Je rencontre Bobo à l'automne, sur le trajet qui me mène tous les jours de chez moi au boulot. On est en campagne. Il marche le long de la route en tendant le pouce. Je m'arrête illico.
C'est une vraie pipelette. En dix minutes je sais à peu près tout de lui. Il s'appelle Mickaël mais ses potes l'appellent Bobo. Il a quitté Nantes après s'être fait larguer par sa copine. A bossé un temps à Grenoble avant de rentrer dans le Sud-Ouest, où son oncle lui prête une maison, ici, en pleine cambrousse. Il a trouvé un job dans une usine d'agroalimentaire du gros bourg, à quinze bornes. Comme il n'a pas le permis et déteste le vélo, il part à pied trois heures à l'avance pour être sûr d'arriver à temps. Puisque je l'ai pris en stop, il arrivera bien avant l'heure de l'embauche et patientera en buvant des cafés à la boulangerie. Il aime bien passer du temps le matin à boire des cafés à la boulangerie. C'est un truc qu'il faisait avec sa copine, à Nantes. C'était sympa...
Je le charge ainsi à plusieurs reprises dans les semaines qui suivent. Ce n'est décidément pas un intellectuel. Mais il a une tchatche ahurissante, et des années plus tard, j’ai pensé très fort à lui en découvrant Raphaël Quenard, quand même largement plus brillant. Je n'arrive pas à savoir si Bobo est vraiment naïf ou si c'est juste un air qu'il se donne, un côté gamin un peu simplet...
Il a une petite trentaine, comme moi à l'époque. Plutôt grand. Bien foutu. Pas bien fringué. Un peu plouc. Pas un canon. Mais je le trouve mignon. Voire je me sens un peu excité par son côté con-con... Rien de ce qu'il me dit ne m'intéresse mais je me console du vide dans sa tête en jetant de temps en temps un coup d’œil à sa braguette, qui a l'air bien pleine.
Je laisse venir, je l'écoute me raconter la platitude de sa vie en long et en large. Je ne lui parle pas de la mienne. J'attends qu'il demande. Et il finit par demander. Alors il apprend que je me nomme Nicolas, que je suis dans la région pour bosser jusqu'à l'été prochain, que je loue une maison dans un bled, à 3 kilomètres de chez lui. Et puisqu'il pousse l'interrogatoire un peu plus loin je lui apprends que je ne suis pas marié, que je n'ai pas d'enfants, que je n'ai pas de copine... Ce qui le plonge dans une sorte de vide intersidéral, dont je le tire en larguant ma bombe : "Cherche pas Bobo. Je suis homo. " Et je le laisse bras ballants et bouche ouverte devant son usine.
Je ne le revois pas avant une quinzaine de jours. Et puis il réapparaît sur le bord de la route un matin. Je m'arrête comme toujours, pas très sûr qu'il acceptera de monter cette fois. Mais si, il monte et m'assène aussitôt un flot de paroles. Il est désolé. Il n'avait pas deviné. Parce que franchement j'ai pas l'air quand on me voit comme ça. Et puis de toute façon même si j'avais l'air à lui ça ne pose pas de problèmes. Bon à ses collègues oui, sans doute. Mais à lui non. D'ailleurs il a un copain d'école qu'il a revu l'autre jour et qui est aussi "comme ça". Donc c'est sûr ça ne le gêne pas.
Et puis soudain, au terme de ce chapelet de lieux communs, Bobo me scotche. Sur le ton badin qui est toujours le sien voilà qu'il m'avoue qu'en fait il a toujours eu envie d'essayer avec un mec. Et que comme on s'apprécie bien, si je veux, bien sûr, on pourrait peut être baiser tous les deux. Mais il tient à me prévenir tout de suite : c'est lui qui va m'enculer.
Je le ramasse à la sortie du bourg le soir même. On file chez lui. Il habite une petite baraque triste au fond d'un hameau. La maison est en mauvais état et il occupe une pièce unique. Il nous dégote une bière dans le frigo. Il y a un écran géant, une console de jeux, des fringues sales un peu partout. Un pieu défait aux draps pas très nets. Il s'excuse en faisant mine de ranger. Je lui dis de laisser tomber. On trinque. Un ange passe.
