Premier épisode
Chapitre 2
Matteo serre Nicolas un peu plus fort alors que son corps est secoué de sanglots. Sa main commence à caresser doucement ses cheveux comme pour le calmer. Aucun mot n’est échangé.
Nicolas détache doucement sa tête de l’épaule, comme pour chercher des yeux une réponse, une réaction qui n’est toujours pas venue. Les yeux se trouvent. Matteo se penche doucement, et ce sont ses lèvres qui trouvent celles de Nicolas. Un baiser léger, faible, du bout des lèvres.
Nicolas ne comprend pas. Sa surprise est grande. Ses lèvres tremblent. Un autre baiser est échangé
- Mais… mais tu es…. tu es homo... aussi alors ?
Les lèvres de Matteo se tordent d’embarras. Il hausse les épaules
- Je sais pas… je sais juste que j’ai toujours rêvé de te prendre dans mes bras… de te protéger… et aussi de t’embrasser
Nicolas lâche un soupir incrédule, presqu’un petit rire de surprise. Ils se serrent dans les bras en silence, comme pour digérer ce qu’ils viennent d’entendre. Matteo lui-même est surpris de sa confession. Il ne pleure pas, mais il est confus. Nicolas, lui, ne pleure plus. Il cherche Matteo du regard :
- Mais, ta copine en Italie ?
- J’ai tout inventé… pour qu’on ne me pose pas de questions
- Oh !
Les deux garçons replongent dans le silence, toujours dans les bras l’un de l’autre.
- Surtout, ne le dis à personne. Mon père me tuerait…
- Promis. Toi pareil… les choses sont déjà tellement dures au lycée
- Oui…
Matteo se sent dépassé par une vague plus forte que lui
- Il est tard. Mon père va s’inquiéter, et tes parents aussi
- Oui
Ils se détachent, se redressent. Leurs lèvres se trouvent doucement pour se dire au revoir, et sceller à la fois leur amour et leur nouveau secret.
Le soir, Nicolas envoie un SMS à Matteo : « bonne nuit », suivi d’un cœur rouge. Matteo lui répond le même message.
Dans son lit, celui-ci est confus. Tout s’est passé si vite. Il n’a jamais été attiré par les filles, ça c’est sûr. Pourquoi le nier ? Il a fallu inventer cette histoire de copine en Italie pour qu’on lui foute la paix. Comment, lui, le plus beau garçon du lycée, sportif, confiant, ne pouvait pas avoir de petite amie ? Jusqu’ici, il n’avait pas vraiment prêté attention aux garçons. En regardant du porno hétéro, peut être ses yeux se posaient ils plus sur le mec en fait, mais il se disait « je veux lui ressembler » …. Confusion des sentiments. Déni de soi, comme parfois àl’adolescence.
Mais tout a changé le jour où il a rencontré Nicolas. Le désirimmédiat de le protéger. L’envie permanente de le prendre dans les bras, toujours réprimée. Ce sentiment ambiguë, inavoué, qui a toujours flotté quand ils se retrouvaient seuls tous les deux, et lui aussi refoulé en permanence.
Mais ce soir, quelque chose s’est libéré en lui. Dans sa tête, et dans son corps. Nu sous sa couette, il se caresse, et il imagine Nicolas nu avec lui. Lui faire l’amour. Le caresser, le toucher… le besoin, l’attirance d’avoir les deux corps l’un dans l’autre. L’envie de se pénétrer l’un l’autre. Comment les hommes font ils l’amour ? Ils se doutent bien… Mais pour la première fois il regarde une vidéo porno gay sur son smartphone. Il tombe sur beaucoup de choses qui l’effraient, mais s’arrête sur une vidéod’un jeune blond et d’un brun, mince et beau, juste 18 ans, qui font l’amour dans une chambre. Nicolas et lui.
Ils voient deux hommes se sucer, se caresser, puis se pénétrer pour la première fois… Et cela lui parait juste, vrai, naturel. Comme une confirmation. Ses hormones brulantes, la révélationsoudaine, le visage de Nicolas, le souvenir de ses lèvres sur les siennes… tout cela le fait immédiatement éjaculer alors qu’il ne s’est même pas masturbé. Il ne comprend pas ce qui lui arrive… C’est la première fois.
