Chapitre-1 | Une rencontre inattendue
C’était une soirée calme chez Max, un jeune homme dynamique et passionné par son travail de pompier. Ce soir-là, il avait invité son ami Tom, également pompier, à venir prendre l’apéro chez lui. Max, toujours chaleureux et enthousiaste, avait un grand sourire sur le visage en attendant Tom.
Lorsque ce dernier arriva, légèrement essoufflé après une longue journée de travail, il s’installa avec plaisir. Mais il y avait aussi une autre personne présente ce soir-là : Mathieu, le grand frère de Max, qui profitait de ses vacances pour passer quelques jours chez son cadet. Mathieu, plus âgé et un peu plus réservé, n’avait pas toujours été proche de Tom, mais ce soir-là, quelque chose semblait différent.
Max, en bonne âme, proposa à Tom de passer la nuit chez lui, puisqu’il avait un peu bu et qu’il n’avait pas envie de repartir dans la nuit. Mais ce n’était pas tout. Max, qui semblait un peu trop insistant, suggéra avec un sourire que Tom dorme dans la chambre de Mathieu, vu que celui-ci ne venait pas souvent à la maison. Tom, un peu surpris, acquiesça.
**Le début d’un malaise silencieux**
Les heures passèrent, et Max, de plus en plus joyeux, continua de discuter avec Tom, mais une tension nouvelle s’installa entre Mathieu et lui. Mathieu, qui observait en silence, se surprenait à porter un regard plus intense sur Tom qu’il ne l’aurait imaginé. Au fil des conversations, il se rendit compte qu’il ressentait quelque chose de plus fort pour lui qu’il n’aurait jamais cru possible. Il appréciait Tom depuis longtemps, mais ce soir-là, quelque chose changea en lui.
En rentrant dans la pièce où ils étaient tous, il échangea quelques mots avec Tom, mais la gêne était palpable. Mathieu ne pouvait plus ignorer ce qu’il ressentait, et cette découverte l’ébranla.
**Les invitations qui n’arrivent pas**
Les jours suivants, Mathieu réfléchit longuement. Il décida de ne pas laisser passer cette occasion et proposa plusieurs fois à Max d’inviter Tom à nouveau. Max, fidèle à sa nature, acceptait volontiers, mais il remarqua que Tom, de manière répétée, refusait poliment chaque invitation. Tom semblait distant, presque gêné par la situation.
Mathieu, perplexe mais déterminé, décida de ne pas attendre plus longtemps. Une idée se forma dans son esprit, et il savait exactement ce qu’il devait faire.
**Un bar, un rendez-vous impromptu**
Un après-midi, après un long jogging avec la brigade, Tom rentra à la caserne, épuisé et couvert de sueur. Il n’avait aucune idée de ce qui l’attendait. Alors qu’il passait devant le bar en face de la caserne, quelque chose attira son attention. Il aperçut Mathieu, assis là, l’air serein, mais avec un regard qui le fixait intensément. C’était presque comme si tout l’univers s’était aligné pour ce moment.
Tom s’arrêta, incertain, en se disant que cela ne pouvait pas être une coïncidence. Après un instant de réflexion, il prit une grande inspiration et entra dans le bar.
**La surprise**
Mathieu se leva dès qu’il aperçut Tom. Un sourire discret se dessina sur son visage, mais il ne dit rien, attendant que Tom prenne la parole.
Tom, toujours en train de se remettre de son jogging, se sentit un peu gêné, mais il s’assit. "Qu’est-ce que tu fais ici ?" demanda-t-il, curieux.
Mathieu répondit calmement : "Je voulais te voir. J’ai besoin de te parler."
Il y avait quelque chose de différent dans sa voix, une détermination qu’il n’avait pas montré auparavant. Tom, un peu sur ses gardes, se sentait pris dans un tourbillon d’émotions. Il n’avait jamais vraiment réfléchi à la possibilité que Mathieu puisse ressentir quelque chose pour lui.
**Le moment de la vérité**
Après un silence, Mathieu se lança. "Je ne peux pas continuer à faire comme si je n’avais rien remarqué. Depuis un moment, je ressens quelque chose pour toi, quelque chose que je ne peux plus ignorer."
Tom resta silencieux, le cœur battant plus fort. Ce n’était pas le genre de conversation qu’il avait imaginée en entrant dans ce bar, et encore moins en rentrant d’un jogging épuisant. Mais il ne pouvait nier l’intensité de la situation.
"Tu sais…" commença Tom, essayant de reprendre ses esprits. "Je ne m’attendais pas à ça, Mathieu. Je ne sais même pas quoi dire."
Mathieu sourit doucement, sans pression, comme s’il attendait simplement que Tom prenne la parole. "Prends ton temps. Mais je voulais être honnête avec toi. Je suis venu ici parce que je ne pouvais plus cacher ce que je ressens."
**La décision de Tom**
Après un instant de réflexion, Tom se leva, se dirigeant vers la porte. "Viens chez moi ce soir", dit-il, sans détour. "Je préfère qu’on parle dans un endroit plus calme, loin des regards. Je ne sais pas ce que je ressens exactement, mais j’ai besoin d’en parler."
Mathieu, le cœur battant, acquiesça. "Je serai là. Je veux qu’on parle, Tom."
Et ce soir-là, alors que la nuit s’installait, une nouvelle étape dans leur relation commença, marquée par des paroles sincères et des émotions longtemps enfouies. Ce qui allait arriver entre eux n’était plus incertain. C’était juste le début d’un chemin à parcourir ensemble.
**Le dernier appel**
La journée avait été longue pour Tom. Une intervention de dernière minute avait retardé son retour chez lui. C’est avec une hâte évidente qu'il se précipita vers son appartement, encore en tenue de pompier : son uniforme légèrement froissé, ses bottes Haix solidement en place, et sa chemise collée à sa peau à cause de la sueur. Il avait encore l’adrénaline qui pulsait dans ses veines, mais ce soir, une pensée occupait son esprit : Mathieu.
Lorsqu'il arriva enfin devant son immeuble, il aperçut Mathieu, qui l’attendait patiemment dehors, appuyé contre le mur, les bras croisés, un sourire en coin. Mathieu avait l’air détendu, mais un regard suffirait à dire qu’il était aussi nerveux, peut-être même plus qu'il ne l’avouerait jamais.
Tom s’arrêta net en le voyant. La scène semblait presque irréelle : lui, en uniforme de pompier, tout en sueur et fatigué, et Mathieu, debout, l'attendant comme s’il n’avait jamais quitté l’endroit. Le contraste entre leurs deux mondes était frappant.
Mathieu, les yeux brillants, se redressa lentement et s’avança vers lui. "Tu es en retard", dit-il d’un ton léger, mais il ne pouvait cacher l’admiration dans son regard. Tom, encore un peu sur ses gardes, ne put s'empêcher de remarquer la façon dont Mathieu le regardait, comme s'il n’avait jamais vu un homme aussi attirant qu’en cet instant précis. Il se sentait à la fois gêné et… flatté.
Tom s'approcha enfin de lui, essuyant la sueur de son front. "Désolé pour le retard, une dernière intervention", expliqua-t-il d’une voix fatiguée mais calme.
