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CONCOURS D'HISTOIRES |
Jusqu’à m’étouffer de toiJe me réveillai avant l’heure, comme souvent. Je m’appelle Aaron. J’ai vingt-sept ans, je vis en Guadeloupe… et je suis gay. Le carnaval était passé. Le carême avait commencé. Je me levai, nu. Je fixais mon reflet. Sous la douche, je laissai l’eau tiède couler sur moi. Et pourtant, il revenait dans ma tête quand je me branlais. Ma main glissa plus vite. Je cambrai les reins. Mon autre main descendit lentement entre mes fesses, jusqu’à mon trou. J’hésitai une seconde, puis je glissai un doigt. C’était chaud. C’était serré. C’était bon. Et c’est à ce moment-là que la terre se mit à gronder. Un bruit sourd. Une secousse. Et dans ma tête, une seule pensée, absurde, honteuse : C’est moi. C’est à cause de moi. Le sol vibrait encore par à-coups, comme un battement de cœur malade. Je restai figé dans la douche, l’eau dégoulinant sur ma peau, les doigts encore humides de mon propre désir, la peur enfoncée dans mes tripes. La maison semblait tenir, mais j’entendais des choses tomber — des verres, un cadre, un bruit de craquement sinistre dans le plafond. Mes jambes tremblaient, mes muscles tendus par l’adrénaline et la honte. Je m’essuyai à la va-vite, la serviette collant à ma peau brûlante. Dehors, des cris. Des aboiements. Le bruit strident d’un klaxon quelque part. Je jetai un regard à mon reflet dans le miroir, sans m’attarder cette fois. Mes cheveux mouillés formaient de petites boucles sombres, et mes yeux… ils trahissaient quelque chose. De la panique. Mais aussi… autre chose. Un feu sourd, brûlant plus bas que le ventre. Je pris mon téléphone — pas de signal. Mon ventre se contracta. Je descendis les escaliers en courant. J’ouvris la porte d’entrée. La lumière du dehors me frappa de plein fouet. Le soleil brillait comme si de rien n’était, mais quelque chose avait changé. Dans l’air. Dans la façon dont les oiseaux s’étaient tus. Et puis je l’entendis. Une voix. Celle d’un voisin, hurlant à pleins poumons : — Alerte tsunami ! Montez en hauteur ! Montez ! Je n’avais même pas fait deux pas dehors que mon téléphone vibra violemment dans ma main. Et ce n’était pas le seul. Mon cœur explosa dans ma poitrine. Je n’avais pas prévu ça. Je n’étais pas prêt. Et c’est à ce moment-là que je les vis. Dwayne. — Yo Aaron… ça va ? T’as entendu l’alerte ? Viens, on doit monter vite. Sa voix était grave, posée, rassurante. Il allait vers moi quand l’autre est apparu derrière lui. Ray. Mon ventre se serra. Je le sentis avant même de le voir. Comme un orage qui approche. Et puis il a lâché : — Oh, tu dis bonjour au macomaire maintenant ? Sa voix claqua dans l’air comme une gifle. Macomaire. Un frisson de rage me remonta le long de l’échine. — T’as un problème ? je lançai, la voix sèche. Il rit, court, méprisant. — Tu crois que parce qu’on va peut-être tous crever aujourd’hui, tu peux enfin assumer ta petite perversion tranquille ? Je ne me suis même pas entendu avancer. Ray a reculé d’un pas. Pas assez. Il m’a regardé avec un mélange de surprise et de fureur. Puis il a serré les poings. Il allait me frapper en retour quand Dwayne s’est interposé. — Hé ! Oh ! Arrêtez vos conneries là ! C’est pas le moment ! Mais c’était trop tard. Je ne pouvais plus le regarder sans avoir envie de hurler. Je suis parti. Seul. Je l’ai entendu crier quelque chose derrière moi, mais je ne me suis pas retourné. La sirène d’alerte retentissait maintenant dans tout le quartier. Et puis, soudain, une voix familière juste derrière moi : — Tu crois que tu frappes qui, hin, le macomaire ?! Je me retournai, haletant. Ray était là, ses yeux lançant des éclairs, son corps tendu comme un piège prêt à claquer. Mais je ne voulais pas qu’il me rattrape. Pas maintenant. Je remontai la petite route en pente, les jambes lourdes de sueur et d’adrénaline. J’entendais ses pas derrière moi, rapides, lourds, puissants, le souffle de ses poumons dans mon dos comme une menace. Chaque virage me rapprochait un peu plus des hauteurs, mais je ne savais pas où