arraché.

— Putain… c’est trop…

— T’es incroyable, souffla Ray.
— Tellement bon, ajouta Dwayne.

Ils bougèrent, doucement d’abord. Puis plus vite.
Je n’étais plus qu’un feu vivant. Un orgasme suspendu. Une fièvre.

Je crachai ma jouissance contre le torse de Dwayne, en cris étouffés, en tremblements, pendant qu’ils continuaient, me remplissant, me baisant, m’adorant.

Et quand eux aussi vinrent en moi, l’un après l’autre, je les sentis me noyer de leur chaleur, de leur foutre, de leur possession.

Ils m’avaient tout pris.
Et tout donné.

Et je me laissai tomber entre eux, vidé, aimé, enfin.

Roses Sky

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