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Les correspondances de Marc & Cyril
19/07/2019, Paris
Marc,
J'aime à croire que dans la vie, ne se réalise que ce dont notre âme a besoin de faire comme expérience et non pas ce que l'on veut.
Qu'est-ce qu'on veut au juste ? Le fruit d'un mélimélo de rêves et de peurs semées, les nôtres, celles de nos ancêtres et les croyances de la société dans laquelle on évolue. On peut choisir de ne pas laisser cette âme s'exprimer et contre les vérités : s'entêter, résister.
Seul l'égo s'en tire à bon compte, fier de ses mensonges, tous les restes n'est que frustration et souffrances.
J'avais commandé un Dieu du Sexe, un Éros, un génie aux ordres de mes désirs. Une mauvaise négociation, car mon âme ne voulait que toi.
Et l'univers m'offre l'humour de ma vie !
L'humour est une de mes valeurs fondamentales et je suis divinement exhaussé. J'ai tellement ri !
Ce Dieu du Sexe parcourant les léproseries du monde entier pour me rapporter les plus beaux spécimens de monstres rongés au bacille de Hansen ou déformés par le syndrome de Cloves ... J'entends tinter les cloches à chacun de leurs pas sur le sable brulant. Je la vois cette couche, pharaonique, illuminée de bougies chauffe plat, mon corps vibrant sous un quart de lune pale, offert à ces bêtes sauvages, et moi, sacrifié pour la mission divine de soulager cette humanité souffrante.
C'est cruel, mais j'ai ri. Cruel pour eux, cruel pour toi.
Je m'imagine tellement quitter ta scène, fuyant dans la nuit. Ces hommes ne comprennent pas, d'abord stupéfaits, ils te regardent ivres de rancoeur pour tes belles promesses. Cédant à la colère, ils bondissent sur ton estrade de chef d'orgasme, t'arrachent et te jettent dans le sable. Je préfère que tu perdes connaissance et ne meures pas éventré dans une flaque de foutre.
Comment ne pas fuir ?
Je suis de la génération Sense8, série qui fit naitre ce désir d'union multiraciale, dont l'érotisme me bouleverse. J'aime aussi ces univers parallèles, quantiques.
Selon ton univers, j'incarne une vieille star - certes iconique - mais d'une époque où je n'étais même pas né ! Tabassée de surcroit, par une horde de cannibale déformés. Est-ce du foutre ou le jus des kystes qui m'asperge ?
Est-ce que mon Dieu pourrait faire ses mises à jour, un update, écouter mes prières ???
Déjà, lorsque tu m'as proposé de te rejoindre aux pays du vent bleu, j'ai reçu l'effroyable intuition que j'allais incarner Angélique, héroïne de mes arrières grand-mères, qui parcourait le monde victime de sa passion et des machinations de Geoffrey, Marquis de Peyrac, son époux balafré. J'aurais dû m'écouter... Si je n'ai pas pris cet avion, j'ai tout de même embarqué dans ton bateau ivre.
Et ton fils en string à paillettes, dont les grosses couilles dépassent de chaque coté, dansant devant sa mère, incestueusement dépravée et blette !
J'ai tellement ri.
Enfin, épuisé par ces spasmes musculaires et turbulences émotionnelles, comme le calme qui suit la tempête, j'étais en paix.
J'observais mon paysage dévasté par le cyclone, mais j'étais en paix.
Ici mes espoirs arrachés gisant dans une marre d'amertume, là mes chimères comme une seule chaise à l'envers.
Et pourtant j'étais en paix.
Je ne résiste plus. J'observe.
Je ne m'aime pas quand je tente par n'importe quels chemins ou tortueux stratagèmes à me faire choisir de toi.
Je ne t'aime pas quand je n'accueille pas l'immensité de ton être, ta magie, ta réalité, tes refus, ta pudeur.
Le congé motivé pour m'occuper d'un oncle dans le Vars m'est accordé. Belle synchronicité pour partir à la découverte de mes pays du vent bleu. Les miens.
Je laisse Tango et une caisse de Chivas à mon ex, assez de stock pour librement venir le chercher à Paris.
À bientôt quelque part.
Cyril
Cyrillo
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