Cette nuit-là, il ne dort presque pas… et pense à Nicolas toute la nuit.
Le jour d’après, au lycée, les choses sont un peu étranges pour les deux. Mais ils essaient de ne rien laisser transparaitre.
Après les cours, ils se retrouvent dans un coin isolé de la ville. Ils se serrent aussitôt dans les bras. Le besoin irrésistible de se toucher, de sentir le corps de l’autre contre le sien. Ils se serrent fort l’un contre l’autre. Sans rien dire. Puis les deux visages se font face et les baisers démarrent. Une succession de petits baisers, nez contre nez, yeux dans les yeux. Puis les lèvres restent collées plus longtemps, les yeux se ferment, et pour la première fois les langues se touchent et pénètrent les bouches. La salive de l’un coule dans la bouche de l’autre.
Ils s’embrassent ainsi continuellement pendant longtemps...leurs lèvres, leurs bouches font la première fois l’amour pendant quinze minutes. Ils se tiennent par les mains. C’est la premièrefois qu’ils sont si intimes physiquement…
Ils se séparent ensuite pour rentrer dans leur famille.
Démarrent alors pour les deux garçons des mois magiques. Ils n’ont maintenant plus de secret l’un pour l’autre. Deux amis, deux amants. Ils cachent bien leur jeu au lycée. Aux yeux de tous, Matteo ne reste que le grand frère protecteur de Nicolas. Les autres ont du mal à comprendre pourquoi. Peut-être aime-t-il jouer les justiciers…
La pureté d’un premier amour. L’amitié finalement couronnéepar l’amour. Nicolas amoureux de celui qui le protège, Matteo amoureux de celui qui lui relève son orientation sexuelle.
Les deux amants se retrouvent avant les cours, après les cours, les week-ends. Dans des endroits isolés pour s’embrasser, se tenir par la main, et se serrer dans les bras. C’est là que les premiers « je t’aime » sont échangés.
Ils sont aussi souvent chez Matteo pour réviser le bac qui approche. Ils sont discrets, car le père de Matteo est souvent dans la pièce d’à côté. Mais les mains caressent souvent les cuisses quand ils sont cote à cote devant le bureau.
Les débuts sont chastes et pudiques. Rien de plus que des baisers et des caresses. C’est surtout pour Matteo que tout cela est nouveau, et il lui faut du temps pour comprendre et appréhender sa sexualité, et apprendre à se sentir bien dans son corps.
Il finit par envoyer quelques selfies à Nicolas par SMS. Des photos de lui torse nu dans la salle de bains. Puis des nus complets, mais chastes. Nicolas fait pareil. Ils s’échangent des SMS d’amour en permanence.
Les choses montent progressivement en puissance. Un samedi, ils s’enferment dans des toilettes publiques en bordure de l’autoroute, en bordure de la ville. Ils sortent leur sexe en érection et se branlent mutuellement jusqu’à se faire jouir.
Nicolas aimerait maintenant franchir le pas et coucher, mais il sent que Matteo a besoin de temps. Et il ne veut pas le brusquer. Celui-ci regarde de plus en plus de porno, comme pour s’habituer à ce nouveau monde, il se connecte à des chats gays pour comprendre la sexualité gay. Des choses qui lui paraissaient choquantes au début, l’attirent maintenant.
Leur amour grandit également. Ils sont amis depuis presque 2 ans, amants depuis quelques mois. Ils commencent à réfléchir àla suite… au futur.
Assis côte à côte sur un banc, face au canal, exactement là où ils se sont embrassés pour la première fois, ils évoquent le futur. Ils se tiennent par les épaules.
- J’aimerais continuer à te voir après le bac, même si je ne serais plus ici
- Moi aussi…
Nicolas ira en effet à la fac dans une autre ville, et Matteo en apprentissage dans une entreprise de rénovation de maisons, dans une autre ville.
