Premier épisode | Épisode précédent
8 | Mais où donc est passé Nikkotine?
Enguerrand : « docteur Enguerrand Tissier, j’écoute »
Moi en pleurs
Moi qui sanglote
Enguerrand : « allo? Parlez. Je vous écoute »
Moi : mon Titi, c’est moi, c’est Nikkotine »
Enguerrand : « ouf, c’est toi. Tu es con. Tu m'as fait peur. Suis de garde cette nuit. Tu viens me tenir compagnie? »
Moi : « non pas vraiment. Suis très mal. J’ai très mal. »
Moi : « Titi, j’ai quitté Tymael. Je l’ai éjecté de ma vie. »
Enguerrand : « je comprends un mot sur deux avec tes sanglots. Que s’est-il passé? »
Moi : « il préfère sa famille à moi. Il considère sa famille comme sa véritable famille. Moi, je suis bon à être caché sous son lit comme une vulgaire poussière »
Enguerrand : « Tymael t’avait pourtant promis de projeter votre couple sous la lumière pas trop tard dans le temps. C’est vrai que beaucoup de mois se sont écoulés depuis cette fameuse promesse qu’il t’avait faite. Je ne te donne pas tort.
Enguerrand : « promets-moi de rouler tranquille. Je t’attends. Viens à la maison. Allez. »
Enguerrand : « Nikkotine? Merde, Nikkotine? Réponds moi!»
J’avais raccroché. Enguerrand a appelé et appelé. Je l'ai laissé sur ma messagerie. Tymael aussi d’ailleurs.
Je mets mon casque. Je vais aller rouler. Pour anesthésier ma douleur.
Oui, pour anesthésier cette putain de douleur.
J’ai mal au cœur.
Je ne mérite peut-être pas d’être officiellement l’amoureux du docteur Tymael Volker?
Je ne suis peut-être pas un être aimable?
Je roule à vive allure. Il n'y a pas un seul véhicule sur ma file de circulation. Tout à coup, des phares m'éblouissent. j'ai juste le temps de voir fondre sur moi un véhicule qui roule à tombeau ouvert à contresens. Des phares. C'est tout ce dont je me souviens. J'essaie d'esquiver. En vain. Quelqu’un klaxonne. Je tombe. Je glisse. Je file. Je me faufile. Non, je passe par-dessus un capot, un capot de voiture. Je me soulève. Je prends machinalement une cigarette. Je demande du feu à un passant. Je soulève mon bras, le sang coule, je m'évanouis à la vue du sang. J’ai si mal. Je suis là , mais je ne suis plus là. Je suis parti loin, très loin. C’est tout blanc. Je ne vois plus rien. J’entends du bruit, beaucoup de bruit, un brouhaha diffus. Puis plus rien. Au loin, j'entends des sons comme des bip bip bip. C'est continu. C'est rassurant.
Sur moi, mes papiers militaires. Nom. Prénom. Date de naissance.
À mon poignet, une série de bracelets entrelacés. Sur l’arrière de l'un d'entre eux, une inscription personnelle. Deux prénoms . Un cœur. Tymael et Nikolas. Sur un autre très ancien figure l'inscription Enguerrand et Nikolas in love.
Sur moi également, une carte de donneur d’organes.
Pendant ce temps-là. Ni Enguerrand, ni Tymael ne le savent, mais je viens d'avoir mon accident de moto et j'ai perdu connaissance bien avant mon arrivée des services d'urgence.
J'ai sûrement dû atterrir dans un hôpital militaire de la capitale eu égard à mes papiers militaires et mon grade.
Tymael et Enguerrand commencent à s'inquiéter. Mais cela, je ne le sais pas.
TYMAEL
Appel entrant d’´Enguerrand : « Salut Tymael, j’ai eu Nikkotine au bout du fil. Je ne peux pas rester longtemps avec toi. Je suis de garde ce soir. Ma ligne doit être libre.»
Enguerrand : « Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans la façon de réagir de Nikko? Tu as un sérieux problème, mec. Je t’avais mis en garde!
Je t’avais supplié de ne pas continuer à le voir si c’était pour le rendre malheureux soigneusement caché par tes soins pour que tes parents et ta famille ne découvrent ton homosexualité! Cela fait plus d'un an que vous vivez ensemble. Pourquoi le fais-tu souffrir autant?»
