Tout d’abord, un froid immense m’envahit. Puis vient la chaleur, insupportable au début, mais qui finit par devenir agréable. Un brouillard épais, chaud, duveteux comme le ventre d’un chiot, m'ensevelit. Je ne ressens plus aucune douleur. Qui suis-je ? Où suis-je ? Ces questions n’ont plus d’importance. La sensation est agréable. Je pourrais m’y habituer.
Lorsque j’ouvre enfin les yeux, je ne vois que du noir. Intense, lourd. L’endroit où je me trouve ne semble pas très grand ; une petite chambre sans meuble. Un bruit sourd résonne au loin. On dirait un gémissement. Mes oreilles s’habituent au silence qui m'entoure, et je me concentre sur les bruits lointains : ce sont bien des gémissements. Des gémissements de plaisir.
Une porte s’ouvre devant moi. Les ténèbres sont chassées par une lumière rouge sang, qui se déverse dans la chambre jusqu’à mes pieds. Dans l’embrasure, découpée par un halo de feu, se dessine une silhouette. Elle est grande, massive et sombre. Mes yeux s’habituent à leur tour, et je distingue les contours des muscles saillants. Étrangement, je n’ai pas peur. Au contraire, je me sens comme attiré. Un pied après l’autre, sans vraiment contrôler mon corps, j’avance vers l’ombre. Elle reste là, imposante, à me fixer de ses yeux sombres.
Arrivé près du colosse, je peux voir les traits de son visage, d’une beauté incroyable. La couleur de sa peau possède toutes les nuances d’un coucher de soleil sur l’océan, et ses yeux, d’abord noirs, m’apparaissent rouges et brillent d’une étrange lueur. Soudain, il soulève la main et la tend vers moi, sans un mot. Ses doigts longs et épais, aux ongles noirs, n’attendent qu’à être saisis. Après un instant d’hésitation, ma main disparaît dans la sienne, et il m’attire doucement hors de la chambre.
J’ai à présent sous les yeux une mer de flammes qui s’étend à perte de vue. Il y a un peu partout des tours de pierre noire qui émergent des flammes et s’étirent très haut dans le ciel sans étoiles. Je me trouve sur l’une d’elles. Elles sont toutes percées de cellules, et des marches en font le tour. Je découvre alors l’origine des gémissements : des passerelles se balancent entre les colonnes sur différents niveaux, et sur celles-ci baisent des humains et des monstres.
Par "monstres" je parle de ces créatures rouges et massives. Je suis mon démon – ainsi vais-je l’appeler – jusqu’à la passerelle la plus proche. Elles sont équipées de coussins pourpres qui recouvrent des lattes de bois.
Nous dépassons plusieurs couples et nous nous arrêtons à un emplacement vide. Le démon s’assied sur les coussins, et je me joins à lui sans discuter, comme une évidence. J’ai toujours ma main dans la sienne. Il me tend l’autre, que je prends sans réfléchir. Je lève les yeux et me plonge dans son regard. La chaleur qui émane de son corps m’enveloppe. De ses mains se dégage un courant électrique qui parcourt mes veines et embrase mon sang. Mon cœur s’emballe.
Je ne remarque qu’à cet instant que je suis nu, et que lui aussi. Son sexe incroyablement gros se dresse petit à petit entre lui et moi. Jamais il ne pourra entrer en moi, pensé-je sur le moment. Ses mains se détachent des miennes et m’enserrent la taille pour me porter à ses cuisses, de sorte que son pénis se plaque contre mon torse ; il est brûlant et semble pulser. Je sens ses couilles contre mon propre sexe. Au même instant, des flammes explosent sur ma droite, avec un bruit de tambour lointain.
La passion s’empare de moi et j’attrape la verge dressée avec les deux mains. Ma bouche a assez de place pour l’accueillir. Je salive, joue de ma langue autour de son gland. La bête est presque aussi grosse qu’un avant-bras, poing serré, mais je parviens à l’enfoncer suffisamment pour ressentir quelque chose. Une bulle se forme dans mon ventre. Elle enfle. Elle est prête à imploser.
Je ne pourrais dire combien de temps la fellation a duré. Mais le démon finit par me soulever et me plaquer contre les cordages en soie qui nous protègent du vide enflammé. Nouvelle explosion de feu et nouveau coup de tambour. Le démon fait glisser son sexe entre mes jambes, roule des hanches, puis colle ses lèvres contre les miennes. Brûlante, humide, sa langue se déroule dans ma bouche et me goûte. Et sans prévenir, il s’enfonce en moi. La bulle en moi éclate. Une étincelle, aride et glacée à la fois. Elle descend, profond, remonte le long de mon dos et me vrille le cerveau.
Je sens les déflagrations de feu autour de nous à chaque fois qu’il s’enfonce. Plus profond. Plus intense. Il ne se retire jamais. Je sens toute la colonne de chair. Je m’étire pour qu’il entre complètement, toujours plus loin, comme s’il s’étirait lui aussi. Mon corps n’est plus qu’un gouffre béant, ouvert au plaisir qu’il ne tarde pas à déverser à l’intérieur. Je sens le goût du sperme, sa texture, sa chaleur. Ma tête explose, des flashs de lumières devant les yeux. Mon corps ne répond plus. Je suis las et tétanisé. Rassasié et affamé.
Endolori et insensible. Puis tout disparaît. Je redeviens cet être insignifiant et petit, jusqu’à ce que le démon recommence.
L’étincelle reprend son chemin, descend et remonte, engourdit mon esprit et mes sens. Ivre de plaisir. Son membre en moi, loin en moi, mais jamais assez. Les muscles qui se contractent, se relâchent. La sensation de vide. Puis le démon recommence.
Pour l’éternité.
PandaViril