Je sors de la salle de gym par la porte du fond, à l’opposée de la baie vitrée. Le petit couloir qui fait un coude est sombre, mais il y a au bout la lumière douce des vestiaires. Je suis tout transpirant, j’ai besoin d’une douche. Un mec se change à droite, devant son casier ; je me dirige directement vers les douches. Elles sont vides, on est en début d’après-midi. J’enlève mes chaussettes, mon short noir, mon débardeur et mon slip, je les pose en haut des casiers, je les reprendrai en sortant. Je vais dans la troisième alcôve, à gauche — il y a en tout 4 paires d’alcôves comprenant chacune 10 jets de douche, 5 à gauche et 5 à droite.
Mon entrejambe se délie. Le carrelage est froid, mais globalement sec. Je me suis trompé : il y a quelqu’un dans la douche du fond. Il devait se savonner lorsque je suis rentré, le jet vient juste de reprendre. J’allume le mien. En attendant l’eau chaude, je fais les cent pas pour ne pas me refroidir. Le type passe : une démarche assurée, lourde. Il est un peu rond. Il retourne aux vestiaires. Il salue quelqu’un, la conversation commence.
Je commence à me doucher. C’est doux, la pression retombe. Je repense à ma matinée de travail, aux clients d’hier soir, au film que j’ai vu sur ce poème révolutionnaire : je rêvasse. Deux garçons entrent. Ils ne s’embrassent pas, ils ne se caressent pas : ils s’agrippent les fessent, s’attrapent la peau du dos, s’amalgament à force de déverser l’un sur l’autre la force de leurs désirs musclés ; ta puanteur est mon fuel, tu tends mon corps vers une vie à dévorer. On a envie de faire l’amour à tout ce qu’il y a autour : le sol des espaces collectifs n’a plus rien de dégoûtant, le carrelage glissant promet un terrain de jeux sales et délirants.
J’ouvre les yeux, je me rends compte que j’ai oublié mon gel douche. Je croise quelqu’un d’autre qui retourne aux vestiaires en même temps que moi. Il est grand, il a le haut du corps large et le bassin plutôt fin, des poils au dessus des fesses et sur les avant-bras, il est blanc, plutôt gris en fait. Il s’assoit avec sa serviette autour du bassin ; derrière lui, un mec de mon âge. Je l’ai déjà vu par ici. Je prends mon gel douche, j’y retourne.
Je sors. Dehors, le ciel est blanc. Je vais vers le métro, mais je croise le mec de mon âge adossé contre un portique, en face d’un vélo. Il me salue. On discute. Je suis mal à l’aise, j’ai besoin de bouger. Il me propose d’aller explorer le quartier. On se pose dans un bar. Il s’assoit au comptoir, je le dépasse pour me mettre à côté. Je pose une main sur ses côtes en passant : il a un t-shirt noir, son corps est chaud, il sent quelque chose comme du pamplemousse. On discute. Il prend ma main. « Pianiste ? » J’ai envie de lui attraper tout le bras. Je me lève, me rapproche de lui pour poser mes mains sur ses flancs : au creux, au chaud. Je suis interdit. Il lève sa main (pour aller où ?), je pose ma main derrière sa tête et l’interroge des yeux. On s’embrasse. Je garde les yeux ouverts. Je veux sa peau contre ma joue. Il se lève, nous sommes ventre contre ventre.
Je vais pisser. Je me connecte sur Grindr. Un mec m’a envoyé des photos de lui, il est chaud.1m70, imberbe du torse, cul rasé, châtain. Il m’attend en jockstrap dans son entrée. J’embrasse mon camarade de sport, je paie ma bière, je cours vers l’immeuble du type. Je monte les escaliers quatre à quatre. J’entre. Debout, un mec de dos, en jock blanc, un cul bombé, il est sportif. Je me colle à lui, je pose ma main sur son ventre, je respire l’odeur de sa nuque ; je pose ma main sur son épaule, le pousse vers le sol. À quatre pattes, le postérieur dressé : il attend. Je regarde son cul, claque ses fesses. Je me baisse, je lèche le dessous de ses bourses en remontant lentement, en appuyant avec ma langue, jusqu’à son trou. Une main entre ses jambes que je pose sur son ventre, je la descends pour agripper sa queue. Je mets ma main au chaud pour la sentir grandir pendant que j’enduis son trou de salive avec l’autre. J’insère un doigt, je le vois onduler.
