Premier épisode | Épisode précédent
C'est en sentant la fraicheur dans le dos que je me réveillais, où étais-je ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Le décor n'est pas celui de ma chambre.
- Bonjour Séb, bien dormi ?
- Euh... Bonjour... Thibaud ? Mais je suis où ???
- Tu es resté dormir ici cette nuit, moi il y a longtemps que je n'avais pas si bien dormi. Lève-toi, le petit déj' est servi.
En arrivant à la table où tout était bien prêt, la tête comme tous les matins...
- Tu as bien dormi Séb ?
- Humm bof... C'était bizarre.
- Pourquoi donc ?
- J'dors seul normalement, alors avec un garçon, euh, très bizarre, vraiment.
- Ah oui, j'comprends. Moi j'ai vraiment super bien dormi.
- Ça je n'en doute pas, vu comme tu as ronflé... j'ai voulu partir, impossible...
- Partir ?
- Oui, aller dans ta chambre d'amis... mais tu me tenais tellement fort contre toi, impossible de bouger. Je me suis posé plusieurs questions sur toi d'ailleurs.
Thibaut se leva. Je me retrouvais seul à table, finissant mon déjeuner.
Alors que je m'approchais de la fenêtre avec cette superbe vue sur la ville, il revint, et commença à ranger la table, et faire la vaisselle. Je proposais mon aide qu'il refusa, me laissant tout le loisir de contempler la cathédrale. Vraiment, cet appartement ne me convenait rien que pour sa vue. J'en étais presque jaloux.
Thibaut m'appela alors :
- Tu peux venir Séb ?
- Oui, où es-tu ?
- Dans la chambre.
Il était à côté du lit, et me montrant le drap, on refit le lit.
Après avoir refait le lit, il s'approcha de moi et se mit derrière moi et m'enserra dans ses bras. La sensation était encore une fois étrange, mais je reconnu secrètement que, une fois dans ses bras, je me sentais en sécurité, protégé.
Je pris ensuite congé, en lui disant à ce soir, au groupe littéraire.
Toute la journée, je n'ai pu m'empêcher d'essayer de comprendre ce qu'il s'est passé cette nuit et ce matin encore. Qui est ce Thibaut ? que me veut-il ? Pourquoi ai-je dormi avec lui cette nuit ? Pourquoi m'a-t-il serré dans ses bras avant que je parte ? Je ne pouvais mettre de côté le fait qu'il fût adopté, un lourd secret pour lui, mais qu'attend-il de moi ? L'aider pour qu'il se sente à l'aise au groupe littéraire, ok ! Mais je ne suis pas psy, ou assistant social. Mais le fait de me sentir bien dans ses bras me perturbait aussi. En repensant à ses bras forts, développés, je surpris un début d'érection dans mon pantalon. Mais que m'arrive-t-il ?
Un message d'Antoine me sorti de mes questions " Alors, cette soirée avec Thibaut, tout s'est bien passé ? Tu peux venir un peu plus tôt ce soir, j'aimerai te parler "
Arrivé avec 30 minutes d'avance, je retrouvais Antoine.
- Ah salut Sébastien, merci d'être venu !
- Salut Antoine !
- Il faut qu'on parle.
- De ?
- De Thibaut... T'a-t-il parlé ?
- Ah, ton fils adoptif...
- Alors, il t'a parlé... Je suis content qu'il ait réussi à s'ouvrir à quelqu'un.
- ...
- Tu ne dis rien Sébastien ?
- Le choc fut rude à encaisser.
- Oui, je comprends.
- Et, Antoine, j'aurais préféré que tu m'en parles avant.
- Pourquoi ?
- Je n'aurai pas été bouleversé hier soir, au point de ne pas pouvoir rentrer chez moi.
- Tu ... tu as dormi chez Thibaut ?
- Oui... Qu'est-ce qu'il ronfle !!!!!
- Tu as vu, un superbe appart, non ?
- Ah ça oui Antoine, une vue sur St Etienne, j'en suis jaloux, j'avoue. J'serai bien resté toute la journée juste pour contempler cette vue du la ville.
- Tu pouvais ?
- Antoine... une nuit pas chez moi, ok, mais j'ai aussi une vie, et même si mon regard sur Thibaut a changé entre la semaine dernière et aujourd'hui, je ne suis pas psy !
- Merci pour tout ce que tu as fait pour lui, il ne l'oubliera pas, il ne t'oubliera pas.
