La journée avait commencé avec un Ayrton Senna de carton pâte, qui ne tolérait pas sur sa route les cyclistes allant au boulot, et qui a bien manqué me renverser. Quitte pour une grosse frayeur. Et puis mon chef qui ne comprend rien à rien, qui stresse pour une présentation à venir et qui a passé sa journée à me poser des questions absurdes. Il faudra un jour que le farceur qui l’a nommé à ce poste me dise ce qu’il avait pris ce jour là. Il y a aussi eu la secrétaire, qui use et abuse de son pouvoir de nuisance mais qui ne maîtrisera jamais les principes de base d’une boîte mail. Enfin mon collègue qui m’a entretenu avec tous les détails des péripéties médicales de sa belle-sœur. Je ne connais même pas sa femme. Et encore l’abruti de chien de notre abruti de voisin qui n’arrête pas d’aboyer depuis que je suis chez moi.
Il y a Noah, qui, en arrivant, m’embrasse à peine avant de me reprocher de ne pas avoir étendu le linge, me laisse en plan, file dans la cuisine et râle parce que, en rentrant, j’ai acheté du pain aux céréales et qu’il préfère le nordique.
C’est bon, j’ai mon compte. Je grignote le premier truc qui me passe sous la main – un bout du pain aux céréales, c’est vrai qu’il ne vaut pas le nordique-, je vais prendre une douche expresse bouillante, enfile mon short pour la nuit et je m’enferme dans la chambre avec un Lucky Luke période Goscinny déjà lu des centaines de fois.
Assis en tailleur sur le lit, j’en suis au moment où les Dalton s’enfuient de la banque avec leur butin quand Noah rentre dans la chambre. Je ne le regarde pas. Je boude comme un gosse. Il vient derrière moi et commence à me masser les épaules. Je me crispe instinctivement.
- Tu comptes me faire la gueule longtemps ? Écoute, j’ai été con tout à l’heure. J’ai eu une journée de merde mais tu n’y es pour rien. Alors excuse moi et arrête de faire cette tête.
Il reprend son massage, me disant son amour avec ses mains aussi clairement qu’avec des mots. Je commence à me détendre. Il sort de l’huile de la table de chevet et s’en enduit les mains avant de poursuivre. Une odeur légèrement camphrée se répand dans la pièce, tandis que ses pouces glissent lentement mais fermement sous mes omoplates. Le Lucky Luke me tombe des mains et je ferme les yeux.
- Moi aussi j’ai eu une journée de merde…
Ses pouces remontent vers ma nuque. Il s’applique à dénouer un par un les nœuds dans mon cou avant de redescendre le long de ma colonne vertébrale en pressant doucement à chaque centimètre. Ma respiration se fait plus profonde et plus lente. Il m’installe à plat ventre sur le lit, se met à cheval sur moi, et poursuit. Les yeux toujours fermés, je me concentre sur ses mains. Il s’est remis de l’huile et malaxe mes flancs de ses paumes. Il prend son temps. Il repart des épaules et s’occupe des bras l’un après l’autre, avant de repartir sur la colonne plus fermement. Je profite. Noah est un très bon masseur mais cela faisait une éternité qu’il ne m’avait pas fait profiter de son talent. Je me laisse faire avec ravissement. Il se retourne et attaque les cuisses sans ménagement. Il appuie avec force de ses poings et les muscles réagissent. C’est d’abord douloureux et rapidement délicieux. Même traitement pour les mollets et même sensation de détente absolue. Il se lève et pratique un petit massage des pieds. Je m’abandonne. Il commence alors à remonter : chevilles, mollets, cuisses. Sur le haut des cuisses, il se ré-enduit les mains d’huile et insiste. Ses mains passent sous mon short, et le massage se poursuit sur le bas des fesses. Il repart sur les hanches et ses mains tièdes deviennent caressantes. Il fait glisser mon short le long de mes jambes. Je reste immobile, sentant ses mains qui glissent sur mes hanches, mes fesses, mes cuisses entrouvertes. Il est à califourchon sur moi; je sens le contact avec son jean à mi-cuisses. Le savoir habillé, dominant mon corps nu, m’excite terriblement. Dans ma position, je ne vois pas beaucoup plus que ses avant-bras sur lesquels il a retroussé les manches de sa chemise. Il porte le petit bracelet en cuir que je lui ai offert pour son anniversaire. Il se penche sur moi, plaque mes bras en croix et m’embrasse dans le cou. J’en ai des frissons. J’en oublie tous ceux qui se sont acharnés sur moi aujourd’hui. Je sens mon pouls qui s’accélère dans ma poitrine. Je ne peux pas bouger. L’homme que j’aime est sur moi et me