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Chapitre-7 | Le temps n’existait plus.
Dans le harem, les jours se fondaient les uns dans les autres, sans début ni fin.
Caelum ne savait plus depuis combien de temps il était là.
Une semaine ?
Un mois ?
Plus encore ?
Il ne comptait plus.
Rien ne changeait.
Chaque matin, les serviteurs apportaient dans le bassin de l’eau tiède, parfumée de fleurs du désert. Il se baignait, sans joie, sans but.
Chaque après-midi, il s’allongeait sur les coussins, laissant le vin du désert brûler sa gorge, attendant qu’un autre jour s’écoule.
Le soleil ne pénétrait jamais les voûtes du harem souterrain.
Seul le corps de Ganondorf projetait son ombre sur eux.
Chaque jour, il venait.
Chaque jour, il choisissait.
Les hommes se donnaient à lui comme des offrandes, certains avec une adoration fébrile, d’autres avec une résignation silencieuse.
Et chaque jour, Caelum regardait.
Spectateur d’une scène où il était l’unique absence.
Les corps s’entrechoquaient sous ses yeux, le souffle court des amants du roi emplissait l’air du harem, créant une musique lascive et indécente.
Ganondorf prenait ce qu’il voulait.
Ses mains plaquaient des hanches contre les siennes, son souffle rauque résonnait contre les colonnes de pierre.
Il dominait sans pitié, possédait avec une brutalité maîtrisée.
Les hommes se courbaient sous lui, se laissaient ouvrir, combler, briser sous le poids de son désir insatiable.
Et Caelum…
Ne pouvait pas détourner les yeux.
Même s’il essayait.
Même s’il se haïssait pour ça.
Il se couchait chaque nuit en essayant d’oublier.
En essayant de chasser les images imprimées sur sa rétine.
Mais elles revenaient.
Toujours.
Le dos cambré d’un Hylien sous les mains du roi.
Le soupir brisé d’un homme lorsque Ganondorf s’enfonçait en lui.
Le claquement sourd de leurs corps qui s’unissaient.
Et l’excitation grandissait.
Contre sa cuisse.
Contre son ventre.
Contre sa propre volonté.
Un poison lent et vicieux.
Chaque nuit, il se retournait dans les draps de soie, fébrile, brûlant, troublé.
Il ne voulait pas.
Mais son corps…
Son corps voulait.
Il ferma les paupières un instant, tentant d’ignorer la moiteur de sa peau, le picotement lancinant entre ses cuisses.
L’eau chaude serait une délivrance.
Ou un enfer.
Il n’en savait rien.
Mais ce soir, il n’en pouvait plus.
Il se leva, laissant la soie glisser de son corps, sa nudité embrassée par la lumière tamisée des torches.
Autour de lui, les autres hommes du harem dormaient encore, épuisés par une nuit de luxure.
Mais lui, il était seul avec son feu.
Il traversa la pièce en silence, son pas félin effleurant les tapis moelleux, jusqu’à atteindre le grand bassin creusé dans la pierre.
Un miroir d’eau tremblotant sous les vapeurs parfumées.
Il inspira profondément.
Puis il s’immergea.
L’eau l’accueillit avec avidité, dévorant lentement sa peau brûlante, s’enroulant autour de lui comme une langue de soie humide.
Un frisson voluptueux parcourut son échine tandis que la chaleur s’insinuait partout, se glissant entre ses cuisses, remontant sur son ventre, épousant ses muscles tendus, ses lignes sculptées.
Elle le caressa d’abord doucement, une caresse trompeusement innocente, avant de se faire plus insistante, plus intime.
Ses fesses pleines furent les dernières à sombrer sous la surface, la chaleur les enveloppant avec une langueur vicieuse, comme des mains invisibles qui cherchaient à les modeler, à les marquer de leur empreinte.
Caelum se cambra légèrement, un soupir silencieux quittant ses lèvres, trahi par la délectation perverse du moment.
L’eau l’envahissait.
