Cyrillo

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Un soir de grève 8

Nicolas

La journée au travail s'écoule avec une lenteur insupportable. Les clients sont insupportables, les collègues sont insupportables, j'ai l'impression que le monde entier fait tout pour ralentir le temps.

Je pense sans arrêt à ce soir, au moment où je vais retrouver enfin retrouver Matthieu.

A midi, je ne peux m'empêcher de lui envoyer un SMS, mais je le regrette aussitôt. Pas de trace, pas de risque inutile, je ne dois pas le compromettre.

Mon téléphone vibre. C'est Matthieu qui me répond.

• je t'm

Une bouffée de joie m'envahit d'un coup. Il m'aime !!! Cet homme est la perle rare !!!

L'après midi me parait plus court. Je suis débordé de travail et quand vers 19h00, mon boss vient me saluer, je réalise que je vais bientôt revoir Matthieu.

En attendant de le retrouver, je file au cinéma. Je suis prêt à voir n'importe quoi, je n'ai pas l'esprit au film, mais uniquement à Matthieu.

Après la séance, je remonte les Champs et passe devant le Fouquet's. Je jette à tout hasard un regard par la vitre, et mon coeur s'arrête de battre un instant quand j'aperçois Matthieu attablé au milieu de 5 convives. Il a l'air si à l'aise, si serein. Je l'observe quelques instants, puis file me poster à notre lieu de rendez vous.

22h30 arrive. A chaque fois que la porte du restaurant s'ouvre, je tressaille d'impatience.

22h45. Matthieu ne sort toujours pas. Les touristes s'extasient devant leur temple du luxe.

23h00. Il me semble reconnaitre un des convives de la table de Matthieu. Ils sortent enfin, suivi de Matthieu quelques instants après. Deux trois palabres sur le trottoir et enfin la poignée de main finale. Matthieu les laisse monter dans un taxi, et traverse l'avenue George V pour enfin me rejoindre.

• Bonsoir Romain, désolé de mon retard mais ils voulaient un cognac...la tradition française, le bon goût, bref tous les clichés habituels.

• T'inquiètes pas, je me doute bien que tu n'es pas resté avec ces vieux croutons pour le plaisir des yeux, dis je en riant.

• Non je te confirme, mais ils peuvent me rapporter pas mal cette année, alors je devais rester prévenant.

• Que veux-tu faire Matthieu ?

• Fais-moi découvrir le Paris Gay.

Je fixe Matthieu surpris et interloqué.

• c'est quoi cette idée ?

• j'ai envie de voir un bar gay, comment ça se passe, si tout ce que j'ai lu est vrai...

• je ne suis pas certain que ce soit une super idée ça et puis tu sais, je ne suis pas un spécialiste de ce genre d'endroit, mon truc moi c'est plutôt le RER, dis je un sourire goguenard au coin des lèvres.

• Non sérieux, je n'aurais peut être jamais l'occasion de refaire une virée nocturne dans ce genre d'endroit, et puis avec toi, je serai serein.

• Ok, si c'est ce que tu veux, allons-y.

Nous partons pour le Marais, avec à mes côtés un Matthieu tout émoustillé. On dirait un puceau qui va à son premier rendez vous amoureux.

Nous remontons la rue Ste Croix de la Bretonnerie tranquillement. Des couples hétéros et homos se baladent tranquillement dans la rue profitant de la douceur de la nuit. Matthieu a les yeux grands ouverts, il observe tout, parfois indiscret sans le vouloir.

Je repère un établissement affichant le drapeau arc en ciel et propose à Matthieu d'aller prendre un verre à l'intérieur.

Nous nous installons à une table un peu à l'écart. Il y a là beaucoup d'hommes, parfois en couple, souvent seuls qui s'observent, se jugent, se jaugent, cherchant peut être l'aventure d'un soir ou l'histoire d'amour de leur vie. L'ambiance est étrange et me mets quelque peu mal à l'aise. Je n'ai jamais aimé fréquenter ces endroits où ce qu'on évalue d'abord, c'est le nombre de centimètres que vous avez dans votre pantalon.

Matthieu semble avoir perdu la parole. Il observe avec une acuité de félin, ne perdant rien des manèges de séduction qui s'opèrent autour de nous. Je commence à me lasser de cet endroit, et montre un début d'agacement à Matthieu.

Au moment de lui dire que je souhaite partir, je le vois se figer et pâlir d'un coup. Il s'enfonce dans sa banquette, comme s'il voulait disparaître, s'enfouir, se camoufler.

• Ca ne va pas Matthieu ?

• Ne m'appelle pas comme ça, dit-il d'une voix étranglée.