j’allais. J’avais juste besoin de le fuir. De m’éloigner de lui, de ses mots, de son regard, de ce qu’il réveillait en moi. Et puis j’ai glissé. Une pierre sous ma chaussure. Il me plaqua au sol, ses mains sur mes épaules, son torse contre mon dos, son souffle court dans mon oreille. — T’as de la chance que j’ai pas envie de te casser la gueule, putain. Je me débattais, mais pas vraiment. Pas complètement. Mon corps voulait fuir, oui. Mais une autre partie de moi… brûlait. De colère. De honte. D’excitation ? — Dégage, Ray ! Ne me touche pas ! — C’est toi qui m’as frappé, espèce de— Je le repoussai violemment, et il tomba sur le côté. Le cœur battant à m’en éclater la poitrine. Je montai encore, plus haut, à travers les arbres et les maisons de tôle, jusqu’à tomber sur une vieille case abandonnée, semi-cachée dans la végétation. J’y entrai à bout de souffle, me collant contre le mur de l’entrée, le visage trempé, les mains tremblantes. Et je crus l’avoir semé. Un silence. Puis… Clic. La porte grinça. Il était là. Ray. — T’as décidé de jouer à cache-cache ? Je le dis sans y croire. Il s’approcha. Lentement. On se figea. Un rugissement. Un cri venu de la mer. Je courus jusqu’à la fenêtre brisée. Et là, je la vis. — Merde… Ray me rejoignit. Son souffle s’arrêta. BOUM. L’eau frappa comme une bête furieuse. — Faut monter, viens ! j’ai crié. Je l’attrapai par le bras, l’entraînai dans l’escalier intérieur, vers la pièce la plus haute. Et puis j’ai entendu son cri. Je me retournai : il avait glissé. L’eau entrait par l’ouverture arrière, en furie. Ray était à moitié emporté, accroché à un meuble, la panique dans les yeux. Sans réfléchir, je sautai dans l’eau, l’attrapai à bras-le-corps. Je tirai. Je luttai. Mes pieds glissaient, mes muscles hurlaient. Et enfin, je le hissai contre le mur, essoufflé, trempé. Et puis, le silence. Mais nous… Le silence pesait. Ray était assis contre un mur, son corps ruisselant, son regard fixé sur un point au loin. Il avait une coupure fine au flanc, rien de grave, mais assez pour rappeler qu’on aurait pu mourir. Qu’on était seuls. Et qu’on le resterait peut-être. Je m’étais calé de l’autre côté de la pièce, laissant un espace entre nous. Trop près, c’était dangereux. Trop loin, c’était lâche. Et puis, sans me regarder, sa voix a tranché le silence : — … T’as fait ce qu’il fallait. Je le fixai, surpris. Il se passait une main dans les cheveux, les mâchoires crispées. — Comment ça ? Il me remerciait. Mais pas directement. Pas vraiment. — J’allais pas regarder l’eau te bouffer, Ray. Il grogna, comme s’il n’aimait pas ma réponse. Comme si le fait d’avoir été sauvé par moi lui laissait un goût amer. Il se leva d’un bond, nerveux. Ses muscles se contractaient sous sa peau luisante. Il faisait chaud, et tout était moite — l’air, nos fringues, nos silences. — T’aurais pu. Beaucoup l’auraient fait. Je haussai les épaules. — Peut-être. Mais pas moi. Un silence encore. — Fait chier… qu’on soit que nous deux. Le ton était amer. Vraiment amer. Je me redressai. — Tu préfères être seul que d’être coincé avec moi, c’est ça ? Il me jeta un coup d’œil. Fuyant. Défensif. — J’ai dit que c’était la merde. Puis, il tourna les talons, brusque. — Faut qu’on bouge. Voir s’il reste des vivants. De la bouffe. Un endroit plus sûr. Et il sortit. Juste comme ça. Mais j’avais vu la crispation dans sa nuque. La tension dans ses épaules. On a marché toute la journée. Et pas un bruit humain. J’avais l’impression qu’on était les deux derniers hommes sur Terre. Mon short collait à ma peau depuis des heures. Mon dos me faisait mal, mes jambes tremblaient. Ray ne disait rien, mais je voyais à sa mâchoire contractée, à sa respiration hachée, que lui aussi était à bout. Le soleil était haut, brûlant, impitoyable. Et tout suait. Ray jetait des regards autour de lui, comme s’il espérait voir quelqu’un surgir au coin d’une rue, nous appeler, nous prendre dans ses bras. Mais il n’y avait personne. — Tu crois qu’ils sont tous morts ? j’ai demandé. Ma voix m’a surpris. Je n’avais pas parlé depuis des heures. Il