Le portable vibre :
(23h05) "Je suis à l'entrée du bled."
Le cœur s'emballe. Un peu en retard, j'accélère le pas. Petit être brûlant dans cette nuit trop froide.
J'ai quinze pensées à la seconde qui me viennent. J'évacue rapidement les traditionnels : est-ce que je vais lui plaire ; vais-je être à la hauteur ? Car il me semble alors que jusque-là tout s'est passé comme il faut, que c'est exactement l'endroit où je dois être. Tout s'était fait de manière très fluide. L'inscription sur Grindr une semaine auparavant était plus une curiosité, n'étant pas adepte ni régulier des plans d'un soir. Juste histoire de jeter un coup d'œil sur l'horizon des possibles, sans espérer y rencontrer quelqu'un comme lui. J'avais même été un peu lent à lui répondre. On connait tous les débuts de discussions impersonnelles qui sont légion sur ce genre d'appli. Mais parfois, sans différence visible pourtant, un courant passe mieux qu'un autre. Il faut dire que j'avais été particulièrement explicite sur mes attentes, qui n'étaient en fait pas vraiment un but mais seulement l'expression sans filtre de certains de mes fantasmes ; chose que je fais rarement, par timidité et parce que depuis longtemps je refoule mes envies réelles, mais c'est une autre histoire. De même, lui avait été limpide sur ses désirs.
L'objectif était clair : il venait pour que je m'occupe de sa queue et je n'avais qu'une hâte c'était de lui montrer mes talents. Bien baveuse, m'avait-il dit aimer. Rien qu'à l'idée de sa queue entièrement engloutie et moi m'étouffant dessus, je trique direct. Un peu à l'étroit, même, dans mon string ; une autre de ses demandes. Car c'est naturellement qu'il avait assis son autorité sur la mienne. Il ne s'agissait pas là d'un jeu monté de toute pièce, où l'un comme l'autre se force à une place, un rôle qui n'est pas le sien. Non ici, il dégageait de façon évidente une aura de force, dans sa volonté, et à laquelle je m'étais plié sans hésitation. Donc quand il m'a dit l'excitation qu'il avait pour les mecs en string, je savais que quand je le verrais je lui ferais ce plaisir.
J'arrive au point de rendez-vous, essoufflé, mouillant déjà comme ce n'est pas permis en repensant à tout ça. Personne. Le petit parking au milieu de nulle part est vide. Bah, c'était trop beau pour être vrai. Je lève les yeux, un beau ciel étoilé. C'est au moins ça.
(23h10) "Je n'ai pas vu de parking."
Je vois les phares au loin et lui indique par message de faire demi-tour. Il se gare et sort. Je prends sur moi pour ne pas faire mon timide. Viens dans la voiture, me dit-il.
Il passe à l'arrière. Je fais le tour et m'installe. Il fait chaud dans l'habitacle, je retire les couches de vêtement superflues. La lumière à l'avant s'estompe. Face à face. D'instinct je m'approche de ses lèvres. Nous n'avons pas besoin d'une seule seconde pour nous apprivoiser. Nos bouches, lèvres et langues semblent déjà se connaitre tant elles s'accordent parfaitement. J'en gémis de plaisir. Cet instant-là, je veux qu'il dure infiniment. Ce ne sera pas le seul.
Mes mains commencent à le découvrir. Je caresse ses joues, sa nuque. L'autre main glisse sous son haut pour se perdre langoureusement sur son torse bien dessiné. Il ouvre son pantalon et sort son sexe. Il est déjà bien dur et son paquet est une invitation. Je descends et commence à me frotter à son bel outil. Je passe délicatement la langue sur ses boules, tout autour de son sexe en évitant les zones les plus sensibles, pour lentement faire monter la sauce. Et je fais bien exprès de faire durer ça un peu trop longtemps. Je le sens qui commence à s'agiter de désir et d'excitation. Il sort son poppers et me le prête ; voilà bien longtemps que je n'en ai pas pris. L'effet est intense et quasi immédiat. La bouffée de chaleur monte au cerveau, je me sens flotter. Et alors emporté par une envie absolument irrésistible, je fonds sur sa queue tel un affamé. Je ne sais pas décrire ce sentiment de plénitude, de complétude, et ne suis pas certain qu'il existe des mots pour ça. La sensation d'être enfin à ma place, d'être né pour l'avoir, lui, en pleine bouche. Comme le reste, sa queue est extra, parfaitement taillée pour ma gorge et je m'empresse de l'avaler entièrement, le plus profond possible, dans des mouvements sans cesse renouvelés. Je m'applique comme jamais, sans même y réfléchir. Il me ressert son poppers, son doigt bouche l'une puis l'autre de mes narines. D'être à ce point son objet, son outil de plaisir me met dans tous mes états. Le temps s'arrête. Je le suce non stop sans reprendre mon souffle. Je suis là pour ça. Et j'aime tellement ça.
La chaleur est encore bien montée dans la voiture. J'en reviens à ses lèvres profiter de ses baisers tandis qu'il passe sa main sous mon string pour travailler mon trou tout tendre. Il me relève la tête, dans la pénombre nos yeux se devinent et il me dit : tu vas devenir mon vide-couilles. Et il me replonge la face sur sa queue. Je ne contrôle plus mes gémissements. Et quand il la reprend pour se branler, j'en veux tellement que je le supplie de me la rendre : s'il te plaît, ta queue ! Encore, s'il te plaît… Il accepte et je saute dessus comme un accro en manque. Que c'est bon, je ne veux plus le lâcher. Son membre tendu et brûlant, prêt à exploser, couvert de ma salive, ce beau gland qui glisse dans ma bouche et s'enfonce dans la gorge, c'est ça qui me fait sentir vivant. Dans ce moment-là, sans me poser de questions, l'équation est simple : je le pompe, il profite. Le monde semble tourner plus rond.
Il continue à se masturber tandis que je lèche ses couilles. Je le sens monter et il gémit. Oh qu'il me tarde de recevoir son jus, comme ma récompense pour le travail accompli. Je le reprends en bouche pour qu'il m'inonde la gorge d'un flot impressionnant.
Il me faut un long moment pour redescendre de mon nuage.
Après s'être rhabillés, dans le froid, sur le parking. Merci beaucoup, je lui fais. Un peu gêné et ne voulant pas le retenir plus longtemps, je lui souhaite prudence pour le retour. Je le sens hésitant. On se tourne autour. Je ne veux pas qu'il parte. Je veux encore de lui. La fin est toujours brutale après un moment si intense. Je finis par le laisser.
Le portable vibre :
(23h55) "J'espère que ça t'a plu autant qu'à moi…"
Si tu savais… Je descends le chemin, le ciel noir s'est couvert mais entre deux nuages, la planète Mars est éclatante et sur mes lèvres persiste ce goût de lui que je ne suis pas près d'oublier.
(Pour D.)
Catilinaires
catilinaires@hotmail.com
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