Chapitre 1
Il est peut-être temps de raconter ces histoires. C'était sans doute dans le début des années 90, une époque plus rude où les mecs ne cherchaient pas l'amour et ne faisaient pas de sentiments. Je fréquentais le milieu SM. Ces relations brutales, douloureuses, qui nécessitaient du courage, ça me faisait du bien. Je prenais ma sexualité comme un sport de combat. Les bonnes gens condamnent le SM et vont voir à la boxe deux mecs se faire souffrir devant des voyeurs surexcités. Aucun sens si ce n'est de faire de l’adrénaline puis de l'endorphine dans les deux cas.
À une soirée je revois mon "pote" Thierry qui faisait plutôt le rôle de master cuir et qui m'avait déjà travaillé au corps plusieurs fois. Je suis un gars solide, à l'époque look assez militaire et j'encaissais plutôt bien.
-Dis donc, mec, ça te dirait de prendre la raclée de ta vie?
-Faut voir, je lui dis avec assurance. C'est quoi?
Il s'agissait d'aller rendre visite à un mec un peu fou -à l'époque il n'y avait pas le vocabulaire technique- qui avait besoin de baiser. Son frère, son gardien, avait essayé de lui faire venir des filles pour le calmer, mais il était trop violent pour elles. Je demandais à Thierry si les mecs ça allait lui convenir.
-À mon avis il fera pas le difficile, dit-il. Par contre lui, il va te faire mal.
Je ne répondis pas et la soirée continua, bière et autres alcools, et drogue à laquelle je ne touchais pas. Faut rester en forme.
On s'est retrouvé en fin de soirée avec Thierry à fumer.
-OK je lui ai dit
-Ça m'étonne pas... Bon je contacte le frangin et je passe te chercher demain 17h OK ?
Bon le lendemain je m'étais préparé jean et bombers à l'ancienne et, à titre préventif, je m'étais légèrement lubrifié le fion.
Thierry eut une bonne heure de retard, cela ne m'étonna pas, il voulait sans doute me laisser un peu flipper.
-Alors prêt à dérouiller?
Je ne répondis pas et je montais sur sa moto. On est allé dans une banlieue, au sud, un pavillon je dirais 19e...Thierry était tout sourire. Il frappa et le frère ouvrit. Un mec un peu bourgeois, assez beau, très hétéro. Il était nerveux et gêné. Il n'arrêtait pas de s'excuser. Thierry me présenta comme "la victime" et je serrais un peu les dents. Le frangin non plus ne semblait pas goûter l'humour. Je sonnais la fin de la sociabilité par un "bon on y va". Thierry, toujours de bon conseil, m'invita à entrer à poil dans la chambre du mâle. Et de me mettre à genoux pour lever toute ambiguïté sur ma soumission. Je me désapais donc devant le frangin qui détournait le regard. Thierry ouvrit la porte et me poussa sur le ring.
Dans la pénombre, je vis s'approcher un mec à la face de lion, barbu, les cheveux en bataille. Ça sentait bon la sueur. Je me mis à genoux pensant lui faire comprendre que j'allais le sucer. Mais lui il arriva en face de moi en érection. Il me souleva de terre en me prenant par dessous les mâchoires et me transporta contre le mur que ma tête heurta. Il me laissa ensuite retomber, empalé sur son braquemart qui, je le saurai plus tard, n'était pas aussi gros qu'il était dur. Ce fut comme une lame irrépressible qui entra en moi. Il s'en suivit trois coups de reins aussi durs que le premier, et c'en fut fini. Le mâle se retira sur un matelas qui trainait au sol. Je me trainais jusqu'à la porte et cognais pour qu'on m'ouvre. Thierry était mort de rire et le frangin décomposé. Outre les douleurs invisibles, j'avais le nez qui saignait, des bleus de la forme des mains du mâle imprimés sur mes côtes. Je bavais.
Le frangin m'attira dans la salle de bain en s'excusant. Il épongea mon nez et passa un coton imbibé d'arnica sur mes blessures. Je dois dire que maintenant encore, l'odeur de l'arnica me fait bander.
J'essayais de le rassurer en lui disant que c'était OK, que j'étais pas une mauviette et que j'assumais mes décisions. Il n'avait pas à s'excuser. Je savais que Thierry, qui rigolait toujours, n'allait pas s'excuser lui. Je trouvais le frangin touchant. Ce devrait être la première fois que son hétérosexualité passait de la pomade sur un corps de mâle.
Il nous proposa de boire un verre, mais il n'avait que du porto. Nous on était plutôt bière, mais on but le porto puis nous partîmes.
On était presque arrivé chez moi que Thierry gara sa moto dans un coin sombre. "J'en peux plus" dit-il. Il me fit courber sur la selle, baissa mon jean, et me pénétra aussi violemment qu'il pouvait. À peine une chatouille comparé au mâle.
Trois jours plus tard mes bleus étaient jaunes. Le téléphone sonna, c'était le frangin qui voulait encore s'excuser - "malgré qu'il avait payé" ce qui me permit d'appendre que ce chien de Thierry m'avait commercialisé- et me remercier parce que son frère semblait plus calme. Il commençait à m'agacer alors je lui ai dit que "pas de problème c'est quand il veut". Cela le surprit, le prit de court. Quinze minutes plus tard il me rappela pour savoir si j'étais sérieux.
Le samedi je me rendis dans le pavillon en RER sans prévenir Thierry. J'avais mis plus de lubrifiant. Le frangin m'accueillit. Il me donna 500 francs, que je n'ai pas refusé, car on tirait, aussi, le diable par la queue.
Je me désapais et entrais dans la chambre du mâle. Il approcha et se mit à ricaner d'une belle voix grave. Je me prosternais à ses pieds en les couvrant de baisers. Cette attitude de totale soumission calma son rire. Je m'attendais à une nouvelle raclée, mais il me souleva avec précaution et m'emmena sur le lit. Là, il mit mes jambes sur ses larges épaules et, très lentement, entra en moi. Ses yeux resplendissaient de bonté et la peur céda devant la confiance. Doucement, presque centimètre par centimètre, il pris possession de moi. Le délicieux supplice dura plus de deux heures et j'étais en érection. Mon sperme s'écoulait goutte à goutte, comme si les muscles qui d'habitude l'éjectait avaient renoncé à jouir. Je jouissais portant, par vagues multiples. C'est peut-être ça l'orgasme des femmes. Le mâle se soulagea sur mon visage et j'obtins enfin la liqueur fade et sucrée qui me remplit de joie.
Il s'endormit et je sortis ému. Le frangin s'étonna de la durée. Il avait préparé l'arnica que je me mis à sniffer pour le plaisir.
Nous bûmes un porto.
Comme ma prestation était efficace pour calmer le mâle, le frangin prit un contrat sur base hebdomadaire.
J'ai déménagé sur Lyon quelques mois plus tard. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus.
Brave
hbrave@proton.me