- T’inquiète pas, on pourra se voir les week-ends, et pendant les vacances
- Quand j’aurais le permis, ça sera plus facile, on s’arrangera…
- Oui… par contre je me sens pas prêt à faire mon coming out avant la fin de mes études… j’ai trop peur de la réaction de mes parents. Une fois mes études payées, et indépendant, j’espère que j’aurais le courage de tout envoyer promener… et on aura plus besoin de se cacher pour s’aimer…
Ils ont certainement une qualité commune : la patience… Et l’espoir d’un futur en commun. Ils se promettent fidélité aussi
Petit à petit, les selfies deviennent plus chauds. Ne pouvant pas découvrir leurs corps ensemble, ils le font virtuellement. Les nus intégraux sont échanges, des photos de bites, de fesses. De courtes vidéos de branlettes où ils mangent fièrement leur sperme face à la caméra.
Le désir est trop grand et il faut maintenant l’assouvir : se dévêtir, explorer le corps de l’autre, le gouter, le pénétrer, se faire pénétrer par lui.
Lors de leur dernière escapade romantique, c’est venu de Matteo lui-même : « j’ai envie de faire l’amour avec toi ». Un mélanged’excitation mais aussi d’angoisse envahit aussitôt le corps de Nicolas, même s’il attendait ce moment depuis longtemps.
Comment se retrouver ? où ? La seule option est de s’isoler dans la chambre de Matteo un mercredi après-midi et de profiter de l’absence de son père.
En ce beau jour de printemps, c’est le jour J. Les deux amants sont nerveux. Matteo a tiré doucement les rideaux. Assis côte àcôte sur le lit, dans la pénombre, les deux garçons s’embrassent sur la bouche. Les lèvres bien collées, les langues se caressant. Petit à petit, ils se détendent, et naturellement les mains deviennent plus curieuses et glissent sur les jeans. Ils commencent à se déshabiller l’un l’autre doucement. Ils restent torses nus un moment et continuent à s’embrasser. Les deux torses sont semblables : imberbes, lisses, avec deux petits boutons roses en guise de seins.
Quand les doigts les effleurent, les gémissements deviennent plus sonores, même s’ils s’efforcent de ne pas faire trop de bruit. Le reste des vêtements est retiré. Ils sont nus l’un devant l’autre. Ils se regardent, se caressent. Le souvenir de la douche commune revient. Mais ils sont deux à bander cette fois. Ils se trouvent beaux. Les mains caressent les peaux nues. Nicolas est gêné par la taille de son sexe, qu’il trouve petit. Nourri de porno, il s’imagine que tous les sexes en érection font 20 cm… Il est rassuré de voir que même si Matteo est mieux membré, la différence de taille avec la sienne n’est pas immense.
Ils sont toujours assis sur le lit cote à cote. Ils se tiennent par les épaules et continuent à s’embrasser. Puis les mains trouvent les bites et ils se masturbent mutuellement doucement. C’est Matteo le premier qui se détache et se penche doucement sur le côtépour commencer à sucer Nicolas. Il descend une ou deux fois avec sa bouche. Première fellation. Nicolas gémit aussitôt de plaisir et ferme les yeux.
Mais soudain la porte de la chambre s’ouvre brusquement, et son père apparait. Tout se fige pendant deux ou trois secondes qui paraissent pourtant comme une éternité.
Instinctivement, Matteo retire sa bouche et tire sur un oreiller pour cacher son sexe bandé. Nicolas couvre le sien de ses deux mains.
Mais le père, les yeux révulsés s’est déjà précipité pour attraper son fils par les cheveux et lui administrer une gifle monumentale « sale petit pédé ». Nicolas essaie de s’interposer, mais le père le pousse de la main, et il tombe sur le dos, nu, désarmé. « Casse-toi petite pédale, et t’approche plus jamais de mon fils »
Les gifles et les coups continuent de pleuvoir sur Matteo. Paniqué, effrayé, partagé entre l’envie de protéger Matteo, er la peur de son père, Nicolas finit par attraper ses vêtements et sort de la pièce. Il jette un dernier regard vers la chambre. Matteo est au sol et se protège la tête contre les coups de pieds de son père. Du sang coule sur le sol... Les insultes continuent à pleuvoir…
Rhabillé à toute vitesse, Nicolas sort de la maison en courant. Alors qu’il court vers nulle part, il commence à pleurer, pleurer, et pleurer encore… A bout de souffle, il finit par s’arrêter. Mais les pleurs ne s’arrêtent pas. Une terreur l’envahit. Il imagine Matteo en train de mourir sous les coups de son père. Une boule énorme se forme dans son estomac. Puis celui-ci se contracte violemment. Il vomit sur le sol…
Que faire maintenant ? Il prend le bus pour rentrer chez lui, inquiet, terriblement inquiet. Que va-t-il se passer pour Matteo ?
