Un truc qu’on a complètement arrêté et qu’on faisait « avant » : quand on s’est rencontré (ça fait cinq ans bientôt) le deal c’était qu’on pouvait éventuellement se passer un caprice ailleurs et pour autant, rester unis. La condition : on se prévenait avant d’y aller, on se le racontait ensuite et surtout, on ne prenait aucun risque, protection maximale.
Je dois dire que ça pouvait pimenter notre vie sexuelle mais assez vite nos escapades ont diminué en nombre et en fréquence parce qu’en fait la seule personne avec qui j’aime vraiment faire l’amour, c’est toi. Déso mais c’est ma réalité. J’espère que tu me liras ici et que tu te reconnaîtras sous ton pseudo, Dean (mais je crois que oui car tu sais pourquoi je t’ai baptisé comme ça), et que tu liras à quel point j’aime baiser avec toi, même si pour toi c’est un peu différent, il me semble que tu es moins accro à moi que l’inverse – enfin en vrai je ne sais pas.
Je suis incapable de l’expliquer. Une question de peau ? D’odeur, de quelque chose d’indéfinissable qui fait que quand on commence à baiser, le simple fait de savoir que c’est toi, Dean, qui est là contre moi, et personne d’autre, sérieux ça m’allonge d’encore un centimètre même quand je suis au max et que je commence à te pénétrer. Quelque chose qui fait que ça matche délicieusement entre nous, et que ma bite connaît ton cul et vice-versa.
Les yeux bandés / dans le noir / sans une parole je sais que c’est toi, je connais chaque veine de ta queue et la forme de ton gland et c’est pas quelqu’un d’autre, c’est TOI et rien que de penser que c’est toi qui est là et qui me titilles doucement l’anus avant d’y aller plus franchement mais jamais brutalement, ça me fait décoller et je cherche mon oxygène et je me souviens que ma première baise anale était une catastrophe et qu’avec toi c’est devenu un moment tellement bon que l’orgasme me fait trembler…
Quand j’ai eu l’occasion d’aller une fois ou l’autre de nos "escapades" vite fait sucer / me faire sucer ou même me prendre un mec ici ou là, je ne vais pas te dire que je n’ai pas pris mon pied mais c’est du vite fait, du Grindr express, c’est comme une branlette rapide et superficielle. Et ça passe aussitôt que passé.
Avec toi, je sais pas pourquoi, je jouis en profondeur par tous les millimètres carrés de ma peau et ça dure, ça dure (et c’est dur !), je peux prendre mon pied juste en t’embrassant – je veux dire à ce propos que tu embrasses comme personne, Dean : quand tu me dis « viens là que je compte tes dents », ou quand tu verses dans ma bouche la gorgée d’alcool que tu viens de prendre à la bouteille, quand toute ta bouche, ta langue, tes lèvres, caressent les miennes inlassablement, et que le temps s’étire comme ça et reste suspendu, parfois sans qu’on fasse rien d’autre qu’être noués/collés/lovés l’un dans l’autre, bouche dans bouche, et que je t’entends gémir dans la mienne, il se passe un truc qui fait que littéralement je prends de la hauteur et je nous vois « de dessus », et je te respire et je deviens tout doux à l’intérieur… je me mets à transpirer et à perdre un peu conscience. Voilà l’effet que me fait seulement un baiser, tu vois où j’en suis question dépendance.
C’est assez rare, les mecs qui savent embrasser. T’en as tellement qui te bouffent littéralement jusqu’aux trous de nez, ou alors t’as l’impression qu’ils doivent aller chercher tes amygdales au fond de ta gorge…
Toi, Dean, tu ne fais que caresser avec ta bouche et c’est délicieusement insupportable.
Je voudrais dire aussi que c’est assez difficile de travailler à côté de toi et pourtant on n’a pas le choix puisqu’on bosse dans la même boîte, et non je ne dirai pas dans quel secteur pour ne pas donner d’indices, mais disons un milieu assez machiste alors on fait profil bas mais il suffit que tu passes derrière moi pour aller chercher un dossier – ou bien que tu viennes me montrer quelque chose à l’écran et là, je ne sais plus du tout où je suis, je regarde ta main, je sais exactement où elle était il n’y a pas si longtemps, ce matin en fait, quand tu as ralenti et tourné dans l’ancienne route de la ZI, dans le parking sous les arbres que les gens d’ici appellent « le coin des pédés » mais à 6 h 45 il n’y a personne et de temps en temps on se passe un petit moment intime ici, ce matin tu m’as branlé là, sous les arbres, alors que le soleil se levait, juste ça, sans rien vouloir en retour, tu me dis « regarde-moi, j’aime voir tes yeux chavirer ». Tu es si attentionné, ça me fait presque pleurer, tu prends un peu de gel et tu le gardes d’abord dans le creux de la main pour le réchauffer, c’est si délicat…
Alors pour tout ça, Dean, pour ces moments qui sont tout autre chose que les baises brutales et rapides que j’ai pu connaître avant – quand je croyais que c’était normalement ça l’amour gay – pour les heures que l’on passe l’un dans l’autre ou l’un sur l’autre ou en 69, pour tes propos joyeusement obscènes et tendres, tes blagues à deux balles ou pour la musique que tu m’as fait découvrir, ou simplement les heures à dormir collés l’un à l’autre, pour ces heures de vraie baise amoureuse et pour tous les moments tendres de nos jours et de nos nuits, je suis prêt à te porter tous les jours de ma vie, Dean, de ton fauteuil à notre lit et du lit au fauteuil, à entrer sous la douche avec toi et à te mettre dans le siège prévu pour ça, à t’installer sur les toilettes et à te faire propre ensuite, à te passer ton caleçon, ton jean et tes chaussettes car pour le reste tu te débrouilles seul et préfères que je ne m’en mêle pas, et tu fais tellement plus de trucs, et tellement plus adroitement, assis sur ton « deux roues » comme tu l’appelles, que moi sur mes deux pattes, que j’en suis sidéré d’admiration et que je bénis le jour où tu m’as dit « en dessous de la ceinture ça fonctionne nickel, c’est juste mes jambes qui ne me portent plus, c’est tout ».
C’est tout. C’est tout toi…
Merci d’exister, Dean : tu es mon amour et mon trésor et en écrivant ces lignes que tu liras – ou pas – je pense à toi, qui pour le moment dors dans notre chambre, je pense à toi et je t’aime.
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Jack