RÊVES DE CHAIR"Alors, c'est là, la chambre du maître ? " - C'est là, confirmai-je en désignant l'espace où j'avais entraîné l'icône gay. C'est ce que j'appelle la chambre jaune, à cause du papier peint... Sais-tu qu'il y a un mystère, ici ? Le gaillard ne peut retenir un petit rire, en plissant imperceptiblement ses yeux noisettes, ce qui a le don de me liquéfier sur place... Je saisis son visage entre mes mains, et je contemple ce front large,dont j'ai remarqué naguère qu'il contribue à l'attraction que j'éprouve pour ce beau garçon... Je desserre mon étreinte, tel le reptile retirant ses anneaux... Et, sans temps mort, je m'applique à enlever les tissus qui me séparent de cette chair merveilleuse tant convoitée... Je découvre ce torse que je n'avais pu jusqu'ici admirer que sur un écran plat... Je parsème de baisers les espaces de peau découverts au fur et à mesure, comme on plante un drapeau sur un territoire conquis... Accroupi, je déboucle la ceinture du pantalon... Quelques boutons à enlever,et le jean tombe à ses pieds... Je saisis mon partenaire par les hanches,et je quête son regard scintillant d'une lubricité croissante... Le slip est tendu par la promesse d'une triomphale virilité, à laquelle je m'apprête à rendre un culte passionné, moi qui d'ordinaire pourfend les Dieux en mécréant endurci que je suis... J'entame mon propre effeuillage... Cyrillo me laisse mener le jeu et s'étend sur le lit dans une pose impudique... Je le rejoins bientôt et je lui ouvre les draps... Il s'installe sans mot dire,fixant ses yeux sur moi avec ce petit sourire énigmatique qui me met en confiance... Les draps sont parfumés : j'ai prévu à l'avance le confort de mon invité et je veux le mettre à l'aise... Nos deux corps se cherchent et s'enlacent... Dieu du ciel ! Quel pic d'adrénaline - ou de dopamine plutôt, le neuromédiateur du plaisir - quelle onde de bonheur délicat et subtil me submerge soudain... Joie suprême... Flash inouï illuminant des sphères inconnues, des domaines nouveaux... Cette chair-là est surnaturelle : son contact me hérisse au delà de toute description... Mes doigts parcourent la surface de cette peau tant désirée,explorent centimètre carré par centimètre carré... Mes yeux recensent les nombreux grains de beauté qui constellent la surface de ce corps d'exception... Je saisis les doigts de mon amant,entrecroise les miens avec les siens,les porte à mes lèvres... Je joue avec les phalanges,je promène sa main sur mon visage... Cyrillo me regarde avec l'expression du sphinx... Il y a dans sa nature une souplesse féline qui participe puissamment de son charme... C'est bien là la clé de l'attraction magnétique qu'il exerce sur moi... Ce garçon équilibre à la perfection la lubricité la plus débridée et le sérieux le plus recueilli... Cette alliance étrange des extrêmes, cette superposition d'un calme posé et d'une libido exacerbée me fascine et m'empoigne sans que je puisse m'y soustraire... Mes mains palpent le torse presque glabre du bel étalon... Nos lèvres se cherchent, se joignent et s'unissent en une chorégraphie parfaitement orchestrée... Je quitte sa bouche pour son épaule, cependant que son souffle résonne à mon oreille... Le bougre me chuchote d'audacieuses invites et je sens qu'il est temps d'honorer Priape en proportion du mérite que son rang lui confère... Le tissu qui me sépare encore des trésors virils est tendu à craquer... Je m'empare à pleine main de cette masse que l'on dit être la meilleure part de l'homme... Je caresse l'organe durci à travers le slip, et la pensée me vient soudain que je dois être dans un monde virtuel, tant l'émotion et le plaisir me soulèvent... Jamais je n'ai vu une verge aussi magnifique... Epaisse et surmontée d'un gland admirablement dessiné, elle est animée de petites saccades... Le sang coule à flots dans l'artère pénienne (quand je pense qu'on dit l'artère honteuse!) et le membre se dresse, triomphal, orgueilleux, provocateur, devant mes yeux ébahis mais ne pouvant se rassasier... "Elle s'offre à toi,chuchote Cyrillo doucement. Des spasmes de plaisir me secouent, cependant que j'englobe ce membre superbe plus avant dans ma bouche... Ma langue suit le contour de la couronne, s'égare sur la hampe fièrement tendue, remonte vers l'extrémité ou descend vers la base... Le rythme s'accélère fiévreusement... J'exerce une pression à la base du sexe, je masse les testicules, j'égare mes doigts dans la touffe pubienne... Le périnée suinte de liquides subtils... Le gland se colore de rose violacé,enfle encore et encore... Cyrillo halète et pousse des gémissements plaintifs... J'enlace mes doigts avec les siens... Cette crue soudaine a humecté mes draps d'une marée abondante... L'idée de ne plus laver ma lingerie me vient à l'esprit... Ainsi,je pourrais me gorger du souvenir parfumé de l'être cher... Monica Lewinski n'a-t-elle pas gardé la robe sur laquelle Bill Clinton a déposé sa griffe liquide ? Je m'allonge près de Cyrillo... Mon propre plaisir physique passe à l'arrière plan... Il me semble que l'enlacement de nos deux corps, l'étreinte physique et charnelle me font gravir quatre à quatre tous les échelons du nirvana... Mais soudain, ma pensée se fixe sur Patrick, le compagnon de Cyrillo... Et une ombre s'étend sur moi, à l'idée que je pourrais le blesser... Allons ! Cyrillo m'a donné sa chair et son âme a vibré en harmonie avec la mienne l'espace d'une nuit, mais cette âme est indissolublement liée à celle de Patrick... Rêves de chair... Fantasmes et pulsions de vie... Moteur exaltant de nos existences qui sans cela, seraient si mornes... Libido, tu nous mènes et nous diriges... Tu nous soutiens de ton emprise puissante... Tu entrebailles les portes du paradis sur des trésors à peine entrevus... Dans la grisaille de ce purgatoire terrestre,tu jaillis comme l'éclair pour illuminer nos vies... Et cet éclair, j'ai pu le voir cette nuit dans les prunelles de Cyrillo... Il s'est propagé dans toutes mes fibres... Il a réuni nos pauvres existences dans une étreinte ineffaçable, dont le souvenir me soutiendra dans les multiples épreuves qui m'attendent... Je me sens fort... Un sang neuf coule en moi... Lagardère peut tirer son épée du fourreau sans crainte... Je peux mourir,sourire aux lèvres : Cyrillo a croisé ma vie... Lagardere27 Décembre 2003 Rêve ou réalité, ces histoires ne doivent pas vous faire oublier les dangers d'une relation sexuelle sans protection. METTEZ DES CAPOTES |