Premier épisode
Chapitre 2
Mercredi arrive enfin. Ce fameux jour où je vais retrouver celui qui trotte sans cesse dans ma tête depuis dimanche dernier.
Il fait beau en ce début de journée et il doit arriver vers 11h00 avec son oncle et toute la petite famille de son oncle (femme et enfants). On a prévu un pique-nique, un déjeuner sur l’herbe dans le coin, au bord d’une rivière. C’est très romantique, malgré qu’il ait un chaperon, car Il a peur de se retrouver seul avec moi. Quelques expériences dans le passé l’ont rendu un peu hésitant, malgré notre soirée du week-end dernier. Je lui ai proposé de passer la fin de semaine avec moi, afin de mieux se connaître. Il doit me dire sa réponse au cours de cette journée. Je ne veux pas le brusquer, j’ai juste envie d’être avec lui.
En fin de matinée avec un peu de retard, le voilà qui arrive. Il est adorable, bien habillé (pantalon en toile, veste), ça se voit qu’il a du goût. Moi, je suis plus classique (Jean, tee-shirt).
On se fait la bise, il me présente le reste de sa famille et on part pique-niquer.
L’endroit est sympa, on est début avril, il fait beau, température idéale. C’est son oncle qui a préparé et amène le déjeuner. C’est simple, bon et tout le monde a l’air content. Après le repas, je décide de l’emmener se balader le long de la rivière. Ça permet de discuter, de tout, de rien, et je sens que le courant passe. On se tient la main, on se fait des petits bisous, on s’étend sur l’herbe. Plus rien n’a d’importance à côté. C’est magique et je n’ai pas envie de ces merveilleux moments s’arrêtent.
La fin de journée arrive, je lui pose la question essentielle, veut-il rester avec moi jusqu’à la fin de semaine ? Sans hésitation, c’est un oui. Je suis heureux. Son oncle repart avec sa famille le laissant avec moi et je lui promets de bien prendre soin de son neveu.
La soirée sera soft, juste de la tendresse, des bisous et on s’endort dans les bras l’un de l’autre. Pas question d’être brutal ou trop avenant le premier soir. Il m’a avoué avoir eu précédemment une histoire avec un mec qui s’est mal terminée. Ça reste encore chaud dans sa tête et je sais qu’il faudra du temps. Du temps j’en ai et je ne veux pas casser cette osmose qui s’installe entre nous.
La fin de semaine sera idyllique. Je le ramène chez lui le dimanche après-midi pas loin de la maison de ses parents.
À partir de ce moment-là, tous les vendredis soirs pendant 2 mois, je vais aller le chercher et on passera le week-end en ensemble. On fera l’amour, lui comme moi étant actif et passif, ce n’est que du bonheur…
Notre relation commence à être sérieuse et il me semble normal que mes parents découvrent enfin mon amoureux. Par contre, une petite ombre au tableau cependant, mes parents ne sont pas au courant de mon homosexualité. Pas facile à dire dans les années 90. La révolution gay n’est pas encore passée et la Gay Pride n’est pas le meilleur moyen pour s’exprimer sur son orientation sexuelle. Je prends conseil auprès d’un ami de mes parents lors d’un week-end ou mes parents viennent me voir. Au cours d’une balade, discrètement, j’aborde le sujet afin de savoir la meilleure façon de leur dire. Réponse courte, sois toi-même et comme il t’aime, ils mettront vraisemblablement du temps à l’admettre, mais ils accepteront.
Je vais mettre encore 3 à 4 mois avant de leur dire. Par contre, au vu de la manière dont j’ai abordé le sujet, je déconseille fortement de faire de même.
Ne sachant pas comment m’y prendre, je décide d’écrire pour leur dire que je suis amoureux, que j’aime un garçon et que si je devais choisir entre eux et lui, mon choix irait vers ce garçon.
Façon brutale de dire ce qu’il en est, mais je ne me sens pas capable de le dire en face. Je poste la lettre et sur le chemin du retour vers mon appartement, je regrette aussi ce choix, mais trop tard, pas possible de revenir en arrière. La lettre est partie un mardi, elle va arriver jeudi, vendredi au pire. Je m’attends à un coup de fil.
Le coup de fil arrive le samedi en fin d’après midi. Je décroche et c’est mon père qui est au bout du fil. Il me demande si ça va, je leur demande également et juste après, mon père me dit « On a reçu ta lettre ». Un blanc s’installe, avant que celui-ci me dise qu’il s’en doutait un peu, mais que ce n’est pas forcement évident à encaisser. Je peux toujours aller les voir, mais seul, pas avec mon copain. Pas dans l’immédiat en tout les cas. La conversation se termine sur des banalités et après avoir raccroché, je m’effondre en pleurant. J’avais peur qu’il me renie, qu’il soit dur au téléphone. J’ai beau avoir 31 ans, ce ne sont pas des choses faciles à dire.
Sachant que je dois y aller le week-end prochain, je verrai bien comment cela se passera. Mes parents habitent à 120 km et j’y vais en général une fois par mois.
La semaine va être longue et stressante, j’ai beau savoir que cela s’est bien passé au téléphone (en apparence) , que va-t-il en être en face d’eux …
Mec du 85
domj85@outlook.fr
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