Arrivé chez lui, son père et sa mère l’attendent dans l’entrée en silence, l’air grave. Il ne sait pas quoi dire. Son père s’approche et le gifle : « petit pervers ! le père de Matteo nous a tout raconté. Monte dans ta chambre. On va décider ce qu’on va faire de toi ! »
En pleurs, Nicolas court vers sa chambre et s’effondre sur son lit, la tête dans l’oreiller, et pleure encore. Tout se bouscule dans sa tête. La peur pour Matteo, la honte d’être « outé », la peur de ce qui va lui arriver…
Il a 18 ans, il peut faire ce qu’il veut après tout. Mais que faire ? Fuir dans la nuit ? Sans argent, sans ressource ? Ou dormir ? Il se sent pris dans un horrible engrenage.
Entre temps, Matteo est rhabillé lui aussi et assis à la table de la pièce principale. Son visage est tuméfié. Un œil au beurre noir. La lèvre coupée. Des bleus partout. Son corps lui fait atrocement mal. Son père lui face les bras croisés. Le silence est pesant. Il réfléchit
- Donne-moi ton téléphone
Matteo le glisse sur la table.
- Ton code ?
- 0478, glisse Matteo d’une voix docile et soumise, terrorisépar son père
Il regarde partout et tombe sur les photos, les nus, les SMS avec Nicolas. Il se redresse furieusement, court vers un tiroir et revient avec un marteau. Avec furie, il tape sur le smartphone àplusieurs reprises et le fait éclater, en criant : « saloperie, saloperie !! » Des projectiles de verres et de plastique volent partout. Devant tant de fureur, Matteo s’est reculé avec sa chaise.
Son père est essoufflé. Le marteau à la main, il dévisage son fils. Son torse puissant monte et descend tant il s’est acharné sur le téléphone et époumoné d’insultes. Il lance.
- Casse-toi… emballe tes affaires et casse-toi… j’veux plus t’voir… t’es plus mon fils
Paralysé, Matteo ne bouge plus
- Dégage, t’entends !!!
Matteo s’enfuit vers sa chambre. Il tremble. Il met maladroitement ses vêtements dans un sac à dos sans les plier. Il doit s’y reprendre à plusieurs fois tant il tremble. Il enfile son manteau, et met son sac sur le dos. Il traverse doucement la pièce. Son père est attablé avec une bouteille de d’alcool et se vide de grands verres qu’il avale aussitôt.
Matteo se retourne doucement et cherche son père du regards une dernière fois. Des larmes coulent sur ses joues. Son père se lève doucement, va ouvrir la porte d’entrée, et regarde Matteo franchir le seuil doucement. Trop doucement à son gout. Il le pousse violemment dehors et claque la porte. Tombé sur le trottoir, Matteo se redresse. Il a mal partout. La chute ravive tous les hématomes qu’il a reçus.
Il commence à marcher… vers nulle part.
Pendant ce temps, toujours allongé sur son lit, les yeux et les joues brulés par les larmes, Nicolas a sorti son téléphone. Il s’inquiète de son amant et essaie d’appeler mais tombe directement sur la messagerie. Il envoie aussitôt des SMS pour prendre des nouvelles – où est-il ? dans quel état ? comment aider ?
Pas de réponse… Deux heures passent. Toujours rien. Il finit par sortir de sa chambre. Il entend une conversation entre sa sœur la plus âgée et sa mère « en tout cas, il est hors de question qu’il s’approche de mes enfants. Comme tous les pédérastes, il est aussi pédophile, j’en suis certaine ». La tête lui tourne. Il est en enfer.
