Premier épisode | Épisode précedent
Bonjour à tous, je publie exceptionnellement un texte sur Cyrillo en cette période de vacances, et j'espère qu'il vous plaira. Il est découpé en trois parties pour des raisons de format sur le site, mais il s'agit d'une seule histoire qui se tient d'un bloc, et non de trois chapitres, comme on pourrait le croire. Je tiens à préciser qu'il s'agit d'une fiction, que tous les personnages sont majeurs, et qu'il faut impérativement se protéger durant des rapports sexuels dans la vraie vie.
* * *
L'année 1991 a été particulièrement éprouvante pour moi. A cette époque, l'efficacité des avis de recherche était on ne peut plus limitée, et les témoignages n'étant pas légion, je m'étais résigné, bien conscient que ma mère ne referait pas surface de sitôt. Faute de pouvoir rembourser les arriérés de loyer, j'ai dû rendre l'appartement miteux dans lequel nous vivions alors que je fêtais tout juste ma majorité, et sans un salaire suffisant pour payer les frais d'inscriptions, j'ai également abandonné l'idée de devenir un jour quelqu'un de cultivé - l'école n'a pas cherché à me retenir, et dans une grande ville comme Philadelphie, les gamins qui terminent dans la rue ne sont pas une aberration si choquante que cela. Personne ne s'est insurgé tandis que je sombrais dans les abysses insondables de la misère. Même moi, j'ai fini par m'y faire ; ma mère avait fichu le camp, ou l'un de ses clients l'avait zigouillée après s'être soulagé un bon coup - cette année là, combien de fois est-ce que j'ai failli subir le même sort ? Je ne compte plus, de peur que ces mauvais souvenirs ne reviennent hanter mes nuits. J'ai longtemps conservé une sorte de frayeur vis-à-vis de l'obscurité, et ce n'est qu'avec le retour de mon père dans ma vie que j'ai réellement pu recommencer à évoluer.
A l'aube de 1992, une vague de froid meurtrière s'est abattue sur l'Etat de Pennsylvanie, et un gouverneur probablement bien intentionné - à moins que ça n'ait simplement été une période de réélection - a décidé qu'aucun clochard ne devait demeurer dans les rues, afin d'éviter aux éboueurs de ramasser des cadavres en plus des ordures. Le bel homme et ses mentalités fraternelles ! Comme si nous avions tous choisi de coucher à même le bitume, ou de nous allonger sur une grille d'évacuation du métro, simplement pour le plaisir de sentir le métal nous démolir les lombaires - quand un autre SDF ne s'en chargeait pas parce qu'il convoitait cette place de choix, chauffée à souhait, même s'il y avait toujours le risque de finir asphyxié par une évacuation trop importante de gaz carbonique.
Pour en revenir à nos moutons, voilà qu'un matin, des hommes en uniforme ont débarqué et, plutôt que d'abuser de moi, ils ont préféré me charger dans un fourgon et me conduire manu militari au tribunal, pour changer un peu. Je me suis alors retrouvé face à l'une des pires espèces de l'humanité, conçue pour trancher comme un couperet et décider du sort de chacun sans lui demander son avis, en se cachant derrière des textes et des traités législateurs. La juge Terence était connue comme le loup blanc dans la petite communauté des jeunes de la rue ; elle avait la réputation de tenter des réinsertions forcées afin de débarrasser la voie publique de Philadelphie des gredins qui engorgeaient les salles du palais de justice avec leurs délits mineurs. " Dans la ville de la Constitution, nul enfant ne devrait ignorer la puissance de loi, et les bienfaits qu'elle peut apporter ". Elle sortait cette rengaine à tous ceux qui passaient dans son bureau ; certains ne réapparaissaient jamais, et l'on se demandait alors, le soir au coin du feu, s'ils étaient partis pour une vie meilleure ou si elle les avait expédiés directement en Enfer - les caillebotis fangeux sur lesquels nous dormions en étaient déjà l'antichambre, à en juger par les hurlements qui nous entouraient lorsque nous nous posions dessus. D'autres gosses, comme elle le disait parfois (car du haut de sa trentaine assurée, avec une panoplie de diplômes qui lui accordaient la science infuse, elle nous considérait comme étant des petits bouts de chou encore sauvables, pour peu que l'on y mette une bonne dose d'huile de coude et un ton maternel) refaisaient surface à un coin de rue, de temps à autre ; ils nous parlaient de leur échec, de leur patron tyrannique qui n'appréciait pas les petits clodos et qui obéissait bon gré mal gré à la sainte figure de la Justice, jusqu'à trouver un motif de renvoi suffisamment crédible.
En ce qui me concerne, la juge Terence ne m'a épargné ni son air supérieur, ni sa longue tirade moralisatrice - même si mon casier judiciaire ne se résumait qu'à quelques vols à la tire, étant donné qu'on ne m'a jamais attrapé pour les autres méfaits que j'ai eus l'occasion de commettre en l'espace d'un an. Je ne sais si c'est la perspective des fêtes de fin d'années en famille, ou simplement le froid qui réussissait à accommoder son coeur gelé par la pléthore de décisions juridiques qu'elle a dû prendre dans sa courte existence, mais la proposition qu'elle m'a faite m'a laissé tellement coi que je n'ai pu que me contenter de hocher la tête, trop heureux d'échapper à un travail miteux quelque part dans un recoin obscur, qui n'aurait eu d'autre usage que la satisfaction temporaire de la bonne conscience collective - aussi nommée société. C'est ainsi qu'après une brève promenade dans le fichier des empreintes génétiques, le prodige technologique a été en mesure de fournir trois noms qui, avec un petit coup de pouce de ma part, se sont vite réduits comme peau de chagrin, jusqu'à ne laisser qu'une seule identité concernant mon géniteur potentiel - mais cela, Terence la Harpie ne s'en est probablement jamais rendue compte, étant donné mon talent inné à manipuler les zéros et les un qui composent les arcanes de l'infrastructure numérique.