Mais Mathieu ne répondit pas tout de suite. Il s’approcha de plus en plus, comme s’il ne pouvait plus attendre. Il n’avait jamais été aussi proche de Tom. L’odeur de l'uniforme, le regard intense de Tom, tout cela devenait trop pour lui.
Et sans prévenir, Mathieu se pencha légèrement et, dans un geste aussi brusque que libérateur, posa ses lèvres sur celles de Tom.
Le baiser était court mais passionné, empreint de la tension accumulée au fil des jours. Tom, d'abord surpris, se figea un instant avant de répondre, en serrant légèrement les épaules de Mathieu, sentant la chaleur et l’urgence dans le geste. C’était comme si tout ce qu’il avait ressenti ces derniers jours, toute cette attirance qu’il n’avait pas su gérer, se déversait en une seule explosion.
Quand ils se séparèrent, Tom, les joues rosies par l’intensité de l’instant, murmura : "Je… je ne m’attendais pas à ça."
Mathieu, le sourire en coin et les yeux brillants d’envie, répondit simplement : "Tu ne peux pas toujours tout prévoir, Tom."
Il n’y avait plus de mots nécessaires. Les deux se regardèrent un moment, et dans cet échange silencieux, ils surent que c’était le début de quelque chose de nouveau, un lien qui allait les transformer à jamais. La nuit s’étendait devant eux, pleine de promesses et de secrets à découvrir ensemble.
**Entre les silences**
Lorsque Mathieu entra chez Tom, il remarqua immédiatement l'ambiance de l'appartement. Il y avait quelque chose de sauvage et d'inachevé dans cet espace. Des vêtements éparpillés un peu partout, des papiers sur la table basse, et un ordre un peu chaotique qui donnait l'impression que Tom n’avait jamais vraiment eu le temps ou l’envie de ranger. Mais malgré ce petit bordel, il y avait une chaleur, un sentiment de chez-soi qui s’en dégageait. C'était un endroit où Tom semblait être lui-même, sans artifice.
Mathieu referma la porte derrière lui et se laissa guider dans le salon par Tom. "C’est pas mal chez toi," commenta-t-il, un léger sourire aux lèvres.
Tom, un peu distrait, haussait les épaules en jetant un regard furtif autour de lui. "Ouais, j’aurais pu faire mieux. Mais bon, c’est juste chez moi, quoi."
Mathieu s'assit sur le canapé, et Tom, fatigué mais toujours attentif, s'installa en face de lui. Le silence qui s'installa entre eux était chargé, comme si l’air autour d’eux vibrait de ce qu'ils avaient vécu la veille.
"Tu sais, cette nuit où on a dormi chez Max…" commença Mathieu, le regard fuyant au début, puis se concentrant enfin sur Tom. "Ça a été… spécial pour moi."
Tom cligna des yeux, se demandant où il voulait en venir, mais n'écoutait pas totalement. Ses pensées voguaient ailleurs, principalement vers ce qu’il ressentait pour Mathieu, et surtout comment il pourrait garder cet homme près de lui pour toujours. Un geste, un regard, une parole… chaque mouvement de Mathieu semblait être un fil qu’il tentait de tordre pour le rendre plus permanent.
Mathieu continua, comme s’il n’avait pas remarqué la distance croissante. "J'ai pas pu m'empêcher de penser à toi après ça… à la manière dont on s'est retrouvés là, sous le même toit, dans la même chambre. C'était étrange, mais en même temps… excitant. J'ai eu des fantasmes, des idées qui sont remontées. Tu sais, j'ai eu envie de te… de te toucher. Pas juste amicalement, tu vois ce que je veux dire ?"
Il regarda Tom avec un mélange de désir et de vulnérabilité dans les yeux, espérant peut-être une réponse, ou au moins un mot pour le rassurer. Mais Tom, bien que physiquement présent, était ailleurs. Il se demandait comment il pourrait faire en sorte que tout cela ne soit pas un simple moment fugace. Comment il pourrait ancrer Mathieu dans sa vie, pour de bon.
Tom, après un moment de silence, finit par répondre, mais ses mots étaient légèrement détachés, comme s’ils venaient d’un autre endroit dans sa tête. "Je vois ce que tu veux dire," dit-il d’une voix plus basse, presque absente. "Je pense aussi que ce n’était pas… juste amical. Mais tu sais, je… je suis pas sûr de comment tout ça va se passer."
Mathieu fronça les sourcils, surpris par la réponse plus distante de Tom. Il se demandait si Tom n’avait pas tout à fait saisi le sens de ses paroles, ou si quelque chose le préoccupait. "Tu veux dire que tu n'as pas ressenti la même chose ?"
Tom tourna son regard vers lui, fixant intensément ses yeux. Il se força à répondre, même si ses pensées étaient ailleurs. "Non, ce n'est pas ça. C’est juste… je pense que je veux que ce soit plus. Plus qu'une simple nuit, plus qu’une simple rencontre. J’ai pas envie que ça soit juste un truc qui passe, tu vois ?"
Le ton de Tom était devenu plus sérieux, plus sincère, mais il n’y avait pas d’assurance dans ses mots, seulement un besoin de comprendre, un désir de garder Mathieu à ses côtés pour plus longtemps. "Je veux pas juste te voir une nuit, puis t’oublier. Je veux que ça dure."
Mathieu, tout en observant Tom, compris quelque chose dans son regard. Peut-être que Tom n’était pas aussi détaché qu’il en avait l’air, peut-être qu’il se battait pour quelque chose qu’il ne savait pas encore comment nommer. Un sourire fragile, presque rassurant, se dessina sur le visage de Mathieu.
"Alors on verra bien. J’ai l’impression qu'on a un peu plus que de l'amitié entre nous, Tom," dit-il doucement, avant de se lever et de s’approcher de lui. Il posa une main légère sur son épaule, un geste tendre mais chargé d'une promesse. "Je veux bien prendre ce risque, si toi aussi tu es prêt."
Tom se sentait comme suspendu dans le temps, un peu perdu, mais aussi étrangement apaisé. Peut-être que ce n’était pas aussi compliqué qu’il le pensait. Peut-être que Mathieu ressentait la même chose, après tout. Et peut-être que, ensemble, ils pourraient explorer ce qui se cachait au-delà de la simple attirance, et construire quelque chose de plus solide.
Dans ce moment de calme, les mots n’étaient plus aussi nécessaires. Tom savait que ce soir-là, quelque chose venait de changer définitivement.
**Les règles du jeu**
Le silence qui suivit les mots de Mathieu résonna dans l’appartement de Tom comme une promesse. Mais cette promesse, aussi excitante soit-elle, avait aussi des implications. Tom sentait qu’il devait poser des bases solides, des fondations sur lesquelles il pourrait bâtir quelque chose de durable, quelque chose qu’il pourrait contrôler. Mathieu, avec son sourire mystérieux et ses yeux pleins de désir, ne semblait pas intimidé, mais Tom savait qu’il devait clarifier les choses.
Il se leva du canapé, son regard se faisant plus intense, plus déterminé. "Je veux te mettre en sécurité, Mathieu," dit-il d’un ton grave, presque autoritaire. "Mais pour ça, il y a des règles. Des règles strictes."
