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Profitant d'avoir fini mes dossiers tôt mercredi, je partis voir Ruben, sans l'avertir. J'arrivai devant sa porte, et entrai comme une furie, histoire de le réveiller, et le faire sursauter, mon effet se produisit, et je rigolai à en pleurer.
- T'es con quand tu t'y mets Justin !
- Merci du compliment, tu ronflais...
- Viens là, que j't'embrasse.
- Oui Ruben, j'arrive.
- Mais au fait, qu'est-ce que tu fais là, on n'est pas le week-end !!!
- Surprise !!! J'ai fini plus tôt et j'avais envie de te voir, oui, tu me manquais, alors me voilà, et ça me fait du bien de te voir.
- Moi aussi, tu coupes enfin ma semaine de solitude... et mercredi prochain, je sors enfin ! As-tu fait des préparatifs déjà ?
- Mystère, tu verras... juste je serais sur ton dos chez toi, ça va être l'enfer chez toi.
Et je me forçai à rire un peu sadiquement, juste pour le faire râler un peu. Sa réaction fût immédiate par une grimace qui se termina inévitablement par une pelle magistrale main dans la main.
Vraiment, vivre avec lui, un peu contraint par la vie, j'appréhendais mais en même temps, je réalisais que ce " test " réel pouvait nous permettre de soit effacer l'épisode douloureux que nous venions de traverser, soit de nous séparer définitivement, ne nous supportant pas dans une vie où nous nous allions nous voir presque tout le temps.
- Comment s'est passée ta journée au bureau alors mon c.. ?
J'avais peur de la fin de sa question, mais il ne dit rien... ouf ! Je n'étais pas prêt encore à entendre des mots comme " coeur ", " chéri ", " chou "...
- Ecoute Ruben, comme une journée basique, dossiers clos, pas de réunion, ni de déplacement, juste un repas avec Eddie et les autres collègues que tu connais.
- Au fait, ils sont au courant pour, tu sais, notre crise ?
- Non, je n'aime pas raconter ma vie, mes soucis comme ça, et puis on est en train de remonter la pente, donc je n'ai pas besoin de leurs conseils, aucun ne vit en couple homo, donc, même s'ils sont adorables, je préfère les tenir en dehors de toi et moi. La situation est déjà complexe à gérer, autant ne pas l'alourdir davantage encore.
- " Toi et moi ", toujours pas nous...
- Bein non, pas encore Ruben, j'ai encore mal, j'attends quelques actes concrets, réels, des preuves que je puisse te faire confiance comme avant. Ce n'est pas parce que je viens te voir alors que je ne t'ai pas prévenu que tu dois te dire que tout est oublié. Il me faudra plus de temps et d'actes.
- Oui je m'en doutais...
- Et ...
- Et je pensais que vivre ensemble allait te faire te rapprocher de moi.
- Ruben, je pense faire des efforts importants pour les prochaines semaines, alors...
- Alors tais-toi, et fais-moi confiance, les semaines dernières passées seul m'ont permis de réfléchir Justin, et pas qu'un peu. J'ai eu le temps d'expérimenter ce que la solitude pourrait être si tu n'étais pas venu me voir, si tu me quittais pour toujours. J'ai réfléchi, et je ne veux plus risquer de te perdre par mes bêtises, sois en certain.
Je pris alors sa main et exerçai une pression certaine mais douce sans le regarder, manifestant physiquement mon adhérence totale à ses propos, et qu'il avait compris par lui-même qu'aucune autre bêtise de ce genre ne serait pardonnée. Je sentis alors sa tête venir se poser contre mon bras, en percevant que mon beau sportif pleurait.
- Pourquoi tu pleures Ruben ?
- Tu... j'ai... je...
- Oui ???
- ...
- Ruben ???
- Rien, j'ai hâte de la semaine prochaine, quand j'pourrais me poser dans tes bras tous les soirs. Je voudrais que tu restes avec moi cette nuit...
Manifestement, Ruben se sentait terriblement seul, ses larmes redoublèrent. Même mes baisers ne le calmaient pas.
- Je viendrai te voir samedi, comme d'habitude, tu le sais très bien, alors sèche tes larmes, je ne peux pas faire plus, tu le sais très bien.
- Oui, mais ...
- Mais quoi ?
- T'avoir dans mes bras pour dormir me fait très envie... la preuve...
Il me montra son sexe en forme en effet.
- Ah oui, oups, euh, Ruben, range-ça.
- Tu n'aimes pas ?
- Ici, non, ça promet pour mercredi prochain !
Un fou rire nous prit, et se termina avec ma tête sur son épaule, son bras me tenant par la taille, une main sur la sienne, l'autre lui caressant les cheveux et le cou.
Ce moment de tendresse et de complicité retrouvée me fit chaud au coeur, ce simple geste avait été plus fort de sens que la plupart des mots échangés jusqu'alors.
- Ruben, merci.
- Merci pour ?
- Merci pour ce moment, ce bras autour de moi, pour la complicité que nous retrouvons, mon coeur bat la chamade, ça me fait beaucoup de bien, alors je le partage avec toi, je suis heureux d'être venu ce soir, tu poses enfin des actes qui soignent mon coeur.
- Merci à toi d'être venu ce soir.
La fin de soirée se passa sans mots, juste collés l'un à l'autre, partageant à nouveau la complicité et l'affection qui nous rendait heureux.