Après une semaine passée dans un foyer d'accueil où, prenant mon mal en patience, j'ai dû résister à l'envie de faire le mur - ou encore à la tentation de cogner en plein visage l'un de ces sales cafards à peine pubère, essentiellement composé de gras, qui s'imagine pouvoir faire la loi parce qu'il a un privilège d'ancienneté - j'ai enfin pu rencontrer en personne cet homme qui, plus de dix-huit ans auparavant, avait trempé sa mouillette dans ma mère, sans doute contre rémunération, en oubliant de préciser, une fois son affaire terminée, que la capote avait craqué et qu'il la laissait probablement avec un polichinelle dans le tiroir - ou alors un joli petit package contenant de merveilleuses IST. Par chance pour elle et pour moi, le foetus avait fait son nid, mais pas les maladies - j'aurais détesté naître avec l'une d'entre elles, même si j'ai toutefois dû faire un certain nombre de tests après mon séjour dans la rue, notamment à cause d'un groupe de jeunes en rut qui m'avaient pris une fois pour leur trou à sperme, avec mon consentement légèrement alcoolisé... Un conseil : n'acceptez jamais si vous n'êtes pas sobre, après on flippe, parce que le SIDA, c'est comme la loterie, on ne sait pas ce qu'on récupère - ça nique vos défenses immunitaires, vous pouvez passer des années sans rien avoir et soudain, un jour, surprise ! une maladie parfois incurable se présente à la porte de votre organisme, et votre corps ne peut rien y faire parce que ses videurs se sont fait péter la gueule par la pire des infections sexuellement transmissibles...
Toujours est-il que ça ne semblait pas être le genre de ce type de se trimballer des saloperies. Imposant, il se tenait les tempes entre les mains, comme après une mauvaise nuit, le dos voûté et les épaules basses. Il n'avait pas l'air d'être le genre de mec à laisser traîner sa semence dans n'importe qui, ni même à ne pas avouer que le préservatif n'avait pas tenu le choc - probablement à cause d'un coup de bassin un peu trop fougueux, à en juger par la carrure du bonhomme. Ses épaules étaient larges, son corps se dessinait en V sous sa chemise toute plissée, ses rangers mal lacées et sa veste en cuir légèrement râpée lui donnaient un aspect négligé qui contrastait avec ses cheveux blonds coupés court, à la brosse ; les plaques militaires qui pendaient à son cou ne laissaient aucun doute quant à sa formation, et j'ai de suite éprouvé un vive intérêt pour lui, moi qui, à une période, avait squatté un lit dans une ancienne caserne en pensant sérieusement à m'engager - ne serait-ce que pour pouvoir reluquer toute la sainte journée des corps de rêve, sans parler des trois repas par jour et de la sécurité du logement. Mon probable géniteur a relevé la tête lorsqu'il a entendu le claquement caractéristique des talons de Terence sur le carrelage froid, et son visage légèrement allongé s'est détendu ; ses traits sévères se sont relâchés, la fossette de son menton carré s'est illuminée alors qu'il esquissait un sourire, et ses sourcils épais, à l'apparence toujours froncés, se sont relevés l'espace d'une seconde. J'ai appris plus tard qu'en tant que représentant des forces de l'ordre, le pauvre homme n'était rentré chez lui que très tard, il y avait peine une semaine, pour découvrir de but en blanc l'injonction du tribunal et poser en urgence quelques jours de congé, à-demi sonné par cette nouvelle, afin de venir reconnaître notre filiation dans la ville de la Constitution. Son honnêteté a surpris jusqu'à la Terence qui, sans doute mal baisée la veille, s'est montrée admirative du fait qu'il reste " encore au moins un type sur terre capable d'assurer ses erreurs " - pour la citer, cette charmante femme qui, lors de ma première rencontre avec mon père, m'a donc présenté d'office comme étant une erreur. Eh bah ma pauv' fille, va donc commettre une ou deux erreurs, histoire de te détendre le périnée, et laisse-moi avec le beau gosse ! Voilà à peu près ce que j'ai dû me dire en l'entendant me rabaisser plus ou moins volontairement, et j'ai compris que je n'étais pas le seul à penser cela quand j'ai vu le sourire de William Wellington s'étirer davantage, effaçant ainsi son air las et le rendant par là même incroyablement charmant. Lui et moi étions faits pour nous entendre, sans aucun doute !
Pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvé dans une voiture de patrouille sans porter des menottes au poignet ou être en état d'arrestation. Mon père - puisqu'il faut désormais l'appeler comme ça - a récupéré mes nouveaux papiers au secrétariat du tribunal, puis nous avons pris la direction du Minnesota. J'étais à présent nanti d'un casier judiciaire beaucoup plus vierge que mon cul, ainsi que du patronyme paternel. Je renaissais donc sous le nom de Devin Wellington, oubliant au passage mon année de galère, ma mère (toujours recherchée dans l'Etat de Pennsylvanie pour prostitution illégale, et probablement déjà exilée très loin avec une conquête masculine dotée d'un organe génital aussi généreux que son portefeuille), mais également mon passé tout en entier, puisque je roulais en direction d'une petite bourgade inconnue, perdue quelque part dans cette région pluvieuse, avec la possibilité de prendre un nouveau départ. Will - à l'époque je suis passé par le stade du " monsieur ", puis par celui de " William ", et j'en suis aujourd'hui à " Will ", bien qu'en de rares exceptions, il ait également eu le droit à " papa ", notamment lorsqu'il s'est pointé devant mon premier petit copain officiel avec son arme de service dégainée - bref, Will et moi avons eu un moment de gêne dans la voiture, ne sachant pas trop quoi dire ; lui se sentait légèrement coupable de ne pas avoir été présent pour moi, ce qui était ridicule étant donné qu'il aurait déjà fallu qu'il soit au courant de mon existence ; de mon côté, je n'avais jamais été très à l'aise en présence d'un gardien de la paix, et encore moins d'un shérif, même s'il ne faisait régner l'ordre que dans une petite ville à la population flegmatique.
Toutefois, nous avons rapidement brisé la glace, lui en admettant d'un seul coup, sans prévenir, qu'il n'avait baisé ma chère génitrice que parce qu'il avait trop bu, durant une soirée estudiantine organisée dans un bar par les élèves de la base de Quantico, et moi en lui avouant franchement que je n'attendais pas de lui qu'il se transforme en papa poule hyper protecteur capable de me dorloter et de me border le soir - après avoir été la rue, un toit, une douche, un frigo et un lit me suffisaient amplement, et partager le tout avec un quadragénaire sexy faisait de très loin mon bonheur.
Une fois la conversation entamée sur le ton de la banalité, nous avons rattrapé le temps perdu - comme le veut l'expression consacrée. Will m'a avoué qu'il avait vu mes bulletins scolaires, et qu'il souhaitait que je reprenne l'école le plus vite possible - selon lui, j'avais un avenir brillant qui s'étirait à l'horizon, surtout quand on voyait mes connaissances en maths.
- Je suis une bouse en comptabilité, m'a-t-il avoué, je me plante toujours quand il faut clôturer l'année au poste... Heureusement que la bibliothécaire accepte de le faire à ma place, je me contente simplement de signer.
Une pensée m'a soudain traversé l'esprit, et je me suis rendu compte que si pour moi l'intervention du beau shérif était providentielle, mon apparition dans sa vie risquait de chambouler pas mal de choses. Les mots ont alors glissé sur ma langue sans que je ne parvienne à les retenir, mais j'ai quand même assumé lorsque j'ai dit à mon père, à brûle-pourpoint :
- Et tu la baises pour la remercier, hein ?
Je pense qu'à ce moment, ma gueule d'ange et mon sourire de connivence m'ont sauvé la mise. S'il a d'abord paru choqué, un regard sur ma tête a suffi pour que Will comprenne qu'il tenait là une occasion d'établir un lien complice avec son fils. Aussi a-t-il avoué sans pudeur :
- Nan, elle est un peu vieille, et le maire tire déjà dans ce panier, alors qu'il est marié, lui... Je ne vis pas dans une grande agglomération, tout se sait. Donc tu te doutes que depuis quelques jours, tous les habitants pensent que le passe-temps favori de leur shérif consiste à farcir des putes et à semer des gosses à travers le pays.
- Et chez toi, il y a quelqu'un ?
- Des fois oui, des fois non. Ça dépend des jours. Je ne me tape pas les locaux, mais parfois, quand une demoiselle perdue vient demander son chemin, ou que deux filles en vadrouille tombent en panne, ça m'arrive de les conduire au garage, puis...
- Jusque dans ton lit, ai-je conclu en éclatant de rire. T'inquiète, je vais pas t'empêcher de continuer, t'as pas à t'en faire. C'est pas parce que tu es mon père que je vais te transformer en moine. T'as des couilles, je suis au courant.
Et dieu que j'aimerais les voir. Déjà à l'époque, alors que nous nous connaissions à peine, je pensais à ça, presque instinctivement. Ce type réveillait en moi des désirs inassouvis, des envies que je n'aurais pas cru avoir après qu'on m'ait plus ou moins obligé à coucher à plusieurs reprises - et sans tenir compte de mon plaisir, cela va sans dire. Mais Will, il m'a plu au premier regard avec sa belle gueule, son sourire confiant, sa carrure rassurante, son arme de service (eh ouais, ça aussi ça m'excite, allez savoir pourquoi - ça doit être un fantasme de ricain, comme disent les étrangers de passage), son uniforme et ses yeux d'un bleu pétillant. Je ne tenais de lui que la taille, même si j'étais tout de même un peu moins épais ; pour le reste, j'avais hérité des cheveux sombres de ma mère, de ses prunelles noisette, de son visage délicat, de ses lèvres fines, de son teint pâle et de son nez retroussé. J'ai d'ailleurs découvert un peu plus tard que je tenais aussi de mon père pour une autre partie de mon anatomie, mais cela nous en reparlerons bientôt.