a haussé les épaules, le regard toujours fixé devant lui. — J’sais pas. Peut-être qu’ils ont tous pu se réfugier ailleurs. Ou qu’ils sont en train de chercher… comme nous. Mais on y croyait pas. Pas vraiment. Vers la fin de l’après-midi, le ciel s’est chargé d’orange et de rouge. C’est là qu’on a trouvé l’endroit. Ray est entré le premier, balayant la pièce du regard. — On fera pas mieux pour ce soir, il a dit. J’ai hoché la tête, soulagé malgré moi. Je me suis laissé glisser contre On ne parlait pas. Il regardait dehors, le regard durci, les traits creusés par l’épuisement. Moi, je le regardais lui. Sans le vouloir. Le soleil a fini par disparaître derrière les collines, laissant un ciel violet et chaud, et cette nuit qui tombe si vite sous les tropiques. Pas une parole. Pas un geste. Et pour la première fois depuis des heures, ses yeux ont cherché les miens. — Demain, on fouillera les alentours, il a dit. Voir si y a des réserves, un village qui a tenu. — Ouais, j’ai murmuré. Mais ce soir… on est vivants. Il n’a rien répondu. Puis il s’est couché dos à moi, sans un mot de plus. Et dans cette petite pièce chaude, pleine d’ombres et de respiration… Les jours ont passé. Combien, je ne sais plus. Trois. Quatre. Peut-être cinq. On n’a trouvé personne. On a fini par s’installer dans la vieille bâtisse. Les premiers jours, on ne parlait presque pas. Je voyais ses épaules briller de sueur au petit matin. Son torse qui se soulevait lentement quand il dormait. Sa bouche qui se crispait parfois dans ses rêves. On devenait autre chose que deux survivants. Ce soir-là, il faisait encore plus chaud que d’habitude. J’étais torse nu, mon short pendait bas sur mes hanches, trempé de sueur. Je m’épongeais avec un vieux chiffon, incapable de rester en place. Ray, lui, était assis sur une chaise bancale, jambes écartées, en train de tailler un bout de bois avec un vieux couteau émoussé. Il fixait ses mains, mais je sentais ses yeux glisser vers moi. Encore. Et encore. Je n’en pouvais plus de son silence. De ses regards qui brûlaient sans jamais s’assumer. — T’as un problème ? ai-je lâché sans me retourner. — Couvre-toi, a-t-il grogné. — Pourquoi ? J’t’excite ? Je l’avais dit d’un ton neutre. Mais je sentais mon pouls dans ma gorge. Il releva les yeux lentement. Se leva. — Répète ? — J’ai dit : j’t’excite ? C’est pour ça que tu me mates comme ça tous les soirs ? Il s’était avancé d’un pas, puis d’un autre. — Tu veux une claque, c’est ça ? a-t-il craché. — C’est pas ce que t’as envie de me mettre. Il me saisi et me plaqua contre le mur. J’ai riposté, brutalement. Nos corps se sont cognés. Il a glissé, m’a repoussé, m’a attrapé à nouveau. On s’est pris, repoussés, plaqués. Ce n’était pas une vraie bagarre. C’était un trop-plein qui éclatait. Un cri qu’on ne savait pas dire. Et soudain, sa bouche s’est écrasée sur la mienne. Pas un baiser. Une morsure. Un coup. Je l’ai attrapé, moi aussi. Mes doigts dans ses cheveux. Ma bouche affamée. Mais il s’est reculé d’un coup, haletant. Son regard fuyant, ses lèvres rougies. — T’approche plus de moi. Et il est sorti. Moi, je suis resté là. Le lendemain matin, il ne m’a pas regardé. Il s’était levé avant moi. La pièce était encore sombre, fraîche, et j’entendais ses pas à l’extérieur, lourds, réguliers. Il faisait comme si rien ne s’était passé. Comme si sa bouche n’avait pas broyé la mienne. Comme si je n’avais pas senti sa queue bandée contre mon ventre, son souffle rauque contre mon cou. Moi, je m’étais réveillé brûlant. Pas seulement à cause de la chaleur. Quand je suis sorti, il était en train de couper du bois, torse nu, tendu. Il transpirait déjà, même s’il ne faisait pas encore chaud. Il ne m’a pas dit bonjour. Pas un mot. Pas un regard. Mais il avait mauvaise mine. Je ne lui ai rien dit non plus. Pas encore. Les jours suivants furent une guerre silencieuse. Ray m’évitait, sans vraiment fuir. Il répondait par monosyllabes. Il sortait plus souvent. Travaillait trop. Ramenait du bois, de l’eau, des objets utiles, sans jamais croiser mon regard. Mais je sentais qu’il