Premier épisode | Épisode précédent
Plusieurs semaines passèrent après notre première baise ensemble, Thibaut prenait de l'assurance au groupe littéraire, et dans la vie aussi. Nos rencontres étaient de plus en plus régulières, ce qui n'était pas pour me déplaire ; les jours courts de l'hiver favorisant les moments chauds sous la couette.
Quelques semaines avant Noël, découvrant mon planning à l'hôtel, je découvris que je ne pouvais pas passer les fêtes de fin d'année chez mes parents. Cette année, c'était mon tour d'être d'astreinte ! Il fallait bien que cela arriva. Mes parents furent déçus, mais comprenaient la situation.
Ce soir, en plus, il y a la dernière soirée littéraire de l'année, plus tôt, pour échanger sur le livre qui était à lire, mais aussi pour manger ensemble, avant lesdites " vacances " ou chacun recevait ses proches. Autant dire que mon moral était un peu bas en préparant les deux quiches qui seront servies à l'apéro.
Une fois à la salle, après l'échange sur le livre, Thibaut voyant ma mine un peu décomposée me dit :
- Séb, ça va ?
- Ah Thibaut, tu tombes bien. Ecoute, bof...
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Rien de grave ?
- Non, non, rien de grave, juste un peu contrarié par mon planning de boulot.
- Ah, ouf.
- ...
- Enfin, non, qu'est-ce qui te contrarie ?
- J'ai l'habitude de passer les fêtes de fin d'année avec mes parents, mes grands-parents et ma soeur, et cette année, je suis d'astreinte à l'hôtel.
- Ah mince, ce n'est pas cool en effet. Mais ça veut dire que...
- Que quoi ?
- Que tu ne seras pas seul.
- A l'hôtel, si... 24 au soir, 31 au soir, réveillons en solo...
- Non, ils ne peuvent pas te faire ça...
- Et si Thibaut, c'est chacun notre tour, cette année, c'est pour moi...
- Tu pourras aller chez tes parents le 25 quand même...
- Euh, je ne pense pas. 850 kilomètres aller, pour les voir 2 heures, et 850 kilomètres pour le retour, parce que le 26, c'est mon jour de travail.
- Ouha ! Ce n'est pas cool... enfin, si j'réfléchi bien...
- Oui Thibaut, à quoi penses-tu ?
- Je reviens...
Thibaut s'éclipsa une bonne dizaine de minutes, et je le vis revenir. Il me prit par les épaules et me poussa hors de la salle.
- Séb, j'ai bien réfléchi...
- Oui, tu m'as bien planté dans la salle... heureusement que y'avait Martine !
- Oui, mais écoute moi.
- Je ne fais que ça Thibaut.
- Je viens de demander à Antoine si je pouvais t'inviter pour passer le repas du 25 décembre avec nous. Ça me ferait tellement plaisir tu sais. Te savoir seul ce jour de fête en famille, ça ne le fera pas.
- Tu... tu as été demandé à Antoine ???
- Oui, je te rappelle que c'est mon père.
- Tu as demandé à Antoine...
- Oui... tu te répètes Séb.
Je n'en revenais pas... Il a discuté avec son père pour que je ne sois pas seul, et en plus, avec lui. En lui racontant ce qui me contrariait, je n'avais jamais pensé à me retrouver invité dans la famille de Thibaut, jamais.
- Et il attend ta réponse la...
- Euh...
- Regarde-le, il est en face de toi...
Je fis un geste avec mon pouce levé, et leurs visages s'éclairèrent, sans que personne dans la salle ne vit ce qu'il se passait.
Nous rentrâmes pour passer le reste de la soirée avec les autres. Le repas se passa dans la joie, et une fois le champagne servit, chacun se salua en se disant à l'an prochain... sauf un...
Thibaut me dit :
- Toi, tu ne pars pas chez toi, ce soir, tu viens dans mon lit. J'ai... j'ai très envie de toi, je te veux.
- Humm pas ici, chut !
- Alors ?
Un clin d'oeil suffit pour toute réponse.
Que la nuit allait être courte ! j'étais encore sous le choc de sa proposition pour Noël. Et j'avais accepté en plus...
Chez Thibaut, il me dit :
- Merci d'être venu ce soir, merci d'avoir dit oui aussi pour l'invitation.
- Merci à toi surtout...
- On va se coucher ?
- Volontiers, je suis exténué.
