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Le Lesbien

C'était la première fois que je sortais si tard du bureau. Un travail urgent m'avait retenu jusqu'à onze heures. Seule ma voiture stationnait encore sous le auvent aménagé au-dessus du trottoir aux petits pavés noirs et blancs formant de jolies arabesques à la mode lusitanienne, revue et corrigée par les Brésiliens. Les Portugais ont exporté dans toutes leurs colonies ce style de mosaïque bicolore, redoutablement glissantes sous la pluie. Et il pleuvait parfois fort, à São Paulo !

L'immeuble n'était pourtant pas tout à fait vide puisque le portier, Ruperto, en uniforme blanc chamarré de dorures dignes d'un haut officier de la Marine, se précipita pour m'ouvrir la porte déjà verrouillée. Puis, se campant fermement au milieu de la minuscule rue Maria Borba, pourtant bien déserte à cette heure, il fit le geste de stopper une circulation imaginaire d'un bras autoritaire, tout en m'invitant de l'autre à effectuer ma manoeuvre. Cela fait, il me gratifia d'un énergique salut militaire ponctué d'un viril clin d'oeil.

En m'engageant dans la Rua Doutor Antonio Motta, j'aperçus l'aguichante silhouette de Verónica, arpentant d'une démarche chaloupée son périmètre d'activité. Bien que ne comptant pas parmi ses pratiques, j'avais pris l'habitude de sympathiser avec elle en déclinant sempiternellement, sur le ton de la plaisanterie bon enfant, les offres de service qu'elle persistait à m'adresser chaque fois que nous nous croisions dans le quartier. Elle allait jusqu'à m'appeler gentiment " o meu Francês ", tandis que je lui donnais suavement du " minha namorada ". Cet innocent marivaudage, que certains de mes collègues avaient découvert, m'avait valu maints quolibets : on ne manquait pas de me promettre de " drôles de surprises " s'il advenait que je succombasse aux libidineuses sollicitations de Verónica.

Mais très peu d'entre eux savaient que de telles " surprises " n'étaient pas pour me rebuter. Or justement, ce soir-là, l'heure avancée, qui écartait pratiquement tout risque d'être observé par aucune personne de ma connaissance, m'incitait à la découverte. Je ralentis donc à la hauteur de Verónica, après avoir répondu à son amical salut de la main. Surprise, elle s'approcha de la vitre baissée :
" Boa tarde ! O meu Francês sente-se sozinho ? ", mon Français se sent seul ? Pour une fois, cette accroche banale correspondait tout à fait à la réalité ! Oui, je me sentais seul... Oui, j'étais prêt à partager cette solitude avec " quelqu'un "... Mais ce serait chez moi, si elle voulait bien, car je goûtais peu, en général, les étreintes buccales expédiées furtivement dans une ruelle sombre, sur une banquette arrière...

Elle demanda à consulter son impressario, occupé à taper le carton sur la table bancale d'un botequim voisin, et revint, radieuse, munie de toute licence appropriée pour une escapade hors de son territoire de chasse. La note serait nettement au-dessus du tarif habituel (que je ne connaissais, bien sûr, que par ouï-dire !). Mais en voyant Verónica onduler joyeusement et gracieusement à mes côtés, toutes mes réserves disparurent rapidement.