Enguerrand : « Il vient de m’appeler. Il était en pleurs! Mon Nikkotine, c’est un dur à cuire. Il n’est pas pour rien dans les forces spéciales élites! Tu sais ça hein? Son métier, il le fait sans état d’âme. Il verrouille tous ses sentiments. Enfin il verrouillait tous ses sentiments jusqu’à ce qu’il t’ouvre la voie de son cœur . »
Enguerrand : « La seule et dernière fois où je l’ai vu pleurer c’était quand son père l’a fichu dehors. Et toi, plus de 17 ans après tu arrives à le faire pleurer? Tu as vraiment un problème! »
Enguerrand : « Il t’avait dit qu’il était d’accord que personne ne soit officiellement au courant pour vous dans ta famille pour quelques semaines, quelques mois mais pas plus. Vous aviez un contrat moral à ce sujet. Crois-tu qu’il mérite de continuer de souffrir? Crois-tu qu’il mérite d’être malheureux éternellement ? »
Enguerrand : « Il était en pleurs Il m’a dit que tu avais encore choisi de l’écarter de ton week end familial.Encore une fois a-t-il répété . »
Enguerrand : « J’ai compris qu’il avait quitté votre, enfin ton appartement, je devrais dire. Et surtout qu’il était à moto. Pourquoi l’avoir laissé partir à moto dans cet état? J’ai juste eu le temps de lui demander de ne pas faire de connerie à moto et qu’il fallait qu’il vienne dormir chez moi. »
Enguerrand : « Il m’a dit qu’il t’avait quitté. Il a marmonné un d’accord pour venir dormir chez moi cette nuit. Il a raccroché.»
Enguerrand : « Depuis il est injoignable . As-tu eu des nouvelles. Que je suis con! Comme s’il allait te donner de ses nouvelles!»
Enguerrand : « je t’aime bien. Mais là,mon ami, tu as merdé. Achète-toi une paire de couilles. Affronte ton père, ou tu le perdras pour toujours. Prends tes responsabilités.Tu n’as plus ni 15 ni 20 ni 30 ans. Merde. Tu en as 35! Lui aussi aura bientôt 35 ans et il rêve d'autre chose qu'une relation étriquée dans un appartement!»
Enguerrand : « que comptes-tu faire au sujet de Nikkotine? Tu le laisses te quitter sans te battre? Tu pars chez tes parents ce soir comme si ne rien n’était? »
Tymael : « je vais faire le tour de tous nos amis. Je vais aller dans ses endroits préférés. Je vais essayer de l’avoir au téléphone. Je vais essayer de réparer s’il veut toujours de moi, de nous. »
Enguerrand : « si tu veux mon avis, tu perds ton temps à faire le tour de vos amis. Son seul confident, tu le sais, c’est moi. »
Tymael : « en fait Nikko et toi n’avez jamais cessé de vous aimer, hein? »
Enguerrand : « ce que tu peux en tenir une couche,mec! Nikkotine et moi, c’est à la vie à la mort. On a traversé ensemble de multiples épreuves. Nous nous sommes épaulés. Oui nous nous aimons mais pas du même amour que deux amoureux. Nous sommes soudés comme les deux doigts d’une main. Comme deux frères. Nous sommes tout l’un pour l’autre. »
Tymael : « donc j’ai raison »
Enguerrand: « ce que tu es con! Tu m’as ecouté? Non! Nous ne nous remettrons jamais ensemble. Mais nous serons toujours là l’un pour l’autre.
J’ai trouvé l’équilibre et l’amour véritable de nouveau avec mon copain. Et Nikkotine, lui, il t’aime de fou. Prends les bonnes décisions. Et vite, ou tu le perdras »
Tymael : « oui je sais tout ça. Tu as raison pour votre amitié fraternelle indéfectible. »
Enguerrand : "Nikkotine n'est pas un mec qu'on met de côté. Nikkotine, c'est le genre de mec avec qui tu te maries quand tu tombes sur une pareilles perle! Alors tu te débrouilles comme tu veux, mais tu lui fais tes exc uses et tu répares les dommages. "
Enguerrand : "Je dois te laisser. L'hôpital militaire est en signal d'appel. Et je te rappelle que je suis de garde toute la nuit. Je sens que la nuit va être longue. Tiens-moi au courant dès que tu as des news pour Nikkotine. Je ferai de même de mon côté.»
ENGUERRAND
Je raccroche après avoir écourté ma conversation avec Tymael. Je prends l'appel de l'hôpital.
Voix de femme au téléphone : "Docteur Tissier, c’est l’infirmière de garde. Nous venons d'admettre un patient qui appartient aux effectifs militaires. Son pronostic vital n’est pas engagé. Mais il n’est clairement pas en mesure de communiquer avec nous. Le patient a perdu conscience lors de l'accident dont il a été victime. Nous avons besoin que vous veniez immédiatement à l'hôpital pour examiner ce patient."