Mathieu haussait les sourcils, mais il n’eut pas l’air perturbé. Au contraire, il sembla intrigué. Il savait que Tom était du genre à être direct, à ne pas faire les choses à moitié. Mais cette fois, c’était différent. Il n’était pas question de la simple tension entre eux, de l’excitation d’une nuit à passer ensemble. Non, cette fois, c’était plus sérieux. Tom voulait un engagement. Il voulait une sécurité émotionnelle. Et il n’était pas prêt à jouer à des jeux.
"Quelles règles ?" demanda Mathieu, son ton à la fois curieux et légèrement défiant.
Tom s’approcha, son regard fixant intensément celui de Mathieu. "D’abord, je veux que tu sois clair sur ce que tu veux. Je ne suis pas ici pour jouer avec des sentiments. Si tu veux ce que j’ai à offrir, tu devras le prendre sérieusement. Et ça va dans les deux sens."
Mathieu hocha lentement la tête, comprenant parfaitement la gravité des paroles de Tom. Il n’était pas du genre à fuir l'engagement, bien au contraire. Mais il savait aussi que Tom n'était pas quelqu'un qui se contentait de demi-mesures.
"Je veux être clair aussi," répondit Mathieu, son regard se durcissant légèrement. "Je ne veux pas que ça soit juste une aventure. Je veux quelque chose de plus, mais je ne veux pas que ça m'échappe. Je veux savoir où je vais, et je veux être sûr que ça ne partira pas en vrille."
Tom soupira légèrement, semblant apprécier la franchise de Mathieu. "C’est exactement ça. Ce n’est pas qu’une question de sexe ou de moments intenses. C’est une question de respect, de confiance, de vouloir être là pour l'autre sur le long terme."
Il se tourna alors, la voix un peu plus basse, plus intime, mais toujours ferme. "Première règle : pas de mensonges. Pas de secrets. On partage tout. Si tu as des doutes, des peurs, des envies, tu me le dis. Je veux que tu sois honnête avec moi à chaque étape."
Mathieu acquiesça, son regard se durcissant à l’idée de l’engagement qui se profilait. Il n’était pas contre. Au contraire, il ressentait la même chose, mais il savait que ce genre de relation exigeait des sacrifices. "D’accord. Pas de mensonges."
Tom posa une main sur l’épaule de Mathieu, le fixant droit dans les yeux. "Deuxième règle : on ne se laisse jamais partir sans avoir eu une discussion. Pas de fuites. Si tu veux arrêter, tu viens m’en parler d’abord. Je préfère qu’on mette les choses à plat, même si ça fait mal, plutôt que de me retrouver à me demander ce qui s’est passé."
Le regard de Mathieu se fit plus doux. "Je suis d’accord, Tom. Je n’ai pas l’intention de fuir."
"Troisième règle : tu m’appartiens, Mathieu. Je sais que ça peut paraître possessif, mais je veux te protéger. Je veux être celui qui te garde près de moi, celui sur qui tu peux compter. Si tu choisis d’être avec moi, c’est pour être *avec moi*, pas juste pour quelques moments passagers."
Mathieu, légèrement surpris par la possessivité de Tom, laissa une petite lueur d’admiration traverser ses yeux. C’était une déclaration audacieuse, mais il n’en avait pas peur. Au contraire, il la trouvait terriblement attrayante. Tom ne voulait pas être simplement un autre homme dans sa vie. Il voulait être l’homme. Celui qui comptait.
"Je te promets," répondit Mathieu, son ton plus sérieux, "je ne chercherai pas à fuir. Et je serai là, avec toi."
Tom, satisfait de cette réponse, hocha la tête, son regard devenant plus doux. "Et enfin, dernière règle : on vit au jour le jour, mais on construit ensemble. Il n’y a pas de promesses vides, pas de pression pour être parfait. Je veux que ce soit réel, Mathieu. C’est tout ce que je demande."
Mathieu sourit alors, un sourire rare et sincère, avant de se rapprocher. "Tom… t’as pas besoin de t’inquiéter. Je suis là. Et je ferai tout pour que ça marche."
Le silence s’installa un instant, mais cette fois, il n’était pas lourd de doute ou de peur. Il était chargé de compréhension, de cette promesse non dite entre eux. Ils savaient tous les deux qu’il y avait des sacrifices à faire, mais qu’ils étaient prêts à avancer ensemble.
Dans ce moment silencieux, Tom comprit qu’il avait trouvé quelqu’un qui était prêt à le suivre, quelqu’un qui comprenait l’importance de l’engagement, de la confiance, et de la vérité. Et, pour la première fois, il se sentit réellement prêt à partager son monde, tout en imposant les règles qui assureraient que ce lien serait solide, respecté, et protégé.
Mathieu, d’un geste, le prit dans ses bras. "Alors, on commence ?" murmura-t-il.
Tom sourit et, tout en le serrant contre lui, répondit simplement : "Oui, on commence."
**Un début sous la douche**
La chaleur de l'appartement de Tom contrastait avec la fraîcheur de l'extérieur. Les deux hommes étaient plongés dans un silence complice, leurs corps encore imprégnés de la tension accumulée. Après avoir partagé des paroles lourdes de sens et de promesses, Tom décida de briser l'atmosphère, en suggérant une activité simple mais intime : "Tu veux prendre une douche ? Tu sembles un peu épuisé."
Mathieu acquiesça sans un mot. Il n'avait pas besoin de plus d'explications. Il était là, avec Tom, et une étrange sensation de calme s’était installée entre eux. Ce qui avait commencé comme une soirée ordinaire chez Max était en train de se transformer en quelque chose de bien plus puissant, et chaque geste semblait en faire partie.
Ils se dirigèrent tous les deux vers la salle de bain. La vapeur commença à remplir l'espace, envahissant la pièce alors que l'eau chaude coulait des robinets. Tom, d’un geste presque mécanique, défit lentement les boutons de son uniforme, le retirant d’un air pensif. De son côté, Mathieu fit de même, l’air un peu plus hésitant. Tom le regarda, ses yeux observant chaque mouvement de son corps, chaque détail. La proximité qu’ils partageaient, mêlée à la douceur de l’eau chaude, avait quelque chose d’intime et d’inéluctable.
Une fois sous la douche, Tom se tourna vers Mathieu, se rapprochant pour lui frotter doucement le dos, comme pour apaiser le stress des dernières heures. Le jet d’eau lissant ses cheveux, le contact de ses mains sur la peau de Mathieu apportait une sensation à la fois réconfortante et excitante. Il n’y avait plus de confusion ni de doute dans l’air. Ce moment, en dehors du monde extérieur, était à eux seuls.
"Tu sais," commença Tom, la voix basse, presque intime. "Je me suis dit que je voulais te montrer quelque chose." Il marqua une pause, les mains caressant doucement les épaules de Mathieu, appréciant la douceur de la peau encore un peu mouillée de sueur. "Je veux que tu te sentes à ma place, que tu ressentes ce que c’est d’être moi, même juste un instant."
Mathieu le regarda, intrigué, ses yeux cherchant ceux de Tom. "Qu’est-ce que tu veux dire ?"
