Premier épisode | Épisode précédent
Tout d'abord je tiens à remercier tous ceux qui m'ont écrit pour me faire part de leur avis sur cette histoire. Je précise une nouvelle fois qu'il s'agit d'une histoire vraie, qui remonte à deux ans (j'en avais 22 à l'époque). J'essaie de répondre à tout le monde, merci à tous !
C'est au début de l'été que notre histoire a connu son premier tournant. S. avait fini ses études et allait rentrer chez lui, à Nice. Quant à moi je devais poursuivre mes études dans la région et je ne pouvais pas envisager de le suivre.
Début juin nous nous sommes vus pour la dernière fois dans son petit studio avant son déménagement. Je ne pouvais pas l'y aider, car ses parents allaient venir, et ils ne savaient pas que leur fils aimait les hommes, et comme il n'avait jamais parlé de moi, je ne pouvais pas me faire passer pour un pote ^^
Il a quitté Lyon le 6 juin, juste au début de ma période d'exam. Pour combler la distance, j'essayais de l'appeler le plus souvent possible, mais comme il avait son concours, il ne répondait pas toujours.
Lors des épreuves, je faisais en sorte de mettre mon réveil super tôt pour pouvoir lui envoyer un message d'encouragement qu'il trouverait au réveil. J'espérais que cela lui faisait plaisir.
Pendant qu'il était en exam, si j'étais moi-même dispo, je lui envoyais toute sorte de commentaires, des délires débiles, des mises en situation. L'idée étant qu'en sortant de plusieurs heures de stress, il trouve ces petites blagues et que cela lui donne le sourire même dans l'éventualité où l'épreuve se serait mal passée.
Son concours s'est terminé et nous avons recommencé à parler par messages, nous appelant quand c'était possible, même si je tombais souvent sur son répondeur. J'admets que cela me peinait un peu, et j'avais plus de mal à me concentrer sur mes propres épreuves.
En me réveillant le matin avant un exam, je ne trouvais pas de mot sur mon téléphone, ni aucun en sortant des épreuves, où alors, juste un " coucou bien dormi ? ".
Je n'avais pas fait tout cela pendant son concours forcément dans le but qu'il me rende la pareille, mais j'étais quand même un peu déçu de son manque d'intérêt...
Le 22 juin, la veille de ma dernière épreuve, j'étais en train de lui écrire quand j'ai reçu :
- Renard, il faut que je te parle.
Je ne sais pas vous, mais quand je reçois ce genre de message, je me dis que ça sent mauvais pour la suite.
- Oula je le sens mal, répondis-je. Qu'est-ce qui t'arrive ?
- Je ne voulais pas te le dire avant la fin de tes exams, mais je peux pas garder ça pour moi plus longtemps...
- Vas-y crache là ta pastille...
- Hier je suis allé en ville avec le groupe de master.
(précision, il avait rencontré son ex à la fac, donc groupe de master signifie S. + son ex + une ou deux filles).
- Et ?
- À un moment, les filles sont allées acheter un cadeau pour leurs mecs, et je me suis retrouvé tout seul avec M. (son ex) Et ça a dérapé.
J'ai senti mon sang se geler dans mes veines. Comme si on m'avait versé un seau d'eau glacé sur le corps.
- Déraper comment ?
- Un bisou.
Bon... je m'attendais à pire, mais ça ne m'a pas fait sautiller de joie pour autant.
- Je vois.
- Si tu veux me quitter, je comprendrais, tu sais...
Alors celle-là... on avait eu plusieurs discussions sur l'infidélité au moment où on avait décidé d'arrêter la capote. Je lui avais dit que, de mon point de vue, chacun a droit à l'erreur, même si tout dépend du contexte. Je savais en revanche que de son point de vue, je n'avais droit à aucun écart. S'il avait couché avec M. même son Joker n'aurait pas suffi, mais pour un baiser...
