Chapitre 1 | La demande
Bonjour à tous,
Le plus anciens de ce site se souviennent peut-être des deux saisons de « les potes de mon grand-frère » qui avait eu un petit succès ici il y a déjà quelques années. Voici la suite : après les vacances d’été, la fac ! Une page se tourne, une nouvelle vie s’offre à moi. Je me retrouve dans une grande ville, seul, dans un petit studio, et avec un voisin de palier avec qui j’étais à des kilomètres de croire qu’il allait pouvoir se passer quelque chose. Et encore moins ce qui s’est effectivement passé…
Ce voisin de palier était un magnifique rebeu de 25 ans – j’en avais 18. Il s’appelait Kader, il venait de l’autre bout de la France et il avait débarqué ici pour reprendre des études de BTS. C’était un rebeu de cité : il en avait le look (survêt intégral), l’attitude et le langage. Il avait les cheveux noirs coupés très courts, un regard sombre avec des sourcils assez épais, la mâchoire carrée. De visage, il n’était ni beau, ni moche mais très viril et assez dur. De corps, en revanche, il faisait assez rêver…
Le jour de son arrivée, je lui ai demandé s’il avait besoin d’aide, et j’ai eu droit à « vas-y toi, laisse-moi tranquille » et à un « tu crois je sais pas déplacer un meuble ou quoi ? ». Bref, il me faisait un peu peur (moi le petit intello en études de lettres !) et les premiers jours j’évitais soigneusement de le croiser dans l’ascenseur ou sur le palier.
Les choses ont commencé à changer un vendredi soir, en octobre : on s’était retrouvés à trois dans l’ascenseur, lui, moi, et une fille au look d’étudiante sage, sûrement séduite par ses airs de macho. Je suis resté silencieux, lui l’embrassait et ne cachait pas vraiment son « bulge » assez proéminent sous son survêt. C’est un peu plus tard dans la soirée qu’il est venu toquer à la porte : « Vas-y, faut que tu me sauves le coup, là, t’aurais pas un tire-bouchon et de la sauce tomate ? Je veux lui faire des pâtes mais c’est la dèche là, chez moi. » Heureusement j’avais tout ça, il m’a remercié vite fait et il a filé.
Le lendemain soir, il est revenu pour me rendre le tire-bouchon et un pot de sauce tomate.
Lui : - Putain mec, encore merci, t’as assuré hier soir !
Moi : - Oui, enfin j’espère que toi aussi t’as assuré !
C’était sorti tout seul et ça l’a fait marrer.
Lui : - T’inquiète pas pour ça, les meufs je sais y faire. J’espère qu’on n’a pas fait trop de bruit !
À partir de ce jour, nos rapports se sont détendus, on se disait bonjour, bonsoir, j’ai appris son prénom, ce qu’il faisait là… Ça n’allait pas plus loin mais au mois de décembre, je l’ai vu plusieurs fois faire venir des hommes chez lui, d’une quarantaine ou d’une cinquantaine d’années. Il se débrouillait pour pas qu’on se croise mais je le voyais par le judas de ma porte (oui, j’allais voir dès que j’entendais du bruit…). Un soir, je n’ai pas pu faire autrement que sortir de chez moi au moment où il entrait chez lui avec un homme. Il a soigneusement évité mon regard mais ensuite, il y avait comme une gêne entre nous.
Je me disais que c’était trop bête : s’il était bi, je ne pouvais pas en profiter ? Ou même s’il préférait les hommes plus âgés, au moins qu’il sache que j’étais gay et qu’il n’avait pas à être gêné. Je suis allé toquer à sa porte un soir. Il a ouvert, en survêt et en t-shirt – assez sexy ! – et j’ai bredouillé sans trouver mes mots. Il m’a lâché un « ben vas-y, crache, qu’est-ce que tu veux ? » Alors je me suis lancé. Je lui ai dit que je m’en foutais s’il voyait des mecs, j’étais bi moi-aussi (j’ai pas voulu dire gay…) donc voilà, c’était con qu’il soit gêné parce que je l’avais vu avec…
Il a ricané.
Kader : Tu m’as pris pour quoi ? Un pédé ? T’es ouf ou quoi ! J’ai rien contre les pédé, tu fais ta vie, mais moi c’est les meufs, rien que les meufs. Les mecs que t’as vus, ils me sucent je les baise et ils se barrent, point. Tu crois quoi ? Que je kiffe ça ? Faut bien bouffer ! Si je veux payer le loyer sans taxer mes parents… Et avec mon bts j’ai pas le temps de prendre un autre boulot.
Je suis devenu tout rouge : j’étais tellement naïf que je n’avais pas compris que si ces hommes étaient aussi âgés, c’était parce qu’il se faisait payer. Au final, ça l’a fait marrer, il m’a bien fait comprendre qu’il n’y aurait rien entre nous mais cet épisode a brisé la glace et on a rediscuté comme avant. Quand je le voyais avec des sacs pleins de courses ou un nouveau survêt, il me faisait un clin d’œil pour me faire comprendre que c’était un de ses clients qui lui avaient permis de s’acheter tout ça. C’était plutôt cool, mais ça n’allait pas plus loin (et moi à cette époque je ne faisais aucune rencontre, je voyais encore Fred de temps en temps les week-end).
Puis un soir, en novembre ou en décembre, quelques coups frappés sur la porte : c’était lui. Pantalon de survêt en coton gris, pull Nike noir. Cette fois, c’est lui qui avait l’air gêné et confus. Il avait un souci et il voulait me parler. Je l’ai fait entrer, par chance j’avais deux bières au frigo et on s’est posés sur le petit canapé et mon petit salon. Vus nos rapports assez francs, il n’a pas trop hésité à m’expliquer la situation.
Le pauvre Kader galérait vraiment avec son loyer et ce n’est pas avec 50 euros par ci ou 100 euros par là avec ses plans qu’il s’en sortait, et il ne pouvait rien demander à ses parents. Il était tombé sur un mec qui était prêt à lui payer 500 euros. Sauf que son trip à lui, c’était de se faire des rebeus de cité, de les enculer, si possible des hétéros et des puceaux du cul. Kader avait d’abord refusé, mais le mec avait insisté et était monté jusqu’à 800 euros – ces 800 euros lui permettraient d’être tranquille pour au moins trois mois. J’ai cru d’abord qu’il voulait des conseils, comment ça se passe, comment se préparer. Mais je voyais qu’il avait autre chose en tête. Il a fini par lâcher le morceau :
Kader : - Franchement, me faire dépuceler par un mec que je connais pas, je te le dis cash, je le sens pas. Tu voudrais pas m’enculer toi ? On est potes (première nouvelle !), je sais que t’iras cool et comme ça, quand le mec viendra, je saurai à quoi m’attendre.
Inutile de vous dire que j’étais sur le cul. J’ai aussitôt eu une érection – toute raide, direct ! Il l’a vu et ça l’a fait marrer.
Kader : - T’emballes pas, c’est juste pour une fois ! Et je sais pas si je serais un bon coup. Mais voilà quoi…
J’allais par dire non ! Et voilà comment, le vendredi soir suivant, je me suis retrouvé chez lui…
Marc
micmac67@live.fr
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