Les autres commencèrent à arriver. Thibaut encore timide vint vers moi, me serra la main comme si on ne s'était pas vus depuis la semaine dernière.
- Salut.
- Salut, tout va bien ?
- ...
- Ok Thibaut, passe une bonne soirée.
La soirée se passa à merveille, discrètement, j'écoutais le groupe de Thibaut pour m'assurer qu'il n'était pas " hors course ", et les commentaires que j'entendais me rassurèrent. Il avait récité quasi mot pour mot le résumé du livre qu'il m'avait fait, et les autres lui donnèrent des conseils pour les prochains livres.
De retour chez moi, je reçu encore un SMS, de Thibaut cette fois : " Merci Séb pour tes encouragements, le temps que tu as passé avec moi, et d'avoir gardé mon secret. J'aime quand tu es dans mes bras. Désolé d'avoir été muet ce soir, je ne suis pas très à l'aise encore, tu sais. Thib ! " auquel j'ai répondu " Bonne nuit. "
Le nouveau livre à lire est Le livre des nuits de Sylvie Germain. L'image de la page de couverture ne m'inspire rien de très vivant. Qui a bien pu proposer ce livre ? Faudra que je demande à Antoine à l'occasion.
Cet Antoine, quel cachotier... Mais j'ai peur d'en apprendre encore d'autre sur lui, sur Thibaut, un simple présentiment. Quelque chose me dit que je n'en ai pas fini avec eux.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que ma nuit fut étrange...
J'ai eu froid une bonne partie de la nuit, alors qu'il fait plus chaud que la nuit dernière. Des rêves particuliers, des envies, des cauchemars, bref, tout sauf reposante cette nuit.
Au réveil, après la douche, il fallait aller travailler, et un regard sur le portale, pas de messages, j'ai eu envie d'appeler Thibaut. Je tombais sur son répondeur : " Salut Thibaut, j'espère que tu vas bien. J'ai relu ton message, et merci à toi pour ta gentillesse. Je te souhaite une bonne journée, ciao. "
J'éteins mon portable, et une fois au boulot, mon patron me demanda de le suivre, un colis était arrivé pour moi ici. Ma surprise fût grande, qui aurait pu m'envoyer un colis au taf et pas chez moi ? Prenant ce colis, le mettant dans mon casier, je pris mon service sans avoir eu le temps d'ouvrir ce " cadeau ". Ma longue journée était enfin achevée, et ce n'est que de retour au casier et en l'ouvrant que je me souvins de ce colis... qui avait pu m'envoyer ça, ici ??? J'ouvrai enfin le colis pour y découvrir un ?? une espèce de cache pot vert pomme, sans un mot, sans expéditeur... très étrange.
De retour chez moi, je téléphonais à ma famille pour savoir si ce " cache pot " venait d'eux... Mais non ! Je me suis préparé un petit repas, et puis sans même regarder le livre, je me suis endormi.
Au réveil, j'avais un SMS de Thibaut : " Salut, as-tu commencer le livre ? J'aimerai bien encore qu'on puisse échanger dessus tout les deux avant la soirée littéraire. Dis-moi ce qui est possible pour toi. Thib'. " je répondis " Pas commencer encore, je travaillais hier ! On peut refaire la même soirée, mais c'est toi qui vient chez moi cette fois-ci. A plus. " Et Thibaut de me répondre " Ok, où vis-tu ? "
C'est ce soir que Thibaut vient parler du fameux livre... j'avais aussi préparer le repas pour que ce soit aussi sympa que chez lui, et c'est vrai que sous son air timide, y'a un vrai mec qui je dois bien avouer est sympathique. 19h, le voici, ponctuel !
- Monte, c'est au 1er.
- Ok
J'ouvris la porte tout en me rendant dans le salon pour y déposer les biscuits apéro que je venais d'ouvrir.
- Entre, ne te fais pas désirer, et bienvenu chez moi.
- Merci Séb. Ah sympa ton appart aussi. Mais bon, j'avoue que la vue est bof...
- Oui, ça va !
- Oh te fâche pas... j'essaie de me détendre.
- Pardon, oui, ma vue ne vaut pas celle de ton appart.
Et on s'installa sur mon canapé, prêt à discuter de ce livre.
- Comment, en un mot, tu décrirais ce livre Thibaut ?
