Premier épisode | Épisode précédent
L'été touchait à sa fin, et cela faisait deux ans que j'avais rencontré Thibaut. Mais cette rentrée, je quittais le groupe littéraire, et Thibaut fit de même, les nouveaux jeunes arrivés l'an dernier avaient réussi à convaincre plusieurs de leurs amis, je me sentais moins coupable de quitter le groupe.
Et puis, ce pressentiment étrange mais permanent que quelque chose allait arriver dans peu de temps. Cela faisait en effet plusieurs mois que nous avions un quotidien rythmé entre nos boulots et les temps de détente que nous nous accordions. Nous n'avons toujours pas fixé de date pour ce mariage, Laurence avait accouché d'une petite Mélany, et mon frère avait réussi sa première année à la fac, tout allait pour le mieux.
- Thibaut, on peut fixer une date pour le mariage ?
- Si tu veux Séb, tu verrais ça quand toi ?
- Plutôt en été, comme ça, on a plus de chance d'avoir une belle journée, et toi ?
- Moi j'aurai vu ça plus tôt, avril ou mai, comme ça, on n'a pas la chaleur.
- C'est vrai, mais les jours sont plus courts, et on se marie où ? Ici ? Chez mes parents ?
- Ouh, mais je n'avais pas réfléchi à tout ça moi !!!!
- Alors, dossier refermé, réouverture la semaine prochaine quand chacun aura réfléchi... en attendant, j'boirais bien un café, tu voudrais bien m'en couler un ?
- Séb, je ne peux rien te refuser, t'es chiant, me dit Thibaut avec un grand sourire aux lèvres.
- Chiant, c'est vrai, mais tellement chiant que j'crois que j'vais finir par t'épouser tu sais...
Thibaut me fit mon café qu'il me servit comme en terrasse, avec le sucre et le biscuit à côté de la tasse, et en coula un autre pour lui.
- Tu sais, Séb, peu importe l'endroit finalement, tant que tu me dis oui, et qu'on devienne officiellement mariés, je crois que l'essentiel pour moi est là. Je n'ai pas spécialement de rêve dans le côté " pratique ", mon rêve le plus grand c'est celui d'épouser le mec que j'aime, toi en l'occurrence.
- Je ne suis pas un rêve, je suis réel...
- Mon rêve prend vie et rien que pour ça, j'suis le plus heureux des hommes.
- Thibaut, y'a bien des choses " pratiques " qui te font rêver, non ? Moi, je ne conçois pas de me marier sans un voyage de noce, sans la soupe à l'oignon après la recherche des mariés, sans enterrement de vie de garçon...
- Non, moi je ne rêve pas de tout cela... quoique retourner en Guadeloupe, je ne dirais pas non.
- Ah tu vois, quand tu cherches un peu.
Et profitant de ce moment, je continuais :
- Bon, et quelle activité va-t-on faire puisque nous arrêtons le groupe littéraire ?
- Du sport ?
- Quelle activité culturelle allons-nous faire ?
- Tu ne veux pas faire de sport Séb ?
- Non, tu en fais toute la journée toi, et je ne veux pas m'enfermer dans ton univers, j'voudrai qu'on s'ouvre sur une activité qu'on ne pratique ni l'un ni l'autre, musique, théâtre, cuisine, je ne sais pas, mais pas dans notre zone de confort.
- Tu as fait des recherches déjà ?
- Oui et non, enfin, j'avoue que quelque chose de musical me tente assez...
- Tu joues d'un instrument ?
- Non, mais on pourrait essayer d'aller dans une chorale pour chanter.
- ...
- Marcelle, du groupe littéraire, fait partie d'une chorale et ils ne chantent que des chansons françaises, tu veux pas qu'on aille voir mercredi soir ? Et si ça ne te plait pas, on n'y retourne pas.
- Tu as déjà tout prévu toi....
- Non, je te propose juste.
- Bon, ok pour mercredi soir, l'essai chorale.
- Cool Thibaut, j'suis content qu'on essaie autre chose.
Ce samedi après-midi passa très vite, et j'avais posé la semaine prochaine en RTT, j'avais fait plusieurs nuits durant l'été.
N'ayant pas envie de cuisiner ce soir, ni moi, ni Thibaut, j'appelais Antoine en lui disant que nous arrivions pour manger avec eux, le temps de passer à la pizzeria.
- Ah, Antoine, Anne, ça fait plaisir de vous voir.
- Nous aussi Séb, on vous voit peu depuis quelques mois, dit Antoine.
- Très peu, ajouta Anne.
- Papa, maman, on travaille beaucoup et le projet mariage nous occupe aussi un peu, et puis, parfois, il y a des périodes ou avec Séb, on veut profiter pour nous retrouver, juste en amoureux, et ce n'est pas si fréquent que cela.
- Oui, Thibaut, on sait bien ce que c'est, lui répondit sa mère.
- Je te débarrasse Séb, merci d'avoir eu cette idée de prendre des pizzas et de venir manger avec nous.
Toute la soirée, chacun raconta un peu son emploi du temps des dernières semaines, puis Anne dit tout à coup :
- Séb, moi je voudrais encore te remercier pour ces vacances de Noël que nous avons passé chez tes parents. Pour moi, ce fut magique. Tes parents sont si gentils et nous avoir invités pour que nous ne soyons pas seuls, je trouve pas les mots pour dire combien cela m'a touchée.
- Anne, ce n'était pas grand-chose.
- Si au contraire Séb, c'était beaucoup pour nous, beaucoup. Tu nous as montré que ton bonheur passait par celui que Thibaut pouvait ressentir, (Thibaut me prit la main sous la table) et que cette preuve d'amour...
- Antoine ??
Antoine pleurait à chaudes larmes, ne pouvant terminer sa phrase.
- Séb, merci pour tout, conclu Anne.
Thibaut voulut sortir un instant, je l'accompagnais.
- Séb, voir mon père pleurer de bonheur comme ça, avec les mots qu'il t'a dit, je l'avais jamais vu ainsi.
- Thibaut, je...
- Tu me laisses parler...
- Alors prends moi dans tes bras, et chuchote-moi tout à l'oreille.
- Je t'aime, je t'aime et je t'aime.
J'embrassai Thibaut à pleine bouche, si nous étions chez nous, ce baiser aurait ouvert une nuit très sexe, mais rien n'est perdu encore...
Apres une nuit un peu sexe, en effet, dimanche matin commençait bien par une grasse matinée, mais bien vite les choses se gâtèrent : maux de ventre, puis vomissement et bientôt diarrhées... et une douleur intense au côté droit, donc urgences ! Et bientôt, le verdict tomba : appendicite, et l'opération ne devait pas trainer !
Tout juste prêt pour l'opération, c'est presque serein que tout allait commencer. Mais le chirurgien fit une petite erreur de quelques millimètres si bien que je fis une hémorragie et toutes les complications qui vont avec. Outre ma semaine de vacances qui tombait à l'eau, c'était aussi mon moral, et celui de Thibaut qui descendit en flèche. Bien sûr, je récoltais plusieurs semaines d'arrêt, mais une fois de plus, quand j'ai un mauvais pressentiment, il est toujours vrai.
De retour du bloc, je découvris l'endroit qui allait être ma chambre pour quelques semaines, et Thibaut, à ma demande, eut l'autorisation exceptionnelle de venir quelques instants.
Intubé pour quelques jours, parler m'était difficile, je lui demandais donc de m'apporter du papier dès demain, quelques crayons, et bien sûr, un calendrier.
Carolito
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