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HISTOIRE

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Adrien, l’amour fou

Ce long récit en 14 épisodes constitue une histoire complète d’« Adrien l’amour fou », que j’ai souhaité développer. J’ai juste apporté quelques changements minimum (couleur des cheveux d’Adrien, âge des personnages), mais l’idée est la même : les joies et les difficultés d’une relation amoureuse et sexuelle d’un couple avec une grande différence d’âge. Comme d’habitude, beaucoup de sexe aussi… et les photos des personnages disponibles sur demande.

Comme dans toutes mes histoires, les rapports sont non protégés. Dans la vraie vie, pensez à mettre des préservatifs.

Bonne lecture


Chapitre 1

Je me souviens très bien de cette première fois où je t’ai vu… je ne l’oublierai jamais. J’étais loin de savoir à quel point tu allais transformer ma vie, et moi la tienne. Moi, Matthieu, ton professeur de français en classe préparatoire aux écoles de commerce, et toi Adrien, mon élève. Toi, 18 ans à peine, moi tout juste 40.

En ce premier jour de la rentrée des classes, je t’avais repéré. Comme je repère tous mes nouveaux élèves d’ailleurs, afin de mémoriser leurs noms et leurs visages rapidement. Bien sûr, j’avais remarqué ta beauté, comment l’ignorer. Ton charme plutôt. Des cheveux châtains foncés, un corps mince. Mais surtout tes yeux, ton regard. Qui m’a séduit dès que j’ai eu l’opportunité de te voir de plus prêt.

Mais comment toujours, dès les premiers jours, je me suis bien gardé de m’emporter. Je ne me suis pas autorisé à fantasmer sur toi, car oui, j’aime les hommes plus jeunes que moi. Cet âge magnifique au croisement de l’adolescence et de l’âge adulte. Cet âge de grande beauté. Cet âge où l’énergie et l’envie d’apprendre sont immenses. Cette énergie m’inspire, me transporte. C’est pour ça que j’adore mon métier, en plus de la littérature. Mais je me détourne de mes élèves. Je me garde de franchir cette ligne rouge. Je me sens bien à leur contact, et ils m’apprécient. Ça me va très bien comme ça.

Pour ce qui est de ma vie sentimentale, je m’efforce de chercher le plaisir, et j’espère l’amour, en dehors des murs de l’école. Sans trop de réussite. Malgré un physique plutôt flatteur… mais je suis plutôt un calme, un discret, un patient. Et dans cette ville moyenne de province, le choix est limité et la discrétion la norme, même aujourd’hui. Je passe parfois sur les applis de rencontre, je regarde les profils des jeunes que j’admire… mais la plupart du temps, je note des messages du genre « pas plus de 25 ans – pas la peine de perdre votre temps ». Parfois, bien sur des rencontres se produisent… je passe sur ceux intéressés par l’argent (ça se détecte vite), ou ceux qui veulent juste une expérience d’une fois, genre « je coche la case de m’être tape un mec plus âgé » …. Ou je me rabats sur des mecs de mon âge. Certes j’ai parfois accroché avec certains bien sûr. Intellectuellement, sexuellement. Mais sans jamais combler ce vide, ce besoin de jeunesse. D’énergie. Ce désir d’apprendre dans mes bras.

Des lors, mon métier est surtout ma passion. Et je prends mon mal en patience. Et je regarde du porno… comme tout le monde.

Au cours des premières semaines, contrairement à la promesse que je me suis faite à moi-même, j’ai du mal à ne pas te chercher du regard. A t’observer, avant, pendant et après les cours. Ton attitude. Tes yeux… Ils sont tantôt gris bleu, tantôt verts. Quel regard. Mais surtout, il y a un voile de tristesse. Tu n’es pas naturellement souriant. Bien sûr il t’arrive de sourire et de rire avec tes amis… Tu es sociable, sans plus, quelques amis. Pas un sauvage, mais pas la star de la classe.

Tu te distingues plutôt à l’écrit. Tes premiers devoirs sont excellents. En cours, tu participes discrètement. On parle deux ou trois fois à la fin des cours. Des conseils de lecture, des remarques pertinentes. Tu fais tellement plus mature que les autres en fait, plus posé. Je suis étonné… Je sens déjà que tu vas être mon favori. Mais tu as l’air toujours pressé de t’éclipser après les cours… Adrien, tu es une énigme… caches tu un secret ?