Je rattrapai l'Avenida Amaral Gurgel, que je quittai avant le souterrain sous la Praça da Consolação, pour suivre la Rua du même nom. Celle-ci s'enfonçait loin dans le quartier des Jardims ; mais je bifurquai bien avant, passé le Cemitério, dont les imposantes chapelles mortuaires dominaient largement les hauts murs d'enceinte maculés de graffitis et de tags ésotériques. Puis je rejoignis la Rua Augusta, qui menait, après avoir coupé la célèbre Avenida Paulista, à l'Alameda Jaú où se trouvait ma résidence.
Tout en conduisant, et en bavardant avec Verónica, je complétai par des coups d'oeil inquisiteurs l'examen de ma séduisante passagère. Et ce ne furent ni la vue plongeante sur sa poitrine somptueuse, ni mes oeillades prolongées sur ses cuisses fuselées et ses mollets admirablement galbés, ni ses longs cils soyeux sensuellement recourbés qui parvinrent à me faire douter que Verónica fût autre chose que ce qu'elle s'employait si triomphalement à paraître. Décidément, pensai-je, l'idée universellement répandue selon laquelle la plupart des putes brésiliennes seraient des travestis ne semblait réellement pas se vérifier avec elle. Et ce n'est pas la mimique ébahie du portier, plus accoutumé à mes relations ostensiblement masculines qu'à ma fréquentation des Filles d'Ève, qui aurait pu insinuer le moindre doute à cet égard dans mon esprit.
Nous nous installâmes dans mon salon, devant des caipirinhas bien tassées que j'avais préparées moi-même, tandis que Verónica se mettait à l'aise, balançant ses escarpins dorés et son sac à fanfreluches sur les sofas environnants. Son teint de petit pain doré mettait étonnamment en valeur des yeux bleu pâle, aux iris bordés d'une couronne foncée, presque noire. Ses lèvres étaient pulpeuses, moites et actives, et électrisaient chaque pouce carré de ma peau qu'elles exploraient, et sa langue, obstinément, agaçait chaque papille de la mienne. Ses mains ne restaient pas inactives. Elles aussi exploraient, avec une science consommée, toutes les régions si sensibles chez un homme. Elle parvint bientôt à me foutre le feu un peu partout à un point qui m'étonna moi-même. Diverses pièces de mes vêtements : pantalon, slip, cravate vinrent bientôt rejoindre sur la moquette la robe pailletée, les escarpins brillants et le soutien-gorge de Verónica. Au bout de nombreuses et délicieuses minutes, il ne me restait plus sur la peau, pour cacher mon anatomie excitée à l'extrême, qu'une chemise et des chaussettes, tandis qu'elle conservait sur la sienne un string rouge, un porte-jarretelles noir et des bas résille. J'approchai ma main du string pour être à l'aise en pénétrant le temple ultime de mon futur plaisir. Mais elle sursauta en sentant le contact s'approcher de son entrejambe, et écarta brusquement ma main...
" Não, por favor...
- Mas olha ! Quero transar... Écoute, mais je veux baiser...
- Prego, James,... não ! Não deste modo... " pas de cette façon...

Une vraie détresse, teintée de panique, altéra soudain son visage. Je ressentis une vague de compassion et de tendresse, tandis qu'elle se blottissait contre moi, le dos tourné, les fesses cherchant le contact de mon sexe épanoui. Je l'entourai de mon bras, doucement, embrassai son cou, caressai sa poitrine, enserrant légèrement dans mes mains ces globes orgueilleux dont elle était, à juste titre, si fière. Elle soupira voluptueusement, apaisée, en frôlant de la main, avec tendresse, mes fesses, mes hanches, l'arrière de mes cuisses.

" Gostou muito de você, James, meu Francês... Je t'aime bien, mon Français...
En palpant plus intensément ses rondeurs, il me sembla percevoir une consistance curieuse. Silicone ? Une idée traversa brusquement mon cerveau, comme si un voile se déchirait, et presque sans réfléchir, je portai immédiatement ma main entre ses cuisses... Au moment même où je compris, elle se retourna face à moi tout d'un coup, et enfouit son visage dans mon cou en sanglotant :

"Agora, você sabe... maintenant, tu sais. Oui, je suis un garçon. Je ne voulais pas te le dire, parce que, tu sais, en général je travaille seulement avec la bouche, alors le reste... je pensais que tu serais furieux, comme les autres. D'habitude, je me planque mieux que ça, mais avec toi, ce n'est pas pareil, je ne peux pas...".

Elle semblait inconsolable... Je lui caressai gentiment le visage, les bras. Je lui fis un baiser très profond, gourmand et fougueux, auquel elle répondit jusqu'à perdre haleine. Puis je collai ma bouche à son oreille et murmurai, d'une voix d'une douceur incroyable, presque imperceptible, et sur le ton d'une confession que l'on fait à soi-même :

"Verónica, não tem problema... il n'y a pas de problème, j'aime tous les êtres humains ! Et je peux même t'avouer qu'à certains moments, ce sont les garçons que je préfère... Alors, tes nichons arrogants au silicone et aux hormones, j'adore ; tes yeux de biche trop maquillés à faire damner un saint, j'adore ; ton cul rond et tes hanches étroites de mec pervers, j'adore ; et ta petite queue, que je vois bien raide, et que tu n'arrives plus à cacher, je l'adore aussi ! J'adore la voir, et j'adorerais la toucher... et même plus... Laisse-moi la caresser..."