En rentrant chez moi, je passai devant une agence immobilière, regardai alors le prix des locations pour un appartement plus grand où nous pourrions vivre tous les deux, et plus chacun d'un bout à l'autre de la ville. Evidement je n'en dis mot à Ruben, mais j'ai noté les prix moyens des offres mises en avant.
Tout juste arrivé chez moi, je reçu comme à chaque fois un petit message, cette fois ci, plus long que d'habitude : " mon Justin, comme ta visite m'a fait plaisir, et tu as remarqué que j'ai fait des gestes pour te montrer que je tiens fort à toi, que je vais tout faire pour reconquérir ton coeur, que je veux m'investir dans notre couple. Mon bras, je n'ai pas mis par hasard autour de ta taille, j'ai vraiment envie de t'avoir contre moi, tous les jours, toutes les nuits, chaque fois que je me sentirai le coeur triste, savoir que tu es là, avec moi, pour moi, cela consolera mes peines et me rendra plus fort que toutes les situations. J'ai vraiment envie qu'on s'épanouisse ensemble, que l'on soit heureux ensemble. Je veux te prouver que je suis digne de recevoir l'amour que tu me porteras. Je t'embrasse de tout mon coeur. Ruben "
Comment ne rien ressentir quand vous recevez un tel message ? Comment rester inerte, muet, insensible ? Impossible... L'après-midi avait eu son lot d'émotions, et indéniablement, cela continuait. Je sentais tous mes verrous disparaitre, des bouffées de chaleur m'envahirent par moment, suivies de moment de tremblements, tout me faisait penser à cette maladie dite du " coup de foudre ".
Après avoir écrit, effacé, réécrit une bonne quinzaine de messages, donc une bonne heure après, celui-ci parti... " Ruben, enfin, mon Ruben, tes gestes m'ont fait comprendre tes sentiments, tes mots me prouvent la sincérité de ta démarche, et mes pleurs sont l'expression de la joie que j'ai de retrouver peu à peu confiance en toi. Je te dis à samedi mon Ruben, je t'embrasse. " et une courte réponse " tu dis mon Ruben, j'suis heureux de le relire enfin. Je t'... Ruben. "
Ouf, il n'a pas complété ses points de suspension.
La fin de semaine fut très longue, contraignante, et impossible pour moi d'aller chez Ruben pour préparer son retour, tout devra se faire dans ce week-end, réduisant encore mon temps dans cette chambre, pour le dernier week-end. Plus les jours passaient, plus ma crainte de vivre avec Ruben diminuait, je redoutais quand même les crises qu'il allait faire ne pouvant réaliser encore tous les mouvements, dont la toilette...
Samedi matin, levé tôt, je partis faire les courses pour la vie à deux, mon budget explosa... Le partage des frais serait alors obligatoire pour vivre décemment. Le grand ménage me permis de trouver de la place pour ranger mes vêtements de travail, et de retrouver avec joie certaines skets qui avaient disparues. Lors de l'accident, il ne devait pas porter une paire que j'aime, elles sont toutes là. J'avoue que de ne plus sentir ses airmax me manquait, je pris soin de les mettre en évidence afin qu'il en reprenne possession dès son retour.
Une fois le ménage fini, draps changés, poussière retirée, je restais allongé sur ce lit, à m'imaginer revenir ici tous les soirs pour le retrouvé, me poser dans ses bras, et me sentir protégé par son corps.
Arrivé dans sa chambre, je me posai direct contre lui, la tête sur son bras et l'embrassai. Il me dit alors :
- Tu sais, il va falloir que j'aille tous les jours à la salle de muscu pour renforcer mes muscles abimés.
- Ah ok, tu veux que je t'inscrive à une ?
- Non, j'ai déjà mes habitudes, j'en ai une au rond-point derrière l'appart, 200 m à pied, c'est cool.
- Ok, mais tu me promets de ne pas devenir une bête de foire avec un corps ultra bodybuilder ?
- Promis, rassure-toi. Mais après mes 2 mois sans bouger, mon corps a besoin de retrouver sa force.
- Oui, je vois Ruben, redevenir un bel être au torse harmonieux, dur et tellement protecteur. J'vais pu te lâcher ensuite, tu es prévenu.
- T'as pas intérêt à partir oui !!!
- Ruben, as-tu besoin que j'apporte des affaires pour ta sortie mercredi ?
- Justin, non, j'voudrai par contre que tu commences à prendre mes affaires pour les rapporter à l'appartement, sinon mercredi, ce sera trop lourd pour moi.
On fit alors le tri, et je remplis 2 cartons pour les rapporter ce soir.
Il me tendit un paquet... qu'est-ce que c'est encore ??? J'ouvris, et à l'intérieur se trouvai la clé avec le porte clé qu'il m'avait offert.
- Comment c'est arrivé là ?
- Avant toi, Aurélien m'a apporté de quoi me changer la première semaine, et je lui ai demandé de m'apporter ce trousseau de clé, au cas où les choses s'amélioreraient avec toi, je crois avoir bien fait. Maintenant, elles sont à toi, pour chez nous.
- Mais...
- Mais rien Justin, j'ai trouvé ma perle rare, je ferai tout pour que tu sois heureux.
On profita de la dernière heure pour s'embrasser, se prendre dans les bras, et profiter l'un de l'autre. Vivement mercredi qu'il soit libre de tout mouvement.
Carolito
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