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Chapitre-8
Je vis les deux semaines suivantes comme un rêve. J’ai Jules rien que pour moi, tout le temps et nous vivons vraiment en couple. Il a ramené ses affaires ici. Le moment magique est celui du réveil. Sentir son corps aimé contre le mien. On fait l’amour dès le matin. Un câlin fait de baisers, de caresses, de fellations et de belles éjaculations dans les bouches ou les visages. Puis on se douche ensemble.
Pour aller au bureau, nous prenons des chemins séparés, afin de ne pas éveiller les soupçons des collègues. Pareil au retour. Le soir, nos ébats sont plus passionnés. On baise comme des fous un peu partout dans l’appartement, et dans toutes les positions. Il fait chaud cet été-là, et je me balade à poil le plus possible dans l’appartement, comme pour affirmer ma liberté et ma sexualité, nouvelles toutes les deux. Jules, lui, préfère enfiler un boxer. Et c’est dans ces tenues que l’on vit ensemble a l’appartement, partageant notre temps libre et nos repas.
Progressivement, et même si c’est une période brève, je m’habitue à cette vie domestique avec Jules. Et je me prends à rêver. Moi, j’aimerais l’avoir dans ma vie. C’est avec lui que j’aimerais partager cet appartement…
Un soir, après avoir fait l’amour comme des fous pour la deuxième fois de suite, on continue à s’embrasser et à se caresser, nus sur le lit :
- Je t’aime Jules, comme un fou…
- Moi aussi Gautier…
- Je… en fait… j’en suis certain maintenant… j’aimerais refaire ma vie avec toi…
- Vraiment ?
- Oui… j’ai envie de tout envoyer promener… et qu’on s’installe ensemble… bientôt
Son visage s’illumine. Il sourit. Sa main vient caresser ma joue
- Moi aussi… ça me parait fou en disant ça, mais je sais que tu es celui qu’il me faut… c’est toi l’homme de ma vie
On s’embrasse
- Laisse-moi juste un peu de temps… il va falloir que je règle certaines choses dans ma vie privée, tu t’en doutes
- Bien sûr… prends ton temps… mais pas trop quand même
Le retour de Nils et Ingrid marque une séparation et un retour sur terre. Je suis content de les revoir. Car je les aime, même si je vis une vie parallèle, dans le mensonge. C’est un sentiment étrange. Je commence à réaliser toutes les contradictions qui me rongent. Nils est en pleine forme. Bronzé, rayonnant. Ça c’est bien passé avec Julien et tout le monde. Ingrid est belle et rayonnante, mais aussi impatiente de retourner bosser et se consacrer à sa carrière… et à son amant surement.
Après ces deux semaines intenses avec Jules, je dois me réhabituer à des rencontres plus espacées et plus clandestines, mais non moins intenses, toujours chez lui.
Une fois, alors que nous dinons en famille, je constate que Nils a les yeux dans le vague. Il ne touche pas à son assiette. Ingrid et moi finissons par le remarquer. Soudain ses yeux se remplissent de larmes. La voix étranglée, il finit par avouer que Julien et lui se sont disputés… et que les choses sont finies entre eux. Cela nous chagrine énormément bien sûr. Il n’a pas trop envie d’en parler malgré nos questions, et il finit par se retirer dans sa chambre sans avoir mangé.
- Premier chagrin d’amour… constate Ingrid
Ça me fait de la peine pour lui, mais je n’ose pas me mêler. Et de toutes les façons, je ne suis pas trop sûr de pouvoir lui donner les bons conseils. Les jours qui suivent, Nils est morose. Il broie du noir. Je surprends quelques conversations très agitées, des engueulades au téléphone, surement avec Julien. S’ils essaient de recoller les morceaux, ça a l’air mal parti. Quelques jours après, Nils me confirme que les choses sont bien finies entre lui et Julien. Je n’ai pas plus de détails, mais cela ressemble un peu à des gamineries….
De mon côté, quelle contraste ! Ma relation avec Jules n’a jamais été aussi bonne, et continue à grandir. Je n’ai pas encore trouvé le courage de tout avouer a Ingrid, et je sens que Jules s’impatiente, mais tout va bien pour le moment.
Le sexe est incroyable. De plus en plus audacieux. Et nous réalisons tous nos fantasmes ensemble. Il me vient notamment l’envie de faire quelque chose d’un peu fou. Baiser Jules au bureau. Là où on fantasme en permanence l’un sur l’autre. Un dimanche, je prétexte une tonne de travail pour m’absenter et me rendre au bureau. J’ai donné rendez-vous à Jules là-bas. Je sais que les bureaux sont vides le dimanche. Sauf le gardien en bas de la tour.
