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24- LE VESTIAIRE DE FOOT
La journée s'écoule à un rythme de folie. La prise de fonction est immédiate et nous sommes sollicités de toute part pour apporter des réponses à des questions toutes plus urgentes les unes que les autres. Je vais finir par croire que ce poste de Directeur Commercial était le chainon manquant de cette société.
Victor travaille aussi d'arrache pied pour se montrer à la hauteur de son nouveau poste. Il me seconde avec brio dans chacune de mes tâches et grâce à lui, je peux abattre un travail considérable.
Vers 18h00, il vient me rejoindre à mon bureau, l'air fatigué.
- Je vais devoir y aller, j'ai entrainement de foot ce soir.
- Tu fais du foot toi ? lui dis-je surpris. Tu ne m'en as jamais parlé.
- Ah bon ? bah si, depuis que j'ai 6 ans...
- Ok, tu passes ce soir à la maison ?
- Non, je vais dormir chez ma mère. Elle m'a fait comprendre à demi-mots qu'elle aimerait bien me voir un peu plus.
- D'accord, donc on se revoit demain matin ?
- Oui, à 9h00 ok ?
- Ok, bonne soirée à toi.
- Merci toi aussi.
Victor rassemble ses affaires, et file vers son rendez vous sportif. Dans le métro qui le conduit vers son stade, il repense à tout ce qui lui est arrivé depuis quelques semaines. Romain, Rachid, son job, sa formation, son changement de style de vie, tout cela est arrivé si vite qu'il est presque pris de vertige.
Arrivé au stade, il file au vestiaire pour se changer. Etant un joueur régulier, il dispose de son vestiaire à demeure et la femme de l'entraineur s'occupe de lui procurer une tenue propre à chaque fois. C'est une amie de sa mère, et elle s'est toujours occupée de sa tenue de foot.
Alors qu'il est en boxer, deux de ses collègues d'entrainement entrent dans le vestiaire, accompagné d'un troisième comparse qu'il n'a jamais vu.
- Salut Victor.
- Salut les gars.
- On te présente Michael, un nouveau qui nous rejoint pour la saison.
- Bonjour Mickael, dit Victor en lui serrant la main.
- Bonjour Victor, ravi de faire ta connaissance. On m'a dit que tu étais un super attaquant.
- On dit beaucoup de bêtises ici...je me défends bien, c'est tout....
- Arrête Victor, on sait bien qu'ici, c'est toi qui marque !
- Oui parce que j'ai des bons partenaires de jeu pour avoir les bonnes balles au bon moment.
- Ca c'est sympa comme réponse, dit Michael, bel esprit d'équipe.
- Et toi, dit Victor, tu joues à quel poste ?
- Je suis arrière.
- Ah ok, tu vas remplacer Sylvain alors ?
- Oui je crois.
- Bon, je finis de m'habiller et je vous rejoins sur la pelouse.
- Ok grouille-toi, tu sais que le coach aime pas qu'on soit en retard.
- Dites lui que j'arrive dans 2 minutes. Et toi Mickael, tu ne te changes pas ?
- Si, je vais faire fiça.
Victor enfile son maillot et son short et s'assied pour lacer ses souliers. Pendant ce temps, Mickael se change. Celui-ci lance des regards appuyés à Victor lorsqu'il se retrouve en slip et se caresse ostensiblement le sexe devant lui. Victor baisse les yeux sur ses chaussures et finit par quitter le vestiaire rapidement.
La séance d'entrainement se déroule sans problème majeur. Mais durant toute l'heure, Victor remarque les regards insistants de Mickael sur lui, et il se sent troublé, gêné même devant les oeillades de ce nouveau " compagnon " de jeu.
Après le retour au vestiaire, certains, dont Victor, filent sous la douche. Victor a toujours vu ses coéquipiers sous la douche et c'est en toute amitié et sans arrière pensée qu'il partage cet instant d'intimité collectif. Mais ce soir, l'arrivée de Mickael dans la salle le dérange. Pour la 1ère fois depuis longtemps, la proximité de tous ces jeunes hommes nus le dérangent, et particulièrement celle de Mickael. Celui-ci se douche en rigolant avec ses nouveaux collègues de jeu, mais à chaque fois qu'il regarde Victor, il se caresse le sexe. Victor pense même qu'il fait le geste de masturbation devant lui à plusieurs reprises.
Victor est parmi les derniers à sortir de sous la douche. La plupart de joueurs sont déjà partis et il finit par se retrouver seul dans le vestiaire avec Mickael.
Celui-ci rejoint son casier, totalement nu et, à la surprise de Victor, le sexe raide.
- Tu mates ma bite ou quoi ? dit Mickael d'un ton narquois.
- Hein, euh non, répond Victor en rougissant.
- Mon cul, oui. Tu étais en train de mater ma queue. T'es un sale petit PD toi, j'en suis sur.
- Hein ? Non, qu'est ce que tu racontes ?
- T'as une gueule à aimer la bite toi, dit Mickael en se secouant le paquet de façon obscène. J'suis sûr que tu sais bien sucer.
- Arrête tes conneries, tu cherches quoi là, lui répond Victor sur la défensive.