me voyait. Quand j’enlevais ma chemise pour faire sécher ma peau au soleil. Il détournait les yeux. Mais trop tard. Et alors j’ai compris. Je pouvais le faire craquer. J’ai commencé petit. Des touches. Des gestes anodins. Je passais plus près de lui qu’il ne fallait. Je le regardais avec trop d’intensité, juste une seconde. Je lui parlais avec douceur, presque tendrement. Parfois, je le surprenais à me fixer pendant que je lavais mes vêtements torse nu, ou quand je m’étirais au réveil, le dos cambré, les yeux mi-clos. Et quand nos regards se croisaient, je ne baissais plus les yeux. Il serrait la mâchoire. Il se raidissait. Mais une nuit, je l’ai entendu se lever. Je l’ai senti s’arrêter. Me regarder. Longtemps. Et repartir. Il ne disait toujours rien. Et moi, j’avais décidé de répondre. La journée était passé et le soleil descendait lentement derrière les arbres éventrés. J’étais assis contre un mur de pierre, à moitié dans l’ombre. Je regardais Ray en silence. Et soudain… j’ai su. Pas comme une pensée. Pas comme une surprise. Comme un souvenir. Un retour. Une évidence. Je l’aimais. Depuis longtemps. Peut-être depuis toujours. Et c’était insupportable. Je l’avais caché sous la colère. Sous l’humiliation. Sous mes regards durs, mes silences froids. Parce qu’il me méprisait. Parce qu’il me regardait comme on regarde une menace. C’était plus simple de le détester que d’aimer un homme qui me rejetait. Mais là, dans cette lumière tremblante, ce corps fatigué, cette solitude partagée… Je l’aimais. Pas parce qu’il m’avait embrassé. Parce que même cassé, sale, tordu… Et j’étais foutu. Je ne l’avais pas vu s’approcher. — Faut qu’on parle. Je levai les yeux. — Je t’écoute. Il avait les bras croisés. Le regard fermé. Mais je sentais une nervosité étrange vibrer sous ses gestes. — C’est quoi ton problème ? Je le regardais, sans répondre. — Tu veux quoi ? Tu veux que je m’effondre ? Que je pleure dans tes bras ? Que je te baise pour te remercier de pas être un connard ? Je me levai doucement. Je m’approchai de lui, sans agressivité. Et je dis, calmement : — Je veux rien, Ray. Je suis juste là. Et j’arrête de fuir ce que je ressens. Il me fixa. Son souffle se bloqua dans sa gorge. — Tu crois que t’as tout compris, hein ? Que t’as gagné ? Je posai une main sur sa joue. Très doucement. — J’ai rien gagné. Son visage se crispa. Il ouvrit la bouche, la referma. Et puis… il me saisit par la nuque. — C’est ça que tu voulais ? souffla-t-il contre mes lèvres. Son souffle était rauque contre ma bouche, tremblant presque. Je lui rendais tout. Sans peur. Sans défense. Ses mains glissèrent sous ma chemise, trempée de sueur. Il l’arracha presque, ses doigts courant sur ma peau chaude, pressée par la journée. Je gémis. Il s’arrêta une seconde. — Tu veux ça ? dit-il, la voix basse, presque rauque. Il grogna. Il me dévora la bouche à nouveau. Ses mains descendirent, agrippant mes fesses, les malaxant, les tenant comme quelque chose qu’on ne veut plus lâcher. Il grognait contre moi, perdu. Il me retourna contre le mur. Lentement. Avec une force contenue. Ses mains descendirent le long de mes hanches. Il fit glisser mon short et mon caleçon d’un seul geste, me mettant nu, là, devant lui, exposé à la lumière dorée du soleil couchant. — Putain… souffla-t-il. Il ne termina pas. Il se mit à genoux derrière moi. Je sentis sa langue. Un choc. Une chaleur. Une onde. Il me lécha lentement, doucement, explorant mon intimité comme s’il s’y noyait, comme s’il se punissait et se libérait en même temps. Ma tête tomba en avant, un gémissement franchit mes lèvres, incontrôlable. Il me bouffait. Il me rendait fou. Et puis il se releva, sa queue frottant contre ma peau. Il se colla à moi. — Je peux ? souffla-t-il, sa voix brisée. — Oui. Je le sentis défaire son short, précipité, maladroit. Il cracha dans sa main, enduisit sa queue. Ses doigts vinrent préparer mon entrée, lentement, tremblants. Il était doux, plus que je ne l’aurais cru. Son doigt entra, puis un deuxième. Je m’ouvrais à lui, mon dos cambré, les yeux fermés, le souffle