Quand Jules me rejoint, je me suis assis dans la grande salle de réunion, celle-là même où on s’était envoyé des textos enflammes, juste après avoir baisé dans un placard. Je demande à Jules de fermer la porte derrière lui. Personne n’est là, mais on ne sait jamais. Je suis assis, confortablement, tel le patron, et lui se tient debout un peu plus loin, tel le stagiaire bien obéissant.
- Déshabille-toi, complétement.
Jules défait ses vêtements, lentement. Il est un peu tendu, mais visiblement prêt à jouer le jeu, malgré les risques. Il est maintenant tout nu. Il ne bande pas. Son sexe est au repos.
- Reste où tu es
J’emploie volontairement un ton un peu sec. Celui du maitre vis-à-vis du stagiaire. Et je commence à me déshabiller face à lui. Je bande. Nu, en érection, je m’installe confortablement sur une chaise.
- Viens me sucer
Il se place à genoux entre mes jambes et commence à me sucer. Ce dont j’ai rêvé (et lui aussi d’ailleurs) se réalise enfin. On baise, ici, dans cette pièce, lieu d’un fantasme interdit. Je caresse ses cheveux. Sa langue et sa bouche s’occupent bien de moi. Je ressens un plaisir fou. Physique, mais je suis aussi grisé par l’endroit et par le risque que l’on prend. A poil comme ça, en train de baiser au bureau. On se ferait virer à coup sûr. J’écarte davantage les jambes et les redresse. Jules a compris et il me lèche les couilles puis les gobe. Il continue à faire des miracles avec sa langue. Je relève encore plus les jambes et il s’attaque maintenant à mon trou. Ma main se fait plus pressante dans ses cheveux. Je veux qu’il me mouille en profondeur. Mais soudain, pour le surprendre, je lâche sèchement : « allonge toi sur la table ». Docile, nu, la bite bien bandée, il s’allonge sur la table, au bord, jambes écartées. Et c’est moi qui me met à dévorer son petit cul. Il jure et gémit. Il attendait ça. C’était son rêve le plus fou et je le réalise avec lui. Je le mouille comme un fou. J’ai apporté du gel mais j’adore quand même le rimmer comme ça. Lui donner ce plaisir intime avec ma langue. Je suis à genoux. Je sens la moquette sous mes genoux. Voir Jules à poil comme ça sur cette table… c’est incroyable. Un vrai film porno.
Je me redresse et vais chercher du gel dans ma poche. Jules est reste allongé sur la table, jambes levées et écartées, les mains calées pour se maintenir en position. Ma bite bien lubrifiée rentre en lui facilement. Je reste immobile pour savourer mon plaisir. La sensation unique, chaude. Le sphincter qui vient serrer ma queue. Je prends ses chevilles dans mes mains et commence à l’enculer. Je le toise, je le domine. Dans ces yeux, de l’obéissance, et beaucoup de plaisir. Il bande et se branle doucement. Il ramasse le précum qui sort de sa queue et se glisse les doigts en bouche. Ça m’excite. Je fais des mouvements lents mais très amples. Je viens buter contre le fond de son rectum. Son corps secoue légèrement.
Après l’avoir bien baisé comme ça, je le fais descendre et le penche contre la table, jambes bien écartées. Puis je l’encule par derrière. Il a les coudes bien calées. J’admire ce petit corps compact, ce dos parfait, ces épaules. Je le tiens par les hanches pour bien le maintenir en place. Puis j’accélère. J’entends mes hanches claquer contre ses petites fesses. Il finit par se pencher complétement et s’agrippe à la table. On pousse de légers cris de plaisir.
- Mets-toi contre la fenêtre
Tout est en verre ici, du plancher au plafond, et la fenêtre n’est en fait qu’un immense panneau de verre qui offre une vue plongeante sur la Défense. Bien sûr, nous sommes trop hauts, trop loin pour être vus. Jules s’est penché, et bien cambré, les mains contre la vitre et je continue à le baiser par derrière. Mon petit stagiaire s’offre à moi. Je l’encule avec passion. Il se branle. Et la ville s’offre à nous en même temps avec une vue imprenable. Je ne peux pas me retenir bien longtemps et je pulse des jets très longs au fond de lui. Je le sens frissonner au même moment. Il sent mon sperme couler en lui, tellement il est abondant. Il éjacule à son tour, et son foutre vient exploser contre la vitre.
Jules se détache et fait maintenant ce que j’adore le voir faire. Il tombe à genoux et me prend en bouche histoire d’avaler les dernières gouttes qui s’échappent de mon gland. Mon plaisir ne s’est pas dissipé. Mon gland est sensible. Et le plaisir se prolonge alors que je regarde la ville gigantesque qui s’étend devant mes yeux. Signe de ma puissance. De cette nouvelle vie qui m’attend. Je vois aussi le sperme de Jules s’écouler doucement contre la vitre…
On s’embrasse et on nettoie tout rapidement. On quitte les lieux, comme si la peur d’être surpris nous avait soudain rattrapés. Je dois abandonner Jules pour rentrer chez moi. Il me demande quand j’ai prévu de tout annoncer à ma famille. Je lui demande d’être patient, une fois de plus.