Sans un mot de plus, Tom sortit de la douche et se dirigea vers une étagère, en sortant l’uniforme de pompier qui avait été laissé en dehors. Il ne s’agissait pas de l’uniforme propre qu’il portait habituellement, mais bien de celui qu’il avait porté toute la journée. Il était encore sale, avec des traces de boue, de poussière et de sueur. Mais c’était ce qu’il voulait. Il voulait que Mathieu puisse le porter, comprendre ce qu’il ressentait à chaque instant, à chaque intervention. Pour lui, ce n’était pas juste un vêtement, c’était un symbole.
"Vêtements sales et tout," dit-il avec un sourire, un brin taquin. "Tu m’accompagnes dans ma routine."
Mathieu, d'abord un peu surpris, regarda l’uniforme. Il y avait quelque chose d'excitant dans l’idée de porter les traces du travail de Tom, quelque chose de sauvage et de brut qui, paradoxalement, le fascinait. Il se laissa faire, acceptant sans hésitation l'idée de se glisser dans cet uniforme comme une manière de se connecter encore plus profondément avec lui.
Tom aida Mathieu à enfiler la tenue de pompier, la chemise et le pantalon devenant progressivement trop grands pour lui. Le contact de la toile rugueuse contre sa peau, associée à l'odeur de la caserne et de la journée passée, avait quelque chose de puissant. Ce n'était pas juste une simple uniformité, mais un acte symbolique. Mathieu n’était plus simplement le frère de Max ou l’homme que Tom avait rencontré ce soir-là. Il devenait, pour un instant, une extension de ce monde auquel Tom appartenait.
Lorsque l'uniforme fut enfin mis en place, Tom observa Mathieu, un sourire satisfait sur le visage. Mathieu se sentait étrangement bien dans ces vêtements. Il n’avait jamais pensé que porter la tenue de Tom, même sale, aurait une telle charge émotionnelle. C'était comme s'il devenait un autre homme, un homme plus proche de Tom, un homme qui comprenait ce que ce travail représentait.
"Tu ressembles presque à un pompier, maintenant," dit Tom avec une touche de malice, les yeux pétillants.
Mathieu sourit, et bien qu’il fût toujours un peu surpris par l’intensité de l’instant, il ne pouvait s’empêcher de se sentir connecté à Tom d'une manière qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.
"Je me sens… puissant," répondit-il, presque en riant. "Mais je crois que j’ai encore beaucoup à apprendre."
Tom se rapprocha de lui, son regard se faisant plus sérieux. Il posa une main sur l’épaule de Mathieu, avec une fermeté et une douceur qui trahissaient la profondeur de son désir de protéger cet homme. "Tu n'as même pas idée de ce que ça signifie pour moi que tu portes ça, Mathieu. Ce n’est pas juste un uniforme. C’est une partie de moi. Et toi, maintenant, tu en fais partie."
Mathieu se sentit soudainement plus vulnérable et plus fort à la fois, enveloppé dans cette promesse silencieuse qui venait d'être formulée. Il savait que ce lien qu'ils formaient, bien qu'encore en construction, était plus solide qu'il n’aurait pu le deviner.
Ils restèrent là, dans cette simple pièce, unis par un uniforme sale et une promesse d'avenir, prêts à affronter ensemble ce qui viendrait.
* L'envie de permanence**
L’odeur de la vapeur s’était dissipée, remplacée par une atmosphère plus calme, mais également plus tendue. Tom, toujours un peu secoué par l’intensité de l’instant, fixait Mathieu, son regard plein de désir mais aussi de certitude. Il savait que, même si tout était encore nouveau, il voulait quelque chose de plus avec lui. Il voulait que ce moment ne soit pas juste une parenthèse, une aventure éphémère. Il voulait que ce lien dure.
Mathieu se tenait toujours dans l’uniforme de pompier, l’air à la fois charmé et un peu perdu dans ce nouvel environnement. Le tissu était un peu trop grand pour lui, mais cela semblait ajouter à l’intensité de la situation. Il n’avait jamais pensé que porter un uniforme aussi sale aurait un tel impact sur lui, mais il comprenait ce que Tom essayait de lui faire ressentir. Il avait accepté d’entrer dans son monde, et à chaque instant, il se sentait un peu plus investi.
Tom se rapprocha de lui, son regard fixé sur lui. "Je pense qu’on a assez parlé, Mathieu," dit-il d’une voix calme mais affirmée. "Il est temps que tu sois vraiment là, avec moi. Que tu emménages ici. Quand est-ce que tu penses pouvoir faire ça ?"
Les mots tombèrent comme un poids dans la pièce. C’était une question directe, mais elle avait aussi une urgence qui la rendait difficile à ignorer. Tom avait cette envie irrésistible de faire de Mathieu une partie de sa vie, de ne plus avoir à le regarder de loin, de ne plus attendre pour avoir sa place à ses côtés. Il voulait plus, tout de suite. Et il avait l’impression qu’il n’y avait pas de temps à perdre.
Mathieu resta un instant silencieux, les yeux de Tom rivés sur lui, observant chaque mouvement, chaque pensée qui traversait son esprit. Il n’avait pas prévu cette question aussi tôt, bien qu’au fond, il sache que c’était inévitable. Mais l’idée de tout quitter pour vivre ici, avec Tom, tout de suite, le faisait hésiter. Il n’était pas sûr de pouvoir tout lâcher aussi rapidement.
"Tu veux vraiment que je vienne vivre ici tout de suite ?" demanda Mathieu, essayant de déchiffrer l’intensité dans les yeux de Tom. "Je veux dire, c’est assez soudain, non ?"
Tom s’avança un peu plus près, sa voix s’adoucissant mais sa détermination ne faiblissant pas. "Oui, je veux que tu sois ici. Pas demain, pas dans une semaine. Je veux que tu sois ici, avec moi, maintenant. Il n’y a pas de raison de repousser. On sait tous les deux ce qu’on veut. Pourquoi attendre ?"
Le regard de Tom était franc, presque impératif. Ce n’était pas simplement une question d’envie, mais de besoin. Il avait l’impression que chaque minute passée sans Mathieu à ses côtés était une minute perdue. Il avait besoin de lui, là, dans son monde, dans son espace. Il voulait le protéger, le garder près de lui, mais plus que tout, il voulait que ce lien soit concret, réel, sans détour.
Mathieu, bien qu’il ait toujours été plus réservé, se sentit presque submergé par l’intensité de la situation. Il avait besoin de temps, il le savait, mais en même temps, il ne pouvait ignorer la vérité qui s’imposait : il voulait aussi ce que Tom proposait. Il ne savait pas encore comment cela allait se passer, mais l’idée d’être auprès de lui, de vivre cette expérience pleinement, le tentait plus qu’il ne voulait l’admettre.
"Je… je ne sais pas exactement, Tom. Je dois régler des trucs chez moi, tu sais. Il y a encore des choses à faire. Ce n’est pas aussi simple pour moi," répondit-il finalement, sa voix plus calme, cherchant à expliquer.
Tom se tourna lentement vers lui, la détermination se muant en patience, bien qu’il ne puisse cacher une légère frustration. "Je comprends, mais… je veux que tu sois ici. Le plus vite possible. Même si ce n’est pas parfait tout de suite, je veux qu’on commence à vivre ensemble."
Mathieu prit une profonde inspiration. Il savait que sa réponse ne pouvait plus être remise à plus tard. Il se tenait là, dans cette situation qu’il n’avait pas anticipée mais qu’il ressentait de plus en plus juste.