Will n'est peut-être pas mal à l'aise lorsqu'il s'agit de parler de sexe, mais il l'a été quand il m'a retourné la question sur les relations que j'avais eu avant notre rencontre - question légitime, puisque nous allions vivre sous le même toit. Je lui ai répondu sans détour :
- Je suis ce que certains crétins appellent une tapette... En bref, j'aime sucer des grosses bites et qu'on me les enfonce ensuite dans le cul, bien profond de préférence.
Je l'avoue, je l'ai dit aussi crûment pour le choquer. Autant pour moi d'ailleurs, puisqu'une fois la surprise passée, son malaise n'a duré qu'une infime seconde avant qu'il ne recouvre son calme ; des jeunes en difficulté qui sortent de la rue, il en avait déjà vu quelques-uns, il avait même dû en enfermer en prison, ou bien même les conduire au tribunal du comté, alors il savait que ma phase de provocation ne durerait pas, et qu'il suffisait de gagner ma confiance pour qu'on devienne proche. C'est donc tout naturellement qu'il a dit, sur un ton d'une telle neutralité que ça m'en a coupé la chique :
- Tu es gay, très bien. Ça fera jaser les petits vieux de par chez nous, mais personne d'autre. Les mentalités ont relativement évolué, ça ne posera pas de problème. Eh puis bon, tu es le fils du shérif, Devin, a-t-il ajouté en mon donnant une tape sur l'épaule, personne ne viendra te chercher des noises, par peur de passer une nuit dans la vieille cellule du poste - surtout que j'arrête pas d'en perdre la clef, c'est très agaçant. Par contre soyons clair : tu peux ramener des mecs à la maison, j'ai aucun problème avec ça, mais je reste ton père, même si je ne le suis que depuis peu, et je ne tiens pas à ce que tu finisses avec une saloperie incurable. Donc aussi longtemps que tu vis chez moi, je veux que tu te protèges... Y a une boite de capotes dans la salle de bain, celui qui la vide en rachète une autre, c'est comme pour le papier toilette. Idem : tu baises et tu te branles dans la chambre qui te sera attribuée, pas sur le canapé ou dans les pièces communes, et je ferai pareil de mon côté. On ne tient pas à se retrouver avec le sperme de l'autre étalé partout sur le plan de travail de la cuisine hein ?
Son sourire était franc, mais ce que j'ai pensé à ce moment-là aurait fait pâlir d'horreur un bigot... S'il vient à gicler dessus, je le lécherai son plan de travail, et plutôt deux fois qu'une. Lui a continué de m'édicter des règles, et je me suis retrouvé confronté pour la première fois - mais pas la dernière - à son caractère ferme, autoritaire, militaire. Un soldat reste un soldat, même s'il est passé par plusieurs étapes dans sa vie et que, une fois la quarantaine atteinte, il s'est retrouvé shérif - dieu seul sait comment - dans la charmante ville de Cocktown, où la pire des infractions demeure quand même ce nom ridicule dont on l'a affublée, presque deux cents ans auparavant. Dans cette contrée où les rayons de soleil hivernal bataillent pour perforer la couche nuageuse, les lieux semblent quelque peu atypiques. Bordés par les grands lacs au nord, et des hectares entiers de conifères au sud, le moyen le plus sûr pour accéder à la ville reste de suivre la route qui passe lentement du bitume au goudron criblé de nid de poule, puis, une fois la pancarte en bois délavé franchie, il ne reste plus que du ciment acheté au rabais par la municipalité - le seul chemin qui ne soit pas chaotique étant celui qui mène à la bibliothèque, du moins tant que le sentier de sa bibliothécaire demeure praticable pour le petit explorateur casqué du maire. Will m'a expliqué, non sans une myriade de ricanements, que " Coketown " devait aux origines faire référence à la cité industrielle inventée par Charles Dickens dans l'un de ses romans ; les deux anglais qui exploitaient les ressources en pins de la région - des investisseurs répondants aux noms de Gabriel Lanvetin et Vincent Noriam - s'étaient fait flouer par le cadastre de l'Etat nouvellement créé, tenu à l'époque par un farouche indépendantiste qui avait transformé avec malice le nom de leur nouvel El Dorado en Cocktown. Si l'histoire m'a amusé, je dois avouer que j'ai surtout prié pour que l'endroit tienne les promesses qu'annonçait son nom.
Fidèle à la réputation des Britanniques qui l'ont fondée, Cocktown faisait étalage d'une impressionnante ribambelle de maisons construites à l'anglaise - la préférence allant toujours à l'indémodable style victorien, avec son porche à colonnades, ses deux étages, son grenier doté d'un oeil de boeuf, ses tuiles colorées et sa peinture écaillée par le soleil estival ou les intempéries hivernales. On en trouvait des grandes, des petites, des rouges, des jaunes, des bleues, avec ou sans jardin, la plupart du temps décorées à l'aide de plantes grimpantes, comme des rosiers - il fallait alors déterminer une préférence pour la couleur de roses, tout en évitant de dépareiller avec la teinte de l'habitation. Les demeures reflétaient donc la vie incroyablement ordinaire de gens incroyablement ordinaires, et si ce train-train quotidien m'a perturbé au premier abord, j'avoue m'y être fait assez aisément par la suite.