• Comment veux tu que je t'appelle ? Que se passe-t-il ?

• Tu vois le mec au bar là bas, en chemise bleue et jeans ?

• Oui et alors ?

• C'est un copain de sport, il s'appelle Nicolas, et la semaine prochaine, il vient diner avec sa femme à la maison.

• Et alors ?

• Et alors ? Mais tu imagines s'il me voit ici, il peut tout raconter à ma femme, à mes potes de sport, il peut ruiner ma vie !!!

• Tu savais qu'il était gay ?

• Lui ? tu délires? plus hétéro et plus macho que lui, que lui tu meurs !!!

• C'est connu, les hétéros pure souche adorent passer leurs soirées dans les bars gays...je pense plutôt que ton Nicolas, il est comme toi Matthieu, homo refoulé qui profite que sa femme et ses gosses sont loin pour s'encanailler.

• Non ce n'est possible, pas lui.

• Ecoute, je vais aller au bar et je vais le draguer. Il ne me connait pas, il ne se méfiera pas, et tu verras, je ne lui donne pas 10 minutes avant que je lui passe la main au paquet.

• Non !!! Arrête tes conneries, il va me voir et c'en sera fini de moi.

• Dommage parce qu'il est mignon et il a l'air bien foutu.

• Ca je te confirme, il est canon surtout à poil.

• Allez, j'y vais !!!

• Non...

Mais je m'étais déjà levé, m'approchant de ma proie.

Je m'accoudais au bar à côté de lui, me commandais un verre. Je regarde Nicolas avec un sourire sans équivoque.

• Bonsoir, moi c'est Romain.

• Bonsoir, Nicolas.

• Tu es nouveau ici, je ne me souviens pas t'avoir déjà vu.

• Euh oui, c'est la 1ère fois, dit il en bredouillant quelque peu.

• Et ca te plait comme endroit ?

• Oui, c'est sympa.

• Il y a de belles pièces tu ne trouves pas ?

• Comment ça ?

• Pour un beau mec comme toi, tu vas pouvoir trouver quelqu'un sans mal ici.

Nicolas pique un fard.

• qu'est ce qui te dit que je cherche un mec ?

• dans le Marais, un mec seul recherche rarement une femme...

• peut être, pourquoi, je t'intéresse ?

Je jubilais intérieurement. Nicolas était en train de se jeter direct dans mes bras, et du coin de l'oeil, j'observais Matthieu à moitié effondré sous la table, regardant avec stupeur la scène qui se déroulait à quelques mètres de lui.

• Oui clairement, tu es plutôt mon type de mec.

• Ah bon ?

• Oui, tu as l'air d'en avoir une belle, dis-je en caressant sa braguette.

BINGO !!! Je caresse ce nouveau paquet, apparemment bien rempli, et je sens rapidement monter la pression.

Nicolas rougit encore une fois, surpris de ma caresse, mais ne fait rien pour s'écarter.

• ça te dirait d'aller ailleurs, chez toi par exemple ? lui dis-je.

• Oui si tu veux, maintenant ?

• Attends deux minutes, je voudrais te présenter quelqu'un avant ?

• Qui ça ? je ne suis pas branché à plusieurs.

• Je pense que quand tu l'auras vu, tu changeras d'avis...suis moi.

Je me dirige vers la table de Matthieu. Celui-ci, voyant Nicolas m'emboiter le pas, semble se liquéfier sur place.

• qu'est ce que tu fous bordel !!!

• Nicolas, je te présente Matthieu. Matthieu, tu connais Nicolas...

Les deux compères semblent avoir pris en même temps une énorme gifle. Ils se regardent incrédules et terriblement gênés à la fois. Nicolas est le 1er à rompre le silence :

• Salut Matthieu, dit il d'une voix blanche, qu'est ce que tu fais là ? tu n'es pas avec Marie ?

• Salut Nicolas, répond Matthieu la gorge sèche, non tu vois, elle n'est pas là tout comme Valérie à ce que je constate ?

• Elle est avec les enfants dans notre villa à la Baule Je ne savais pas que tu aimais ce genre d'endroit.

• Tu sembles les apprécier autant que moi dirait on ?

• C'est de la curiosité...

• Tu mens mal Nicolas, la main de Romain ne t'a pas déplu vu le temps qu'elle a passé sur ta braguette.

Je sentais qu'il était temps d'intervenir. Le ton devenait de plus en plus acerbe, et je sentais une tension croitre entre les deux mâles surpris dans leur intimité, et dont la virilité était froissée.

• Bien messieurs, maintenant que vous savez que vous êtes tous les deux homos, on pourrait peut être partager un verre ensemble.

