Le récit de Julien, agriculteur
Chapitre-1 | Des crocs de loup
Quand, de trois quarts, il coupe ma route, je tombe en arrêt. Sidéré.
Puis emballé, aussitôt après.
C'est une sorte d'apparition, inespérée.
Un verre d'eau fraîche dans le désert, une poire pour ma soif, un cadeau de Noël en plein été ...
Il traverse le sentier de sable et fait résonner le flafla de ses tongs en roulant des épaules. C'est d'ailleurs la première chose que je note : une carrure, l'oblique rectiligne du trapèze, la rondeur du deltoïde et, entre elles, la large bretelle gansée d'un débardeur flottant de basketteur.
Une tête couronnée d'une tignasse brune et bouclée, coupée très court sur les côtés, surmonte ce dos en triangle où un sac à dos en tissu noir frappé d'un logo sportif connu rebondit à chaque pas. Les bras ballants et les mollets charnus sont légèrement hâlés et griffés d'un pelage foncé qui mousse, plus épais, sur les avant-bras.
Bref ! Comme dirait le maquignon, c'est un vrai costaud avec un cadre solide et une belle masse, sans doute laborieusement renforcée par un assidu entraînement en salle.
Voilà qu'il s'apprête à bifurquer dans une trace qui file au loin en direction du couvert boisé mais au moment même où, du bras, il écarte une branche qui lui fait barrage, il s'arrête, oh ! Un instant, pas plus ! Et il jette un regard en arrière. Soit exactement sur moi.
Donc, il m'avait repéré.
Front haut, visage carré mais redessiné en pointe par une barbe brune en collier ciselé, des yeux sombres et brillants sous la barre des sourcils épais et rectilignes, un petit nez droit et une large bouche qui se fend d'un discret et fin sourire avec, lorsqu'il bascule dans cette nouvelle direction, le bref éclat blanc d'un anneau d'oreille, un léger roulement d'épaule comme une invitation à le suivre mais, surtout, un flottement du tissu mou de son maillot qui me laisse entrevoir – ou est-ce simplement espérer - une pilosité dense, telle que je les aime.
Aiguilloné par la curiosité, je me remets en marche à sa suite, ce qu'il vérifie d'un bref coup d'oeil dédaigneux par dessus son épaule. Est-ce un encouragement ou, tout à rebours, une mise à distance ? Est-ce que je l'importune en insistant ? J'adopte alors l'allure nonchalante du badaud et je le vois, à son tour, ralentir le pas. La chasse est bien ouverte !
Il n'est pas très grand, un mètre soixante-dix ou quinze, sa démarche en canard accentue sa cambrure et fait voleter le sable sous ses pieds chaussé de claquettes à mesure qu'on s'éloigne. Son pantacourt semble abriter un cul rebondi que j'imagine déjà me remplir les pognes mais, en revanche, les larges échancrures latérales de son maillot découvrent des omoplates absolument lisses et glabres. Zut! Me serais-je abusé d'une ombre ?
J'ai quitté Les Chênaies de très bonne heure ce matin d'août pour une brève excursion dans les dunes cotières, espérant y débusquer quelque touriste en quête d'une aventure que je me promets de pimenter en le bousculant à ma façon. Le sanglier trapu dont je piste le train en direction de la futaie de pins pourrait m'offrir l'opportunité de ces ripailles roboratives que je recherche ; d'avance, j'en ai des fourmillements dans les mains et un creux à l'estomac.
Il s'écarte des sentiers trop nettement tracés et s'enfonce loin dans le bois qu'il balaie du regard de droite et de gauche, probablement en quête d'un emplacement propice. Dans les dépressions, plus sombres et fraiches, les tiges arquées du sceau-de-Salomon que je bouscule en passant me saluent d'un hochement. Des branches se brisent dans un claquement sec sous mes pas qui s'impriment profondément dans l'épaisse litière d'aiguilles de pin puis, sur la pente des anciennes dunes, le sol se fait aride et dévoile le sable.
Il s'est arrêté devant moi sur un versant moins touffu piqué de hauts futs et de quelques buissons. D'un haussement, il dégage chacune de ses épaules des fines courroies de son sac à dos qu'il laisse filer au sol au bout de ses doigts, déployant son bras, étirant son biceps de costaud où bat une grosse veine. Puis, me regardant du coin de l'oeil par dessus son épaule, il se voute pour saisir le bas de son maillot à deux mains et, croisant les bras, l'arrache par dessus sa tête, me dévoilant son dos semé de somptueuses prairies sombres qui en deux larges bandes hirsutes partant de ses basses côtes se rejoignent et s'ébouriffent en toupet entre ses omoplates glabres pour dessiner un V renversé que masquait le vêtement.