Début octobre, je franchis une première ligne rouge… disons orange. Je google ton nom. Chose que je ne fais pour mes élèves. Mais je suis curieux, car je sens une part de mystère chez toi. J’aimerais juste savoir. Et plus, de toutes les façons, tu es hétéro, à mon avis. Je regarde tes photos sur Instagram… Il y en a plusieurs. Plutôt anciennes. Je te vois à 15 ans… et on dirait que tu as eu une copine pendant quelques mois. Mais depuis un peu plus de 2 ans tu n’es plus très actif sur les réseaux sociaux. Je devine aussi deux petits frères jumeaux, bien plus jeunes. Mais c’est surtout un avis de décès sur lequel ton nom est associé… Je comprends que ton père est décédé accidentellement il y a deux ans. Perdre son père à 16 ans… c’est cruel.

Dans les jours qui suivent, je m’inquiète naïvement de toi auprès du directeur. Il me confirme que tu es boursier, et que ta mère, secrétaire, élève maintenant seule ses trois garçons. C’est toi qui amènes tes frères à l’école le matin, les reprend le soir, t’occupe des bains et des devoirs. Aide à joindre les deux bouts avec des petits boulots de temps en temps. Je comprends mieux ton emploi du temps chargé… mais je suis admiratif de ton courage et de tes résultats scolaires.

Restons-en donc là avec les recherches. Tu es mon élève, dans une situation difficile, hétéro…

Vers la mi-octobre, un samedi soir d’ennui, je me connecte sur un site de rencontre. Plus dans l’idée de discuter en fait, pas forcément en recherche d’un plan d’un soir… Je parcours les différents profils de la région... les mêmes visages, vus et revus. Quelques-uns que je connais, ou avec lesquels j’ai couchés, mais personne n’est en ligne. Mais mon cœur s’arrête presque de battre quand j’aperçois ta photo. Un rêve… est-ce possible ? Tu es en ligne. Je regarde ton profil. Peu d’indications. Des photos normales. Pas de nu, même verrouillé. Pas de préférence d’âge…ah… mais bon, tu es mon élève, merde…

L’idée de te savoir homo m’excite incroyablement. Comme quoi, j’avais surement un instinct dès le début. Je souris. Dommage que tu sois mon élève. Je reçois une notification. Tu as visité mon profile. Soudain, un message éclairé mon écran ! « Je ne m’attendais pas à tomber sur vous ici. S’il vous plait gardez ça pour vous. Je ne suis pas out, et la situation à la maison est compliquée en ce moment. S’il vous plait… »

Je me contente d’une réponse lapidaire : « pas de souci, tu peux compter sur moi. Porte-toi bien »

Et la conversation s’arrête là. Je me demande qui est le plus embarrassé des deux.

Le lendemain, en cours, nos regards se croisent. Je ne lis qu’une chose dans ce regard, dans ces yeux tristes : « s’il vous plait, pas un mot ». Non bien sûr, pas un mot…

A ma grande satisfaction, tu restes motivé en classe, et ne prends pas particulièrement tes distances pendant les cours. Dans la semaine, tu t’arrêtes même à mon bureau pour discuter du cours, comme si de rien était. J’imagine que comme moi, tu arrives bien à compartimenter ta vie. Je me dis que quelque part, tu me ressembles.

Je me reconnecte sur le chat quelques jours après. Je ne sais pas… je suis comme attiré. Je me promets de ne pas discuter avec toi, mais rien que l’idée de savoir que tu es sur ce site, d’y voir ta photo, et de t’imaginer rencontrer d’autres hommes me donne des frissons. Une façon de me décontracter … car oui dans les jours qui suivent mon désir pour toi grandit, grandit… je regarde ta photo… je repense à ton visage pendant les cours. Ta voix qui pose des questions. Ton intelligence. Ta maturité. Je me sens irrésistiblement attiré par toi…

Le jour qui suit tu es en ligne. Mon doigt glisse sur la souris, moite, tenté en permanence de cliquer sur ton profil, mais je ne peux pas me dévoiler ainsi. Et je ne peux pas céder. Non je ne peux pas…

Mais c’est toi qui m’envoies un message ! Que faire ? Je l’ouvre

- Pas couché ? Il y a école demain pourtant 😉

- Eh oui, je viens juste de finir de corriger des copies

- Oh… je m’en suis bien sorti ?