court. Quand il poussa enfin sa queue contre moi, j’en tremblai. Il entra lentement. — Putain… t’es chaud… t’es serré… Et il bougea. Il accéléra. Me plaqua contre lui. M’embrassa l’épaule. Mordit ma nuque. Et moi, je me laissais faire. Il me retourna, me regarda dans les yeux. Sa queue glissa entre mes fesses, contre ma peau trempée. Il me reprit, cette fois en face, là où je pouvais le voir tout entier. Son corps. Sa rage. Sa peur. Son désir. — Je… je t’avais vu, murmura-t-il entre deux gémissements. Depuis longtemps. J’ai jamais su… Je l’embrassai. Et il me prit à nouveau, plus fort. Il me suivit, quelques secondes plus tard, tendu, crispé, perdu, dans une giclée chaude entre nous. Puis il retomba sur moi, haletant, vidé. Il ne dit rien tout de suite. Mais il ne partit pas. Et je sus que plus rien ne serait comme avant. La lumière filtrait à travers les interstices du toit, douce, dorée, tiède. J’étais nu, étendu sur le matelas, collé à lui. J’avais encore les yeux fermés, mais tout mon corps se souvenait. Je n’avais pas rêvé. Je bougeai légèrement. Mon ventre se pressa contre ses reins. Ray grogna doucement, sans bouger. Je glissai mes lèvres contre sa nuque. Lentement. Je laissai ma main descendre le long de son ventre, jusqu’à sentir sa queue — semi-dure, lourde, chaude. Il soupira. Longuement. — Tu fais exprès, hein ? — Non… ai-je répondu, la voix basse. C’est juste… naturel. Je le caressai lentement, tendrement. Alors je me décalai, je le laissai se tourner vers moi. Je passai une main dans ses cheveux, son front, sa joue. — On est en vie, Ray. Il ne répondit pas. Mais il vint chercher mes lèvres. Il bascula sur moi, son corps s’étendant au-dessus du mien. Je sentis sa queue dure contre la mienne. Il la frotta, lentement. Ses hanches ondulaient avec lenteur. — J’veux te sentir encore… souffla-t-il. — Prends ton temps, dis-je. Et il le fit. Il écarta mes cuisses. Se positionna. Me regarda une dernière fois. Il n’y avait plus de colère. Et je compris que ce n’était pas juste du sexe. Ray était au-dessus de moi, son corps lourd, chaud, enveloppant. Je le regardais, la bouche entrouverte, haletant, les jambes relevées autour de sa taille. Je sentais ses abdominaux se contracter à chaque poussée, sa peau luisante de chaleur. Il s’enfonçait en moi sans brutalité, mais avec une fermeté possessive, comme s’il ne voulait laisser aucune partie de moi lui échapper. — T’es tellement… putain, souffla-t-il. T’es trop bon. Ses mots me firent frissonner. Je bougeai sous lui, me cambrai pour l’accueillir plus profondément. — Vas-y… plus fort, Ray… Il obéit. Il me baisait comme s’il voulait s’ancrer en moi, comme s’il cherchait un abri dans mon corps. Je passai mes mains sur ses bras, sur son torse, caressai ses flancs, agrippai ses hanches, je voulais tout de lui. Et lui… il ne fuyait pas. Il s’assit, m’attira sur lui. Ma tête tombait en arrière, ma bouche ouverte, mes muscles tremblaient. — Regarde-moi, dit-il. Je baissai les yeux. Ses yeux étaient sombres, brûlants, pleins de quelque chose que je n’osais pas nommer. Je le chevauchai, lentement, puis plus vite, je le sentais gonfler en moi, durcir encore, prêt à venir. — Tu veux que je jouisse où ? souffla-t-il contre ma bouche. Il grogna. Fort. Et moi, je me mis à trembler. On resta là. Collés. Noués. Il ne disait rien. Et je sentais que, peut-être, il n’avait plus envie de partir. Je ne savais plus exactement combien de jours s’étaient écoulés depuis notre première fois. Notre monde avait changé. Chaque matin, je me réveillais nu, collé à Ray, sa peau chaude contre la mienne, son souffle régulier dans ma nuque. Parfois, sa main glissait sur mon ventre, sur mes cuisses, jusqu’à ce qu’il me tire doucement contre lui. Et moi, je l’accueillais. On faisait l’amour au réveil, encore engourdis, les corps collés par la chaleur, la lumière douce du matin léchant nos dos. Puis je me levais, je lavais ce qu’on avait sali, je préparais à manger avec ce qu’on avait trouvé. Et lui… il me regardait. Il n’était pas tendre dans ses gestes, mais il l’était dans sa