Je n'ai pas immédiatement découvert mon nouveau lieu de vie, puisque Will a dû faire un arrêt urgent au poste du shérif pour signaler à son adjointe qu'il reprendrait ses fonctions dès le lendemain, à présent qu'il m'avait récupéré. J'ai alors eu l'impression d'être un colis que l'on a dû réceptionner, mais la joviale Mary - la collègue de mon père - m'a vite mis à l'aise et m'a rassuré sur un point ; apparemment mon paternel était un bourreau de travail, et il passait tout son temps au bureau, j'allais donc avoir le champ libre pour courir après les filles selon elle - et elle me prédisait déjà un avenir de Dom Juan alors que Will dansait d'un pied à l'autre, mal à l'aise en songeant d'avance à la réaction de la pauvre fille lorsqu'elle apprendrait mon orientation. Je me suis donc contenté de hocher la tête, de sourire poliment, puis de retourner dans la voiture une fois les formalités administratives remplies. Le shérif s'est assis à côté de moi et a souri :
- Bon, merci de ne pas l'avoir rembarrée en lui disant que tu préfères les hommes, ça l'aurait gênée et j'en aurais entendu parler pendant des mois. Mary est très gentille, mais elle débute dans le métier, et mon dieu ce qu'elle est bavarde. Ça peut être un avantage pour se lier d'amitié avec les habitants, mais elle me casse les oreilles parfois.
T'as qu'à la faire taire avec ton gros machin. Je l'ai pensé tellement fort que j'ai eu le droit à ma première claque derrière la tête, puis Will a éclaté de rire tout en redémarrant le moteur.
- T'es un vrai pervers toi, ma parole ! s'est-il exclamé. Tu vas quand même pas essayer de mettre toutes les filles de la ville dans mon lit, hein ? En tout cas ne t'en fais pas pour ce qu'elle a dit à propos de mon travail, je vais lui en déléguer un peu pour qu'on puisse passer du temps ensemble, toi et moi. Avant j'avais personne, mais je ne veux pas que tu te retrouves complètement livré à toi-même dans la maison, sinon je ne serais simplement qu'un type qui te loge...
Passer du temps avec lui, rien ne pouvait me faire plus plaisir en cet instant que de l'entendre me promettre ça. Sur le trajet pour nous rendre jusqu'à son domicile, je n'ai pas arrêté d'imaginer les différentes manières dont nous pourrions passer du temps ensemble, mon père et moi ; autant vous dire qu'au moment de descendre de la voiture, j'ai dû faire un effort considérable pour dissimuler l'érection qui tendait mon vieux jean - heureusement qu'à mon arrivée à Cocktown, je n'avais pas encore refait ma garde-robe (qui se limitait à un pantalon déchiré, un t-shirt miteux et une veste crasseuse) et troqué mes vêtements amples contre ceux, beaucoup plus moulants, que je porte aujourd'hui.
La grande maison du shérif a toutefois momentanément détourné mon attention de l'objet de mes fantasmes ; bien que la peinture soit écaillée de toutes parts, et que le bois vermoulu ait quelques difficultés à soutenir les poutres par endroit, l'habitation impressionnait par sa taille. Will m'a expliqué qu'il s'agissait d'une demeure de fonction, or le précédent gardien de la paix en chef ayant été plus que fertile, il avait donné naissance, avec sa femme, à plus de huit marmots, dont une paire de jumeaux et un lot de triplés. Alors même en convertissant certaines pièces en salle de bain et en sanitaires, mon père n'avait que trop d'espace dans cette vaste habitation. Cependant, même si l'intérieur était en bon état, il restait des dizaines de petits travaux à effectuer de-ci de-là, et de nombreuses zones étaient encore victimes de la poussière et des termites. Après m'avoir proposé de poser mes affaires dans l'une des chambres de l'étage - qu'il avait nettoyé et désinfecté pour l'occasion - Will m'a fait visiter le reste de son chez-lui - qui deviendrait rapidement notre chez-nous, comme il l'espérait.
Je n'ai pas rechigné à m'installer ; je me suis immédiatement plu dans cet endroit et, même si on était encore loin de l'image parfaite du cocon familial, la perspective de vivre dans la demeure du shérif me rassurait et m'excitait tout à la fois. J'ai peut-être hésité à prendre quelques libertés au début, ayant oublié ce que cela faisait d'habiter dans une vraie maison, et non pas entre deux cartons, mais le goût du confort revient plus facilement qu'il ne part - sans compter que même avant, dans notre appartement miteux de Philadelphie, je n'avais pas connu un tel degré de bien-être et d'intimité, en partie à cause d'une mauvaise isolation qui justifiait une place aux premières loges lorsque ma charmante mère travaillait sur un client, quand je ne trouvais pas ce dernier occupé à la limer dans le salon, ou à se rincer l'engin dans la salle de bain une fois la besogne terminée (et je ne vous parle pas du jour où la fosse sceptique a rendu l'âme et a renvoyé dans la canalisation des toilettes tous les préservatifs usagés que des hommes peu soigneux avaient jetés, en se contentant de faire un noeud dedans et de tirer la chasse après l'acte). En y réfléchissant avec attention, Will Wellington est sûrement la meilleure chose qui me soit arrivée, et ma vie n'a véritablement commencé que ce soir-là, lorsque je me suis endormi, pour la première fois depuis plus d'un an, dans un lit chaud, après un repas sommaire mais nourrissant, en me posant sur un oreiller moelleux, dans une splendide maison, avec un beau shérif qui occupait mes pensées et bientôt mon cul - en tout cas j'y pensais très fort cette nuit-là, en soulageant une gaule qui n'avait eu de cesse de me titiller à chaque fois qu'il m'avait frôlé.