Émue, Verónica écarta complètement ses jambes, révélant une petite bite toute raide, et deux gentilles couilles totalement glabres, comme celles d'un collégien. Je fis rouler entre mes doigts les pièces de cet appareil, palpant soigneusement chaque testicule, dégageant le prépuce en glissant la peau bien à fond le long de la hampe. Le membre semblait durcir et grossir sous ma manoeuvre lente et rythmée.

"Quelle chance tu as, Verónica ! Tu es vraiment double. Laisse-moi te faire ce que tu fais si bien : laisse-moi te sucer... Tu me donneras des conseils !
- J'apprécie que tu continues à m'appeler Verónica, dit-elle en souriant. J'aime le sexe... principal que j'ai choisi. Mais pour toi, meu Francês, je veux bien faire une exception. Je veux bien redevenir Flávio, pour ton plaisir".

J'engloutis bite et couilles dans ma bouche, et m'appliquai à donner tout le plaisir dont j'étais capable. Flávio gémissait doucement, et fermait ses yeux superbes sous les vagues voluptueuses que déclenchaient les mouvements de ma langue, de mes lèvres. Il caressait mes cheveux en soupirant :
"Sim, sim, ... gostou, gostou muito lo que você me faz..." oui, oui, j'adore, j'adore ce que tu me fais...

Sentant par instants de légers spasmes agiter son corps abandonné à mes attouchements, j'eus une idée fulgurante : quittant un moment son sexe turgescent, j'attrapai un préservatif et le lui mis prestement.
"Flávio, por favor, encula-me !"

Tout haletant encore, il resta un instant bouche bée. Puis il dit :
""ta bom ! D'accord, place-toi !... "

Je me mis sur le dos, écartai les cuisses et relevai mes jambes, que je posai sur chacune des épaules de Flávio. Il mouilla ma rondelle d'un peu de salive, et commença à introduire précautionneusement sa queue, dont la rigidité ne faiblissait pas. La vision de cette super nana, aux seins magnifiques, aux yeux de rêve, à travers qui je ne pouvais m'empêcher de voir un mec superbe et très efféminé qui commençait à me travailler l'oignon en gémissant, me rendait littéralement fou d'excitation. Flávio-Verónica me martelait le cul à présent sur un rythme acharné. Malgré la petite taille de sa bite, je sentais chaque aller-retour avec une acuité extraordinaire. Ses seins ballottaient en cadence à chaque coup de reins vigoureux : je les palpais à tour de rôle, d'une main, tandis que de l'autre je me branlais en cadence, en étranglant mon noeud près d'éclater...

Flávio se mit à hurler d'un ton suraigu et, dans une dernière poussée frénétique, lâcha ses giclées en spasmes formidables. Je partis à mon tour, balançant à longs traits puissants ma liqueur jusqu'à mon cou, à mon menton et à mes yeux. Sans se retirer de mon cul en feu, Flávio entreprit de laper sur ma peau le sperme répandu, puis engloutit dans sa bouche ma langue affolée. Nous restâmes de longues minutes enlacés, haletants et râlant encore de plaisir.

Lorsque, bien plus tard dans la nuit, Flávio prit congé de moi, il fouilla dans son sac et me tendit les billets que je lui avais donnés au début de notre soirée :
"Reprends-les, s'il te plaît. Avec tout le plaisir que tu m'as donné, c'est moi qui devrais te payer !... ". Je lui souris tendrement, en refusant évidemment sa proposition.

Nous nous revîmes souvent. Pour pimenter nos rencontres, Flávio me déguisait parfois en femme, et jouait le rôle masculin. Mais j'ai toujours refusé d'être payé... Lesbien, parfois, mais pute, jamais !...

Jako

jakolarime@neuf.fr

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