présence. Contre un mur. Sur le matelas. Dans l’herbe derrière la bâtisse. On parlait peu, mais on rigolait. Il me taquinait sur mes habitudes, sur ma façon de “jouer à la petite femme”, comme il disait. Il râlait. J’étais à lui. Il était à moi. Il ne me disait pas “je t’aime”. C’était simple. Brûlant. Animal. Le soleil filtrait à travers le toit de tôle, chaud sur ma peau nue. J’allais vite. Sauvagement. — Putain, Aaron… T’es… incroyable… Il agrippait mes hanches, me guidait, gémissait à chaque descente. Je me penchai sur lui, l’embrassai à pleine bouche, avalant son souffle, puis redressai le buste pour reprendre mes mouvements. Son gland frottait exactement là où il fallait, et je sentais ma jouissance monter, sourde, violente, délicieuse. Et puis— Un son. — À l’aide… ! On s’arrêta net. Ray ouvrit les yeux. Moi aussi. — T’as entendu ? Je me redressai, sortis lentement de lui. Nos corps encore chauds, tremblants. Ma cuisse était trempée de son pré-sperme, son torse brillait. On s’habilla rapidement, le cœur encore haletant. On sortit de la bâtisse, courant dans la chaleur écrasante, les herbes hautes nous fouettant les jambes. La voix se rapprochait. — Hé ho ! Y a quelqu’un ?! Et là, on le vit. — Aaron ?! Ray ? Bordel… vous êtes vivants… Je courus vers lui, mon cœur battant. Je l’attrapai par l’épaule, le serrai fort contre moi. Il haletait, soulagé. Je sentis son odeur — la fatigue, la survie, le sang. Ray resta en arrière. Figé. On raccompagna Dwayne jusqu’à notre refuge. Il parlait, racontait, doucement, encore choqué. On l’installa sur le matelas, je lui apportai de l’eau, je nettoyai sa plaie comme je pouvais. Et Ray ne disait rien. Quand je me tournai vers lui pour lui demander de l’aide, il me répondit : — T’as l’air de bien t’en sortir sans moi. Je fronçai les sourcils. — Quoi ? Il détourna les yeux. Croisa les bras. — C’est bon. Continue de jouer à l’infirmier modèle. Il va t’aimer, lui aussi. Un frisson me traversa. Pas de plaisir, cette fois. — Ray… qu’est-ce que tu— — Rien. Je dis rien. Il sortit. Claqua la porte. — Il est toujours comme ça ? Je ne comprenais pas. Et j’avais froid. Je ne reconnaissais plus Ray. Depuis l’arrivée de Dwayne, il avait changé. Je tentais de comprendre. De recoller les morceaux. Pendant ce temps, Dwayne reprenait des forces. Il parlait avec moi. Me remerciait. Il souriait beaucoup, malgré la douleur. Et j’aimais passer du temps avec lui. On riait. Et pendant ces moments-là, je sentais le regard de Ray. Je le surprenais parfois, planté dans l’ombre de la pièce, le regard dur, les poings crispés, le torse tendu sous sa chemise à moitié déboutonnée. Il nous observait. Parfois, il claquait une porte. La nuit, il ne me touchait plus. Je me sentais rejeté, humilié. Et pourtant… Un après-midi, alors que Dwayne dormait, je sortis chercher des fruits. Je m’approchai doucement. — Tu vas bien ? Il ne me regarda pas. — Je suis occupé. — T’as pas envie de parler de ce qu’il se passe ? — Il se passe rien. — Ray, tu me parles plus. Tu me regardes plus. Tu me touches plus. Tu me— Il balança sa machette au sol. — Tu veux pas aller t’occuper de ton pote, là ? T’as l’air de bien kiffer sa compagnie. Je restai figé. — Tu me reproches quoi, au juste ? Que Dwayne soit vivant ? Que je sois content de le voir ? Il me regarda enfin. Son regard était noir, blessé, jaloux. — Je te reproche de m’avoir oublié en deux jours. Il se rapprocha, trop vite. Son visage à quelques centimètres du mien. — T’as couché avec lui ? — Quoi ?! — Réponds. — Non, espèce de malade ! T’as perdu la tête ? — Pas encore, souffla-t-il. Mais j’suis pas loin. Je le vis. Il me regardait comme s’il allait me frapper. Et soudain, il m’embrassa. Pas un baiser. Un choc. — Tu veux que de la douceur ? hein ? C’est ça ? Tu veux qu’on t’caresse, qu’on t’aime tout gentil ? Je n’eus pas le temps de répondre. — Ray… attend… — T’as pas dit non. Et non. Il descendit son pantalon, libérant sa queue, déjà gonflée, épaisse, luisante de désir. Il cracha dans sa main, frotta son sexe rapidement, sans douceur. Et il pénétra