Prologue
Je me réjouis tout particulièrement d’aller à ce congrès médical parce qu’il a lieu à Montréal. J’ai déjà eu l’occasion de m’y rendre, il y a quatre ans. Un de mes ex, Stéphane avec lequel je suis en bon terme, a émigré au Canada à cause d’impératifs professionnels. Il m’avait invité à venir passer une semaine chez lui en juillet. Il m’avait fait la pub de la ville québécoise en me disant qu’elle était à découvrir en raison de sa culture américano-européenne qui se traduisait dans l’architecture avec ses grattes ciel qui côtoyaient des quartiers qui n’avaient rien à envier à la vieille Europe. Il m’avait également laissé entendre que les Montréalais étaient des gens très chaleureux.
Pour achever de me convaincre, il m’avait vendu le Village, et sa rue Sainte-Catherine piétonne en été et ses milliers de boules roses sous lesquelles tu déambules entre bars, saunas, boites de nuit et sexshops, comme un paradis de la vie gay. Il avait ajouté, malicieusement, qu’il y en avait pour tous les goûts question mecs et que je ne manquerais pas de m’éclater d’une manière ou d’une autre. Devant tant d’arguments positifs, difficile de résister à la tentation. J’ai donc acheté un billet d’avion afin de m’envoler vers cette destination apparemment merveilleuse.
Je ne l’ai pas regretté.
Chapitre 1
Le bel Italien
La capitale du Québec a en effet pleinement répondu à mes attentes touristiques : le Centre-Ville, le Vieux-Montréal, le Vieux-Port, le Mont-Royal, le stade Olympique situé à côté d’un remarquable jardin botanique, le spectaculaire Oratoire Saint-Joseph ou encore le majestueux fleuve Saint-Laurent valent vraiment le détour. A cette liste non-exhaustive, il faut ajouter l’accueil des habitants prêts à te renseigner chaleureusement avec leur accent si caractéristique et, bien évidemment, la rue Sainte-Catherine que j’ai arpentée de long en large dès mon arrivée afin de faire la connaissance du Village.
Lors de ma première sortie, je me suis contenté d’observer, notant les endroits susceptibles de m’intéresser. Parmi eux, j’ai repéré un sauna ouvert 24 heures sur 24 dont la réputation sur internet était excellente. Je m’y suis rendu le lendemain. J’ai sonné et un bel âtre bodybuildé, torse nu et en maillot de bain qui moulait son paquet visiblement à l’étroit, s’est présenté à la porte. J’étais ébahi. Sa voix grave qui me donnait les instructions m’a ramené sur terre. Je me suis dirigé vers l’armoire qui m’avait été attribuée. Je me suis déshabillé en jetant des regards autour de moi. J’ai malheureusement constaté que le type canon qui était à mes côtés était en train de partir. Quand je vais au sauna, je débute invariablement par le jacuzzi : j’adore l’eau chaude et les bulles qui me chatouillent l’entrejambe.
A peine installé, je l’ai aperçu et j’ai flashé. Il devait avoir le même âge que moi, la mi-trentaine, les cheveux noirs et bouclés qui tombaient sur les épaules, un visage séduisant avec ses yeux bruns et ses traits fins, un corps musclé sans excès, des poils épars sur les pectoraux, la peau bronzée.
Je me suis assis tout près, il m’a souri. Je lui ai spontanément roulé une pelle. C’était si délicieux que nous sommes restés collés ainsi plusieurs minutes, nos langues s’en donnant à cœur joie. Mais cela ne nous a pas empêchés de toucher avec nos pieds et nos mains la partie immergée de notre silhouette…Puis, j’ai enclenché la vitesse supérieure en empoignant son sexe circoncis, de taille moyenne et dur comme une barre de fer. J’ai commencé à le branler en augmentant doucement la cadence. Plus j’accélérais et plus il se dandinait, de petites vagues se formant à la surface. J’ai interprété ses déhanchés comme un signal pour aller plus loin : j’ai titillé sa rosette avec un doigt. La réaction a été immédiate : il a écarté les cuisses. Je lui ai introduit mon index. Il s’est cabré afin que sa jouissance qu’il sentait proche soit électrisante. Il a poussé un énorme soupir et éjaculé dans l’eau bouillonnante qui a débordé du bassin sous la pression de ses convulsions.
Remis de ses émotions, il m’a pris par la main et m’a conduit vers une cabine à quelques mètres de là. Pendant ce court trajet, j’étais l’objet de la convoitise de mecs qui n’avaient d’yeux que pour ma bite en érection et très au-dessus de la moyenne, que ce soit en longueur ou en largeur. Une fois la porte fermée, il s’est mis à genou et m’a pompé comme un mort de soif. Survolté, je lui ai rapidement tapissé la gorge de mon jus. Il s’est relevé et s’est approché de ma bouche. Je l’ai ouverte. Il a déversé mon sperme, que j’ai avalé goulument, avant que nous échangions un dernier baiser langoureux au goût de ma semence.
Après cette entrée en matière plutôt réussie et de brèves présentations, il s’appelait Matteo et venait de Milan, nous avons décidé de manger ensemble. Nous nous sommes si bien entendu, il parlait couramment le français, que nous avons passé ensemble nos journées à visiter Montréal et nos soirées à explorer les différents bars du Village et leur clientèle. C’est ainsi que l’un n’était fréquenté que par des bears, un deuxième par des hommes dans la cinquantaine ou un troisième, au contraire, uniquement par des jeunes entre dix-huit et trente ans. Il y avait heureusement aussi des endroits où chacun était le bienvenu à l’image du Cabaret Mado où se produisaient des Drag Queens, des dancings ou ce lieu, plutôt excitant, où des hommes aux corps parfaits se dénudaient sur un morceau de musique qui finissait naturellement au moment où ces messieurs étaient censés dévoilés leurs parties intimes. Ça nous a fait rire aux éclats parce qu’on imaginait leurs trois pièces en fonction de leur physique.
Profitant de sa chambre d’hôtel, j’ai partagé mes nuits avec Matteo. Mon ex ne m’en a pas tenu rigueur, il était ravi pour moi. Je me souviens encore aujourd’hui de ce sentiment de plénitude qui m’habitait quand je l’étreignais avec force dans mes bras et m’enfonçais profondément dans ses entrailles si douces avant de dormir. En échangeant régulièrement les rôles en tant que versatiles, nous ne manquions pas de nous jeter également l’un sur l’autre au réveil quand nous avions une gaule d’enfer, sous la douche avec le savon qui facilitait la pénétration ou lors de siestes crapuleuses poursuivant l’objectif de se donner un maximum de plaisir, comme si c’était la dernière fois. C’est ce qui a inévitablement fini par se produire.
Mon départ étant prévu 48 heures après le sien, je l’ai accompagné à l’aéroport. Nos adieux ont été déchirants, nous n’avons pas pu retenir nos larmes. Nous nous sommes jurés de nous revoir, Milan et Paris sont relativement proches, et en attendant de nous téléphoner et nous écrire. Pris chacun par nos vies respectives, ces promesses n’ont pas tenu longtemps, à peine quelques mois. Je lui ai proposé à plusieurs reprises de se voir à Genève, à peu près à mi-chemin, mais il avait toujours une excuse pour décliner mon invitation. Je n’ai pas de nouvelles de Matteo depuis trois ans. Je me demande ce qu’il devient.
Mes deux derniers jours à Montréal n’ont pas été très joyeux. J’espère que ce nouveau séjour dans la ville canadienne m’aidera à les oublier.
Bugs
bugscarotte64@gmail.com
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