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Chapitre -04
Pour la première fois de ma vie, je vivais pleinement heureux. Je n'avais plus de soucis avec mes angoisses, totalement occultées par le bonheur que Célien répandait dans ma vie.
Le seul petit nuage dans ce ciel bleu était qu'il ne pouvait pas me prendre, j'ignore pourquoi je faisais un réel blocage là-dessus, et l'unique fois où nous avons essayé, après deux semaines, ce fut un échec. Cependant, Célien ne restait pas sage, pour ne pas me mettre la pression avec ça, il avait arrêté de me demander si je me sentais prêt, mais avais développé une autre technique : il me chauffait à mort chaque fois que nous nous voyions (presque tous les jours) et m'excitait autant qu'il le pouvait pour que la proposition vienne de moi.
C'était terriblement agréable de me sentir désirer comme ça, il se jetait sur moi dès que nous étions seuls. Pourtant, je culpabilisais un peu de ne jamais lui dire les mots qu'il attendait tant. Plusieurs fois, mal à l'aise, je lui en avais parlé après que nous nous sommes fait jouir par d'autres moyens et il me rassurait toujours en me prenant dans ses bras et en disant :
- Ce n'est pas grave mon petit goupil... Chacun a son rythme, je préfère attendre que tu sois prêt et profiter d'un merveilleux moment avec toi plutôt que tu te forces et que nous en soyons tous les deux déçus...
Généralement après ça, je l'embrassais avec passion, prenant conscience du fait que j'avais vraiment trouvé un mec génial... Ou plutôt qu'un mec génial m'avait trouvé !
Après un mois, j'ai commencé à faire un gros travail sur moi. J'avais déjà fait pas mal de sophrologie et je m'en servais pour tâcher de me détendre et, à plusieurs reprises, je m'essayais à me glisser un doigt pour tester mes progrès.
Je commençais à voir un changement chez Célien. Il ne se libérait plus autant pour moi, s'attelant davantage à son travail. Quand nous étions ensemble, il ne me sautait plus dessus directement comme il avait pu le faire. De mon côté, je continuais de lui prodiguer mes caresses, auxquelles il répondait toujours autant, mais je sentais que quelque chose avait changé.
Heureusement, nous avions toujours nos weekends, comme des parenthèses à nous seuls dans nos vies respectives. Nous les passions généralement chez lui puisqu'il avait un logement un peu plus grand et mieux équipé que ma chambre d'étudiant.
Un samedi, alors que nous étions ensemble depuis maintenant un mois et demi, j'étais allongé contre lui devant un film. Bien qu'il me tienne dans ses bras, je le sentais ailleurs, il consultait régulièrement son téléphone, mais je savais que sa mère avait des soucis de santé en ce moment donc je ne faisais aucun commentaire.
Le film commençant à m'ennuyer, je commençais à le caresser, d'abord la cuisse, puis remontant lentement vers son entrejambe. Lorsque j'y arrivais, il était déjà raide comme du bois. Sans fioritures, je défis sa ceinture et libérais l'accès à ce que je convoitais. Il ne dit rien, se contentant d'un soupir de plaisir lorsque je le pris en bouche.
Je ne tardais pas à me déshabiller et en fis de même pour lui, et après une longue série de préliminaires torrides, alors que je sentais qu'il essayait de me faire jouir, je dis :
- Si tu veux... On peut réessayer.
Une lueur traversa son regard.
- Tu es sûr ?
Je me contentais de hocher la tête et me mis à quatre pattes avant de changer d'avis. Je l'entendis sortir le gel, puis ses doigts caressèrent mon petit trou que j'essayais de détendre autant que possible. Il en rentra assez rapidement un, puis deux, m'arrachant un grognement. Je prenais sur moi et ne fis pas de commentaire. Je supposais qu'une première fois devait forcément faire un peu mal donc j'évitais de faire mon douillet.
Je sentis rapidement son gland brûlant contre moi, et le sentis pousser doucement. Mes sphincters luttèrent aussitôt contre cette intrusion, et je mobilisais toute ma volonté pour les relâcher. Je souhaitais réellement sentir Célien en moi, et lui faire ce plaisir. Cependant, lorsque le gland fut passé, je commençais à sentir une brûlure de plus en plus vive, jusqu'à ce qu'elle devienne trop forte pour moi.