La nuit fût effectivement courte, mais lové contre Thibaut, j'étais aux anges.
Les préparatifs pour Noël allaient bon train, j'avais envoyé mes cadeaux chez mes parents, ne pouvant y aller. Me restait celui pour Thibaut... Même si cela fait déjà quelques mois que l'on se connait, je ne savais pas quoi lui offrir...
Profitant d'un moment libre, j'appelais Antoine :
- Allo Antoine.
- Oui Séb, tu m'appelles, tu as un souci ?
- Oui, un petit souci, mais rien d'important. J'ai besoin de ton aide.
- Ah si je peux t'aider, cela sera avec plaisir.
- Voilà Antoine, c'est bientôt Noël, et comme Thibaut avec ton accord m'a invité à venir chez vous pour le 25, je souhaiterai lui offrir un cadeau, mais je n'ai pas spécialement d'idée, pourrais-tu m'aider ?
- Ah mon petit Séb, ton idée est super ! Thibaut a toujours eu un rêve, mais qu'on n'a jamais voulu lui réaliser. Il rêve de découvrir la Guadeloupe, en randonnée.
- Ah oui... mais ...
- Oui Séb ?
- Non, c'est bon, j'ai trouvé... Antoine, merci de ton aide, à la semaine prochaine alors...
- Ok, bonne semaine.
Je fonçais alors dans une agence de voyage, mis des options sur des billets d'avion. Je demandais à plusieurs connaissances si l'un d'entre eux aurait une bouteille de rhum quasi vide, et par chance, c'est Julie qui me répondit positivement.
Je lui expliquai mon projet :
- Tu vois Julie, je vais lui offrir cette bouteille vide avec cette enveloppe accrochée au boulot " bon pour remplir cette bouteille à l'adresse indiquée sur l'étiquette ". J'ai fait mettre des billets d'avion de côté à l'agence, parce que je ne connais pas ses dates de vacances.
- Mais pourquoi la Guadeloupe ?
- C'est son rêve d'y aller, et vu tout ce qu'il fait pour moi, je suis dingue de lui, et je veux lui offrir son rêve.
- Et financièrement ?
- Ça sera chaud mais à l'agence, ils sont cool, j'ai pu étaler le paiement, quelles que soient les dates de vacances.
- Ah cool Séb !
Ma collègue de boulot tomba malade, et la soirée que j'avais prévue avec Thibaut s'annula. Décidément, cette fin d'année n'était pas propice à passer du temps avec Thibaut.
Le jour de Noël arriva enfin, j'ai dormi quelques heures sur le matin, histoire d'être en forme à midi.
Prenant un bouquet chez la fleuriste en passant, ma bouteille vide pour Thibaut, j'arrivais devant chez Antoine et sonnais. C'est Antoine qui m'ouvrit, et m'accueillit les bras ouverts.
- Ah Sébastien, tu as trouvé facilement ?
- Oui, Bonjour Antoine, merci, j'ai trouvé sans problème, et bon Noël !
- Oui, à toi aussi, bon Noël. Sébastien, voici Anne, ma femme.
- Enchanté Thibaut.
- Moi aussi, Anne. Voici quelques fleurs pour vous.
- Et mon cher Séb, tu arrives avant Thibaut, il est toujours en retard quand il vient.
- Ce n'est pas grave.
- Viens, installe-toi au salon. Alors, qu'as-tu pensé des livres ce premier trimestre ?
On en discuta un bon quart d'heure et finalement, Thibaut arriva.
- Bonjour, Séb est déjà là ?
- Oui mon grand.
- Ah mince, je suis en retard, comme toujours, je suis incorrigible. Bon Noël !
Et lorsqu'il me vit, enfin, il vint m'embrasser sur les joues.
- (à voix basse) Tu es là... c'est trop bien !
- Quand je suis invité, je viens...
On prit l'apéro, et avant de nous diriger vers la table du repas, je sorti mon cadeau pour Thibaut. Il sembla surpris que j'aie pensé à lui. Il ouvrit et trouver une bouteille d'alcool vide le surpris beaucoup. Il n'avait pas encore vu l'enveloppe avec le bon dedans. Lorsqu'il lut mon mot, ses yeux se remplir de larmes.
- Papa, maman, Séb m'offre mon rêve, il veut me faire découvrir le Guadeloupe, je n'en reviens pas...
- Ah mon grand, profites-en, dit Antoine.