- Pas vraiment…

- Oh…non ☹ ☹

- Je plaisante… tu t’en es très bien sorti

- 😊

- Ecoute, je pense que ce n’est pas très approprié que tu me parles ici, même dans un contexte… comment dirais-je… en tout bien tout honneur

- Oui désolé. J’ai vu que vous étiez en ligne… je n’arrivais pas à dormir… je voulais juste discuter, comme en cours

- Pas grave. Passe une bonne nuit

- Merci, vous aussi

Je regarde mes notifications… je vois qu’il a regardé mon profil une dizaine de fois ces derniers jours. Je soupire et me prends la tête dans les mains. Merde… Je ne peux pas… Il faut que je fasse gaffe. Que je me contrôle. Autrement je vais finir par faire une connerie.

Le lendemain en cours, mon cœur se serre. Je m’approche de toi. Et te rends ta copie. Tu parviens à masquer ta surprise. Mais je n’arrive pas à ignorer notre dialogue d’hier. Je pense à toi…

A la fin des cours, je t’interpelle…

- Adrien… voilà, samedi, il y a une lecture à la librairie avec Jacques Dupont, spécialiste de littérature du début XXème. J’ai pensé que ça pourrait t’intéresser, dans le cadre du programme. J’ai proposé à quelques élèves de m’y rejoindre. Si tu es intéressé, et si tu en as le temps bien sur

Sourire de coin

- Merci c’est gentil. Je vais essayer de me libérer

C’est un mensonge… de ma part. Je ne l’ai pas proposé aux autres élèves. Je tressaille… qu’est-ce que j’ai fait ? Mais après tout, ce n’est pas comme si je lui proposais une date. C’est juste un peu en rapport avec les études.

Le jour J, je me tortille nerveusement sur ma chaise, lorsque la salle se remplit. Tu n’es pas là. C’est dommage… tu es surement occupé.

Mais la lecture a à peine démarré, qu’un léger bruit dérange l’audience. La porte de derrière s’est ouverte. Je t’aperçois. Gêné, tu t’installes au fond. Juste un petit signe de la main. On s’est reconnu.

On se retrouve à la fin. Tu souris. Tu as beaucoup aimé, comme moi. Tu te mets à parler passionnément de ce que nous venons d’écouter. Je te suis dans ton dialogue. On reste un long moment à parler. D’autres se mêlent à la conversation. On boit du vin de piètre qualité dans des gobelets en plastique. Je passe un bon moment. Je ne vois pas le temps passer en fait. On continue à discuter en dehors. Tu me remercies pour l’invitation. Tu me dis à quel point ça te fait du bien de t’extraire de la routine des cours, et de la vie familiale… depuis la mort de ton père. C’est sorti tout seul. Tu t’en excuses presque

- Je suppose que vous savez pour mon père

- Oui, je suis désolé

On marche un moment. Le silence est un peu étrange

- Merci encore, bonne soirée alors

- Bonne soirée

Sourires échangés, petit geste de la main…

Je pense à toi pendant longtemps. Tu m’attires. Intellectuellement, mais aussi physiquement. Mais après tout, si j’aime passer du temps avec toi, qu’est ce qui m’en empêche ? Un moment comme celui-ci s’inscrit dans le cadre des études et n’engage à rien. Tant que je ne laisse pas mon attirance physique prendre le dessus. Mais il n’y a pas que ça qui m’attire chez toi. Tu es tellement unique, intéressant…

La semaine qui suit, tu as l’air vraiment bien dans tes baskets, ce qui me fait très plaisir. Tu participes bien en cours, et passe me voir après les cours presqu’à chaque fois.

Un soir, alors que je suis sur notre site de rencontre gay, et que je me garde bien de ne pas regarder ton profil, tu m’envoies un message… Ça m’ennuie d’abord. Vu le contexte du site. Je me dis que tu cherches du sexe, et que cela va réveiller en moi des mauvais penchants.

J’ouvre le message : « Bonsoir, j’ai vu que vous étiez en ligne. C’est juste pour dire bonsoir, rassurez-vous. Je n’arrivais pas à dormir »

Que répondre ? J’aime discuter avec lui, mais pas sur ce site… Mais je ne résiste pas vraiment longtemps. Assez amusé en fait de pouvoir discuter avec lui dans ce contexte.

On commence alors à chatter de banalités… mais je prends autant de plaisir à le lire qu’à discuter avec lui en fait. Il se dévoile un peu, doucement, pudiquement. Je suis un peu inquiet de le voir se confier… mais j’éprouve tellement de sympathie pour lui. Nous sommes gays tous les deux. Lui n’est pas out. Je suis plus expérimenté… Je sais bien que ce n’est pas approprié, mais je ne résiste pas à la tentation de l’aider. Doucement.