protège, il ne peut plus rien m’arriver. Il reprend. Ce n’est plus tout à fait un massage mais pas encore vraiment des caresses. Ses mains sont chaudes et ses doigts qui me palpent m’enflamment. Il s’arrête quelques secondes pour déboutonner trois boutons de sa chemise, remet de l’huile de massage et reprend de plus belle. Il insiste sur mes hanches, commence à me chatouiller le périnée, insère furtivement le plat de sa main entre mes fesses. Je commence à onduler de plaisir ; Noah aussi. Il se penche et me fait un bisou dans le dos du bout des lèvres, suivi d’un deuxième un peu plus bas et un peu plus appuyé. Je sens maintenant le bout de sa langue qui descend derrière moi. Il s’arrête plusieurs fois en chemin. La chaleur de sa bouche s’approche de mes fesses. Ses mains n’ont pas quitté mes hanches. Je me mets sur les genoux, il en profite pour dégrafer son jean et reprend. Sa langue s’insinue toujours plus. Il écarte mes fesses et je sens sa salive tiède autour de mon trou qu’il commence à caresser du bout de la langue. Je gémis de plaisir, ce qui l’encourage à poursuivre son exploration avec plus d’insistance. Je bande déjà comme un âne mais il continue à faire monter le désir par petites touches. Il veut m’entendre le supplier de me baiser, remet la langue, enfonce un doigt, puis deux avant de venir se plaquer contre moi. Je sens son sexe à travers le coton de son boxer sur mes fesses, sa chemise entrouverte qui frotte sur mon dos, ses mains qui m’enserrent et sa bouche qui m’embrasse. Dans ma position, je ne peux pas faire grand-chose d’autre que de le laisser faire. Il le sait très bien et en joue.
En venant se placer devant moi, il me susurre :
- A toi de me montrer que tu ne m’en veux pas.
J’avale aussitôt sa queue à travers son boxer. Moi aussi je sais jouer avec la frustration de mon homme ! Il lève les yeux vers la plafond et finit de dégrafer sa chemise qu’il quitte avec brutalité. Je le libère enfin d’un petit geste sur la ceinture de son sous-vêtement. Sa queue se dresse juste devant moi. Je lui donne un grand coup de langue avant de la gober goulûment. Je regarde le mince filet de poils doux qui relie le pubis de Noah à son nombril. Ce détail viril de son anatomie m’a toujours beaucoup excité sans que je sache pourquoi. Les mains en appui sur ses cuisses, je le suce avec énergie, avant qu’il prenne ma tête entre ses mains pour m’offrir un baiser dévorant. Il a les yeux incandescents, la suite s’annonce torride. Il repasse derrière moi tandis que je me remets sur les coudes et les genoux.
Ça y est. Il est en moi. La douleur des premiers instants de la pénétration est oubliée. Il reste le plaisir de ce feu qui me brûle, des cris de Noah à chaque fois que ses mains s’agrippent sur mes épaules pour faire entrer son sexe, le plaisir de s’offrir à lui, d’être son homme, de le sentir m’envahir de toutes ses forces. Il me baise avec passion. A un moment, il reste en moi et ses cuisses contre les miennes me font un effet dingue. Il m’enlace en serrant d’une main son abdomen contre mon dos, l’autre caressant mon sexe. Je serre un peu les fesses. J’aimerais le faire jouir comme jamais. Il reprend ses va-et-vient en gémissant tandis que j’ondule mon cul en cadence. C’est trop bon. Je m’offre ; je m’abandonne à son plaisir en l’encourageant : « Baise-moi Noah, encore ! ». Je sens sa queue bandée qui glisse de plus en plus rapidement. « Vas-y, déboîte-moi, casse-moi en deux ». Je pousse un râle à chaque fois que ses cuisses en sueur viennent battre contre les miennes. J’expulse une petite giclée de foutre tandis qu’il continue à me baiser de plus belle. Ses mains se crispent et m’enserrent les hanches. Je commence à avoir un peu mal au bras. « Putain c’est trop bon ! » Noah s’arrête. Il se vide en moi avec des petits soubresauts et s’écroule sur mon dos pour m’embrasser dans le cou. J’en ai les jambes qui tremblent. Nous nous affalons sur le lit, toujours emboîtés, le souffle court. A cet instant, je ressens avec intensité tout l’amour que j’ai pour lui. Dans la plénitude et le silence qui suit le coït, dans la tiédeur désormais moite de cette chambre où nous venons de nous donner l’un à l’autre, je sais qu’il est l’homme de ma vie et que je suis prêt à tout pour lui.
N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires sur ce récit.
Tête de brique
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