"D’accord," dit-il enfin, la voix plus sûre. "Je vais organiser ça. Je vais régler ce qu’il reste à faire, et je serai là."
Tom sourit alors, une expression de soulagement traversant ses traits. Il avait obtenu ce qu’il voulait. Mais au-delà de la simple réponse positive, il y avait une promesse de nouveaux commencements, un engagement tacite. La pression qu’il avait ressentie se dissipa, et il se rendit compte que ce n’était pas tant l’urgence de la situation qui le poussait, mais un désir sincère de créer une vie avec Mathieu.
"Je savais que tu comprendrais," répondit Tom, presque soulagé, avant de poser une main sur l’épaule de Mathieu, un geste tendre. "Bienvenue chez toi, bientôt."
Mathieu sourit légèrement, un peu nerveux mais aussi excité par l’idée de cette nouvelle vie qui les attendait. "Bientôt," répéta-t-il, et dans ses yeux brillait une lueur de curiosité, de promesse.
**L’odeur du désir**
Les premiers rayons du matin se faufilèrent à travers les rideaux légers de l’appartement, illuminant doucement l’endroit où Tom venait de se lever. Il avait toujours ce besoin impérieux de courir le matin, une habitude presque rituelle, un moyen pour lui de libérer son esprit tout en sculptant son corps. Mais désormais, il y avait aussi une autre motivation : Mathieu.
Depuis qu'il avait suggéré à Mathieu de vivre avec lui, Tom se sentait encore plus déterminé à rester fidèle à son quotidien, à ce qui le définissait. Et au fond de lui, il savait que cette course avait pris une dimension supplémentaire. Chaque foulée était un moyen de marquer son territoire, de laisser derrière lui des traces, des traces que Mathieu pourrait suivre. L'odeur de sa sueur, la chaleur de son corps après l'effort, tout cela finirait par imprégner les vêtements qu’il portait, les vestes et les t-shirts qu’il abandonnait dans l'appartement, et c'était précisément ce qu'il voulait.
Mathieu, qui était de plus en plus fasciné par Tom, avait observé cette routine matinale avec une curiosité grandissante. Chaque fois que Tom rentrait de son jogging, transpirant, épuisé, il semblait encore plus puissant, plus présent. C'était comme si son corps, tout droit sorti de l'effort, était encore plus irrésistible. Et il ne pouvait pas s’empêcher de le vénérer un peu plus chaque jour.
Ce matin-là, comme tous les autres, Tom enfila ses baskets et partit pour son jogging. Mathieu, qui venait à peine de se réveiller, s’étira en silence, le regard posant instinctivement les yeux sur le coin où les vêtements de Tom traînaient, encore imprégnés de son odeur. Depuis qu’ils s’étaient rapprochés, Mathieu était devenu presque obsédé par ces traces, ces indices laissés par Tom. L’odeur de la sueur, l'odeur de l’effort, de l’homme. Il adorait tout ça. C'était comme si chaque particule d'air respirée dans l'appartement lui permettait de se connecter davantage à lui.
Il n'avait jamais ressenti cela auparavant, ce besoin profond de sentir la présence de quelqu'un, même lorsqu’il n'était pas là. Mais Tom était différent. Il était unique. Et peu à peu, la vénération que Mathieu ressentait pour lui se transformait en un désir intense et presque sacré.
Lorsqu’il entendit la porte de l'appartement s'ouvrir, Mathieu se leva et se dirigea vers le salon. Tom venait de rentrer, les cheveux éparsement humides, son corps encore chaud et couvert de sueur. L'odeur de son effort envahit immédiatement l'espace, emplissant la pièce d’une énergie brute et masculine que Mathieu ne pouvait ignorer. Sans un mot, il observa Tom, se surprenant à ne plus pouvoir détacher ses yeux de lui.
Tom sourit, essoufflé mais satisfait. "Je suis de retour. Ça sent mon entraînement, hein ?" dit-il, un peu taquin, en s’approchant.
Mathieu, bien que nerveux, ne pouvait s’empêcher de hocher la tête, attiré irrésistiblement par la présence de Tom. "Tu… tu sens… incroyable," murmura-t-il presque en tremblant, ses mots chargés d’une admiration sans bornes.
Tom s’approcha encore, la proximité entre eux grandissant. "Tu veux toucher, Mathieu ?" demanda-t-il dans un souffle. Sa voix, chaude et grave, enveloppa les mots dans un charme presque hypnotique. Il s’arrêta à quelques centimètres de lui, sa chaleur corporelle diffusant une énergie qui faisait écho au désir de Mathieu.
Mathieu n’avait même pas besoin de réfléchir. Il s’avança et posa doucement ses mains sur le torse encore humide de Tom. La sensation du tissu mouillé, l’odeur encore fraîche de la sueur, tout cela le bouleversa. Il n’avait jamais imaginé que quelque chose d’aussi simple pourrait provoquer une telle réaction en lui. "Je veux être tout près de toi, Tom. Toujours."
Tom sourit, ses yeux brillants de satisfaction. Il avait bien compris que Mathieu commençait à se perdre dans cette vénération, dans cette adoration silencieuse qu’il éprouvait pour lui. Chaque geste, chaque souffle, tout chez lui disait à Tom qu’il avait gagné son cœur, mais aussi son esprit. Il avait réussi à faire de lui un reflet de ses désirs, une extension de ce qu’il voulait construire.
"Tu veux que je t’en laisse encore plus ?" dit Tom en se détournant légèrement, se dirigeant vers les vêtements qu’il avait laissés en désordre sur le canapé. "Je peux te laisser mes vêtements, mes traces. Pour que tu puisses me sentir quand je ne suis pas là."
Mathieu, de plus en plus captivé, n’hésita pas une seconde. "Oui. Oui, je veux tout ça, Tom."
Tom, satisfait de cette réponse, se débarrassa lentement de ses vêtements encore humides et les laissa tomber à côté de Mathieu. "Tu sais, Mathieu," dit-il en se repliant vers lui, "j’ai l’impression que tu en as besoin, toi aussi. Mon odeur, mes traces. Je te laisse ça. Je veux que tu sois toujours proche de moi, même lorsque je ne suis pas là."
Mathieu prit les vêtements de Tom, les portant immédiatement à son nez. Il ferma les yeux, inspirant profondément, et sentit son cœur battre plus fort. Chaque respiration semblait l’ancrer davantage dans cette relation qu’il n’avait même pas imaginée être possible. Tom était devenu son obsession, et plus il lui offrait de sa présence, plus il se sentait lié à lui de manière irrémédiable.
Tom l’observait, amusé par la manière dont Mathieu absorbait chaque détail de lui, chaque moment de leur proximité. Il savait qu’il avait trouvé en lui quelque chose de précieux, de rare. Et de son côté, il était prêt à nourrir cette adoration, à faire grandir ce lien chaque jour, un peu plus, jusqu’à ce qu’il devienne leur seul et unique monde.
Tom s’approcha de lui et, d’un geste doux mais ferme, caressa le visage de Mathieu. "Tu m’appartiens, Mathieu. Et je compte bien que tu ressentes chaque instant de cette appartenance."
Mathieu, les yeux remplis de désir et de vénération, hocha la tête. "Je suis à toi, Tom. Pour toujours."