Woua ! J'ai pile visé un ours!
Attention Julien ! Ne te précipite pas en manifestant trop évidemment ton enthousiasme.
Les mains aux hanches, coudes écartés du corps, lentement, il pivote face à moi, me révélant, côté face, une courte toison bouclée de caniche, remontant jusqu'à ses clavicules pour former un plastron qui souligne le galbe de ses pectoraux charnus puis cascade en tablier sur son ventre confortable jusqu'à la ceinture de son short. La rotation a fait luire les anneaux qui percent ses deux têtons aux aréoles rose vif. Il me sourit en coin, sans doute incertain de l'effet qu'induit chez moi sa fourrure d'ursidé. Peut-être imagine-t-il qu'elle puisse me faire rebrousser chemin à toutes jambes.
Que nenni !
N'affichant qu'un sourire que je souhaite énigmatique, je m'avance sans hâte, droit vers lui, en le fixant. Il redresse ses avant-bras, poings serrés au ciel pour gonfler ses biceps, découvrant, au-delà, ses flancs à la peau qui paraît laiteuse en contraste avec la noirceur de ses crinières, la conque de ses aisselles et leur touffe de broussaille sombre. Il s'offre à ma vue tel un coq à la parade. Sa peau est trop pâle pour qu'il soit coutumier de ce lieu naturiste, vient-il d'arriver ?.
J'avance la main pour la faire coulisser sur son abdomen laineux en éteignant l'expression de ma satisfaction quand je sens ses poils contrariés délicieusement picoter ma paume. Son sourire s'élargit découvrant de petites dents carrées, écartées et bien alignées et sa paupière s'abaisse légèrement pour tenter d'atténuer une lueur de victoire.
Je lui souris en retour, retourne ma main dont le dos remonte en retroussant son poil frisé puis je la retourne pour venir cueillir son mamelon percé entre pouce et index, l'écraser puis,d'un coup, l'étirer franchement. J'ai bien perçu le blocage de sa respiration, je le guettais. Mes yeux se fichent impitoyablement dans les siens, étonnés par la rudesse de mon geste, histoire de lui signifier que ses rodomontades de fort des halles ne m'impressionnent guère.
Bien au contraire.
Puis je poursuis mon chemin, deux ou trois foulées. Je me retourne face lui après avoir choisi un tronc de pin auquel m'appuyer nonchalamment d'une épaule, laissant choir au sol mon sac polochon, lui indiquant ainsi un intérêt qui ne demande qu'à être confirmé, le jaugeant de la tête aux pieds sans cesser de sourire. Je l'attends.
C'est, il l'a compris, à lui de franchir les quelques pas qui le séparent de moi pour engager vraiment la partie. Sans que ses yeux ne décrochent des miens, il s'élance et les parcourt d'un pas décidé. Dans le mouvement, il envoie sa main droite en cuiller cueillir mes parties.
Exactement comme je m'y attendais. Lorsqu'ils sont contraints de se découvrir pour faire les premiers pas au risque d'un râteau, les mecs font rarement preuve de beaucoup d'imagination, cherchant avant toute chose une rapide confirmation du succès de leur entreprise qui les rassure. Je pare facilement l'attaque, ma main gauche ceinture son poignet et l'écarte, ma droite épouse sa nuque et l'attire sèchement, le collant à moi, cette traction lui fait relever le visage. Ses lèvres entrouvertes par la surprise s'offrent aux miennes et à la flèche de ma langue conquérante qui plonge pour envahir sa bouche et se nouer à la sienne.
L'animal a, heureusement, du répondant et, sans tergiverser, il se détend et engage aussitôt un vrai baiser tonique et gourmand, ce qui libère mes deux pognes. Elles se répartissent les premières explorations d'un inventaire tactile : la droite s'applique sur son poitrail velu, mon pouce jouant doucement du balancement de l'anneau qui étire son téton, la gauche balaie la broussaille plus indisciplinée de son dos, jusqu'au triangle lisse du creux de ses reins, repousse d'un geste vers le bas la ceinture élastique de son short pour parvenir à la lisière que j'espérais bien rencontrer. Ici commencent les prairies plus rases et drues couvrant ses fesses. Je les délaisse sans plus m'attarder pour empogner fermement la rondeur charnue par dessus le tissu lâche et la pétrir avec appétit. Hmmm ! Aujourd'hui, régime viande rouge !
Je me sens pousser des crocs de loup.
"Le désir se dessine du bout des doigts" un clip on ne peut plus gay de Haus of Bobbi : "emmène-moi"
Amical72
amical072@gmail.com
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