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Un détour chez Ruben pour récupérer un tube de dentifrice, me voici devant sa porte de chambre, et manifestement, il n'est pas seul. En écoutant mieux, oui, il n'est pas seul, le médecin, et du personnel soignant, j'attends en dehors, sans manifester ma présence.
Ils sortent après dix bonnes minutes, et une infirmière vient me voir :
- Vous êtes bien Justin ?
- Oui, y'aurait-il un problème avec Ruben ? Cela fait un moment que je suis là déjà...
- En effet, nous avons un problème avec votre ami, on doit lui retirer ses plâtres dans 2 semaines et demi mais il lui sera impossible de vivre seul, le temps de consolider son bras et sa jambe.
- Donc ?
- Donc, il faut qu'il trouve un endroit où ne pas vivre seul.
- Chez moi, si je comprends bien...
- Ou chez lui, et vous vivez avec lui.
- Je dois donner ma réponse pour quand ?
- Le plus tôt possible sera le mieux, vous comprenez qu'on a besoin de place pour les autres malades ensuite.
- Je vous donnerai ma réponse en partant ce soir, mais Ruben est-il au courant ?
- Bien sûr, mais il n'osait pas vous le demander, pas sûr de votre réaction suite à la lettre qu'il vous a remis hier soir. Je quitte à 16h, donnez votre réponse à l'accueil, à l'attention de Marielle. Merci pour lui.
Et l'infirmière, Marielle, me quitta devant la porte de la chambre de Ruben. Toutes les informations qu'elle m'a données tournaient dans ma tête, j'avais besoin de réfléchir, de poser les choses, d'y voir plus clair. Vivre avec Ruben, je n'y avais même pas songé quand tout se passait bien, avec de découvrir sa double vie, je l'espérais pour un futur assez lointain, au moins un an, mais pas dans 3 semaines, non, je n'étais pas prêt à vivre avec Ruben. Je sortis alors, marcha une heure environ, et revint devant sa porte, frappai, et entrai, en essayant d'avoir l'air le plus serein possible, je venais pour lui, mes pensées ne devaient pas miner son moral.
- Salut Ruben.
- Salut Justin, ça va ?
- Oui je vais bien et toi ?
- Bof, en plus, tu ne m'as pas encore embrassé, alors non, ça ne va pas.
- Justement, avant de t'embrasser, il me faut clarifier plusieurs choses avec toi. J'ai mal dormi, j'ai lu et relu ta lettre plusieurs fois, et je viens de croiser une infirmière qui s'inquiète de ta convalescence en dehors de cette chambre. Au fait, ton dentifrice.
- Oh, merci d'y avoir pensé...
- Ta lettre, quelle lettre ! Mon Dieu quand j'y pense encore... j'ai pleuré une bonne partie de la nuit, me rendant coupable de tes malheurs, si j'avais cherché le dialogue, si j'étais resté pour parler, si je n'avais pas eu cette bête idée de venir te faire une surprise, si et si... bref, cauchemars après cauchemars, mouchoirs transformés en serpillère, ma nuit a été affreuse. Je ne suis pas sûr d'être assez fort pour te pardonner, mais j'ai une chose dont je suis certain, c'est de la force des sentiments que j'ai encore pour toi, et tes idées de disparaitre de la terre me font bouillir au fond de moi, j'ai encore tellement à pouvoir te donner que d'imaginer te voir sans vie m'est impossible.
- Viens dans mes bras, fait attention quand même...
- Non, attends, j'ai pas fini ! Je suis venu tôt pour te voir à midi, et quand je suis arrivé devant ta porte, ton médecin était là, avec plusieurs autres personnes. Je n'ai pas écouté votre conversation, mais une infirmière est venue me parler ensuite, pour toi, l'après hôpital. Tu ne pouvais donc pas m'en parler directement ? Je te fais honte ou si peur que ça ? Quand il s'agit de coucher avec le premier venu, tu fonces, mais à me parler de toi et de tes angoisses, de ton avenir et de tes difficultés, y'a plus personne. Je viens tous les week-ends te voir parce que j'me sens mal d'être indirectement l'auteur de l'état dans lequel tu es, parce que aussi mes sentiments pour toi sont encore vifs, mais que tu penses à la mort, ou que tu ne me parles pas de l'après plâtre, le découvrir par une inconnue, ça me fout en rogne contre toi.
- Justin...
- Non, ne dis rien, pas encore... J'ai pas encore donné ma réponse, c'est l'infirmière Marielle qui te le diras.