- Facile, je dirais " MORTEL ".
- Mortel ?
- Oui, toutes les pages, il y a un mort, c'est impressionnant, pire que durant la guerre.
- Ah oui, c'est vrai.
- Et que penses-tu des histoires d'amour ?
- Y'en a plein aussi... un vrai coureur de jupons, avec son truc à l'oeil, c'est flippant par moments.
- Tu as eu peur ?
- Peur, non, mais pas très à l'aise oui.
- Ah dommage que j'étais pas là pour te rassurer...
Pourquoi me dit-il cela à ce moment précis ? que cherche-t-il ?
- Pour me rassurer ? Thibaut ? Qu'est ce qui te prends ?
- ...
- Allo ???
- Rien, désolé, j'avais cru un moment que ...
- Que quoi ?
- Que ... bein tu sais... quand tu étais dans mes bras l'autre nuit, j'ai super bien dormi, et j'ai cru que tu t'y sentais bien toi aussi...
Ah mince, que répondre à cela ??? dire non, ce serait mentir, et le faire fuir, alors que l'on commence à bien s'entendre, il lâche prise de plus en plus... Mais dire oui, impossible aussi, je ne pense pas être homosexuel, les mecs, ça ne m'a jamais attiré, même si dans sa dernière étreinte, je me suis senti comme enveloppé d'une douceur et une sincérité qui ne m'ont pas laissé de marbre.
- Thibaut, je ne suis pas homo. Je n'ai pas de copine pour le moment, mais les hommes, non... Je reconnais que dans les bras, après avoir refait ton lit, je m'y suis senti comme " protégé ", mais n'attends rien de ma part quand à être amoureux de toi.
- ...
- Désolé Thibaut si je suis un peu dur avec toi.
- Pas grave, je comprends...
- Ok
- Moi aussi, j'ai pas de copine, mais j'aime donner mon affection aux personnes qui ne me jugent pas, qui prennent du temps pour me faire évoluer positivement dans la vie.
- Pas de souci, on peut être amis.
- Cool, j'avais peur de ne plus te voir.
- Avec Antoine derrière toi, ne plus te revoir aurait été très compliqué. Bref, je te propose de passer à table, j'ai cuisiné pour nous ce soir, ça changer de " pizza " !
- T'es pas cool de te moquer... avec le sport, je ne fais pas ce que je veux.
- Le sport, oui quel sport au fait ?
- Alors Séb, je suis coach sportif dans la salle à côté de chez moi. Cette proximité me permet d'être responsable de la salle et le sport, c'est mon métier.
- Ah d'où cette masse physique que tu as...
- Oui Séb, tout à fait. Et toi, que fais-tu dans la vie ?
Tout en mangeant, notre conversation se poursuivait...
- Moi, je suis technicien de surface, j'ai un mi-temps particulier (2 fois 12 heures) dans un hotel.
- Ah okok, je vois que tu as un drôle de vase là ? Ce truc vert, c'est quoi ???
- Ah ce truc la... je ne sais pas d'où ça vient, c'est arrivé à l'hôtel pour moi, sans explications, sans mot, rien, bref, je pense que d'ici peu, ça va partir au recyclage.
Thibaut prit le vase, et le mit sur la table. Il versa un peu d'eau dedans, l'équivalent d'un bon verre, et à ma grande surprise, du vase jaillit des dizaines de petits jets colorés, jaune, rose, bleu, vert, orange, violet, turquoise, ... Je compris d'où venait ce cadeau mystère, et regrettais presque mon idée de recyclage.
- Euh, Thibaut, ce n'était pas toi par hasard l'expéditeur de ce truc-là ??
En rougissant il me répondit :
- J'crois que je suis grillé... J'ai demandé à Antoine de le poster pour moi.
- Donc tu savais tout de moi déjà...
- Non, Antoine l'a posté pour moi, je ne sais pas où tu travailles, à part que c'est dans un hôtel...
- Okok, je te crois.
- Je peux te demander si je peux rester dormir ici ce soir ?
- Dormir ???
- Bein oui, comme toi chez moi...
- Mais j'ai pas de quoi loger quelqu'un... regarde mon lit, le seul que j'ai...
Et effectivement, Thibaut se rendit à l'évidence qu'il ne pouvait pas dormir ici.
- Bon alors, tu viens dormir chez moi alors Séb.
- Pour quelle raison ?
