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Destins croisés

Chapitre-9

Par embarras, et par lâcheté aussi, j’évite Jules le reste de la journée. Ce n’est que le lendemain que l’on se parle. Il n’est pas venu au bureau, et m’appelle sur mon portable. Il est abasourdi. Il sait qu’il n’a pas eu d’offre d’embauche, et la raison a du fuiter… ou bien il l’a devinée de lui-même. Il se montre très vite emporté. Colère, larmes. Il ne comprend pas. Il n’a jamais été traité de la sorte. Mais très vite sa colère se tourne vers moi… pourquoi ne l’ai-je pas défendu ? Ai-je au moins essaye ?

Je bredouille des réponses mais je ne suis pas convaincant… car je suis évidemment pris en faute. Au fur et à mesure, la conversation prend un tour de plus en plus négatif… Pour Jules, tout cela vient du fait que je suis dans le placard, et n’ose pas assumer mon homosexualité, et encore ma relation avec lui. Sa colère contre le cabinet d’avocats finit par se déporter entièrement contre moi. Est-ce injuste ? En partie… Toujours est-il que je n’arrive pas à le contenir. Je ne sais pas quoi dire. Je n’ai pas d’excuse à invoquer, si ce n’est que c’est compliqué, et que j’ai besoin de temps. Jules ne comprend pas, il se sent trahi. Il finit par me raccrocher au nez.

Je laisse les choses passer une journée, en espérant qu’il se calme, et que malgré tout on puisse faire le point sur notre relation. Pas de nouvelles…. Il ne répond pas à mes textos, ni à mes appels. Je suis meurtri. Je lui en veux de réagir ainsi. Je m’en veux encore plus de ma lâcheté. J’essaie de l’appeler constamment. Toujours pas de réponse.

Je finis par me rendre chez lui. Je frappe à la porte. Pas de réponse. Je finis par demander à la gardienne si elle a vu Jules. Il me répond qu’il a déménagé hier et qu’il est retourné à Aix en Provence…

J’erre comme une âme en peine les jours suivants. Toujours pas de réponse à mes messages. Comment passe-t-on du bonheur parfait, du sentiment d’avoir rencontré le partenaire idéal, à un tel effondrement en si peu de temps ? Tout s’est cassé en une journée à peine, après avoir construit quelque chose au cours de plusieurs mois… Je n’en reviens pas.

Je suis distrait. Je pense à Jules tout le temps. Et je suis dévoré par les remords. Au boulot, j’ai du mal à me concentrer. Avec Ingrid et Nils, je suis distant, froid. Il m’arrive de m’enfermer quelque part pour pleurer. Sur mon sort. Et sur la fin de cette histoire d’amour. J’ai du mal à trouver le sommeil. Bref, j’erre partout comme une âme en peine.

Cela doit commencer à se voir, car à plusieurs reprises Nils et Ingrid me demandent ce qui ne va pas chez moi. Je me contente d’évoquer des problèmes professionnels. Un samedi, alors qu’Ingrid est sortie (probablement pour voir Frank, son amant), je me retrouve seul avec Nils. Il s’inquiète davantage de mon état. Et spontanément, j’éclate en sanglots. Mon chagrin est devenu trop grand. Impossible à retenir.

On s’installe dans le salon et je lui dis que j’ai beaucoup de choses à lui raconter. Car j’ai décidé de tout lui dire. Être honnête. Pouvoir enfin à parler à quelqu’un…

Je commence à lui confesser ce qui me pèse le plus : j’ai été infidèle avec sa mère. Car c’est le mensonge le plus dur à supporter. L’hypocrisie. Je pleure pendant cette confession. Nils reste calme. A ma grande surprise, il n’explose pas… Je suis surpris. Candide et spontané, comme il l’est souvent, il me répond :

- Ah… ca m’étonne qu’à moitié en fait

- Vraiment ???