Et il baissa les yeux, conscient tout à coup de ce que sa lettre disait, et de tout ce qu'il ne m'a pas dit depuis que je le visitais.
- Regarde-moi Ruben, lève-tes yeux, et jure-moi de bien te comporter, de me parler, de me prouver que je peux avoir confiance en toi, et enfin que je pourrai t'aimer.
- Justin, ...
Et Ruben pleura, inconsolable, mais il fallait qu'il me réponde.
- Justin, ..., je suis tellement désolé... je ne peux pas te jurer d'être toujours irréprochable dans mes humeurs, dans mon attitude, mais je te promets de ne plus rien faire d'autre que de te prouver que je veux que tu sois dans ma vie, pas un simple plan de passage, mais celui qui fera mon bonheur, qui me fera confiance malgré mes erreurs et à qui je donnerai mon amour.
- ...
- Viens dans mes bras Justin, je t'en prie...
Alors qu'on pleurait finalement tout les deux comme des gosses, Marielle fit son apparition, et je lui dis :
- Ne dites rien, pas de question, c'est bon.
- Vous avez réfléchi vite...
- ...
- Et bien Ruben, vous pouvez remercier la bonne étoile, dans 10 jours, vous nous quittez, ouf. Je vous laisse, bonne soirée.
- Au revoir.
Et Ruben d'enchérir :
- Tu as dit oui alors ??
- Je l'ai dit, mais attention, entre toi et moi, y'aura des règles.
- Je ne vais pas trop sortir tu sais...
- Les autres peuvent venir...
- T'es incroyable Justin. Mais je ne peux pas te donner tort, ta confiance en moi est encore faible.
- ...
- Viens dans mes bras cette fois-ci, t'es obligé.
Je me blottis contre lui comme je pus, et c'est vrai que me sentir collé à son épaule, tête contre tête, main dans la main m'avait manqué, je sentais que je lâchais prise petit à petit. Que c'était agréable ce moment de tendresse retrouvée, de mots cachés sur l'oreiller. Sa présence me manquait, son sourire, ses lèvres, tout, et je sentis un désir charnel m'envahir, je partis donc aux toilettes en hâte, le temps de reprendre mes esprits.
- Maintenant que j'ai dit oui, il va falloir régler quelques questions...
- Est-ce le moment Justin ?
- Oui, il le faut !!! Où allons-nous vivre ? Pendant combien de semaines ? Comment partager les frais ?
- Y'a le temps pour tout ça !
- Le temps, Ruben, moi je n'en ai pas beaucoup, alors au plus vite la question est réglée, au plus tôt je peux aménager l'espace de vie, ce n'est pas toi avec tes plâtres qui le fera.
- Ah oui, tu as raison, je n'y songeais pas.
- Alors, donne-moi tes réponses.
- Je préfèrerai qu'on vive dans mon appartement, il est plus grand que le tien, et au deuxième étage seulement. La durée, j'espère qu'elle est éternelle, je veux dire, si l'expérience est bonne pour tout les deux, autant continuer après, non ? Et pour les frais, je te rembourse après les courses, puisque je ne pourrais pas trop bouger.
- Tu avais tout réfléchi déjà Ruben, hein !!!
- Un peu, c'est vrai.
- Continuer après que tu sois remis en forme, je ne l'envisage pas pour le moment, mais ce n'est pas un non définitif.
- C'est toi qui ne voudra pas repartir vivre seul, tu verras Justin.
Laissant là les rêves de Ruben, discutant de choses et d'autres, vint le moment de le quitter, pour ce dimanche, l'avant dernier.
En rentrant, je fis une liste des choses dont j'avais besoin pour vivre chez Ruben dans 10 jours, je profitais des soirs où je sortais tôt du bureau pour porter quelques affaires.
Mon téléphone vibra, un message ; Ruben forcement : " Merci Justin d'être venu encore ce week-end, merci d'avoir accepté de vivre quelques mois avec moi, et merci pour ce câlin cet après-midi qui marque pour moi, la nouvelle vie qui m'attends, qui nous attends. Je t'embrasse fort mon coeur, Ruben. "
Réponse : " Ruben, " mon coeur " c'est un peu fort encore pour moi, je comprends tes sentiments, mais tu vas trop vite pour moi sur ce plan. Ensuite, il est question de quelques semaines et non de mois... Moi aussi être contre toi m'a fait le plus grand bien, j'avais terriblement envie de baiser avec toi pendant un moment. Bonne nuit, repose-toi, je t'embrasse aussi. Justin. "
Je m'endormi sitôt le message envoyé...
Carolito
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