- J'ai peur de rentrer seul de nuit... Je me suis déjà fait agressé, j'ai pas confiance la nuit en ville.
- Tu es sérieux ?
- Oui Séb, viens chez moi.
Je pris un sac avec quelques affaires, rangea un peu la table, et nous partîmes alors chez lui. Traverser la ville seul, il est vrai qu'on peut y faire de mauvaises rencontres. Mais bon ! Arrivé chez lui, dans l'appart régnait un parfum frais et très agréable.
- Tu connais les lieux maintenant, je ne te fais pas visiter.
- Merci !
- Mets-toi à l'aise Séb. Regarde, la vue t'attend.
Et il se mit à rire.
- Moi, je vais me coucher. Tu as le choix... dormir ici dans la chambre d'amis, ou dormir avec moi, comme la semaine dernière.
- ...
- Sens toi libre Séb.
- Alors, je vais rester ici, la chambre d'amis.
- Ok...
- Bonne nuit alors.
- A toi aussi.
Je me déshabillais, entrais dans les draps glacés et éteignis la lumière. Je n'entendais pas les ronflements de Thibaut... pour le moment.
La nuit était bien entamée et pourtant, je n'arrivais pas à me réchauffer dans cette chambre. Gigotant dans tous les sens, je finis par me lever, et décida d'aller dans le salon, couverture sous le bras. C'est en ouvrant la porte de la chambre que son grincement réveilla Thibaut.
- Tu dors pas ?
- Non, il fait froid dans ta chambre d'amis et tu ronfles...
- ...
- Je peux ?
- Tu peux quoi ?
- Je peux venir dormir dans ton lit ?
- Faudrait savoir Séb... n'oublie pas que je ronfle !
- Oui, et alors ? Fais-moi de la place. J'arrive.
Et c'est ainsi que Thibaut me mit finalement encore une fois dans son lit. Avant que j'aie pu me détendre, ses bras musclés se mirent autour de moi, je me retrouvai encore bloqué contre lui, sans pouvoir m'échapper. Tout de suite, sa chaleur me réchauffa, et à ma grande surprise, l ne ronfla pas de la nuit. C'est au petit matin que, réveillé par un bisou, je lui dis :
- Bonjour et merci Thibaut.
- Bonjour toi, bien dormi ?
- Oui, tu n'as pas ronflé, miraculeux !!!
- Je ne t'ai pas fait mal ?
- Non, pourquoi ?
- Avec ma masse de muscles et toi qui est plutôt filiforme, je pourrais te faire mal sans le vouloir.
- Non non, tout va bien, rassure-toi.
Je me tournais vers lui, ma tête vint se poser sur ses pectoraux.
- Séb...
- Oui Thibaut.
- T'es sûr que t'es pas homo ?
Un frisson me parcourut.
- Thibaut, j'ai été clair avec toi ; non ?
- Si, mais tu bandes là...
- ...
- Mais si, regarde-toi...
- Arrête ! Stop.
Et au lieu de continuer, il me prit la tête et se mit à m'embrasser sur la bouche. J'essayais de lutter contre lui, mais sa force ayant raison de ma lutte, je me mis à lui rendre ce baiser, et rien à dire, il embrasse vraiment bien. Nous sommes restés ainsi plusieurs minutes, et à chaque seconde, mes réticences disparaissaient, laissant place à un certain plaisir.
- Séb, ça va ?
- Oui, pourquoi ?
- Bein je ne sais pas, on est deux mecs, et on s'embrasse...
- Tais-toi et continue.
Il ne se fit pas prier et se mettant sur moi totalement, il m'embrassait avec fougue. Dans cette position, je sentis aussi que sa langue n'était pas le seul organe à être réveillé, mais je n'osais imaginer la suite...
- On va déjeuner ?
- Déjà... je ne suis pas si mal avec toi tu sais Thibaut, tu veux pas rester encore ?
- Non, je vais aller trop loin sinon... j'ai pas envie de te faire peur tout de suite...
Me faire peur !! sa réponse me fit peur en effet. Il prépara la table du petit déjeuner, et profitant encore de la chaleur des draps, je me lovais dans sa couverture. Je ne l'entendis pas arriver derrière moi et se mettre contre moi, me serrer fort contre lui, et me donner plusieurs baisers dans le cou. Magique instant, je voulais que cela ne finisse jamais.
Carolito
Autres histoires de l'auteur :