**L’Épreuve du Trail**
Tom se préparait pour un trail de plusieurs jours, un défi qu'il avait toujours voulu relever. Le genre d’épreuve qui poussait son corps et son esprit à leurs limites. C’était un entraînement intense, une manière pour lui de se prouver qu’il était capable d’aller encore plus loin, de devenir plus fort. Mais cette fois, il y avait une différence : Mathieu allait l’accompagner.
Mathieu, toujours aussi dévoué, avait accepté de l’accompagner sans hésiter. Il savait que Tom avait besoin de se concentrer, que l’objectif était de repousser ses propres limites, mais il était là, prêt à soutenir chaque pas de son côté. Il avait suivi Tom partout, l’admirant et le vénérant, mais aussi, d'une certaine manière, il s’était préparé à ce que cette aventure soit un peu plus difficile que ce qu’il imaginait.
Les premiers jours se passèrent bien. Ils parcouraient des kilomètres à travers les sentiers montagneux, installant leur tente chaque soir dans des paysages à couper le souffle. Mathieu s'occupait de tout, veillant à ce que Tom soit bien nourri, qu’il ait de l’eau, qu’il soit reposé. Il faisait tout pour s’assurer que Tom puisse se concentrer sur la course. Pourtant, au fur et à mesure que les jours passaient, il commença à remarquer un changement chez Tom.
Tom n’était plus le même. Loin de l’homme charismatique et attentionné qu’il connaissait, il devenait de plus en plus distant, concentré uniquement sur son objectif, parfois même odieux. Chaque petite erreur de Mathieu, chaque hésitation, semblait le déranger profondément. Il n’avait plus de patience pour les petites choses qui ne se déroulaient pas selon ses attentes.
Un soir, après une longue journée d’effort, alors qu’ils s’étaient installés dans la tente pour la nuit, Mathieu tenta de parler à Tom, comme il en avait l’habitude, mais cette fois, Tom n’était pas réceptif. Il se tenait dans un coin de la tente, en train de vérifier son équipement de course, l'air agacé.
"Tom, tu… tu vas bien ?" demanda doucement Mathieu, inquiet de cette froideur.
Tom leva les yeux vers lui, ses traits marqués par la fatigue, mais aussi par une forme de frustration. "Je vais très bien. Mais ce n’est pas le moment pour des discussions inutiles," répondit-il d’un ton sec. "Je suis ici pour m’entraîner, pas pour être distrait."
Mathieu se sentit blessé, mais il s’efforça de ne rien laisser paraître. Il avait toujours cru qu’il était là pour aider, mais ce n’était pas ce qu’il ressentait en ce moment. "Je… je suis là pour t’aider, Tom. Si tu veux parler, je suis là pour toi," dit-il doucement, espérant briser cette barrière invisible qui se dressait entre eux.
Tom le fixa un instant, et une lueur d’impatience traversa ses yeux. "J’ai dit que je n’ai pas besoin de ça, Mathieu," répliqua-t-il durement. "J’ai besoin de silence, de concentration. Si tu ne peux pas comprendre ça, il va falloir que tu te fasses à l’idée que tu n’es pas indispensable."
Les mots frappèrent Mathieu comme un coup de poing. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Tom, l’homme qu’il adorait, semblait l’éloigner à chaque instant. Pourtant, il savait que l’objectif de ce trail était plus grand que tout, et peut-être que la tension venait simplement de la pression. Il essaya de ravaler la douleur, mais chaque jour, Tom devenait plus exigeant, plus dur.
Les jours suivants, Tom continua à s’enfoncer dans son propre monde, indifférent à la présence de Mathieu. Il se concentrait entièrement sur la course, détestant la moindre distraction. Chaque fois que Mathieu faisait quelque chose de "mal", même un simple retard dans la préparation des repas ou dans l’installation de la tente, Tom le lui reprochait. Les critiques étaient acerbes et de plus en plus fréquentes.
Mathieu, désemparé, se sentait comme un spectateur dans une relation qu’il pensait solide. Il était encore plus dévoué, il faisait tout pour que Tom réussisse, mais ses efforts semblaient être accueillis avec mépris. La froideur de Tom le blessait profondément, et il commença à douter de lui-même. Était-ce sa présence qui dérangeait Tom ? Avait-il fait quelque chose de mal ?
"Je fais tout ce que je peux pour t’aider, Tom," dit-il un soir, la voix tremblante de frustration, après un énième reproche. "Mais à chaque fois, tu me repousses. Qu’est-ce que tu veux vraiment de moi ?"
Tom leva les yeux, toujours aussi distant. "Je veux que tu te concentres sur l’essentiel," dit-il froidement. "Si tu es là pour m’aider, fais-le sans poser de questions. Sinon, tu peux repartir chez toi."
Les paroles de Tom frappèrent Mathieu comme un coup de couteau. Il se sentait dévalorisé, incompris. Il avait fait tout ce qu’il pouvait pour être utile, mais il avait l’impression de disparaître dans l’ombre de Tom. Ce dernier était tellement absorbé par sa propre concentration qu’il ne voyait même pas l’impact de ses mots.
Le dernier jour du trail, alors qu’ils avaient traversé la dernière étape, Tom était épuisé, mais il semblait aussi étrangement satisfait de lui-même. Il n’adressait pas un regard à Mathieu, qui le suivait sans un mot, son cœur lourd de tristesse. Lorsqu’ils arrivèrent enfin au campement de fin de journée, Tom se tourna vers lui et lui lança, presque avec un sourire moqueur :
"Tu as fait ton travail. Mais tu as intérêt à ne pas ralentir la prochaine fois."
Mathieu se mordit la lèvre, les yeux pleins de larmes qu'il refoulait. Il n’y avait plus de "nous", seulement un "je" impitoyable, et il n’était plus certain de sa place dans cette histoire.
Il avait tout donné, mais Tom, dans son obstination, ne voyait que son propre chemin, sans comprendre que celui de Mathieu avait été tracé à ses côtés. La vénération de Mathieu pour lui n’était plus suffisante. La distance entre eux, une fois minime, était maintenant une barrière presque infranchissable.
**La Désillusion**
Les jours passaient, et la tension entre Tom et Mathieu devenait de plus en plus insupportable. Ce qui avait commencé comme une simple épreuve physique, une compétition contre soi-même, s’était transformé en un champ de bataille silencieux, où les deux hommes se cherchaient sans se comprendre. Tom, bien qu’il fût devenu plus froid et distant, semblait ne plus être le même. L’ambition qui le poussait à atteindre ses objectifs ne laissait plus de place à la gentillesse, à l’empathie. Mathieu se sentait de plus en plus invisible, un spectateur inutile dans cette quête de perfection que Tom poursuivait.
Mathieu avait essayé de se convaincre que tout cela faisait partie du processus, que Tom était juste concentré, que la pression du trail le rendait distant. Mais chaque jour, les petites brèches dans leur relation se creusaient, et plus il essayait de lui montrer son soutien, plus Tom l’éloignait.
Le matin, Tom partait de plus en plus tôt, courant sans un mot, et revenait toujours plus épuisé, comme s’il fuyait tout contact. Mathieu, de son côté, préparait le campement, s’assurant que tout était prêt pour le départ. Mais il n’en pouvait plus de ce silence, de cette froideur glaciale qui s’était installée entre eux.