- Bah oui… tu t’absentes souvent… et tu t’enfermes toujours dans la pièce d’à côté avec ton téléphone…

Je suis stupéfié. Moi qui croyais être discret… Des larmes continuent à couler…

- Je suis désolé Nils…

Il hausse les épaules, comme si c’était un non-évènement… Je me sens quand même assez mal. J’essaie de me justifier, d’expliquer les difficultés de ma relation avec Ingrid. Sans pour autant révéler ses infidélités. Je ne cherche pas à trouver des excuses, à son dépend

- Tu sais, les choses ne vont pas très forts entre ta mère et moi depuis un moment

Il rit

- Ah oui, t’inquiète. Je me doute bien… faut dire qu’elle est pas discrète elle non plus

Je suis sous le choc… il est donc au courant pour Ingrid aussi… nous sommes donc bien naïfs tous les deux

- Je suis désolé… on est vraiment pas des bons parents

Là encore, il hausse les épaules, indifférent

- Au début, je vous en ai voulu… mais après je me suis dit que c’était peut-être mieux comme ça, et que vous aviez tous les deux besoin d’autre chose. C’est pas comme si vous vous engueuliez…

Je suis vraiment surpris… je ne m’attendais pas à ça. J’ai donc la bénédiction de Nils… et Ingrid aussi. Je comprends qu’on a vraiment de la chance de l’avoir comme fils. Mais maintenant que j’ai démarré ma confession, je me dois d’aller jusqu’au bout

- Il faut que je dise autre chose…la personne dont je suis tombé amoureux… c’est un homme… un stagiaire au boulot

Là, il est vraiment surpris.

- Sérieux ???? J’aurais jamais cru…

- Moi non plus… mais je crois que le fait de te voir heureux avec Julien a juste libéré quelque chose qui dormait en moi depuis longtemps

- Wow… c’est fou… mais si tu es gay, alors c’est bien pour toi

Je lui explique toute la suite, ce qui s’est passé au bureau et ma rupture avec Jules. Je sanglote. Il écoute. Les rôles se sont inversés. C’est moi l’enfant, et lui l’adulte qui me console. Je l’écoute. Il me conseille de faire mon coming out, peut-être pas au travail. En tout cas de clarifier les choses avec Ingrid… et il indique d’ailleurs qu’elle ferait bien de faire la même chose avec moi. Je suis surpris par sa maturité. Décidemment, mon fils m’étonne… Je sais qu’il a raison, mais ça reste difficile. En aurais-je le courage ?

Nils me dit de ne pas m’inquiéter et de compter sur lui. Il va servir en fait d’intermédiaire entre sa mère et moi. Je le serre dans mes bras. J’ai vraiment tellement de chance d’avoir un fils comme lui.

Les jours qui suivent, je me sens un peu mieux. Le fait d’avoir pu parler à quelqu’un a été comme une libération. Mais l’absence de Jules et notre rupture me pèsent toujours.

Je reçois ensuite un texto de Nils. Il me dit qu’il a parlé à Ingrid et qu’il nous laissera l’appartement samedi après-midi. J’appréhende ce moment. J’aime toujours Ingrid mais nous n’avons plus de conversations intimes, et cela me fait drôle de me retrouver ainsi face à elle.

Elle a d’ailleurs l’air aussi embarrassée et mal à l’aise que moi. On ne sait pas par où commencer

- Tu as parlé avec Nils ?

- Oui…

- Moi aussi

On lâche tous les deux un petit rire nerveux

- Donc on est au courant… de tout… tous les deux… dans les deux sens

- Je suppose…. Pardonne-moi, Ingrid… tout cela est ma faute

Ses yeux sont embués de larmes

- C’est autant la mienne…

- Je crois qu’on a de la chance d’avoir Nils

Elle rit… On se parle enfin… ce qu’on aurait dû faire depuis longtemps. Je l’écoute. Elle m’écoute. Une discussion franche, respectueuse. Juste factuelle. Nous ressentons les mêmes choses. Cela me fait un bien fou. Je l’aime. Elle m’aime. Mais cela ne marche pas, ne marche plus entre nous… Pour des raisons que nous comprenons tous les deux. Notre mariage, prématuré. Nos carrières… C’est comme si on se parlait entre amis… La chagrin est quand même là…Mais là encore c’est libératoire.

La révélation de mon homosexualité est un peu un choc, mais elle se range de mon côté. Me comprend. Décidément, je n’aurais pas pu mieux tomber…

On se serre dans les bras, car on reste très complice. On sera toujours amis, et puis il y a Nils… Mais il est temps pour elle comme pour moi de mener nos propres vies. On parle des détails pratiques. Elle va aller s’installer chez Frank. Je peux garder l’appartement. Nils y habitera aussi. Il est majeur. Il n’y a donc pas de garde à discuter, et il visitera Ingrid de temps en temps bien sûr.

Ni elle ni moi ne souhaitons nous disputer pour des questions d’argent. On va d’abord se séparer, et on commencera la paperasserie de divorce d’ici quelques mois.