Les jours suivants sa rupture avec Julien, Nils continue de tourner un peu un rond… Il passe aussi de plus en plus de temps sur son téléphone. Et quand j’aperçois ce qu’il regarde, par-dessus son épaule, je remarque qu’il alterne entre des photos de Julien… et Grindr. Son cœur balance probablement entre essayer de reconquérir son amoureux… et prendre du plaisir avec de nouveaux partenaires.
Coté professionnel, les choses s’accélèrent aussi. Le stage de Jules touche à sa fin. C’est un moment important car la plupart des stagiaires s’attendent à recevoir une offre d’embauche, valable pour l’année d’après. Jules comme les autres retournera finir sa dernière année à la rentrée, avant de réintégrer le cabinet pour son premier emploi après. On en a beaucoup discuté. Il a prévu de transférer d’Aix en Provence a Paris pour sa dernière année, comme ça on pourra vivre ensemble. Après ça, travailler ensemble dans le même cabinet d’avocats ne nous gêne pas vraiment. On fera attention, c’est tout. Et quelque part, ça nous permettra de passer plus de temps ensemble.
La table ronde des évaluations des stagiaires est aujourd’hui, et je ne suis pas inquiet. Ça devrait être une formalité. Jules s’est avéré être (objectivement) un excellent stagiaire. Ses évaluations sont excellentes. Et sauf catastrophe, presque tous les stagiaires reçoivent une offre d’embauche. Je suis quand même un peu nerveux au moment de m’assoir à table avec les autres associés et les ressources humaines afin de revoir tous les dossiers.
La revue se passe bien avec de nombreux stagiaires, certains que je ne connais pas. Mais jusqu’à présent tout le monde reçoit un avis positif. Le cas de Jules arrive vers la fin. C’est à moi de présenter son évaluation et je fais un retour très positif. Je ne m’attends pas à recevoir d’autres son de cloche. Pourtant, je vois notre patron, l’associe le plus âgé du bureau faire la grimace… Il m’interrompt et demande à la directrice des ressources humaines
- Jules G… c’est le p’tit blond qui vient d’Aix c’est ça ?
- Oui monsieur le directeur
- Il a l’air doué… je comprends Gautier… mais franchement, je ne pense pas que ce soit le genre de profil vraiment compatible avec notre cabinet… il est comment dire… un peu trop exubérant
Je vois les lèvres des autres associés se tordre pour ne pas rire… La directrice des ressources humaines baisse les yeux. Je bredouille :
- Je ne… je ne comprends pas… c’est un excellent stagiaire
- Gauthier, je comprends… mais je ne vais pas tourner autour du pot… on n’a pas besoin de petits pédés dans nos équipes, hein ? On va pas se la raconter…
Les autres associés se marrent. La directrice des RH est contrite, mais n’ose rien dire. Je suis sous le choc… Je savais que mes collègues étaient plutôt coincés… mais homophobes à ce point ? Je suis cloué sur place. Car je me sens visé… sont-ils au courant pour Jules et moi ? Est-ce un moyen de nous faire payer ? Je suis tétanisé. Je ne sais pas quoi dire… et les RH qui sont complétement complices dans cette histoire.
On passe au stagiaire suivant : Gonzague de M. Le seul stagiaire dont la performance a été médiocre. Son maitre de stage émet des réserves quant à une offre d’embauche. Il est rapidement interrompu par notre chef qui pense qu’il ferait une excellente recrue. Il connait ses parents, et il est certain qu’il s’améliorera progressivement. Docilement, la directrice des ressources humains ajoute le nom à la liste des candidats retenus. Le chef ajoute :
- Des fois il faut faire confiance à son instinct en termes de recrutement, n’est-ce pas Gauthier ?
Il rappelle à tout le monde que c’est lui qui m’a embauché, mes parents, qu’il connaissait de loin, ayant insisté. Je n’aurais jamais dû être embauché à la régulière. Oui, j’ai été moi-même, en même temps, le bénéficiaire de ce système de caste, comme ce fameux Gonzague… Je ne suis donc plus en mesure d’argumenter avec lui.
Je m’éclipse du bureau rapidement après la réunion. Je suis paniqué. Ecœuré. Jules a été victime d’une discrimination flagrante à l’embauche et j’ai laissé faire…. Mais pouvais-je faire autrement, piégé moi aussi par ma vie dans le placard ?
Sylvainerotic
sylvainerotic@yahoo.com
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