- Tu vas la sucer mec, répond Mickael.
- Quoi ? répond Victor incrédule et à la fois inquiet parce que seul dans le vestiaire avec ce dingue.
- A genoux salope !! lui ordonne Mickael en le poussant à terre depuis le banc.
Surpris par la brusquerie du geste, Victor bascule à terre. Mickael l'attrape par les cheveux et lui repousse la tête en arrière.
- Allez, ouvre ta bouche de pute et suce-la !!!
- Lâche-moi putain, dit Victor en se débattant.
Mickael lui décoche une gifle qui claque sur le visage captif de Victor. Sa joue lui brûle instantanément et un gout métallique se répand dans sa bouche.
- Putain, mais t'es malade. Arrête maintenant !!
- Ouvre et suce, je le répèterai pas, lui dit Mickael le regard lubrique.
- Va te faire foutre, rétorque Victor en se défendant tant bien que mal.
Mickael lui envoie alors un coup de pied dans le bas ventre, et Victor s'effondre sur le sol, plié en deux par la douleur. Il ouvre grand la bouche pour tenter de reprendre son souffle. Mickael lui saisit la tête et lui enfonce sa queue dans sa gorge. Victor étouffe d'un coup, révulsé par cette intrusion, dégouté par ce sexe turgescent qui souille sa bouche.
- Vas y suce la, sale petit PD, suce la avant que je te l'enfonce dans le cul. J'ai toujours eu envie de me taper un petit mec avec une gueule d'ange comme toi.
Malgré sa jeunesse et sa force, Victor ne peut se défendre comme il veut. Le coup au ventre le fait terriblement souffrir, et l'emprise de Mickael sur son corps le bloque dans sa défense.
Mickael fait coulisser son chibre dans la gorge de Victor en poussant des cris bestiaux et vulgaires.
- Putain, je le savais que tu aimais la bite !!! tu suces mieux qu'un travelo brésilien. Tu vas devenir la petite pute toi ici !!! dit-il en défonçant la gorge de Victor. Je vais t'éclater le...
Mais la phrase de Mickael reste en suspend. Victor sent d'un seul coup que la bite de son tortionnaire sort de sa bouche et l'instant d'après, entend un énorme craquement osseux, suivi d'un cri de douleur sauvage. Il ouvre l'oeil juste à temps pour voir Mickael s'effondrer au sol en se tenant le visage, les doigts poisseux de sang rouge vif.
Victor lève les yeux et voit enfin Rachid devant lui, le poing serré, le regard empli de haine et de colère fixant Mickael au sol.
- Lève-toi Victor et habille-toi, lui dit Rachid d'un ton autoritaire. Quand à toi, dit il en regardant Mickael, tu vas regretter ce que tu viens de faire.
Et joignant le geste à la parole, il décoche un formidable coup de pied dans les côtes de Mickael, suivi d'un nouveau craquement. Mickael se roule de douleur au sol.
- Plus jamais tu remets les pieds ici, dit Victor à Mickael. Tu dégages ou je te tue !!! MAINTENANT !!! Hurle-t-il en jetant le sac de sport à la figure de Mickael. Casse-toi !!! Barre-toi espèce d'ordure !!!
Mickael se relève tant bien que mal et ramasse son sac. Il se dirige en se tenant les côtes et en titubant vers la sortie, nu comme un vers, sa virilité désormais en berne et le visage en sang. Rachid fait mine de lui foncer dessus le poing levé et Mickael s'enfuit précipitamment vers le parking.
Puis Rachid se tourne vers son ami gisant encore au sol. Le coup de pied porté par Mickael le fait terriblement souffrir et il n'arrive pas à se relever. Il est nu, vulnérable, affaibli par cette épreuve et Rachid se penche sur lui pour l'aider à se relever.
Après moultes efforts et en délicatesse, Rachid parvient enfin a assoir Victor sur un banc du vestiaire.
Toujours plié en deux, Victor tremble de tout son être. C'est à la fois la douleur, l'humiliation et la haine qui agitent son corps de soubresauts incontrôlés et ni la douceur, ni la compassion de Rachid n'arrivent à le calmer.
- Je vais le buter, dit Victor entre ses dents. Je vais le saigner comme un goret, lui couper les couilles et la bite et lui faire bouffer, rajoute t'il plein de rage.
- Il ne reviendra pas, dit doucement Rachid, calme toi maintenant et habille toi. On s'en va d'ici.
- Je vais lui ouvrir le bide, je vais lui éclater la gueule, je vais...
- Tu vas t'habiller maintenant, et je te raccompagne chez toi après, répond Rachid.
- Je vais...
- Victor, c'est fini. Je suis là. C'est fi-ni, tu entends. Ca ne servira à rien tout cela.
- Arrête Rachid, tu ne sais pas ce que c'est que...
- Victor, tu me rappelles ce que tu as fait pour moi il y a quelques jours ? j'ai fait pareil. Et la vengeance ne donnera rien. Je suis certain qu'il ne reviendra pas.
- Mais qu'est ce que tu fais là d'abord ?
- Je voulais te parler, et je savais que je te trouverais ici ce soir.