J’ai deux doigts dans son cul, je chatouille sa prostate d’une main et le branle de l’autre. Je suis habillé, il est nu. J’enlève mon sweat, je n’ai rien en dessous. Je me place derrière lui, je caresse le dos, le ventre, attrape ses épaules ; il appuie de son cul sur mon jean, je colle mon ventre sur son dos, lèche son oreille, lui demande si je peux la mettre. Il se lève et va se mettre en missionnaire sur un canapé. Il est beau avec son regard inerte ; excité qu’il est en bas, il n’y a plus personne en haut. Il attend que je vienne, je crache sur ma main, enduis mon gland. On se regarde, comme ça. Je pense au mec de la salle. J’avance, le pénètre, doucement mais jusqu’au fond. Il est déjà dilaté, mais ouvre la bouche en levant les yeux au ciel : on sent tous les deux ce soulagement d’avoir enfin connecté nos dards de plaisir. Je ne bouge pas, je veux être au fond ; je lui morde le cou. Deux mecs de 20 ans, les jambes écartés et la verge libérée, nus dans un appartement assombri par la lumière de fin de journée, je ne sais même pas si la porte est fermée. Sans bruit, un va-et-vient et des grimaces, des regards aussi pénétrant que ma queue bandée dans son trou tellement dilaté que je peux sortir et re-rentrer sans les mains. Je le pilonne un peu en accélérant. Mon trou frotte contre le canapé, j’attrape sa main pour la mettre sur mes fesses ; je me penche vers lui, il les attrape à pleines mains et les écarte, se lèche un doigt et attise mon trou. Il me doigte, ça m’excite trop, je me retire. Il garde son doigt à l’intérieur et se redresse : on se fait face sur les genoux, ma queue dressé, son doigt en moi.
Il se penche, retire son doigt et met ma queue en bouche. Je place mes mains derrière mon crâne, il remonte les siennes sur mes flancs jusqu’à mes aisselles. Il gobe mes couilles rasées, ma queue baveuse sur son front, remonte ma verge en léchant, continue sur mon ventre et se dirige vers mes tétons. Je veux le sucer. Je le pousse sur le dos, lui fais une pipe d’enfer. Le goût salé de sa mouille m’excite — eau de vie, parfum du désir, texture du plaisir. Je veux sa bite en moi. Je m’assois sur son ventre, me penche vers lui pour mettre mon trou à la haute de son gland. Il soulève son bassin et se frotte en allers-retours, enduisant ma raie de ma salive. Je me mets un doigt, je suis détendu : excité ! Je crache dans ma main pour la mettre sur son gland, et mets sa verge en moi. La pénétration le fait soupirer, moi j’aspire sa queue. Comme ça, je repose ma bite : c’est à mon tour de le faire monter. Je mets mes mains derrière moi, il se redresse sur les siennes, je l’attire contre moi : nous sommes collés, ventre contre torse, sa queue en moi, ma main à fouiller ses cheveux. Je descends mes doigts sur son dos, il se cambre lorsque je laisse les traces rouges de griffures. Il accélère. Je lui dis de jouir, il s’exécute dans la seconde. Je sens la chaleur dans mon trou, lui essoufflé, les yeux fermés. Je suis toujours excité. Je me relève, sa verge est toujours dressée. Je le regarde, la prends en bouche : mon trou a tout aspiré, même pas un petit goût. Ça m’excite : « je peux te la remettre ? » Il ouvre les yeux, acquiesce et se retourne. Il est toujours en jockstrap, allongé sur le ventre, une jambe qui tombe sur le sol. Son trou est ouvert, le mien dégouline de son jus : j’en prends avec mes doigts pour enduire sa raie. J’y frotte mon gland, et le pénètre avec sa semence. Il s’est resserré. Je vais lentement, mais je monte vite. Je jouis en lui, ça dure longtemps.
Je remets mon jean, attrape mon slip et le mets dans ma poche, je mets mon sweat en me dirigeant vers l’entrée. Il me suit, je me retourne pour lui faire face. J’attrape son cul une dernière fois, il agrippe mes couilles à travers mon jean. Je le regarde, le retourne contre le mur, colle mes cuisse contre les siennes et remets un doigt. On sent tous les deux le jus couler. Les doigts dégoulinant, je sors et descends l’escalier. Moi aussi je vais pas tarder à dégouliner, je me dépêche. Pendant ma course, je sens mon odeur de transi mélangée à la sienne. J’ai mes écouteurs, Smalltown boy dans les oreilles. Je suis le seul debout ici, tout le monde est assis en terrasse. Il n’y a presque plus de soleil. Je monte chez moi, vais directement à la douche, me savonne à fond. Je sors, et j’attrape ma queue en voyant la photo que je viens de recevoir : le mec en jockstrap, à genoux, de dos, les cuisses un peu écartées, les fesses bombées, le dos cambré, le trou béant, du sperme qui coule. « À très vite ».
Smalltown Boy
smalltown.boy@outlook.fr