Finalement, les choses se passent bien… Une période étrange démarre alors pour moi. La séparation. Une nouvelle vie. Mais surtout le coming out… Cela me permet de faire le tri entre ceux qui sont vraiment heureux pour moi. Mes vrais amis. Et ceux qui se contentent d’une acceptation de façade. Ceux-là je sais que je ne les reverrai jamais. Pour mes parents par contre, c’est un drame absolu. Je suis leur fils unique. Faire mon coming out juste après Nils, c’en est trop pour eux. Tant pis. Ils restent mes parents. On se parle. Mais je sais déjà que rien ne sera plus comme avant, et qu’ils n’accepteront jamais vraiment qui je suis.

Au boulot en revanche, je reste dans le placard. Je sais bien que tout finit par se savoir, mais révéler mon homosexualité me parait trop dangereux. Cela pourrait me couter ma carrière, et j’ai besoin de stabilité de ce côté-là pour l’instant.

Tous ces bouleversements me distraient un peu, et je pense à Jules un peu moins qu’avant… Notre rupture continue cependant à me hanter.

Le jour qui suit le départ d’Ingrid, les choses sont étranges. Nils et moi ressentons quand même son absence. Nous avons quand même passes de bons moments en famille, tous les trois, dans cet appartement. L’autre chose est que l’endroit est maintenant habité par un homme seul et son fils, mais surtout par deux homos célibataires. Deux colocs… Cette cohabitation est plus inhabituelle. D’autant plus que Nils semble avoir maintenant digéré sa rupture avec Julien. Il passe ses journées sur Grindr. Il n’a pas l’air de chercher un petit ami. Seulement des plans cul. Malgré tout, ça le gêne que je sois dans l’appartement au même moment. Il se déplace, ou reçoit ses partenaires en mon absence.

De mon côté, même si c’est toujours Jules qui hante mon esprits, et tous mes fantasmes, je ne peux pas résister bien longtemps à explorer pleinement ma nouvelle sexualité. Tous ces nouveaux plaisirs que j’ai découverts avec Jules, je peux les assumer pleinement, sans me cacher ! Je crée mon profil sur Grindr. Et je dois dire que c’est bien excitant. Tous ces hommes beaux, jeunes, et en quête de sexe s’offrent à moi. Mais très vite je comprends aussi tous les mauvais côtés. Les mecs qui te traitent comme un chien. Les faux profils. Les mecs en quête d’argent. De mon côté, mon désir se porte bien sur les profils de l’âge de Jules. Même types. Plutôt minets, propres sur eux.

Même si beaucoup d’entre eux préfèrent les mecs de leur âge, il ne me faut pas longtemps pour trouver mon premier plan. Et je dois dire qu’il ressemble un peu à Julien. Une façon à peine voilée de baiser avec celui qui a été mon premier fantasme et le révélateur de mon homosexualité.

J’ai l’appartement pour moi tout seul ce soir-là. Nils est chez Ingrid et Frank. Mon plan de ce soir, Hugo, est super mignon. 18 ans, brin, mince. Très clairement quelque chose pour les daddies. On a un peu discuté sur Grindr. Juste assez pour qu’il vienne passer chez moi.

Ça me fait bizarre. Car je sais que c’est un plan cul sans lendemain. C’est juste ce que je recherche. Lui aussi. Je ne suis pas super à l’aise quand il arrive. Lui non plus. L’ambiance est bizarre. Je lui propose à boire. Il accepte mais a l’air nerveux. Il me regarde ouvrir la bouteille. A-t-il peur que je le drogue ? J’essaie de faire des blagues pour détendre l’atmosphère.

Les choses n’avançant pas vraiment, je décide de passer à l’acte et je commence à l’embrasser. Ça me fait drôle d’embrasser un autre que Jules. Mais les lèvres d’Hugo sont douces et très vite, je ne suis que dans l’instant, dans la recherche immédiate du plaisir physique. Hugo se montre passif, timide. Il se laisse faire. Je le conduis dans la chambre. Je n’ai pas envie de m’autoriser des trucs sauvages comme baiser dans le salon. Je ne le connais pas. Et c’est comme si, dans mon esprit, c’était encore réservé à ma relation avec Jules.