Dans les jours qui suivent, nos dialogues se développent. Malgré moi, je deviens un peu son confident. Il parle de l’anxiété de son coming out, de la responsabilité qui pèse à la maison, sur lui l’ainé, depuis la mort de son père. La pression financière aussi, car les revenus sont modestes. J’écoute plus qu’autre chose, car je n’ai pas envie de me mêler de sa vie.

Apres quelques jours, je réalise que nous sommes en train de devenir intimes. Je lui réponds, m’efforce de le rassurer, de lui donner des conseils. En toute amitié, entre adultes…

Mais lorsque je le vois en cours chaque jour qui suit je réalise à quel point c’est inconfortable. Je le vois. Mais je ne le perçois plus comme un élève. Mais comme un ami, un ami très cher. Cela va au-delà de la barrière déontologique que je m’étais fixée, mais maintenant qu’on en est là, et que l’on ne va pas plus loin, j’en suis finalement assez satisfait.

Je ne résiste pas au plaisir d’avoir une autre occasion de le voir en dehors des cours. Je lui propose de m’accompagner à une exposition, un mercredi après-midi.

Je me rends compte que son gout pour la peinture est aussi fin et mature que son gout pour la littérature. Il m’épate. Il m’impressionne. Je me sens bien avec lui. Il est certainement mur pour son âge, mais il reste jeune d’esprit. S’enthousiasme avec excès sur ce qu’il aime, ou n’aime pas. Parle parfois trop vite, ou en fait un peu trop. Mais toujours avec finesse, sans se prendre trop au sérieux non plus. Je le regarde. Regards volés, quand lui ne me regarde pas. Avec lui, le temps ne passe pas. Je suis dans le présent. Dans la connexion… mais aussi dans le désir. Un désir contrôlé. Mais un désir d’être proche de lui.

Nos dialogues sur internet continuent, deux ou trois par semaine. Je commence à connaitre beaucoup de choses sur lui… et lui sur moi aussi.

Troisième rencontre… à ton initiative cette fois. Tu veux que je t’accompagne à la librairie, choisir quelques livres. Nous sommes début décembre. Il faut froid. On s’est retrouve en fait d’après-midi, après ton cours de tennis. Tu es en survêtement, sous ton manteau. La librairie ferme derrière nous. Je n’ai pas envie que ça s’arrête. Ma bouche laisse échapper : « ça te dirait de boire quelque chose, un chocolat chaud par exemple ? »

Il fait froid, et nous sommes assez prêts l’un de l’autre en terrasse, réchauffés par les lampes à gaz. Une moustache brune de chocolat se dessine sur tes lèvres, vite effacée par le revers de ta main. Tu souris. On parle. Je te connais tellement mieux maintenant. Il fait froid. Il est l’heure de rentrer. Un samedi soir solitaire m’attend. Pour toi, ce sera surement un diner en famille. Je ne veux pas te laisser partir… Les rues sont désertes. Le silence est pesant. Et ce qui pesait dans l’air depuis un moment devient inévitable. On se tient face à face sans rien dire. Et nos lèvres se trouvent. Un petit baiser chaste. Doux. Juste une seconde. Qui me traverse comme un éclair. Ce n’est pas possible. Je viens de franchir cette fameuse ligne rouge…

- Excuse-moi je n’aurais pas dû. Je ne sais pas ce qui m’a pris

Tu ne sais pas quoi répondre. Je bredouille

- Il faut que j’y aille. Excuse-moi

Je pars comme un voleur.

Sur le chemin du retour, je suis affreusement tiraillé. Entre la magie de ce premier baiser, et la culpabilité féroce. Je serre les poings. Je ne peux pas, ce n’est possible.

Le soir, je reste tout habillé, allongé sur mon lit, les yeux grands ouverts. Qu’est ce qui m’arrive ? J’ai tellement envie de lui… mais je ne peux pas.

Je regarde mes emails. J’ai une dizaine de notifications de messages d’Adrien sur le chat gay. Non, il ne faut pas que je les lise. Il faut arrêter maintenant. Sinon il sera trop tard.

Le lundi en cours, ton regard est sombre, triste. Tes yeux voilés. Moi je suis plus sec que d’habitude, et les élèves le perçoivent bien. Je me sens tellement mal… mais tu as l’air encore plus mal.