Je n'ai jamais vraiment développé un quelconque problème de conscience, et pratiquer la masturbation active en songeant à celui qui m'a engendré - et à ce qu'il me faisait dans mes rêves les plus torrides - n'a pas renforcé ma rectitude morale. Cependant, je ne me suis jamais risqué à tenter quoi que ce soit afin d'accomplir mes fantasmes, du moins pendant les premiers mois de notre cohabitation ; je pensais qu'en évoluant, notre relation prendrait cette coloration père/fils que l'on retrouve dans tous les navets à l'eau de rose - ceux qu'on passe à la télé pour divertir les maisons de retraite en fin d'après-midi. Autant vous dire que l'échec a été pour le moins cuisant, à tel point que j'en étais rendu à me drainer les bourses trois fois par jour en pensant à une panoplie de cochonneries qui auraient fait pâlir Satan en personne. Si je n'ai pas poussé le vice jusqu'à jeter un oeil dans sa salle de bain pendant qu'il se lavait, c'était uniquement par peur de me faire prendre sur le fait, et qu'il me renvoie à la rue, choqué par mon comportement. Alors nos journées s'écoulaient paisiblement au rythme de mes branlettes frénétiques ; je m'occupais de réparer quelques petits trucs dans la maison, je repeignais des pièces ou fixais des étagères après avoir combattu la poussière et les nuisibles avec une bravoure digne d'éloges ; et le soir, épuisé, je m'affalais sur ma chaise. Will me servait généralement un plat simple mais qui tenait au ventre - il apprenait à cuisiner de son mieux en compagnie de Mary, le midi au poste, en espérant être en mesure de se comporter comme un bon père au foyer, en tout cas quand il ne rentrait pas en portant sur les épaules plus de fatigue que moi - et je regagnais ma chambre pour mon dernier tripotage de nouille quotidien.
Alors pourquoi a-t-il fallu que cette bon dieu de canalisation pète ? Encore aujourd'hui, je ne sais pas si je dois bénir cet incident, ou au contraire le blâmer pour avoir rompu le fragile équilibre qui maintenait la relation avec mon père dans le plus pur platonisme. Il n'est pas rare qu'en plein hiver, le vieux système d'acheminement en eau de la maison ne soit pas au meilleur de sa forme et que le tuyau rompe, perforé par un glaçon trop volumineux. C'est ainsi qu'un soir, alors que je voulais prendre ma douche, j'ai reçu un misérable jet glacé sur le dos avant de me retrouver debout, en tenue d'Adam, incapable de me laver. Heureusement pour moi, cela ne concernait visiblement que l'une des pièces, et pas l'intégralité de l'habitation. Je me suis donc rhabillé en vitesse et je suis descendu au rez-de-chaussée avec mes affaires afin d'emprunter la salle d'eau qui jouxtait la chambre de Will. La porte étant verrouillé, j'ai cogné en criant à travers le bois qu'il y avait un problème avec les canalisations de l'étage, et d'un seul coup, le verrou s'est débloqué depuis l'intérieur.
Le shérif de Cocktown m'a ouvert et s'est présenté devant moi, vêtu d'une simple serviette rapidement passée autour de la taille ; il dégoulinait, encore humide et nimbé par la vapeur qui emplissait la pièce. Ses cheveux courts pointaient sur son crâne, mais mon regard a d'abord été attiré par son corps en V, taillé par l'exercice physique et la formation militaire. L'odeur de son savon embaumait l'air et glissait sur sa peau lisse ; son torse était imberbe, à l'exception d'une discrète couronne de poils clairs autour de ses mamelons rosés, si pâles qu'il aurait été compliqué d'en déterminer les contours s'il n'y avait pas eu cette coquetterie pileuse ; une bande dorée partait également de son nombril, planté au milieu de six abdominaux clairement visibles, et s'étirait jusque sous la serviette, probablement afin de rejoindre un triangle aussi blond que les blés et taillé avec rigueur. Ses bras et ses jambes étaient gondolés par une musculature que je ne pouvais que lui envier ; ses biceps se contractaient à chacun de ses mouvements, ses mollets puissants et ses grandes jambes lui permettaient de filer comme le vent lorsqu'il s'agissait d'arrêter un criminel, et il faisait facilement une tête de plus que moi, sans parler de la largeur de ses épaules - sa veste me semblait toujours trop étroite quand il la passait à la va-vite, après avoir reçu un appel d'urgence sur son portable. S'il avait nourri une pléiade de fantasmes en étant habillé, le voir ainsi me donnait une envie incontrôlable de lui arracher sa serviette pour dévorer son entrejambe et lui offrir un aperçu des mille couleurs du septième ciel.