- Tu voulais me parler de quoi ?
- De nous.
- Qui ça nous ?
- Nous deux.
- Et alors ?
- Et alors ? je voulais savoir comment tu envisageais la suite, si bien sûr tu as une idée sur le sujet, ou si je ne suis pas juste un coup de passage.
- Ecoute Rachid, là tout de suite, j'en sais rien. Je viens de sucer une bite qui....
Victor se casse en deux et vomit sur le sol. Après quelques instants à reprendre son souffle, il reprend :
- Je viens de sucer une queue que je n'ai jamais voulu sucer, alors pour le moment, j'ai envie de tout sauf de parler de sexe entre quiconque et moi. Pour l'instant, ni toi, ni Romain, ni personne d'autre ne m'inspire autre chose que du dégout et de la répulsion !!!
Rachid le regarde interdit. Les mots de Victor le frappent en plein coeur comme un coup de poignard. Il vient de se faire jeter en 10 secondes par l'homme de ses rêves.
- Je... je t'inspire du...dégoût, dit il la voix tremblante. C'et ça ? j'ai bien compris ? Oh la vache !!! moi qui venais te dire que je t'aimais, que je n'avais jamais été aussi heureux dans ma vie que depuis hier soir. Oh bah merde alors !!! Je viens de te sauver d'un viol et c'est par le dégout et le rejet que tu me remercies !!! T'es un salaud Victor, t'es qu'un salaud !!!
Rachid se lève précipitamment et face à Victor, lui dit la voix pleine d'émotion :
- Toi aussi tu me dégoûtes Victor, toi aussi tu me répugnes !!! tu as tiré ton coup avec moi, et du coup, le jouet tout neuf est déjà dépassé, c'est ça ? t'es une ordure, un sale petit PD égoïste, voilà ce que tu es !!! Je te croyais mon ami, mon seul ami, mais en fait, derrière le vernis, c'est de la merde que tu caches !!! Tu étais mon seul point d'attache, ma seule raison d'être, Victor. Ton amitié était la chose la plus précieuse que j'avais. Je n'ai désormais plus rien, plus rien à quoi m'agripper. Mais au moins maintenant c'est clair. Tout est clair dans ma vie de merde. Je n'ai plus rien qui me retient, et maintenant, surtout plus toi. Alors reste là, pleure sur toi, contemple ton nombril et reste à gémir sur toi, je te laisse, définitivement. Je ne vais plus te déranger, je ne vais plus te dégouter, je ne vais même plus exister. Salut...
Le visage ravagé par les larmes, Rachid lance un dernier regard à Victor puis s'enfuit du vestiaire en courant.
Victor n'a même pas le temps de réagir face à la fuite de Rachid. A peine a-t-il eu le temps de lui crier :
- Mais Rachid !!! attends !!! ce n'est pas ce que je voulais dire !!! Reviens merde !!!!
Mais Rachid a déjà disparu. Seul dans son vestiaire, le sol souillé de vomissures, nu comme un verre, Victor prend sa tête entre ses mains et pleure. Puis il repense aux derniers mots de Rachid et d'un coup se redresse, fouille son sac et s'empare de son téléphone.
- Allo Romain ?
- Oui Victor, ça va ?
- Non ça ne va pas. Rachid va faire une connerie, une grosse connerie !!!
- Comment ça ? qu'est ce qui se passe ?
Victor lui explique rapidement l'agression, l'intervention inattendue de Rachid, les mots blessants prononcés et surtout les derniers mots de Rachid avant sa fuite. Romain écoute attentivement, puis, à la fin du récit, dit à Victor :
- Ok, tu es où là ?
- Encore au stade.
- Ok tu as une idée de où il pourrait être allé ?
- Oui, non, je sais pas Romain, je sais plus !!!
- Bon, je passe te prendre chez toi et on va tourner dans le quartier pour le retrouver. En m'attendant, passe en revue tous les endroits où il pourrait aller.
- Fais vite Romain, il va se flinguer !!!
- Calme toi et réfléchis, ok ? J'arrive dans un quart d'heure.
- Je suis le roi des cons, Romain, j'ai tué mon meilleur ami.
- Eh Victor, Rachid n'est pas mort et personne ne va mourir, mais il faut que tu te calmes et tu réfléchisses. On perd du temps là, alors rendez vous chez toi dans 15 minutes et on va le retrouver, ok.
- Oui Romain, on va le retrouver, hein, on va le retrouver ?
- Oui Victor, à tout de suite.
Victor se rhabille aussi rapidement que sa douleur au bas ventre le lui permet. II constate qu'un hématome s'est formé autour de son sexe. Puis il part rejoindre son domicile pour retrouver Romain.
Celui-ci arrive plus rapidement que prévu et s'arrête devant Victor.
- Allez, monte, dépêche-toi !!! lui lance Romain.
Victor s'exécute, balance son sac à l'arrière du véhicule et regarde Romain, les yeux emplis d'angoisse pour Rachid.
- Romain, je suis un connard !!! dit-il en larmes
- Oui, on verra ca plus tard Victor, maintenant dis moi où nous devons concentrer nos recherches.
Romain
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