Le soir, je finis par lire les messages que tu m’as envoyés. Tu me dis que je n’ai pas à t’en vouloir… que c’est aussi venu de toi. Mais que oui, tu ne peux pas nier que tu as des sentiments pour moi, que je t’attire, et qu’apparemment c’est réciproque. Et que tout ça te rend malheureux, très malheureux. Tu comprends mes doutes…

Je réponds sèchement : « Adrien, je comprends et je ne peux pas nier que je suis très attiré par toi. Intellectuellement et physiquement. Mais ce n’est pas possible. Je suis ton prof… et nous avons 22 ans d’écart. Ce n’est juste pas possible. Je suis ton premier émoi. C’est tombé sur moi. C’est tout. La vie continue. Bonne chance »

Je n’aime pas ce message, ce n’est pas ce que je pense au fond de moi. Mais je presse quand même le bouton « envoi ».

Les jours suivants ça ne va pas mieux. Je ne dors pas. Je rêve de toi. De ton visage. De ta voix, des rencontres de ses dernières semaines. De ton rire. De ton corps, de ta silhouette.

Toi non plus tu ne vas pas mieux. Tu es sombre. Ton dernier devoir est médiocre. Cela ne te ressemble pas. Tu fais la tête en cours. Tu es tellement triste. C’est une torture permanente.

La nuit je ne dors pas. Je reste allongé sur le dos, les yeux ouverts. Mes lèvres essaient de se rappeler la sensation de notre baiser. J’aimerais tellement recommencer.

La semaine qui suit tu me renvoies un message. Tu m’expliques que tu vas vraiment très mal. Tu me laisses ton numéro de portable. Je suis inquiet. Bien sûr je ne devrais pas répondre, mais ça me rend malade de savoir à quel point tu souffres.

Echange de SMS. On peut se parler au téléphone ce week end ?

Je t’appelle le samedi. Ta voix est nouée. Tu me confies que je te manque. Tu ne te l’expliques pas. Tu n’arrives pas à m’effacer de ta mémoire. Tu commences à pleurer. Mes yeux se mouillent à t’entendre. Toi aussi tu me manques Adrien. Je pense à toi. Mais il faut résister. Avec le temps, cela s’effacera. Tu es jeune. Tu rencontreras surement quelqu’un de bien. De mieux que moi. De ton âge.

Je ne sais pas si je te convaincs. Mais le fait de se parler au téléphone t’a en tout cas calmé. Et moi ça m’a fait plaisir de t’entendre.

Dans les jours qui suivent, je prends de tes nouvelles par SMS. Tu vas bien. Je suis soulagé. J’essaie de garder une bonne distance. Je me dis qu’après tout, on peut peut-être reprendre une relation normale. D’amitié. De connivence intellectuelle.

Les vacances de Noel arrivent. Je suis soulagé à l’idée de quitter la ville pour aller fêter Noel chez mes parents, en région parisienne. Mais je reste en ville le premier week-end des vacances. C’est là que tu me proposes qu’on se voie. Que faire ? Je me fais confiance pour te résister… et j’aimerais aussi m’assurer que tu vas mieux, et que je peux partir en vacances l’esprit tranquille.

On se voit dans un café. Je suis vraiment content de te voir. Tu tournes nerveusement la cuillère dans ton café. Un peu de tension mais la conversation prend un bon tour, et on se détend tous les deux. Je suis content, toi aussi. Je me sens bien avec toi. On marche. Longtemps. Dans les rues, à trainer. Jusqu’à un endroit isolé du jardin public. On est fin décembre. Le 21. Le jour le plus court de l’année. Il fait déjà nuit, en fin d’après-midi. Je ne sais plus très bien comment ça s’est passé. Tout est venu naturellement. La digue que nous avions essayé de bâtir ces dernières semaines a fini par céder. Je crois que c’était inévitable. On a fini par s’embrasser sur un banc public. Naturellement. Comme deux aimants. Comme deux amants. Un baiser lent, mais long. Puis un deuxième. Des sourires. Une main qui caresse la joue.

- Tu me plais tellement… c’est plus fort que moi

- Moi aussi

On reste à échanger des baisers pendant un moment. Mais la réalité du quotidien nous rattrape. Il faut que tu rentres chez toi. Et moi j’ai un train à prendre demain matin très tôt pour aller passer Noel chez mes parents.

Sylvainerotic

sylvainerotic@yahoo.com

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