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Chapitre -05 : Je lui ai pardonné.
Certains prendront ça pour de la faiblesse, d’autre pour l’acte désespéré d’un mec qui avait trouvé quelqu’un et qui s’y accrochait coute que coute. Ce n’était rien de tout cela.
Quelqu’un m’a dit un jour que l’on pardonne à la mesure que l’on aime. C’était peut-être une erreur, mais j’aimais Célien. Il m’a fallu une semaine pour arriver à lui envoyer ce message, être sûr et certain que c’est ce que je voulais. Lorsque ce fut le cas, je lui ai écrit un simple « Je peux passer te voir ? ».
La réponse ne s’est pas fait attendre, il m’a aussitôt envoyé un « Oui, quand tu veux ! Maintenant ? »
« Maintenant »
Et je suis sorti de chez moi pour le rejoindre.
Quand je suis arrivé chez lui, il m’attendait en bas de l’immeuble. Nous sommes montés sans nous dire un mot, et ce n’est qu’une fois la porte de son studio refermée qu’il m’a pris dans ses bras et a fondu en larmes.
– J’ai cru que je t’avais perdu…
J’étais moi aussi à deux doigts de pleurer, mais le sérieux de ce que j’avais à lui dire m’en empêchait. Après de longs instants, je m’arrachais à son étreinte et le regardais droit dans les yeux.
– Je te pardonne pour ce qui s’est passé… Mais il n’y aura pas de secondes fois, tu as claqué ton joker si tu veux une comparaison.
Il baissa les yeux et hocha la tête comme un gamin prit en faute.
– Je sais… Merci de me laisser cette seconde chance Renart…
Ne voulant pas que la situation s’éternise sur un aspect un peu trop « drama » je lui relevais la tête et déposais un baiser furtif sur ses lèvres.
– Je crois que je t’aime andouille…
Il me répondit d’un sourire et m’embrassa à pleine bouche en me serrant dans ses bras.
Nous n’avons pas fini la soirée très sagement, mais j’étais à nouveau au creux de ses bras et c’est tout ce qui comptait pour moi.
Nous avons recommencé à nous voir tous les jours jusqu’à la fin de la semaine, et nous avions prévu, avant l’incident, de nous faire un weekend de vacances. Lorsque je voulus lui confirmer que ça tenait toujours, il m’avoua, honteux, qu’il avait dit à sa famille qu’il retournerait les voir comme il pensait que je ne voudrais plus me retrouver seul avec lui.
Je ne cache pas que sur le moment ça m’a sacrément foutu les boules, mais en même temps ça se comprenait, j’avais gardé le silence radio toute la semaine précédente, il n’allait pas arrêter de vivre en m’attendant.
Nous nous sommes donc fait un dernier câlin le vendredi soir, puis je l’ai accompagné, malgré ses protestations, jusqu’à la gare. Ensuite de quoi je suis moi-même rentré chez mes parents pour me changer un peu les idées.
De temps en temps, je recevais de courts messages disant que je lui manquais, mais j’évitais de trop lui écrire pour le laisser se vider lui aussi la tête.
Le dimanche soir, je trainais sur Facebook, regardant en souriant les dernières publications de ma drama queen de cousine, lorsque je reçus un texto de Célien « ça y est je suis rentré, hâte de te voir demande mon goupil ! Bisous ! »
Attendri par cette petite attention, je m’apprêtais à fermer Internet lorsque je vis une notification s’afficher. Curieux, je regardais, et vis que quelqu’un avait publié sur le journal de Célien. Ce n’était pas son anniversaire, mais un de ses potes lui avait peut-être envoyé une connerie. Je décidais d’aller voir et cliquais.
Je trouvais un message sur un fond d’émoticône en cœur « Merci pour ce weekend de folie mon cœur ! Je t’aime tellement ! »
Mon sang s’est glacé dans mes veines. D’autant plus que j’ai vu Célien se connecter, et à peine dix secondes plus tard, la publication avait été supprimée. Contrairement à l’autre, il n’était pas assez idiot pour laisser des traces aussi flagrantes. Dommage pour lui que j’ai été en ligne à ce moment-là et que j’ai eu le réflexe de faire une capture.
Ne voulant rien faire d’impulsif, je suis allé me coucher. J’avais cours le lendemain et je ne voulais pas être décalqué. Chose importante à noter, j’ai dormi comme un loir.
Le lendemain, je lui ai écrit comme je l’aurais fait habituellement, en lui souhaitant une bonne journée. Lorsqu’il m’a appelé à midi, je lui ai raconté mon weekend, puis une histoire inventée de toutes pièces sur une de mes amies qui serait cocue. En riant, je lui dis que si un jour il me faisait ça, il aurait du souci à se faire, ce à quoi il répondit « Ahah t’inquiète mon cœur je suis pas comme ça ».