Matthieu me fixa avec une colère non dissimulée dans les yeux.

• pourquoi as-tu fait ça ? pourquoi m'as-tu trahi ?

• Matthieu, arrête la grande scène de l'acte 1 scène 2. Je ne t'ai pas trahi. Je pense même que je suis en train de vous rendre service à tous les deux. Je viens de mettre deux copains face à une réalité, certes brutale, mais somme toute banale. Vous êtes deux potes, vous aimez les mecs tous les deux, vous n'avez jamais rien osé dire ou faire avec un mec, et bien voilà, vous partagez tous les deux le même secret, et chacun saura qu'il peut compte sur l'autre pour ne rien dire.

• Il a raison, dit Nicolas. Pourquoi irais-je te balancer à Marie sachant que tu peux faire de même auprès de Valérie ? Je suppose que toi comme moi, tu ne souhaites pas que cela se sache ?

• Non bien évidemment, répond Matthieu la tête basse.

• Eh bien moi pareil Matthieu. Et pour être franc, j suis presque heureux de te savoir aussi attiré par les mecs, parce que si j'avais dû choisir un ami à qui le dire, ça aurait été toi.

• Ah bon ? dit Matthieu surpris, et pourquoi moi ?

• Parce que de tous, tu es le seul mec digne de confiance et qui plus est le plus bandant.

Matthieu reste coi devant cette déclaration de son ami. De mon côté, j'observai les deux coqs qui après s'être affrontés, se découvraient sous un nouveau jour et qui s'apprivoisaient mutuellement.

• Messieurs, si nous poursuivions notre conversation ailleurs que dans cet endroit, dis je tout sourire. Au rythme où vont les coming-out, nous allons finir par apercevoir mon boss et accessoirement beau père de Matthieu en drag queen et une connaissance de Nicolas en porte-jarretelle sur le bar...

• Tu as raison, sortons, répond Matthieu, sinon tout Paris va finir par savoir que je suis PD.

• Oui sortons, rajoute Nicolas en jetant quelques billets sur la table.

Nous rejoignons la rue et rapidement quittons le Marais. Sur le parvis de l'Hôtel de Ville, Nicolas nous interpelle :

• Ca vous dit de venir prendre un verre à la maison ?

• Oui volontiers, dis je gaillardement, de toute façon, s'il n'y avait pas eu Matthieu, c'est là que nous devions aller nous envoyer en l'air, non ?

• Oui c'est exact, dit Nicolas un peu gêné de cette révélation face à son ami.

• Alors à défaut de jambe en l'air, allons boire un verre chez toi, tu nous suis Matthieu ?

• Bien sûr que je vous suis.

Nicolas habite sur l'ile Saint Louis, et nous rejoignons son appartement, ou plutôt devrais je dire son palais...Il habite un magnifique hôtel particulier, grand comme environ 50 fois mon deux pièces de banlieue...J'en prends plein les yeux à chaque pas. Tout n'est que raffinement, élégance, un mélange d'architecture Grand Siècle et de design contemporain. Tout ce dont j'ai toujours rêvé...

Nicolas nous conduit dans un des salons de réception et nous installe dans un canapé spacieux et confortable.

Pendant qu'il part chercher une bouteille de champagne, Matthieu me regarde avec circonspection.

• Tu cherches quoi Romain ?

• Comment cela ?

• Pourquoi tu fais cela ? Je ne te suffis déjà plus ?

• Attends Matthieu, tu me fais une scène là ou je me trompe ?

• Tu as bien une idée derrière la tête non ?

• Non Matthieu, je n'ai pas d'idée préconçue. Maintenant, s'il doit se passer quelque chose, et bien advienne que pourra.

• Romain, déjà avec un mec encore inconnu il y a deux jours ça n'a pas été simple pour moi, mais en plus avec un ami...

• Matthieu, tu as entendu comme moi, tu es manifestement un homme de confiance pour lui et tu lui plais. Pourquoi refuses-tu ce que tu as toujours recherché : des hommes qui aiment les hommes ?

• Oui mais tout cela va trop vite, Romain. A ce rythme là, vendredi c'est partouze !!!

• Ah bon tu as un plan ? dis-je en éclatant de rire, tu te fais un film, Matthieu, et si on doit ce soir faire une partie à trois, autant que ce soit avec deux mecs qui t'attirent et que tu apprécies.

• Oui, tu as raison, enfin nous n'en sommes pas là...

• Non, c'est vrai, mais ma main à couper que nous n'en sommes pas loin..., dis je en entendant tinter le cristal des flutes entre les mains de Nicolas qui revenait...

Romain JM

romainjm@hotmail.fr

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