d’un coup. Je poussai un cri. Il bougeait déjà. Fort. — T’es à moi. Pas à lui. T’entends ? À moi. Je gémissais à chaque poussée. Ses couilles frappaient mes fesses, son souffle devenait plus rauque, plus pressant. Il se pencha sur moi, agrippa mes poignets au sol, et accéléra encore. — Putain, t’es bon… trop bon… Son front toucha le mien. Nos souffles se mêlaient. Ses yeux étaient rouges. Pleins. Brûlants. Je sentis sa queue gonfler. Et moi… Il ne dit rien. Il resta quelques secondes ainsi, puis se redressa, retira sa queue lentement. Il s’éloigna, sans un mot. Et moi, allongé dans la poussière, le cœur battant à m’en étouffer, Je ne dis rien. Quand il s’était retiré de moi, tout à l’heure, j’étais resté au sol. J’avais remonté mon short, m’étais assis quelques minutes à l’ombre, seul. Puis j’étais retourné dans la maison, silencieux, le cœur fatigué. Dwayne dormait déjà. Ray ne m’avait pas suivi. La nuit s’était installée, moite, épaisse, saturée de silence. J’avais les yeux ouverts. Et puis… je l’avais senti. Le matelas s’était affaissé doucement derrière moi. Ray. Il ne dit rien tout de suite. — Je suis désolé… Sa voix était rauque. Fatiguée. Humaine. Je ne répondis pas. Mais je ne bougeai pas non plus. Alors il s’approcha un peu plus. Son torse contre mon dos. Sa main glissa lentement sur ma hanche. Il posa ses lèvres dans le creux de ma nuque. Et je sentis sa queue, déjà dure, se presser contre moi. Cette fois, il attendit. C’était moi, maintenant. Alors j’écartai un peu les jambes. Juste ce qu’il fallait. Il abaissa mon short, lentement, silencieusement. Il entra en moi d’un geste lent, profond, chargé. Je haletai contre ma propre main, les dents serrées, le cœur tremblant. Un va-et-vient silencieux. Étouffé. Ses bras m’enveloppèrent. Ses lèvres revinrent contre ma peau. Et moi… Et qu’il venait de me le dire. À sa manière. Ray était en moi, lentement, profondément. Chaque va-et-vient était mesuré, contenu, retenu. Je sentais sa queue glisser en moi avec une précision douloureuse, frôlant ce point en moi qui me faisait trembler, sans jamais aller trop vite. Il gérait tout. Il me possédait en silence. Mon front était appuyé contre mon bras, ma bouche ouverte, haletante. Derrière moi, Ray se courbait plus, épousait mon dos, m’enveloppait tout entier. Il murmurait des mots que je n’arrivais pas à saisir. Il me baisait avec une lenteur féroce. Sa main descendit sur ma queue. Il la caressa doucement, en rythme avec ses mouvements. Mon corps s’ouvrait à lui. Je sentais son souffle s’accélérer, son ventre se contracter contre mon dos. — Ray… j’vais— — Viens… viens avec moi… Sa voix était rauque, basse, tremblante. Et je jouis. En silence. En spasmes. Quelques secondes plus tard, il s’enfonça une dernière fois, fort, profond, et il jouit en moi, son corps vibrant, étouffant son râle contre ma peau. Il resta là, en moi, ses bras m’enveloppant, sa tête dans mon cou. Ray déposa un dernier baiser dans ma nuque. — J’t’aime pas comme il faut. Mais j’t’aime fort. Je ne répondis pas. Et je la serrai. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’on était devenus. Ray m’aimait. Depuis l’arrivée de Dwayne, Ray m’ignorait. Mais il ne me touchait plus. Mais chaque soir… Quand Dwayne dormait, quand la nuit pesait sur nous comme un drap moite, il venait se glisser dans mon dos. En silence. Et moi, j’acceptais. Parce que la nuit, il me faisait l’amour. Il entrait en moi sans un mot. Il me prenait lentement ou violemment, selon l’humeur. Et au petit matin, il s’éloignait. Et je redevenais rien. Je ne savais plus comment le vivre. Je me surprenais à rire plus fort avec Dwayne. À chercher ses yeux. À m’attarder sur ses mains quand il me remerciait pour un soin. Et Ray… Mais je sentais sa jalousie comme une fièvre. Il était venu plus tard que d’habitude. Mais cette fois, il n’y avait rien de tendre. Il me retourna sur le dos, brutalement. — Tu crois que je t’ai pas vu ? Il me coupa avec un baiser sec, sa bouche dure contre la mienne, presque une morsure. Sans un mot. Je lâchai un cri étouffé. — Ferme-la. Il