Enguerrand : " Ok. Je serai là dans cinq minutes. prévenez le bloc au cas où il serait nécessaire de l'utiliser."
L'infirmière de garde :"D'accord, Docteur Tissier. je préviens le personnel du bloc. Par contre, j'ai autre chose à vous demander."
Enguerrand : "Allez-y. Je vous mets en main libre. Je vous écoute."
L'infirmière de garde : "Comme il avait ses papiers militaires sur lui, nous avons eu accès à son dossier militaire. On y a trouvé les coordonnées de ses parents. Mais sur le dossier, figure une note confidentielle. Il a clairement exprimé le souhait que ses parents ne soient prévenus sous aucun prétexte en cas de soucis médical dans le cadre de ses fonctions militaires comme dans sa vie personnelle. Il est porté dans le dossier qu’il faut prévenir son médecin traitant. J'ai bien essayé de prévenir ce médecin traitant mais lsa messagerie est pleine. J'appelle ses parents du coup?."
Enguerrand : " Surtout pas. Si ce gradé a spécifié que non, alors c'est qu'il a ses raisons et c'est non. Réessayez de joindre ce médecin qui le suit. Si vous n'y arrivez pas, tenez-moi au courant. J'aviserai."
L'infirmière de garde :"Merci docteur. A tout de suite."
Enguerrand : "yep. A tout de suite. Je suis au parking."
L'infirmière de garde retente sa chance plusieurs fois; Elle tombe enfin sur la mesageraie du Docteur Volker"
L'infirmière de garde : "Bonsoir Docteur Tymael Volker. Je vous appelle parceque vous figurez sur la fiche de contact d'un patient gradé qui a été admis il y a une dizaine de minutes aux urgences de notre hôpital militaire. Son pronostic vital n'est pas engagé. Mais quand il nous a été amené, il était sans connaissance. le médecin de garde a été prévenu et vient d'arriver. Merci de me rappeler quand vous aurez ce message".
TYMAEL
Enguerrand et moi avons raccroché. j'ai appelé tout le monde à la recherche de Nikkotine. Des amis ont rappelé en nombre sur mon mobile. Ma messagerie est saturée. Mais pas de nouvelles de mon Nikkotine.
Je suis fou d’inquiétude du coup de ne pas savoir où est passé Nikkotine.
Moi : « allo »
Elle : « bonjour Tymael ! »
Moi : « bonjour maman »
Maman : « tu as une voix pincée. Tout va bien? »
Moi : « tu peux mettre papa sur haut parleur? »
Maman : « bien sûr, mon grand. »
Papa. : « ok on écoute. Tu nous inquiètes. Que se passe-t-il, mon grand ?»
Moi : « je voudrais vous présenter ce week end la personne qui partage ma vie et que j’aime. »
Mes parents en chœur : «. Chouette ! Tu nous la présentes quand? »
Moi : « je voudrais vous le présenter rapidement pour officialiser les choses entre lui et moi de façon claire vis-à-vis de vous »
Mes parents en chœur : « ah c’est un il, un lui? Un garçon? »
Moi : « oui, c’est un homme. Il se prénomme Nikolas Lazlo. Il vous plaira. J’en suis sûr. »
Un silence du côté de mes parents. Je stresse. Ils ne disent plus rien. Je les entends chuchoter.
Mes parents : « bon c’est une surprise clairement,mon grand. Mais c’est ton choix de vie. Tu nous le présentes quand ton amoureux ? »
J’ai un sourire béat. Ils ne m’ont pas rejeté comme je le craignais.
Moi : « dès que j’arrive à lui mettre la main dessus.»
Mes parents : « quoi ?»
Moi : « je me comprends. Je vous rappelle ce week end. Merci merci merci pour votre ouverture d’esprit. »
Mes parents : « en fait Tymael, tu es notre fils. Que tu aimes une fille ou un garçon. Même si c’est une surprise pour nous, nous ne pouvons pas te le cacher. »
Nous raccrochons. Il faut que j’arrive à retrouver mon Nikko pour lui dire que j’ai été enfin courageux. Son amour pour moi et mon amour pour lui méritaient que je trouve le courage de faire cela.
Mais où est mon Nikkotine?
Voilà, ça y est. J'ai enfin mis en lumière mon amour pour mon Nikko auprès de mes parents. Est-ce que Nikko acceptera de revenir vers moi? Il faut que nikko refasse surface.
Où es-tu mon Nikkotine?
Sasha Minton
sasha.minton2019@gmail.com
Soyez créatifs et imaginatifs! Ne pillez ni mes textes ni ceux des autres! J'adore avoir vos retours concernant les histoires que je poste. A vos claviers.
Autres histoires de l'auteur :