Un soir, après une longue journée de course dans les montagnes, Mathieu, le visage marqué par la fatigue et l’inquiétude, tenta une nouvelle approche. Il voulait comprendre pourquoi Tom devenait de plus en plus insupportable, pourquoi son attitude envers lui devenait de plus en plus agressive.
"Tom," commença-t-il, la voix tremblante mais pleine d’espoir. "Pourquoi tu me repousses comme ça ? Je suis là pour toi, je fais tout ce que je peux… mais tu ne me laisses même pas t’aider. Je suis ton ami, Tom… pourquoi tout devient si difficile entre nous ?"
Tom, de l’autre côté de la tente, se tourna vers lui, son regard froid comme la glace. Il n’y avait plus de tendresse, plus de bienveillance dans ses yeux. Au lieu de ça, une lueur d’indifférence, presque de mépris, s’y était installée. Il s’approcha de Mathieu, presque lentement, mais avec une pression palpable dans ses gestes.
"Tu crois vraiment que je t’ai demandé de m’aider ? " dit-il d’une voix acerbe. "Tu n’es qu’un fardeau, Mathieu. Tout ce que tu fais, c’est être là et attendre qu’on te dise quoi faire. T’es pas capable de faire un choix, tu n’es qu’un spectateur. Un spectateur qui croit qu’il a sa place, alors qu’il n’en a pas. Je n’ai pas besoin de toi."
Les mots de Tom frappèrent Mathieu comme des coups violents. Il se sentit désemparé, pris au piège dans une relation qui ne ressemblait plus du tout à celle qu’il avait imaginée. Les larmes montèrent à ses yeux, mais il n'osa pas les laisser tomber. Il n’arrivait même pas à comprendre pourquoi Tom devenait aussi cruel, aussi dévoré par son propre égoïsme.
"Tu ne comprends pas…", murmura-t-il, sa voix brisée. "Je t’aime, Tom. J’ai besoin de toi… pourquoi me rejettes-tu ainsi ?"
Tom ne répondit pas immédiatement. Il s’approcha encore un peu plus de lui, sa présence imposante remplissant l’espace étroit de la tente. "L’amour ?" dit-il, un rictus amusé sur les lèvres. "L’amour n’a rien à voir là-dedans. Ce que tu ressens, c’est de la dépendance, Mathieu. Tu es trop attaché à moi, tu t’es accrochée à une idée de nous qui n’existe plus. Tu es faible, tu le sais, non ? Tu me déçois. Parce que tu es là, toujours derrière, attendant que je te montre comment vivre."
Les mots s’enchaînaient comme une pluie battante, chaque phrase plus violente que la précédente. Mathieu, perdu et impuissant, se sentait comme un coquillage sur la mer, balloté par les vagues de cette brutalité. Tout ce qu’il avait voulu, c’était être utile, être à la hauteur de l’homme qu’il admirait, mais à chaque instant, Tom le réduisait un peu plus, le détruisait avec des paroles qu’il ne pensait même pas peser.
"Je suis fatigué de tes pleurs, de tes attentes," ajouta Tom avec un sourire sarcastique. "Si tu veux être avec moi, tu devras être plus qu'un simple suiveur. Mais tu n’as pas ce qu’il faut. Je ne veux plus de toi, pas comme ça. Alors fais tes bagages et arrête de me déranger."
Mathieu se sentait comme si le sol se dérobait sous lui. Il avait cru en Tom, il avait donné son cœur à cet homme, et voilà qu’il se retrouvait face à un étranger. Un homme qui ne voyait plus en lui qu’une ombre, qu’un fardeau.
Les jours suivants, Tom devenait de plus en plus distant, ses paroles de plus en plus froides et blessantes. Chaque regard qu’il jetait à Mathieu semblait chargé de mépris. Il se contentait de lui ordonner de faire ce qu’il avait à faire, sans jamais un mot de reconnaissance, sans la moindre chaleur humaine. Mathieu, totalement dévasté, se retrouvait seul dans cette épreuve, sans aucun soutien, sans la moindre compréhension.
À un moment, alors qu’ils atteignaient un point où il ne restait plus qu’une étape avant la fin du trail, Mathieu tenta une dernière approche. Il s’approcha de Tom, tremblant mais déterminé, et dit d'une voix presque suppliante : "Tom, je t’en prie… ne me laisse pas comme ça. Je veux être avec toi, mais je ne sais plus quoi faire."
Tom se tourna lentement vers lui, un sourire cruel sur les lèvres. "Tu veux être avec moi ?" dit-il d’un ton glacé. "Tu n’as plus rien à m’offrir. Tu veux de l’amour, mais je ne peux pas te donner ce que tu veux. Tu n’es qu’un parasite, un homme faible. Tu n'es rien pour moi."
Mathieu se sentit sombrer dans un abîme qu'il ne pouvait plus combler. Il avait aimé Tom de tout son cœur, mais maintenant, il n’était qu’un vestige de l’admiration et de l’espoir qu’il avait placés en lui. Il n’était plus qu’un homme brisé, assiégé par les paroles cruelles de celui qu’il vénérait.
Tom ne se retourna même pas, continuant son chemin avec cette froideur implacable qui le définissait désormais. Mathieu resta là, seul, avec l'écho de ses mots dans la tête et le poids du désespoir dans le cœur. Il ne savait plus s’il restait encore une place pour lui dans cette histoire, ni si Tom l'avait jamais aimé.
Dans le silence de la montagne, les derniers éclats de lumière du jour se dissipèrent, et Mathieu, effondré, comprit qu’il venait de perdre quelque chose qu’il ne retrouverait jamais.
**Le Pouvoir du Silence**
La course se termina par une victoire éclatante pour Tom. Après des jours de douleur, de discipline et de sacrifice, il traversa la ligne d’arrivée avec l’énergie du vainqueur. La foule l’acclama, et l’adrénaline fit briller son regard. C’était une victoire de plus dans sa vie, une preuve de sa détermination, de sa supériorité. La grosse somme d'argent qu’il remporta n’était que la cerise sur le gâteau, un ajout à sa gloire, à son empire personnel.
Mais dans tout ça, il n'y avait pas de place pour les sentiments. Pas pour Mathieu. Pas pour quelqu’un d’autre que lui-même. Tom avait atteint son objectif. Ce qui se passait autour de lui, les gens qu’il écrasait sur son chemin, lui importait peu.
Mathieu, qui l’attendait à l’arrivée, avait vu la scène, avait vu Tom recevoir sa récompense et ses félicitations. Mais il ne s’approcha pas, il resta en retrait, observant de loin, comme une ombre silencieuse. Il avait l’habitude maintenant, de se tenir à l’écart, de supporter les silences de Tom. Mais ce silence-là, après la course, lui était encore plus douloureux. Tom l'ignorait complètement.
Les heures s’étiraient, et Mathieu, tout à la fois désemparé et résigné, attendait. Attendant qu’un mot, un geste, une preuve d’attention de Tom vienne le chercher. Mais rien. Rien pendant 48 heures.
Tom ne lui parla pas. Pas un regard. Pas un mot. Il était comme un roi, méprisant ses sujets, régnant dans une indifférence totale. Pour Tom, cette distance, ce silence, étaient une forme de pouvoir. Il savait que cela brisait Mathieu. Il savait que chaque minute, chaque heure d'attente, de solitude, détruisait un peu plus son esprit. Et c'était exactement ce qu'il voulait.