- Oh, ça, papa, je vais-je vais en profiter... (et se tournant vers moi) ... Et toi, tu as intérêt de venir avec moi, et comme tu aimes randonner, on va randonner tout les deux, tente, etc.
- Ok Thibaut, je te suis.
Le repas était sur le point de se terminer, et Thibaut prenant la parole dit :
- Papa, maman, si j'ai voulu que Séb vienne ce midi, c'est qu'il était seul, mais aussi parce que voilà...
Mais qu'est-ce qu'il va dire là... Il ne doit pas dire un mot de plus... Rien !!!
... voilà, depuis que je fréquente le groupe littéraire, j'ai trouvé un ami, enfin, un ami...
Mais tais-toi Thibaut, ne dit pas tout à tes parents, pas aujourd'hui...
... et cet ami, il est devenu très proche de moi...
Antoine commençait à trouver son explication longue, alors que moi, j'étais de plus en plus mal.
... tellement proche de moi... Je... enfin... Papa, maman, Séb est mon petit copain.
Oh mon dieu ! Il l'avait dit ! Je le regardais, hagard, comme assommé.
- Mais Thibaut, tu es sûr, demanda sa mère.
- Oui maman, sûr.
- Et toi Séb, ça va ? me demanda Antoine.
- ... euh, oui, je pense...
Thibaut vint vers moi, et sans que je sois capable de réagir, m'embrassa à pleine bouche devant ses parents.
- Thibaut, nous sommes contents pour toi, si Séb est celui que ton coeur a choisi.
- Et j'ai encore une chose à te demander Séb, j'accepte ton cadeau si tu acceptes le mien...
Que vais-je encore entendre ?? Je pensais être tranquille avec toutes les émotions de cette révélation...
- Je t'écoute Thibaut...
- A chaque fois que tu viens chez moi, tu passes ton temps libre à regarder la vue depuis ma fenêtre... alors, je voudrais, pas demain évidemment, mais je voudrais que tu viennes vivre chez moi.
Je me sentais de plus en plus mal... vivre avec lui...
C'est allongé sur le canapé que je repris connaissance, ma tête sur les cuisses de Thibaut qui me tenait la main dans la sienne.
- Oui ! dis-je.
Et Thibaut m'embrassa.
On entendait les parents de Thibaut dans la cuisine : " Séb est vraiment un gentil garçon Anne tu sais, il a offert à Thibaut son rêve d'île lointaine, et depuis qu'ils se connaissent, notre fils a grandi, beaucoup grandi. Tu sais qu'il lui a dit que nous ne sommes pas ses parents naturels. Sa confiance en Séb ne fait que grandir... "
On resta à se regarder les yeux dans les yeux.
Je remerciai Antoine et Anne pour ce repas, et Thibaut me suivit.
- Je peux venir chez toi Séb ?
- Pourquoi ?
- Bein, c'est Noël, et j'ai encore quelque chose pour toi...
- Ah, bon, viens...
On prit le bus pour aller chez moi. Enfin posé sur mon canapé, Thibaut sorti de son sac un petit cadeau. J'ouvris et découvris un cadre dans lequel se trouvait une photo de nous deux.
- Tu as pris cette photo où ?
- Ce n'est pas moi Séb qui ait pris cette photo... c'est Laurence...
- Laurence ?
- Oui, ton amie. Laurence. Quand on a été mangé chez Julie, je lui ai demandé de discrètement nous photographier avec son téléphone, et je voulais te l'offrir aujourd'hui si tu me disais oui.
- Hum Thibaut, je crois que je suis amoureux de toi...
- Tu crois seulement ?
- Je t'aime Thibaut.
Et mon Thibaut me serra si fort dans ses bras que j'eus du mal à respirer...
- Séb, moi aussi je t'aime.
Et c'est ainsi que ce Noël se conclut, que d'émotions.
Pour les formalités quant au voyage, j'avais besoin des mensurations exactes de Thibaut. 1m96, 123 kg, brun, yeux marrons. Moi, 1m54, 52kg, brun, yeux bleus.
Vous comprenez pourquoi dans je suis dans ses bras, je me sente protégé, et incroyablement bien.
Les dates finalement retenues étaient pour mai prochain, une semaine dans un autre monde, à deux. Il fallait aussi prévoir mon déménagement, et le comportement d'Antoine lors des soirées littéraires avait évoluer, il était plus proche de moi.
Carolito
Autres histoires de l'auteur :