Arrivé dans le chambre, je continue à déshabiller Hugo. Dévoiler son corps mince et imberbe. Une chose est sûre : j’adore les minets et le corps d’Hugo me fait aussitôt bander comme un fou. La peau est douce sous mes mains. Le corps est mince, imberbe. Les petites fesses magnifiques. Il s’est mis à bander. Et à me toucher. Il m’aide à me déshabiller. Nous sommes nus tous les deux, maintenant sur le lit, à nous caresser et nous embrasser. Je me mets à le sucer. Il gémit et commence à mouiller dans ma bouche. Il me supplie d’aller doucement, sinon il va juter tout de suite. Une chose est sure : il n’a pas beaucoup d’expérience. Tout en le suçant, je ne peux m’empêcher de savourer la douceur de sa peau nue et imberbe avec mes mains. Quelques flashs de Jules me traversent l’esprit, mais j’arrive à être dans le présent. Je passe ensuite aux couilles. Elles sont imberbes elles aussi, et délicieuses. Puis je le relève et commence à le rimmer. Il gémit plus fort. Je le regarde. Il ferme les yeux. Et serre les draps dans ses mains. J’aime lui donne du plaisir avec ma langue. On en a discuté. Je sais qu’il est passif…

- Tu es prêt ?

- Oui

Je sors du gel et une capote de la table de nuit. Il m’a dit qu’il préférait que j’en mette. Une première pour moi. Il m’attend docilement, les fesses redressées par un oreiller. J’adore regarder mon amant m’attendre comme ça, prêt à me recevoir. Je lui mets un doigt de gel. Je sens qu’il est serre. Je suis large. Il appréhende. Quand je m’introduis, il a la mâchoire serrée et les yeux qui s’embuent de larmes

- Aie, aie… doucement…s’te plait

Je m’arrête. Il souffle

- Ça brule…

- Désolé… tu veux qu’on arrête ?

Je me sens mal… est-ce sa première fois, et il m’a menti ?

- Nan c’est bon, laisse-moi m’habituer

Je finis par glisser en lui doucement puis je l’encule doucement. Sa bite est débandée. Son visage neutre. Puis progressivement il me touche. Demande à ce que je l’embrasse. Il se remet à bander et à s’exciter

- Plus fort, baise-moi

Sa main agrippe ma nuque. Sa langue rentre dans ma bouche. Puis il plaque les mains contre mes fesses et j’y vais plus fort.

- Prends-moi par derrière

Je le baise ensuite en levrette. Ça lui plait. Il gémit. Je sens son anus se contracter sur ma bite. Il continue à gueuler, bien qu’il ait maintenant la tête plongée dans l’oreiller, et les fesses bien relevées. Il finit par se coucher complétement sur le ventre, les mains agrippées aux draps, et il me supplie de le baiser plus fort. J’admire son corps nu, son dos étroit, et ses épaules fines. Ses beaux cheveux bruns. Le visage étant masqué, j’imagine que c’est Julien. Excité, j’accélère. J’observe ma bite rentrer de plus en plus vite entre ces jolies petites fesses qui s’offrent à moi. Les cris d’Hugo, bien qu’étouffés par l’oreiller sont de plus en plus sonores et j’en conclus qu’il est en train de jouir. Sa bouche émerge de l’oreiller et il grogne un peu. Comme si, une fois l’orgasme passé, la douleur avait repris le dessous. Je me retire et ça lui brule. Il regarde ma bite

- T’as pas joui ?

- Non

- Tu veux me faire une faciale ?

Sympa de sa part. J’arrache le préservatif et approche ma queue. Il a les yeux mi-clos, comme pour me méfier des jets qui pourraient y atterrir. Je vise bien avec ma bite. Je ne peux pas résister à un visage de minet comme le sien bien longtemps. Mon sperme vient atterrir sur ses joues et sur ses lèvres. Il me suce aussitôt après et avale un peu. Mais pas tout. Il me regarde en souriant, satisfait de lui. Il est mignon comme ca

- Tu veux une serviette ?

- Oui, merci

Il s’essuie rapidement. Puis se lève

- Je vais y aller, j’ai une soirée ce soir

Est-ce vrai ? Un prétexte ? Toujours est-il qu’il n’a pas l’intention de rester. Dommage. Je me sens seul ce soir. J’aurais bien aimé discuter. Pas le draguer. Mais avoir de la compagnie.

Une fois Hugo parti, je me mets au lit mais ne dort pas. Autant j’ai pris du plaisir physique, autant j’ai du vague à l’âme. Je repense à Jules. Le sexe c’est bien, mais l’amour c’est mieux

Sylvainerotic

sylvainerotic@yahoo.com

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