me baisait en missionnaire, brutalement, son torse plaqué contre le mien, ses coups de reins rapides, puissants, saccadés. Je suffoquais de plaisir et de honte mêlés. — Il te touche ? — Il te regarde ? — T’es à moi, Aaron. À moi. Et il me baisait comme pour me le prouver. J’allais jouir. Je le sentais. Je le voulais. Et soudain… Je sentis Ray se figer. Je suivis son regard. Dwayne. Debout. Mon cœur s’arrêta. — Putain… Dwayne… c’est pas ce que tu crois… j’allais… je voulais pas que tu… Mais Dwayne ne dit rien. Il nous regardait. Et puis… Lentement. Et il se retrouva nu, devant nous. Sans un mot. Présent. Offert. Dwayne s’était approché. Son sexe encore au repos, mais il le caressait doucement, ses doigts glissant lentement de la base au gland, le regard planté dans le nôtre. — Vous pensiez que j’avais pas vu ? souffla-t-il. — J’avais déjà compris votre petit jeu. Je me redressai à moitié, les jambes tremblantes, le cœur battant à m’en faire mal. Mais il ne disait rien. Et Dwayne continua d’avancer, sa queue commençant à gonfler dans sa main. — Tu vas la sucer, Aaron ? Je levai les yeux. Mais ce fut Ray qui répondit. — Ouais. Suc–le. Mon ventre se contracta. Il y avait dans sa voix de la jalousie, oui… mais aussi du désir. Une excitation qu’il ne contrôlait plus. Je me tournai vers Dwayne, toujours debout, sa queue désormais dure, fière, palpitante. Il la tenait dans sa main, me la tendait presque, ses yeux posés sur ma bouche. Je me mis à genoux. Je le pris. Lentement. — Ouais… comme ça, Aaron… Ray était derrière moi. Et puis, sans prévenir, il me pénétra. Un gémissement m’échappa, étouffé par la queue de Dwayne dans ma bouche. — Putain… t’es serré… Il bougea tout de suite. Ses hanches cognaient mes fesses, me prenant fort, pendant que ma bouche glissait sur le sexe dur de Dwayne, ma salive coulant sur son gland, sur mon menton. J’étais pris des deux côtés. Ray me tenait par les hanches, il me baisait fort, profondément, ses couilles claquant contre moi. Dwayne, lui, me caressait la tête, guidait mes mouvements, me laissait le sucer avec envie. Je n’étais plus que désir. Mon corps ouvert, offert, traversé. Et je les aimais tous les deux, différemment. Je haletais contre la queue de Dwayne. Et je n’avais jamais rien ressenti d’aussi puissant. Ray me prenait toujours fort, en coups de reins puissants, ses mains marquant mes hanches, pendant que je suçais la queue épaisse de Dwayne avec ferveur. Je n’étais qu’un corps traversé par le leur. Et puis Dwayne grogna, recula légèrement. — Laisse-moi goûter. Ray s’arrêta. — À toi, va. Dwayne s’agenouilla derrière moi. Ses mains glissèrent sur mes fesses, plus larges, plus chaudes. Il écarta mes jambes, me força à bien me cambrer. Et sans attendre, il me pénétra. — Aaah… putain… Il bougea vite, profond, sa queue me remplissant d’une manière différente. Il m’attira à lui, m’empoigna la nuque. — Tu vas continuer à sucer. T’arrêtes pas. J’ouvris la bouche. Et je me retrouvai là. Mes gémissements étouffés. Mes joues creusées. Mon trou rempli. Mon cœur au bord de l’explosion. Ils se parlaient au-dessus de moi, dans des souffles rauques. — Putain, il aime ça… Ils riaient un peu. Puis ils changèrent encore. Ray guida mes hanches, me faisant monter et descendre sur Dwayne, sa main sur ma queue, me branlant en rythme. Je haletais, secoué par les sensations. Et puis Ray se plaça de nouveau derrière. — Tu crois que tu peux… ? Et doucement, Ray entra. Avec Dwayne. Deux queues. Je hurlai, la bouche grande ouverte, le souffle arraché. — Putain… c’est trop… — T’es incroyable, souffla Ray. Ils bougèrent, doucement d’abord. Puis plus vite. Je crachai ma jouissance contre le torse de Dwayne, en cris étouffés, en tremblements, pendant qu’ils continuaient, me remplissant, me baisant, m’adorant. Et quand eux aussi vinrent en moi, l’un après l’autre, je les sentis me noyer de leur chaleur, de leur foutre, de leur possession. Ils m’avaient tout pris. Et je me laissai tomber entre eux, vidé, aimé, enfin. Roses Sky
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