A l’heure du diner, ses parents le font assoir dans le canape. Solennels, debout devant lui, ils lui annoncent :
« Ta mère et moi avons réfléchi. Contrairement à Matteo, nous ne te jetterons pas à la rue, car nous t’aimons. Mais nous pensons qu’il faut te mettre dans un environnement qui te permettra de combattre tes penchants contre nature, et de faire de toi un homme, un vrai »
Nicolas pense à Matteo… son père a donc annoncé à ses parents qu’il mettait son propre fils à la rue…
« Nous allons donc t’envoyer dans un pensionnat militaire dans les Pyrénées dès demain soir. Tu prendras le train de nuit. Tu y passeras également l’été. A la rentrée tu enchaineras avec une préparation à l’école d’officier ». Son téléphone est confisqué.
Abattu, meurtri dans sa chair, Nicolas n’a jamais été un tempérament rebelle. Il se sent condamné à obéir. De toutes les façons, il n’y a pas d’autre choix…
Pendant ce temps, Matteo erre dans les rues. Heureusement, il ne fait pas froid, il ne pleut pas. Il n’a nulle part où aller. Plus de téléphone. Il trouve une cabine téléphonique et essaie d’appeler Nicolas pour réfléchir et trouver une idée, mais aussi pour prendre des nouvelles. Il tombe sur sa messagerie. Il réessaie àplusieurs reprises dans la soirée sans succès.
Vers deux heures du matin, ils s’endorment tous les deux. Nicolas dans son lit, Matteo sur un banc en plastique à la gare routière, avec quelques clochards.
Le lendemain, tel un zombie, un condamne à mort resigné, Nicolas fait ses bagages. Il continue d’envoyer des SMS àMatteo toute la journée (« réponds moi, je t’en prie »), mais ceux-ci restent sans réponse.
Le corps toujours meurtri et le visage en sale état, Matteo continue d’errer en ville. Il essaie d’appeler Nicolas de la même cabine mais n’obtient pas de réponse.
Il passe à la poste, se connecte sur internet et se renseigne sur ce qu’il peut faire. Il consulte des associations gays. Des numéros de téléphone sont disponibles. Il finit par appeler l’une d’elles. Il explique qu’il est à la rue. On lui répond qu’il peut être hébergé, mais qu’il n’y a pas de place dans sa région. Il y a des places en foyer à Paris à partir de demain… Il lui reste un peu d’argent poche pour s’acheter un billet de train. Il se dit que la meilleure décision est de partir. Il n’a plus le choix.
Pendant ce temps, Nicolas, lui, est déjà à la gare. Un long voyage en train de nuit l’attend. Il ne pense plus à rien. Seul le chagrin lui tient compagnie. Il n’arrive plus à décider de rien… Il n’a plus la force… Alors il obéit mécaniquement… Derrière la vitre du train, le paysage défile. Il s’éloigne inexorablement de la ville de son enfance… et de Matteo. Où est-il ? Pourquoi n’a-t-il répondu à aucun de ses SMS ?
Avant de partir, Matteo décide de tenter sa chance avec Nicolas une dernière fois. A la nuit tombée, il s’approche de sa maison. Il se souvient de la position de la chambre de Nicolas au rez de chaussée. Il glisse un petit mot dans l’interstice des volets, en espérant que Nicolas le trouve au réveil.
« Ne t’inquiète pas, je suis toujours vivant. Mais je n’ai nulle part où aller. Un foyer peut m’héberger à Paris et je dois partir demain. J’aimerais te voir une dernière fois avant de partir. Retrouve-moi avant 10 heures au coin de la rue, ou si tu n’es pas autorisé à sortir montre toi au moins à une fenêtre vers 10 heures. Je veux te revoir dès que possible. Je t’aime. Matteo »
Malheureusement, Nicolas n’est plus là et ne trouvera jamais ce message. Matteo attend désespérément au coin de la rue. Il scrute les fenêtres de la grande bâtisse austère. Aucune trace de Nicolas. Qu’est-il devenu ? Ne veut-il plus le voir ? Pourquoi est-ce qu’il ne peut même pas lui faire un signe ? Est-il à la rue lui aussi ?
Il se met à pleurer. Il n’a plus le choix maintenant. Il doit partir. Partir pour survivre. Il prend le train pour Paris.
Sylvainerotic
sylvainerotic@yahoo.com
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