Je suis un peu fébrile depuis le matin. J'arrache mon pull. Je m'approche de lui et je lui mets la main au paquet. Caramba, c'est du lourd. Son pantalon de survêt glisse lentement sur son cul bombé. J'en extirpe une matraque mahousse, encore à demi-molle mais déjà longue et surtout super épaisse. J'ai un petit mouvement de recul. L'air blasé, il s'en excuse : il sait. Il y a des meufs à qui ça fait carrément peur. Et en fait c'est pour ça que mes potes l'ont appelé Bobo... Leur vanne c'était : "Eh t'as vu la fille là qui a du mal à marcher ? A tous les coups elle s'est fait Bobo !"
Je ne vais pas me débiner, faire ma mijaurée. Les très grosses bites c'est comme le vélo... On s'y remet vite. Mais quand on a pas pratiqué depuis longtemps ça peut occasionner des courbatures.
J'attrape à pleines mains ce gros paf et je me mets au taf. A genoux devant lui, les yeux droits dans les siens, je le lèche d'une langue salace, avant de l'engloutir et de me mettre à le pomper. Bobo se met à bander très dur et son large méat à dégouliner d'un abondant pré-foutre. Un flot ininterrompu de paroles s'écoule en même temps de sa bouche tandis que nous forniquons. Bobo verbalise tout ce qui lui passe par la tête : les draps qu'il faudrait qu'il lave parce qu'il s'essuie tous les soirs dessus après sa branlette ; son plaisir à se faire gober les couilles alors que son ex daignait à peine lui lécher le gland ; son emploi du temps du lendemain qui nous laisse tout loisir pour ce soir ; son excitation quand il caresse mon cul doux et velu ; ce qu'il pourra trouver à bouffer dans ses placards quand on aura fini parce que déjà il a un peu faim ; le fait qu'il n'aurait jamais cru que j'étais une si grosse salope...
C'est vrai que je me sens super salope, à m'escrimer sur sa bonne et grosse bite, en sachant bien que je ne parviendrai pas à la faire gicler avec ma seule bouche. Je me relève et fais taire Bobo en lui roulant une grosse pelle à laquelle il répond sans rechigner. Je lui dis qu'à présent je suis prêt et que je le veux dans mon cul. Alors, dans le parfum musqué de ses draps raides de jute, il m'encule, il m'empaffe, il me prend, il me baise, il me met, il me ramone, il me casse les pattes arrière, et puis me largue son foutre au fond du ventre.
La soirée se poursuit joyeusement par une passionnante cuisson commentée de spaghetti. Il l'agrémente de ketchup et je mange en silence, en l'écoutant déblatérer sur tout et n'importe quoi. Je m'en fous. Je reste. Je suis ébloui. Je reviendrai chez lui presque tous les soirs jusqu'à l'été. Chaque jour je n'ai qu'une hâte : sentir de nouveau son corps dur et chaud se presser contre mon corps. Sentir ses grandes mains prendre possession de tous mes recoins. Sentir sa queue de cheval m'écarteler le cul et y creuser peu à peu son plaisir. Sentir sa semence s'écouler en moi.
C'est à croire qu'il a toujours fait cela. Lui même n'en revient pas et exulte : il s'est toujours senti maladroit, benêt, pas beau, entre les bras des femmes. Et voilà qu'il se révèle étalon insatiable, bandeur sans répit, incroyable pineur, juteur d'abondance. Et vicelard avec ça, avec un sens du rythme, du timing et de la dramaturgie coïtale tout à fait remarquables.
On s'est quittés bons potes à la fin-juin. On s'est longtemps appelé, de temps en temps, mais il me saoulait au téléphone. J’espérais secrètement avoir l'occasion de me refaire casser le cul par lui, mais ça n’est pas arrivé. Une fois, il m'a envoyé une vidéo qu'il avait tournée avec sa copine pour une plateforme de vidéo bisex amateur. Scénario basique : un couple invite le voisin à l'apéro et le mec, un rouquin pas mal, finit en sandwich. La scène est rendue formidable par la personnalité de Bobo, terriblement bavard, jovial, viril, vicieux et fortement piné. Un genre de Raphaël Queutard. Apparemment il n’a pas fait carrière. Je suis heureux d'avoir profité seul à seul de ses qualités
Carolin
ncarolin@myyahoo.com
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