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Chapitre-11 |
Le monde était flou.
Son corps n’existait plus que sous forme de douleur.
Une sensation de vide, un poids inexistant, comme si sa propre chair lui avait été arrachée.
Il ouvrit lentement les yeux.
L’obscurité était encore présente, teintée des lueurs pâles du matin.
Où était-il ?
Un frisson lui remonta l’échine.
Puis, il comprit.
Le sol froid contre sa joue.
Ses membres éparpillés comme ceux d’une marionnette brisée.
Ses cuisses trop écartées, engourdies, incapables de se refermer.
Son ventre humide de sueur.
Son dos meurtri.
Son intérieur… béant.
Un soupir s’échappa de ses lèvres.
Il ne pouvait pas bouger.
Il ne pouvait même pas penser.
Juste exister.
Exister dans ce corps détruit, vidé, conquis.
Le souvenir des heures passées sous le roi le submergea en vagues douloureuses.
Il ne se rappelait même plus combien de fois Ganondorf l’avait pris.
Seulement la brutalité.
La chaleur.
La lente torture.
Le néant.
Caelum ferma les yeux.
Il fallait qu’il se lève.
Il fallait qu’il bouge.
Mais ses jambes tremblaient sous lui.
Et alors, comme un animal blessé, il rampa.
L’eau était là.
Un sanctuaire de chaleur et d’oubli.
Caelum se laissa tomber dans le bassin, son corps disparaissant sous la surface, emportant avec lui la sueur, la fatigue et les souvenirs de la veille.
Mais il ne pouvait pas s’effacer.
Il ne pouvait pas oublier.
Chaque mouvement lui rappelait ce qu’il était devenu.
Un corps pris, encore ouvert, incapable de se refermer.
Il glissa une main sous l’eau, lentement, tremblant d’appréhension.
Ses doigts effleurèrent l’entrée de son intimité.
Et il s’étrangla d’un souffle muet.
C’était béant.
Toujours prêt.
Toujours marqué de la présence du roi.
Un frisson d’horreur et de résignation le parcourut.
Il ne pouvait même pas penser à ça.
Il était trop fatigué.
Trop épuisé.
Trop brisé.
Puis une voix perça le silence.
— Regarde-toi…
Caelum ouvrit les yeux.
L’un des hommes du harem se tenait là, assis sur le rebord du bain, un regard indéchiffrable posé sur lui.
— Aucun d’entre nous n’a jamais fini dans cet état.
Un silence.
Puis un sourire amer, moqueur, empli de pitié.
— Tu es devenu pire que nous.
Caelum ne répondit pas.
Parce qu’il savait que c’était vrai.
Il n’était plus comme eux.
Il était un trou.
Un réceptacle pour le roi.
Un corps destiné à être possédé.
Le poids de cette vérité s’abattit sur lui.
Il ferma les yeux.
Et s’immergea entièrement sous l’eau.
Seul.
Dans le silence de son propre néant.
Il avait fini par sortir du bain.
Son corps trop lourd, trop fatigué, trop brisé pour supporter plus longtemps l’eau chaude.
Il ne voulait voir personne.
Il ne voulait rien sentir.
Alors, il se coucha dans un coin, à l’écart, là où l’ombre du harem l’enveloppait, où les regards cesseraient enfin de le transpercer.
Le sol était dur, inconfortable, mais qu’importe.
Il n’avait pas la force de chercher mieux.
Il était figé.
Pas endormi.
Pas éveillé.
Simplement là, dans un état étrange, entre la douleur et l’oubli.
Une ombre tomba sur lui.
D’abord subtile.
Puis plus grande.
Plus imposante.
Il sentit une chaleur s’approcher.
Un parfum qu’il connaissait déjà trop bien.
Ganondorf.
Caelum ne bougea pas.
Il n’osa même pas lever les yeux.
Le roi ne dit rien.
Pas un mot.
Pas un ordre.
Seulement un geste.
Il se pencha sur lui.
Et déposa un baiser sur ses lèvres.
Le contact fut bref.
Un effleurement.
Une chaleur.
Une tendresse insoupçonnée.
Rien de brutal.
Rien de dominant.
Rien de ce qu’il attendait.
Puis plus rien.
Le roi se redressa.
Il lui jeta un dernier regard, un regard qui disait tout sans dire un mot.
Puis, il s’éloigna.
Le laissant là.
Seul.
Encore tremblant de ce simple contact.
Caelum tendit involontairement les doigts vers ses propres lèvres.
Un baiser.
Rien de plus.
Mais il ne pouvait pas l’ignorer.
Pourquoi ?
Pourquoi lui offrir ça, après tout ce qu’il lui avait fait ?
Il sentit une chaleur sourde dans sa poitrine.
Quelque chose d’encore plus dévastateur que la douleur.
Il n’était pas comme les autres.
Il était différent.
Spécial.
Et Ganondorf le savait.
Roses-Sky
sydneychabin@gmail.com
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