Je soufflais à fond et lui mis la main sur la hanche pour lui demander de sortir. Il ne le fit pas, mais me serra contre son torse et me fit allonger sur le ventre. Puis je le sentis se dresser au-dessus de moi et me chuchoter à l'oreille :
- Tu vas aimer, tu vas voir...
À peine avait-il fini sa phrase qu'il donna un puissant coup de reins pour s'enfoncer totalement en moi. J'étais tellement serré qu'il ne put rentrer entièrement, mais la brûlure que je croyais intense jusque-là devint une douleur insupportable qui me déchira le ventre. Je poussais un cri viscéral, des points lumineux dansants devant mes yeux. D'une ruade, je le fis tomber du lit et je me relevais d'un bond dans la direction opposée à sa chute.
Je vis qu'il n'avait même pas mis de capote, mais ce n'était qu'un détail sur le moment, je hurlais :
- Putain, mais t'es vraiment un connard
Il se redressa, visiblement désorienté, puis baissa les yeux après m'avoir longuement fixé tandis que je me rhabillais.
- Renart... Attends...
- Va te faire foutre, je me casse ! Espèce de taré
Je n'essayais même pas de retenir mes sanglots. Une fois habillé, je sortis de son studio en trombe.
Sur le trajet jusqu'à chez moi, je sentais la blessure qu'il venait de m'infliger, brûlante et palpitante, d'autant plus insupportable qu'elle était l'oeuvre de l'homme dont je tombais amoureux...
À peine arrivé chez moi, je fonçais sous la douche, me figeant un instant en voyant la tâche de sang maculant mon boxer. Je suis resté un long moment à laisser l'eau brûlante couler sur moi comme si elle pouvait me purifier de ce mauvais souvenir.
Quand je suis enfin sorti, j'ai trouvé une dizaine d'appels en absence, autant de messages sur mon répondeur et une trentaine de sms et messages sur Facebook.
Je n'en ai lu aucun sur le moment.
Tout ce que je voulais, c'était me débarrasser de cette douleur qui me martelait les entrailles alors que je n'avais aucun moyen d'y parvenir.
Je me suis allongé sur le ventre sur mon lit, et j'ai laissé mes pensées m'emmener au loin.
C'est un bruit sourd contre ma porte qui m'a ramené à moi. Quelqu'un frappait comme un sourd, et quand je dis " quelqu'un " je savais très bien qui.
Je regardais par le judas et vis Célien, en larmes devant ma porte, ignorant les regards inquisiteurs de mes voisins.
- Renart... Ouvre-moi s'il te plait... Je sais que tu es là, je suis désolé loulou... Je ne sais pas ce qui m'a pris...
Je finis par lui ouvrir la porte, mais sans le faire entrer. Nous nous sommes expliqués, là, sur le seuil, et Je me foutais royalement que mes voisins puissent entendre.
- J'ai merdé Renart, je suis vraiment désolé...
Je lui montrais mon boxer maculé de sang et il blêmit.
- Oh merde... Tu veux que je t'emmène chez le médecin ? Putain loulou je regrette tellement...
- Et je dirais quoi ? Bonjour, je viens pour me faire soigner le cul parce que mon mec, en qui j'avais confiance, a essayé de me violer ?
Chose que je ne pensais pas possible, il pâlit encore.
- Je n'ai pas...
- Tais-toi. Je pèse mes mots en disant ça, ce que tu as fait, ça n'a même pas de nom. Et sans te protéger en plus... Je te faisais confiance...
- Je suis clean et tu es vierge, je me suis dit que c'était inutile...
- Tu es clean, c'est toi qui le dis.
- Tu peux me faire...
- Confiance ? C'est une blague j'espère ? Tu sais quoi ? Barre-toi. Je vais voir si je te pardonne, mais pour le moment, respecte mon choix et mon intimité pour changer, et fous moi la paix.
- Renart...
- Tire-toi je t'ai dit...
Il baissa les yeux d'un air penaud et s'exécuta.
Je refermais la porte, mais je savais que j'avais déjà pris ma décision...
Renart
renartraner@gmail.com
Autres histoires de l'auteur : M | Incipit | L'éveil du Renart | Nils | Gabriel | Tony | Détente au Sun City
