Je n'ai jamais apprécié ce genre de soirée où tout le monde se bourre la gueule sous prétexte de vouloir s'amuser. Pourtant, depuis mon entrée au lycée, j’ai toujours été sur la liste des premiers invités à ces soirées, et ce même encore aujourd’hui alors que je suis en M1 – Droit à la fac de droit de Strasbourg. Cependant c’est lors d’une de ces soirées que j’ai été envouté par un jeune de 2ème année.
De base, je ne suis pas trop du genre à me mettre trop en avant non par timidité, mais plus par fainéantise. Pourtant beaucoup de femmes et d’hommes me mettent dans la catégorie beau gosse. Je les en remercie, mais en réalité ça ne me fait ni chaud ni froid. C’est vrai, je suis un grand sportif, pratiquant le basket depuis mes six ans et étant plutôt grand en taille. J’ai une bonne tignasse brune qui me tombe parfois devant les yeux et une légère barbe de trois-quatre jours que j’essaye d’entretenir. Mais de ce que me disent mes amis, ce sont mes yeux qui charment le plus. Des yeux noisette envoutant qui s’éclaircissent avec un peu de soleil.
En le voyant discuter avec ses amis, ce jeune de deuxième année me tape tout de suite à l’œil. Il porte un chino noir, un polo et un pendentif caché dans son t-shirt. Il a de longs jolis cheveux blond attachés en queue de cheval et un visage mince. Je ne peux m’empêcher de le détailler bien qu’il ne me prête aucune attention.
Un de mes amis m’accostent en me tendant un verre, mais ne voyant que je ne réagis pas, il regarde là où je regarde. Je l’entends ricaner en comprenant que je matte un mec de deuxième année.
- Bah alors, tu mattes ? me demande-il alors.
- Tais-toi, sifflé-je sans lui prêter une réelle attention.
- Moi je dis, il faudrait que t’ailles le voir, si ça se trouve il est de ce bord-là lui aussi, murmure-t-il près de mon oreille.
Je ne prête pas grande attention à ce qu’il me dit, enfin c’est ce que je me suis dit sur le coup. Mon corps cependant n’en a fait qu’à sa tête et je me suis approché de lui alors qu’il était allé se resservir à boire. Je fais semblant de vouloir me reprendre un verre aussi et sans faire exprès nos mains se cognent en voulant prendre la même bouteille de bière. On s’excuse tous les deux et sa voix est si douce que je ressens une légère vague de plaisir dans mon bas ventre.
Cependant, il ne me dit pas grand-chose, se serre son verre et s’en va sans que je ne puisse en placer une. Dégouté, je retourne auprès de mes potes, qui sourient en me voyant revenir tout penaud. Certains me charrient, d’autres essayent de me faire relativiser, mais mon regard ne veut lâcher ce jeune homme.
Au bout de quelques heures, la fête bat toujours son plein et moi je m’ennuie. Je n’ai pas bu une seule goutte d’alcool (je n’aime pas ça), tandis que mes potes sont presque tous bourrés. Je vais cependant aux toilettes, voulant pisser tranquillou, mais je rentre sans m’en rendre compte dans quelqu’un qui tombe par terre.
Je le regarde et… suprise ! devinez qui c’est ! Eh oui, le petit blondinet de deuxième année. Je m’accroupis près de lui et l’aide à se relever. Il me remercie et je sens son regard parcourir mon corps.
- T’es pas mal, me dit-il près de l’oreille lorsqu’il est à nouveau debout. Rejoins-moi dehors dans 5 minutes si tu veux.
Je rougis légèrement et hoche la tête ne sachant réellement quoi lui dire. Il rit tendrement en me laissant et moi je suis impatient. Je le rejoints alors dehors après être passé aux toilettes. Il m’attend, adossé à la bâtisse où se déroule la fête, et porte nonchalamment à sa bouche une cigarette. Je me rends compte qu’en voulant faire le dur, il est encore plus mignon qu’avant.
Il me regarde de ses yeux bleus assombris par la pénombre et me souris légèrement. Il commence à entamer la conversation qui, croyez-moi, n’est pas très passionnante. Il finit par me dire qu’il a remarqué que je le fixais et qu’il voulait savoir ce que je lui voulais. Sur ces dernières paroles, son ton s’est refroidi et ses yeux encore plus assombris. Ce qui me fait froid dans le dos, je ne veux pas de problème et ce regard ne présage rien de bon.
Je lève alors les bras en l’air et lui dis simplement que sa beauté m’a tapé à l’œil. Je lui explique que je ne lui veux rien de particulier, mais il ne me laisse pas finir et commence à ricaner niaisement. J’écarquille les yeux et il jette sa cigarette au loin. Il se rapproche de moi tel un félin, un sourire provocateur illuminant son visage.
- Je ne te crois pas, murmure-t-il.
Et sans que je ne le voie venir, il m’embrasse. D’abord surpris, je ne sais comment réagir, puis appréciant, j’y réponds. Je le sens sourire et il finit par reculer.
- Tu vois, c’est ça que tu voulais. Suis-moi, on va chez moi.
J’acquiesce, ne me remettant pas trop de ce qu’il venait de se passer. Cependant, on recommence à discuter sur le chemin comme de bons vieux copains. Je n’arrive pas à réaliser ce qu’il se passe, il parraît si sûr de lui que c’en est déroutant.
L'agent Wolfy Écrivain
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