- Je ne vais pas te quitter pour ça S. est-ce que j'ai de la peine ? Oui. Je suis déçu ? Aussi. Je pensais que tu avais tiré les choses au clair avec lui. Je ne vais pas te quitter, mais considère que tu as utilisé ton droit à l'erreur.
- Je me sens tellement mal Renart... je sais plus où j'en suis... je sais plus ce que je veux...
- Attends tu me fais quoi là ?
- Nous deux... je sais plus. Je crois que j'ai besoin d'être seul et d'y réfléchir. Mais t'inquiète, si j'arrête avec toi, ce ne sera pas pour me remettre avec lui.
Non, mais je rêve ! Il y a deux minutes il me demandait de pas le quitter, et voilà que c'est lui qui veut partir...
- Je vois. Je vais te laisser réfléchir alors, il faut que je révise.
- Je suis désolé Renart... je t'appelle demain soir pour te dire.
Bien sûr, et moi entre temps, je suis censé faire quoi ?... Ça, c'est typiquement le genre de situation qui me gonfle... Je lui ai dit OK et j'ai arrêté de lui parler.
Le lendemain, j'avais un oral, que j'ai complètement foiré, je n'avais pas du tout la tête à " l'évolution de la société entre la 3e et la 4e République ". Je n'en avais même clairement rien à foutre.
Le soir, j'ai tourné en rond comme un fauve en cage jusqu'à ce qu'il m'appelle. Il a commencé sa discussion sur des banalités, savoir comment c'était passé ma journée... Je l'ai coupé direct.
- Mal, qu'est-ce que tu crois. Alors ?
- J'ai bien réfléchi, et je pense que ce serait dommage de gâcher ces mois qu'on a passés ensemble. C'est notre premier accroc en 5 mois, on peut largement faire face, non ?
- Je suis ravi de te l'entendre dire !
La discussion s'est rapidement détendue, nous avons parlé de M. du fait que jusque là j'étais plutôt open par rapport à lui, mais que désormais, même pas en rêve. Je me levais tôt le lendemain pour partir à un weekend en famille, mais je m'en foutais, j'aimais entendre sa voix, son rire.
Lorsque nous avons raccroché, j'ai fini de préparer son colis.
L'anniversaire de S. tombait le mardi (nous étions vendredi soir) et je ne pouvais bien évidemment pas être avec lui pour l'occasion, je déménageais le même jour. Je lui avais donc préparé un colis contenant une lettre, une peluche, et d'autres bricoles et conneries du style " bon pour un massage ". Je m'étais grillé en lui demandant son adresse, mais il avait trouvé ça mieux. Ses parents n'étant pas au courant, il voulait intercepter le facteur pour éviter tout soupçon (paranoïaque le garçon, mais bon...).
Je finalisais donc son paquet pour le poster le lendemain de sorte qu'il arrive le jour J.
Son cadeau, son vrai cadeau, resterait en revanche avec moi jusqu'à ce qu'il vienne le chercher.
Le lendemain matin, je lui ai envoyé un petit message assez joyeux pour relancer les choses sur une note positive avec ce sombre, mais (heureusement) court épisode. Alors que je m'apprêtais à partir avec ma famille, je reçus la réponse de S.
- Renart... j'ai réfléchi toute la nuit et je pense qu'il vaut mieux qu'on arrête. Je ne me sens pas prêt pour une relation à distance, je ne sais pas ce que je veux. Je suis perdu. Je suis désolé, je sais que tu voudrais continuer, mais avec ce qui s'est passé, j'ai trop de doute. Et il y a cette histoire par rapport à M. Ne m'en veut pas s'il te plait.
De colère, je restais figé, sentant mon sang refluer de mon visage. Ma main serrait mon téléphone à tel point que j'en avais mal. C'est à ce moment que j'entendis la voix de mon frère.
- T'es blanc comme un cul... ça ne va pas ?
Je secouais lentement la tête.
Non, ça n'allait pas...
Renart
renartraner@gmail.com
Autres histoires de l'auteur : M | Incipit | L'éveil du Renart | Nils | Gabriel | Tony | Détente au Sun City