Elle se pressait contre lui, entre ses jambes, sur ses hanches, le possédant sans retenue, se glissant dans les moindres creux de son corps, le sculptant dans une étreinte qu’il ne pouvait fuir.
Il inclina la tête en arrière, offrant sa gorge nue au vide, ses lèvres mi-closes, ses paupières mi-ouvertes, perdu entre abandon et provocation.
Ses longs cheveux blancs ondulèrent à la surface, serpentins de soie caressant son dos, le creux de ses reins, flottant autour de lui comme un appel silencieux.
Il s’étira lentement, ses bras glissant paresseusement sur les bords du bassin, ses cuisses s’écartant sous l’eau, une invitation nonchalante, presque insolente.
Une offrande inconsciente au désir.
Les vagues frémissaient autour de lui, jouant avec les dernières parcelles d’air entre sa peau et l’eau, lui offrant une illusion d’amants invisibles qui l’adoraient sans retenue.
Il n’avait jamais été aussi beau.
Ni aussi vulnérable.
Il voulait oublier.
Ou peut-être… être vu.
Et il le fut.
Caelum savait qu’il était là avant même de lever les yeux.
Un frisson différent parcourut son échine.
Plus lourd. Plus brûlant.
Une présence écrasante s’abattit sur lui, un pouvoir silencieux qui n’avait pas besoin de mots.
L’eau trembla légèrement, répercutant la menace et l’avidité d’un regard.
Une ombre s’allongea sur la surface du bain.
Ganondorf.
Le Roi des Gerudos.
Il se tenait sur le seuil du harem, immobile, le regard braqué sur l’homme qui ondulait dans son bassin.
Caelum, lentement, entrouvrit les paupières.
Leurs yeux se croisèrent.
Rouge contre rouge.
L’instant s’étira, viscéral, brûlant.
Un sourire indolent effleura les lèvres de Caelum.
Délicat. Félin. Provocateur.
Il laissa ses doigts glisser sur la surface de l’eau, traçant des cercles comme des promesses silencieuses, avant de descendre plus bas, son dos s’incurvant avec une sensualité étudiée.
Ses longs cheveux blancs ondulèrent sur l’eau, comme une caresse spectrale, des perles liquides dérivant sur son torse, glissant jusqu’à son ventre… disparaissant sous l’onde.
Un souffle de désir emplit l’air.
Une attente suffocante.
Ganondorf ne bougea pas tout de suite.
Il se contenta de le regarder.
Lentement.
Dévorant chaque ligne de ce corps qu’il n’avait pas encore marqué.
Puis, il s’avança.
Et, sans le quitter du regard, il se déshabilla.
La tunique glissa de ses épaules dans un bruissement de tissu, révélant l’immensité du corps du souverain.
Il était sublime. Brutal. Monstrueusement parfait.
Un torse large taillé pour la guerre, des épaules capables de soulever un empire, une peau sombre marquée de cicatrices de conquérant.
Puis…
Le pagne.
Un silence absolu.
Le tissu tomba au sol.
Et Caelum vit.
Tout.
Un sexe imposant, massif, la fierté d’un roi né pour posséder.
Épais, lourd, encadré d’une toison rousse aussi indomptée que sa chevelure.
Une œuvre de chair faite pour la domination.
En dessous, deux bourses pleines, imposantes, incarnant la puissance brute du dernier mâle Gerudo.
Caelum retint son souffle.
Un frisson dévora son ventre.
L’eau accueillit cette nudité indécente, comme une amante jalouse, recouvrant petit à petit la virilité du roi.
Sa verge disparut lentement sous l’onde, les reflets dansant sur sa peau sombre, jouant entre ce qu’ils masquaient et ce qu’ils laissaient deviner.
Les longues mèches rousses du roi tombèrent en cascade sur sa poitrine massive, certaines flottant déjà à la surface du bain.
Puis, dans un silence tendu, Ganondorf descendit dans l’eau.
Chaque mouvement était une déclaration.
Une provocation.
Il s’avança avec une lenteur étudiée, sa stature gigantesque fendant la surface, l’eau s’accrochant à lui comme à un dieu tombé du ciel.
