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Les correspondances de Marc & Cyril
20/07/2019, La Bastide,
Cyril,
Que ta lettre est méchante, Cyril. Elle est si cruelle qu'elle me brûle les doigts.
Toute tressée de frustration, de rancoeur, de mépris, de dérision, de négation et du désir de me lapider, elle me fait mal. De plus, tu me la saupoudres de ta philosophie " Cyrilloise " qui consiste à regarder toute chose émanant de moi par le mauvais bout de la lorgnette.
Crois-tu, petit sot, que j'ai attendu que sorte la série Sense8 : la création du monde, pour m'ouvrir à l'échange et l'amour universel ? Me prends-tu pour un membre du BPO ?
Décidément, tu n'es jamais content, Cyril.
Tu me demandes d'être le metteur en scène de tes fantasmes de taré de la bite. Je m'exécute...
Grâce à moi, tu te fais trouer la rondelle pire que le tunnel du Mont Blanc.
Et tu n'es pas encore content !?
Que dois-je faire de plus, petit amour ?
Je le sais maintenant, tu veux me détruire.
Me détruire parce que, bien que je sois ton aîné, je suis bien plus jeune que toi, tout au moins d'esprit.
Ce n'est pas de ma faute si tu es ringard avec ton lit rond, tes flamberges et tes fantasmes de tapette démodée.
Ce n'est pas de ma faute si tu es le produit d'une société aux pensées médiocres et aux désirs bassement matériels.
Ce n'est pas de ma faute si tu es incapable d'enfourcher mes rêves pour m'accompagner dans une autre dimension.
Pardonne-moi d'écrire cela, mon Cyril, mais certains de tes propos et goûts sont très "1960'... je sais que cela va me valoir, en sus de ma crucifixion, des clous en travers de mes testicules et de mes tétons, mais je l'écris quand même.
Tu te comportes avec moi comme Angélique se comporte avec Joffrey de Peyrac. Troublant non ?
À part une très belle musique qui a fait la moitié du succès du film, Angélique n'est pas ma tasse de thé. Tu n'as rien à craindre de ce coté-là. Pourtant, sous une robe à panier, tu pourrais bander à l'aise. Si tu veux le rôle, il est à toi !
Une lumière cependant dans cette lettre qui me crucifie.
Une lumière quand tu évoques le Bateau Ivre de Rimbaud, mon poème préféré.
Je suis heureux, très heureux même que mon humour te fasse tant rire car comme tu dois le savoir : " L'humour est la politesse du désespoir ". Je suis un homme désespéré et tu le sais fort bien.
Tu le sais mais pourtant tu veux m'interdire toute retraite en coupant les ailes de mes rêves, en me confisquant mon tapis volant et me ravalant au rang d'un tonton gâteux qui marche à l'ouest. Je suis cependant touché que tu prennes un congé motivé pour venir me préparer ma tisane de camomille. J'écrase une larme.
Mais suis-je donc un vieillard cacochyme ?????? Une larve déliquescente ??????
Faudra-t-il qu'en ultime recours, je fasse paraître une photo de moi sur le site de Cyrillo, seulement vêtu de ma chaînette d'or ? Faudra-t-il que j'expose mon corps à la vindicte populaire ? S'il le faut, je le ferais visage découvert !
Tes lecteurs les plus partiaux pourront alors constater que je ne suis pas cette épave pathétique que tu fustiges si méchamment mais un mec dont beaucoup feraient bien leur dimanche. Il ne faut pas rêver les filles !
Encore que trop de beauté fasse parfois peur.
Qui es-tu donc Cyril ?
C'est vrai que tu m'écris parfois de jolies choses qui me plaisent bien. Mais ça s'arrête là.
Ça me chauffe les couilles quand je lis dans l'une de tes lettres : " Putain, je veux te sentir, je veux lécher là où ça coule, m'asseoir et m'empaler sur ta queue et laisser mes larmes couler dans tes yeux. "
Alors, au lieu de te faire suçoter la queue par tes gueuses du bois de Vincennes et de Cannes, qu'attends-tu pour venir te goinfrer de mes couilles et de mon jus de mâle ?!
Qu'attends-tu pour venir t'empaler sur mon pieu ?
Et aussi me donner ton sexe à boire. J'ai tant soif de toi.
Tu pourras, comme tu le fantasmagorise parfois, m'attacher en croix sur un lit pour te gaver de moi autant que tu le voudras. J'accepterais tes cordes autour de mes chevilles et de mes poignets, non pas pour me soumettre à toi mais pour mieux encore te combler. Tu pourras assouvir ta vengeance de parigot frustré. Je subirais sans me plaindre.
Car même étant ainsi ton captif, je parviendrais probablement à te défoncer le trou à grands coups de reins et lire bien vite la détresse d'un dominateur abusé dans tes yeux, tandis que tu cracheras tout ton foutre sur mes abdos.
Comme un tribut que tu me devras alors me payer.
Tu pourras alors laisser choir ton torse sur le mien et m'emplir la bouche de ton sperme. J'accepterais tous tes baisers. Mais ne m'avoue jamais que je tu te soumets car, à l'instant même, je cesserais de t'aimer.
Quelle foutaise que ce mythe absurde du dominant-dominé. J'en ai ras le cul, si j'ose dire.
Plus jeune, je me suis parfois laissé " dominer " sans pour autant éprouver la moindre honte.
Mes partenaires ne se faisaient d'ailleurs aucune illusion et savaient fort bien que le plan fini, je redeviendrais un mâle farouche capable même d'être dangereux et que ne serait jamais leur chose.
Tes histoires de sucettes ne m'intéressent plus guère. À partir de la terminale, ça devient lassant.
J'ai passé l'âge de jouer à touche pipi et il me faut à présent la peau d'un homme contre la mienne.
Il me faut sentir, sur ma poitrine, l'haleine d'un mec qui s'endort entre mes bras.
Mais je ne crois pas que ce mec, ce sera toi.
Tu as trop pris goût à me faire souffrir et tu y parviens fort bien. Mais tu as si bien gainé mon coeur de souffrance qu'il ne redoute plus tes cruautés.
Il est habitué maintenant à souffrir. Il est mithridatisé. Ton poison est devenu inefficace.
Ainsi, sans le vouloir, peu à peu, tu me délivres de toi. Merci.
Viens si tu le veux, utilise mon corps si tu le désires, blesse-moi si cela te fait plaisir mais ne me dis plus que tu m'aimes.
Marc