Je remercie les lecteurs qui m’ont encouragé à récidiver, avec cette seconde histoire vraie.
Voilà une rencontre amoureuse gravée dans ma mémoire, dans le contexte de la coupe du monde de football au Brésil, en 2014. Le foot et moi, c’est une longue histoire. Trop maladroit ballon au pied, j’ai dû cesser de jouer, dès mes 12 ans. Pour autant, j’ai continué à suivre l’équipe de mes copains, jusqu’en 1985, pour me rendre utile et mater dans les vestiaires. Aujourd’hui, à 63 ans, je reste amateur des beaux matchs et des beaux footballeurs, je vous l’avoue.
Ce 26 juin 2014, je me trouve à Paris, pour un séminaire professionnel de 3 jours, incluant donc 2 soirées et 2 nuits à l’hôtel, en célibataire. Vers minuit, je quitte le quartier du Marais, n’y ayant fait aucune rencontre concluante.
La ligne 1 du métro est peu fréquentée. J’entre au niveau d’un jeune beur qui m’évoque d’emblée Adil RAMI en début de carrière, donc sans la barbe, comme dans les « dieux du stade 2011 ». Sans réfléchir, je m’assieds à un siège de distance du beau gosse, car d’instinct, il m’inspire confiance. À peine assis, il me dit « Bonsoir ! » avec un sourire engageant, c’est si rare dans le métro. En me tournant vers lui pour lui répondre, je vois qu’il porte le maillot de l’équipe nationale d’Algérie qui a joué ce soir son second match contre la Russie. Mon voisin, que j’appellerai Mourad, m’informe alors du résultat : un match nul 1 / 1, synonyme d’une première qualification en huitièmes de finale. Pour les « Fennecs », c’est historique. Mais Mourad supporte aussi les bleus, car il est franco-algérien.
Comme le garçon est bavard, je le presse de questions et j’apprends qu’il est coach sportif, après avoir seulement amorcé une carrière de footballeur de haut niveau, dans un grand club de l’est de la France, il y a une dizaine d’années.
À la station suivante, 4 jeunes s’installent bruyamment, juste en face de nous : quel dommage ! Je décide alors de me déplacer sur le siège laissé libre entre Mourad et moi, pour nous permettre de nous écouter… et de nous rapprocher, bien sûr. Aussitôt, avec beaucoup de délicatesse, Mourad glisse sa main droite sur ma main gauche, posée sur le bord du siège.
Rapprochement réussi : nos doigts se croisent, tendrement. Et nous échangeons nos plus beaux sourires. Tant pis si les jeunes, en face, s’en offusquent : nous sommes déjà ailleurs. Mourad me glisse à l’oreille : « On descend marcher un peu ? ».
Ma soirée va jouer les prolongations, sur les quais de Seine plongés dans la pénombre, avec un romantisme qui sied parfaitement à notre relation naissante. Mourad m’a fait sortir du métro, assez loin du petit studio qu’il loue (et de mon hôtel). Choix délibéré, pour nous donner le temps de nous apprivoiser, avant de faire l’amour, dans l’écoute et le respect réciproques.
Notre conversation se diversifie. Mon nouvel ami cherche à me connaître et je me dévoile volontiers. Il m’explique alors son affection pour les daddys comme moi et je vérifie que nous partageons les mêmes valeurs.
Je n’ai encore jamais suivi un homme à son domicile dès la première rencontre : quelle imprudence, ne m’imitez surtout pas, mes jeunes lecteurs ! Mais en l’espèce, tout me donne confiance.
À l’approche de son appartement, Mourad me demande de rentrer quelques minutes après lui, en me confiant le code d’accès de l’immeuble. En effet, il n’aimerait pas devoir faire son coming out auprès de sa jeune voisine du dessous qui semble s’intéresser à lui, m’avoue-t-il : Mourad serait-il bisexuel ? Peu m’importe. Son souci de la discrétion, ce n’est pas moi qui vais le contrarier.
Je pénètre dans un studio propre, mais vraiment très encombré. Nul n’est parfait. Je chambre gentiment : « On ne peut pas draguer les daddys et ranger son appartement ! » Mourad m’offre un verre, me fait asseoir sur un coin de son lit où il me rejoint très vite. La suite est attendue mais délicieuse : baiser profond, effeuillage réciproque, fellations, 69, avant une sublime sodomie proposée par mon amant… et que j’ai exceptionnellement acceptée, malgré les mensurations de son pénis, dignes de la réputation de son ethnie. Mon coach sportif m’initie à une position acrobatique que je ne connaissais pas. Il n’y a pas d’âge, pour apprendre. Je me retiens de crier, en pensant à la voisine, mais le plaisir est intense. Car Mourad a soigné les préliminaires, pour me pénétrer avec douceur et patience, en me chuchotant des mots d’amour : un seigneur !
Bien sûr, nous concluons nos échanges par un long câlin au cours duquel nous convenons de nous revoir, lors de mon prochain séminaire parisien, si possible.
Vers 1 h 30, je finis par rentrer à l’hôtel, épuisé, mais heureux.
Vous savez la signification de « Mourad », en langue arabe ?...
« Désiré ».
Patrick
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