Il s’immergea sans un mot, sans un sourire, sa présence déjà suffocante, envahissante, inévitable.
Puis il s’arrêta.
Face à Caelum.
L’espace entre eux était trop mince.
Le silence était trop lourd.
Puis, enfin, il parla.
L’eau brûlait autant que l’air entre eux.
Ganondorf s’adossa au rebord du bassin, déployant son corps avec l’aisance d’un prédateur satisfait.
Sa peau sombre contrastait violemment avec la blancheur éclatante des mèches de Caelum, leurs reflets dansant ensemble à la surface de l’eau, enchevêtrés, inséparables.
Puis, dans un murmure grave, presque doux, il prononça :
— Je ne veux pas te retenir captif, Sheikah.
Caelum haussa un sourcil.
Il ne rit pas. Mais il en eut envie.
Il le fixa, essayant d’y déceler un piège, un mensonge.
— Je crois que ma présence ici dit tout le contraire.
Ganondorf eut un sourire paresseux, traçant lentement un cercle dans l’eau de son index, avant de le briser d’un mouvement de poignet.
— Alors pourquoi le roi Rauru envoie-t-il un espion Sheikah pour m’observer ?
Caelum ne répondit pas tout de suite.
Parce qu’il n’en savait rien.
Ou peut-être… ne voulait-il pas savoir.
Ganondorf ne chercha pas à combler le silence.
Il le laissa peser entre eux, savourant l’instant où le doute s’installait.
Puis, il soupira lentement, levant son regard vers le plafond voûté du harem.
— Tout ce que nous voulons, c’est vivre en paix dans notre désert.
Caelum ne bougea pas.
Son instinct lui criait de ne pas écouter.
Mais son esprit tournait déjà trop vite.
Ganondorf plongea son regard dans le sien.
— Hyrule nous voit comme une menace, mais dis-moi…
Son ton se fit lisse, caressant, presque amical.
— Quelle guerre avons-nous déclenchée ? Quel sang avons-nous versé ?
Caelum ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucune réponse ne vint.
Parce que, pour l’instant, Ganondorf n’avait encore rien fait.
Le roi pencha légèrement la tête, comme un fauve analysant une proie.
— Tu vois… même toi, tu hésites.
Il effleura la surface de l’eau de sa paume large, brisant une illusion invisible.
— Peut-être que le véritable ennemi de cette histoire… n’est pas celui que tu crois.
Le doute s’insinua plus profondément.
Caelum voulut l’écarter, s’y accrocher comme à une lame pour s’en défendre.
Mais Ganondorf lui retira cette échappatoire d’un simple sourire.
— Quel est ton nom ?
Caelum serra la mâchoire.
Il aurait dû mentir.
Il aurait dû détourner la question.
Mais l’eau chaude, le vin du désert, la fatigue du désir refoulé…
Tout s’entremêlait.
Son prénom n’était qu’un mot.
Mais dans la bouche de Ganondorf, il deviendrait autre chose.
Il céda.
— Caelum.
Un frisson traversa l’air.
Le roi répéta lentement, chaque syllabe glissant sur sa langue comme une offrande.
— Caelum…
Il savoura ce nom, le roula dans sa gorge comme s’il appartenait déjà à lui.
Puis, il avança.
Doucement.
Trop près.
Assez pour qu’une simple inclinaison de tête suffise à effleurer la peau nue de Caelum.
— Tu aurais pu mentir.
Son souffle effleura la mâchoire du Sheikah.
Caelum ne bougea pas.
Mais son cœur, lui, rata un battement.
Ganondorf esquissa un sourire victorieux et se redressa.
Il se leva dans un mouvement fluide, l’eau glissant lentement de son torse, révélant chaque relief sculpté, chaque ligne de muscles et de pouvoir brut.
Caelum ne détourna pas les yeux.
Mais il aurait dû.
Ganondorf ne dit plus un mot.
Il sortit du bassin. Se rhabilla.
Puis, il disparut.
Le laissant seul dans l’eau.
Seul avec son trouble.
Roses-Sky
sydneychabin@gmail.com
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