Dit-il…
J’ai trouvé un prétexte pour annuler chaque soir, et chaque fois, je faisais une allusion à la tromperie ou l’infidélité. Et il ne captait absolument rien.
Le jeudi soir, je suis allé chez lui, déterminé à cesser ce petit jeu. À peine rentré, il m’a fait remarquer que j’avais l’air de faire la gueule, puis nous nous sommes assis sur le canapé.
Là, je l’ai regardé droit dans les yeux.
– Célien, est-ce que tu me trompes ?
Si je n’avais pas eu ce côté observateur, j’aurais cru que sa réaction (visible) était de hausser les sourcils d’un air surpris. Mais un instant avant ça, il avait eu cette lueur de panique dans les yeux.
– Pardon ?
– Tu m’as compris. Réponds s’il te plait.
– Tu déconnes, je te ferais jamais ça !
– Regarde-moi dans les yeux et redis-moi ça.
Difficilement, il plongea son regard dans le mien et bredouilla.
– Je te jure que je ne te ferais jamais ça.
Chapeau, il était presque convaincant.
– Non en effet… Tu l’as déjà fait.
J’allumais mon téléphone que j’avais préparé sur la capture d’écran du dimanche soir.
Il pâlit en regardant l’image et resta silencieux, mais je voyais bien que dans sa tête c’était le branlebas de combat. Avant qu’il ne commence à me débiter des mensonges, je repris.
– La prochaine fois, trouve-toi un gars assez malin pour être discret.
– Laisse-moi t’expliquer…
– Simple curiosité, pour qu’il écrive ce genre de chose, ça fait combien de temps que vous vous voyez ?
– Un mois…
J’accusais le coup en silence. Cela correspondait à la période où Célien avait brusquement cessé d’être affamé sexuellement. Tout sexe-plique ^^
– Mais ce n’est pas ce que tu crois, c’est juste du cul avec lui… J’avoue, j’ai eu du mal à tenir parce que je ne pouvais pas te prendre, mais c’est rien que physique avec lui…
J’éclatais d’un rire nerveux.
– » Juste » du cul ? Désolé mon gars, mais tu aurais juste tiré un coup comme ça, j’aurais pu comprendre. Sauf qu’après un mois, j’appelle ça avoir deux mecs en même temps, et je ne suis pas de ce genre. Et je n’ai rien envie de construire avec un menteur qui raisonne avec sa bite.
Je me levais pour partir, mais il me devança et me saisit le poignet.
– Renart… Ne me laisse pas, je t’en supplie… Laisse-moi t’expliquer.
– Lâche-moi.
Je fus moi-même surpris pas le ton de ma voix, mais ce fut efficace. Il libéra mon poignet et commença à sangloter en déballant des excuses les unes derrière les autres.
– Je t’avais dit que tu avais gâché ta chance la dernière fois… Maintenant, ne me rappelle pas, n’essaie pas de venir me voir. Tu n’as plus ta place dans ma vie, Célien. Si tu es triste, j’en connais un qui sera ravi de te réconforter. Salut.
Et je suis sorti en claquant la porte.
Sur le chemin du retour, c’était Bagdad dans ma tête. J’étais impressionné d’avoir été aussi impitoyable alors qu’une partie de moi hurlait de douleur à cause de cette séparation. Mais la colère était encore la plus forte pour l’heure, et je l’alimentais en repensant à ses excuses toutes plus foireuses les unes que les autres.
Célien a essayé de me rappeler, sachant que je ne pouvais pas le bloquer. Je n’ai jamais répondu. Il m’a écrit, je ne l’ai jamais lu. C’était la seule personne que je bannissais de ma vie à ce point, la suivante sera S. Il a essayé de m’attendre devant ma résidence un soir, mais je suis rentré par une autre porte. C’est la dernière fois que je l’ai vu.
Ce n’était pas une mauvaise personne, ou tout au moins pas complètement. Mais ce n’était pas le genre de mecs que je pouvais me permettre de garder dans ma vie… Vous me direz, ma relation suivante a été avec S, six mois plus tard. S qui est sans doute l’homme avec la plus grande capacité de nuisance que j’ai croisé. Celui qui a fini par essayer de détruire ma vie.
Il semblerait que j’attire ou que je sois attiré par les cas compliqués ^^
Quoi qu’il en soit je vous remercie de m’avoir lu et de m’avoir écrit vos avis. Quand ils sont constructifs, c’est toujours un plaisir de vous lire ;)
Renart
renartraner@gmail.com
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