En dépit des désirs qui faisaient bouillonner mes hormones, je me suis pourtant contenté de le laisser me frôler, son torse imposant passant si près de mon visage que j'aurais pu m'en emparer avec les lèvres pour le dévorer. Il m'a laissé la place dans la salle de bain et m'a assuré qu'il réparerait l'avarie sans tarder. Pas trop vite quand même, ai-je espéré en secret, tout en priant pour avoir le droit d'assister à ce spectacle viril chaque soir jusqu'à la fin de mes jours. Dès que j'ai eu refermé la porte derrière moi, mes vêtements ont volé sans tarder et je me suis retrouvé plus nu qu'un ver, enveloppé dans son odeur virile, toujours présente dans l'air ; j'arborais alors une érection d'une rare puissance, à tel point qu'elle m'était presque douloureuse. Je n'avais encore jamais distingué à ce point les veines qui parcouraient ma hampe, et ne parlons pas de mon gland poussé au comble de la sensibilité, palpitant et gorgé de sang. Le bourgeon violacé s'est niché dans le creux de ma paume et, après que j'ai allumé l'eau, je me suis adossé au carrelage et me suis laissé glisser tandis que ma main parcourait mon sexe raide. Mes bourses ont touché le sol froid, mes cuisses humides ont frissonné malgré les jets chauds, mon torse tout entier me picotait sous l'effet de l'excitation. Je repensais à ce que je venais de voir - à cette musculature - et mon cerveau s'amusait déjà à me frapper avec l'aiguillon des fantasmes, imaginant de manière sournoise ce qui se trouvait sous cette serviette. Je voyais sous mon nez le long morceau de chair qui, peu à peu, aurait pris du volume si seulement j'avais pu y poser mes lèvres. Le shérif devait avoir un beau calibre, c'était certain ; et ses bourses, je les imaginais lourdes, légèrement pendantes, chargées de liqueur savoureuse - celle qui m'avait donné la vie, et que j'aurais dégustée avec plaisir si j'en avais eu la possibilité.
J'étais tellement excité qu'il me semblait presque qu'une odeur âcre me titillait les narines - ce parfum orgasmique qui suivait l'éjaculation d'un mâle en chaleur. Une odeur qui m'était déjà bien familière à l'époque, mais le fait de l'imaginer dans cette maison, là où le seul autre homme à pourvoir se soulager était mon père, ça me faisait triper au-delà du possible. J'ai serré mon manche avec un peu plus de vigueur et, au moment de remonter jusqu'à mon gland turgescent, un spasme incontrôlé à agiter mon bras libre, projetant involontairement le dos de ma main contre le mur. Une sensation d'humidité m'a alors fait sursauter ; il n'y aurait rien eu de surprenant si ma peau avait rencontré une paroi mouillée, mais une paroi visqueuse... Et si l'odeur n'était pas juste le fruit de mon imagination ? Ni une, ni deux, je me suis retourné pour vérifier cette théorie insensée, et j'ai constaté avec surprise et excitation que je ne me trompais pas ; en dépit de sa blancheur immaculée, j'arrivais à distinguer de longues traînées qui s'étiraient sur le carrelage. Epaisses, à peine plus foncées que le support qui les accueillait, odorantes et poisseuses, les traces de sperme ne laissaient aucun doute quant à leur provenance : mon paternel s'était paluché jusqu'avant que je ne débarque, et l'incident de la canalisation lui avait sans doute fait oublier son petit moment intime. Quand cela lui reviendrait à l'esprit, il penserait probablement que j'ai nettoyé derrière lui, dégoûté. Grossière erreur !
J'ai approché mes narines sans pour autant lâcher mon propre chibre, qui venait encore de durcir d'un cran, excité comme jamais. Mon cerveau déluré combinait les images de ce corps imposant avec les fragrances musquées de cette semence. Il ne m'en fallait pas plus pour l'imaginer, son gros gourdin entre les mains, les biceps crispés par l'effort, une main posée sur le mur, les cuisses écartées, en train de parcourir sa hampe épaisse à toute allure, jusqu'au coup de poignet final, celui qui a contracté ses merveilleux abdominaux et lui a permis de se soulager. Je visualisais son gland, sûrement aussi massif que le reste de sa pine, le méat braqué vers la cible, et ses bourses qui se soulevaient avant d'évacuer plusieurs jets, longs et fournis - une demi-douzaine, à en juger par les traces et la quantité, relativement abondante. Il avait dû trembler un peu pendant l'éjaculation, puis tapoter ensuite son bourgeon dans sa main pour s'assurer qu'il n'en restait pas une miette dans le tuyau.
Assis à quelques millimètres seulement des restes de sa jouissance, je le contemplais, en extase. Je malaxais mes bourses, coulissais sur mon pieu - plus modeste que celui que je lui inventais - tout en modifiant la scène afin de placer mon visage devant ce sexe, de manière à recevoir sa jute directement sur mon visage ou dans ma bouche. Comme j'aurais aimé l'avaler. Eh bien alors, pourquoi tu t'en prives ? La pensée m'a soudain transpercé et j'ai réalisé tout à coup que je tenais là une opportunité unique de concrétiser mon fantasme en goûtant enfin à la liqueur du beau shérif. Qui est accessoirement ton père, m'a hurlé ma conscience. Et alors, qu'est-ce que ça pouvait bien me faire ? Il possédait un mandrin, il se branlait, on vivait tous les deux sous le même toit, et il me faisait bander depuis le jour où je l'avais rencontré, alors pourquoi se priver ? J'avais juste à tirer la langue et à lécher, ce n'était pas compliqué. Mais j'ai trouvé la méthode tellement grossière, presque canine, et j'ai donc refusé de m'y plier - quitte à franchir la frontière entre délires et réalité, autant le faire dans les règles de l'art.
