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Les correspondances de Marc & Cyril
29 juin 2019, La Bastide.
Marc,
J'ai une petite heure pour poser mon bagage, me rafraichir, être à tomber par terre, ou à monter en l'air, pour cette soirée qui ressemble - sous le voile d'une opération commerciale - à des présentations officielles.
Et je prends le temps de t'écrire, à plat ventre, tout nu sur le lit, caressé par le ventilateur, je sens le duvet blond de mes fesses onduler en vague de douceur.
Je devrais m'affoler en quête de résultat, usant de beaucoup d'artifices, de cosmétique, t'ordonner d'aller chercher et payer un costard Armani, choisi en panique au téléphone à une boutique de Saint-Trop.
Non. Sur le lit, bien à mon aise, je m'aime ! Tu m'as vu comme je m'ignorais. Les étoiles virevoltantes de tes yeux dansaient autour de moi et m'auréolèrent d'un nouvel éclat. Oui je me suis senti si beau, attendu, puissant.
Tu n'avais pas besoin d'aller si vite sur ton bolide, je me serais de toute façon et naturellement posé contre ton dos, enlacé fermement, j'ai fermé les yeux. Tu aurais bien pu sortir de la route, louper un virage, nous lancer dans le vide et contre la pierre que je n'aurais pas senti le vertige, la peur, le choc, la mort.
Je serais passé du paradis au paradis...
Je pense à toi et me cambre, tu pourrais pousser silencieusement la porte et te glisser sur le lit, ramper sur moi et me mordre la nuque... Je me cambre.
L'idée de sentir ton poids sur mes fesses, ton sexe se déployant dans le creux de mon dos, le long de ma colonne vertébrale... et je me cambre encore.
Tes bras puissants supportant ton torse, se pliant, je suis couvert, je disparais.
Cela s'agite dehors, les premières voitures arrivent, le cristal tinte, des exclamations, de la musique.
Je vais enfiler une chemise blanche, large et un peu transparente, un jean boyfriend retenu par une corde, sans sous-vêtement, les pieds nu. Un splash d'Eau Sauvage, je suis prêt.
Quelle idée tout ce monde pour ces retrouvailles !
Un rempart d'humains, de mondanité entre nous, pour s'empêcher de nous bouffer la gueule, d'arracher nos vêtements, de s'agripper par tous les trous, de s'éclabousser de sueur, salive, larme et foutre.
Je le sais, tu ne seras jamais trop loin, j'entendrais ta voix parfois proche, parfois lointaine, mais tu seras toujours dans mon horizon.
Tu verras, chaque fois que je passerais ma main gauche dans mon cou alors tu sauras que je te supplie de m'arracher à ce groupe de convives pour me trainer derrière un arbre et me dévorer.
Prends garde amour !
Si tu disparais, si je te perds quelques minutes, je suis capable des pires inconvenances.
J'ai à mon actif des hontes monumentales. Moi aucune ! Mais certains de mes hôtes se souviennent encore... de mes frasques verbales indécentes, de mes exhibitions outrageantes lorsque, par exemple, j'ai défoncé un jeune homme porteur d'innocence, mais soigneusement rempli de vodka, sous une table du buffet, lors d'une remise de Légion d'honneur.
J'ai même failli tuer une vieille dame cardiaque, sous pacemaker en lui faisant découvrir la drôlerie du Popper au mariage de son petit-fils, jadis mon amant, qui en prenait trop.
Je m'ennuyais, je me sentais seul.
Ça me torture maintenant, je veux toucher ton ventre, revoir ta bite hors norme, te saisir les fesses et te plaquer contre moi, sentir ce parfum que je ne reconnais pas et mêlé à ta fragrance unique, lécher le sel de ta peau.
Je signe et rejoins ton " bal "
Cyril
Cyrillo
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