Je me suis donc emparé de la savonnette ; je l'ai placée à la base de mon cou et, d'un geste lent et lascif, je l'ai faite glisser le long de mon torse, certes moins impressionnant que celui de Will, mais tout de même formé par une année de vie à la dure. Contrairement à lui, mon système pileux s'était légèrement développé au milieu de mes pectoraux, autour de mes tétons, de mon nombril, et prenait naissance le long de l'autoroute qui séparait mon buste en deux, avec d'un côté les abdominaux gauches et de l'autre les abdominaux droits. Mon pubis était également un peu plus broussailleux, et j'avoue que même si j'en prenais soin en la taillant, la toison encore juvénile qui recouvrait mes bras, mon torse et mes jambes n'avait jamais déplu à aucun de mes amants, aussi ne m'en suis-je pas débarrassé depuis son apparition, au moment de ma puberté. Après avoir chatouillé mes tétons, plus rétractés et sombres que ceux de mon paternel, je me suis quelque peu précipité pour atteindre le point qui m'intéressait ; à-demi allongé, les cuisses écartées, j'ai glissé le bloc de savon dans la crevasse qui séparait mes " fesses de bonne petite salope ", selon les dires de certains partenaires au langage châtié. Cette zone-là, en revanche, je m'assurais régulièrement qu'elle soit aussi lisse qu'une patinoire, afin que les hommes qui s'en occupaient puissent prendre ma raie pour un toboggan à bite - l'entrée de mon garage se trouvant pile au centre, replié et contracté pour le moment. J'y ai fait circuler le carré glissant, jusqu'à ce qu'il m'échappe des mains et qu'il ne me reste plus que mes doigts pour titiller d'un côté ma rondelle, et de l'autre mon braquemart rigide. Le plaisir qui me parcourait était accentué par l'odeur qui s'infiltrait dans mes narines et les images qui déferlaient dans mon esprit pervers.
Finalement, lorsque mon anus a été suffisamment assoupli, je me suis décidé à me procurer un plaisir essentiellement rectal, en introduisant d'abord une, puis deux phalanges dans mon cul détendu ; l'index a rapidement suivi le majeur, et tandis que je coulissais dans mon conduit avec quelques difficultés, j'ai passé la pulpe d'un doigt de mon autre main sur le mur, récoltant ainsi le jus du mâle qui m'avait précédé dans la salle de bain. Je le portais à mon nez pour en humer davantage la fragrance musquée quand, malencontreusement, j'ai rencontré ma prostate en me doigtant. Un geste incontrôlé a accompagné mon gémissement, j'ai entrouvert la bouche et, inconsciemment ou non, j'ai déposé sur mes lèvres une partie du sperme que j'avais prélevé. Par réflexe, ma langue est venue le récolter et le goût puissant a affolé mes papilles en en réclamant une nouvelle dose. Comme un drogué en manque, je me suis empressé de la lui fournir, sans oublier pour autant d'accélérer le mouvement au niveau de mon trou dilaté ; mes doigts appuyaient de plus en plus aisément sur ma petite boule sensible, et le massage tendait mon sexe à l'extrême, à tel point que du pré-sperme s'en écoulait et venait coller contre le duvet qui couvrait mon ventre finement musclé. Je revoyais en boucle cet homme imposant qui se masturbait contre le mur, et plus je l'imaginais en train de se vider sur moi, plus mon esprit prenait ses désirs pour des réalités.
Conduit aux frontières de la raison, en rut comme jamais, j'exauçais mon fantasme sans retenue, jusqu'au moment où, au summum de ma folie, je me suis mis à quatre pattes sur le sol, deux doigts toujours occupés à presser la petite noix juteuse cachée dans mon rectum ; j'ai tiré la langue et, à peine conscient, je l'ai faite glisser de manière à récupérer un rail complet - ou plutôt une giclée - que j'ai savouré, m'imprégnant de sa saveur salée et légèrement corsée. Je me doigtais frénétiquement le cul d'un côté, et léchais le sperme savoureux de William Wellington de l'autre ; mon sexe tapait contre mes abdominaux naissants, ma poitrine rougie par l'effort se soulevait au rythme de mes halètements, et mon échine a soudain été traversé par une décharge de plaisir brut si puissante que j'en suis resté bouche bée. Mon chibre a craché plusieurs rasades de jus qui auraient fait la fierté de mon père - pas de doute, sur ce plan je tiens de lui - et une faible quantité de liquide légèrement translucide a accompagné le retrait de mes doigts, signe que mon rectum avait également apprécié la manoeuvre.
J'ai nettoyé les traces de mon plaisir - contrairement à Will - puis je me suis avachi sous le jet d'eau chaud, sonné et légèrement hagard. Des mèches sombres se sont collées à mon front, j'ai longuement réfléchi tout en me massant la nuque, la tête basse, les jambes écartées, et j'ai repensé à ce que je venais de faire. Je me connaissais, je savais qu'à la moindre opportunité, je redeviendrais ce mec en chaleur, capable de s'ouvrir le trou pour en tirer un maximum de plaisir, et après de longues heures à y repenser, que ce soit au diner ou dans ma chambre - sans branlette, pour une fois - j'en ai conclu que ce n'était rien de plus que le prolongement d'un fantasme, la vue du corps de mon père ayant provoqué en moi une collision hormonale d'une rare puissance.
Matt
matthieuGat@gmail.com
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