Dans le coin de la tête de Tom, une idée persiste : contrôler. Il n'avait pas besoin de mots pour régner, il avait appris à manipuler par l'indifférence, par la cruauté du silence. Mathieu devenait dépendant de ce vide, il cherchait sans cesse des réponses là où il n’y en avait pas. Tom en était conscient, et c’était ainsi qu’il renforçait son pouvoir. Chaque silence était un coup de plus dans la bataille pour le rendre plus docile, plus soumis.
Quand enfin, après cette longue attente, Tom daigna lui adresser la parole, ce fut avec un ton glacial, presque inexpressif.
"Tu es encore là, toi," dit-il, sans lever les yeux, en se débarrassant de sa tenue de course. "Je n'avais pas prévu de te parler tout de suite, mais bon… je suppose que tu attends encore quelque chose de moi."
Mathieu, les lèvres serrées, resta silencieux pendant un instant. Il voulait parler, il voulait dire tant de choses, mais il se sentait faible, écrasé par cette oppression silencieuse. Il avait tellement espéré qu'un mot de réconfort, ou simplement une forme de reconnaissance, viendrait briser cette carapace que Tom s’était forgée. Mais il n’y avait rien. Tom ne semblait même pas capable d’éprouver une once de compassion.
"Je… je suis juste content que tu aies gagné," finit par murmurer Mathieu, sa voix presque inaudible. "Je suis fier de toi."
Tom le fixa de ses yeux froids, un léger rictus se dessinant sur ses lèvres. "C’est tout ? Juste ça ?" Il s’approcha de lui, lentement, et laissa ses mots s’installer comme une menace. "Tu vois, Mathieu, tu ne comprends toujours pas. Tu veux être là, à mes côtés, mais tu n’as pas ce qu’il faut. Tu es trop faible, trop dépendant."
Mathieu sentit son cœur se serrer. Il savait que Tom exerçait son pouvoir sur lui, qu’il le réduisait chaque jour un peu plus à un simple instrument pour son amusement. Pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir ce vide grandir en lui, ce sentiment de ne plus avoir de contrôle sur sa propre existence.
Tom s’assit sur le canapé, détendu, comme si cette conversation ne valait pas la peine d’être sérieuse. "Maintenant que j’ai gagné, et que tu as fait tout ce que je t’ai demandé, il est temps que tu comprennes ta place. Tu n’es rien sans moi. Alors, ne t’avise plus de croire que tu peux être autre chose qu’un suiveur. Une ombre. Et si tu veux rester, tu feras tout ce que je veux, et tu te tairas."
Les mots résonnèrent dans la tête de Mathieu comme un marteau frappant le métal. Il n’avait plus d’espace pour respirer, plus de place pour ses désirs ou ses besoins. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était obéir.
La peur d’être rejeté, d’être encore plus écrasé par cette ombre de Tom, le maintenait dans un état de soumission silencieuse. Il ne savait plus comment s’échapper, comment sortir de cette spirale. Tom l’avait manipulé d’une manière qu’il ne comprenait même plus, et il se retrouvait dans une relation où il était totalement dépendant, incapable de résister.
"Tu fais ce que je te dis, c’est tout," répéta Tom, son regard indifférent. "Si tu veux exister, si tu veux que je te parle encore, tu n’as qu’à faire ce que je veux. Compris ?"
Mathieu hocha la tête, incapable de répondre autrement. À cet instant, il comprit qu’il n’y avait plus de place pour lui, que Tom avait gagné. Non seulement la course, mais aussi son âme.
Le silence s’étira à nouveau, lourd et oppressant, tandis que Mathieu restait là, sous le joug du pouvoir de Tom. Il n’y avait plus de place pour l’amour, plus de place pour l’amitié. Seulement cette domination froide, implacable, et ce sentiment d’impuissance qui dévorait chaque parcelle de lui.
Mathieu, en proie à une douleur silencieuse mais de plus en plus intense, sentit qu'il devait comprendre ce que Tom attendait de lui, ce qu’il voulait réellement. Il ne supportait plus cette incertitude, ce sentiment de n'être qu'une marionnette entre ses mains. Alors, un soir, après avoir attendu en vain toute la journée, il prit son courage à deux mains et s’approcha de Tom.
"Tom," dit-il d’une voix hésitante, "dis-moi ce que tu veux vraiment. Qu'est-ce que tu attends de moi ?"
Tom, qui avait l’air parfaitement détendu, levant à peine les yeux de l’écran de son téléphone, répondit sans empressement, presque avec dédain, comme s’il avait déjà dit tout ce qu’il avait à dire.
"Ce que je veux, Mathieu ?" répéta Tom, son ton froid. "Je veux que tu comprennes que tu n’as pas d’importance. Tu n’as rien à m’offrir. Tout ce que tu dois faire, c'est m’obéir et rester dans ton coin. Tu n’as rien d’autre à faire que ça."
Les mots frappèrent Mathieu comme des coups répétés, mais il tenta encore, sa voix tremblante de frustration et de douleur : "Mais… je veux savoir, Tom. Est-ce que tu m'apprécies encore ? Est-ce que tu veux qu’on continue… qu’on soit… ensemble ?"
Un long silence suivit. Tom posa son téléphone sur la table, se leva lentement, et se tourna vers Mathieu. Ses yeux, d’habitude si pleins de contrôle, semblaient presque étudier la situation avec une froideur calculée.
"Ensemble ?" dit-il, presque amusé. "Tu parles encore de ça ? Tu n’as pas encore compris, Mathieu ? Je ne veux pas de cette ‘relation’ que tu crois qu’on a. Tu es là pour me servir, pour exister autour de moi, rien de plus. Ne viens pas me demander de te donner des réponses émotionnelles. Ce n’est pas ce que je veux."
Mathieu baissa les yeux, le cœur lourd de déception. Les dernières bribes d’espoir qu’il avait pu entretenir s’étaient évanouies en un instant, emportées par la brutalité de Tom.
"Alors… tu ne veux rien de plus ? Rien de réel ?" murmura Mathieu, sa voix brisée par l’incompréhension.
Tom haussait les épaules, comme si cette conversation n’avait aucune importance pour lui, comme si ses mots n'étaient que la simple vérité qu’il imposait, sans même se donner la peine de la justifier.
"Non," dit-il, son regard se durcissant. "Je veux juste que tu sois là, dans l'ombre, à ma disposition. Si tu veux exister pour moi, c’est tout ce que tu auras. Ne demande pas plus. Et ne pense même pas que tu peux changer quoi que ce soit."
Mathieu, sans un mot, se laissa envahir par un sentiment de vide absolu. Il était là, devant Tom, son regard glacé, ne voyant en lui qu'un simple outil, qu’une présence inutile, qu’un homme brisé sous le poids de ses attentes. Il avait voulu plus, il avait voulu que leur relation soit réelle, mais il venait de comprendre que Tom ne voulait rien d’autre qu’une soumission totale.
Il se tourna lentement, la tête basse, et s’éloigna en silence, emportant avec lui la douleur d’un amour non réciproque et d’une soumission qui semblait être sa seule place.
Mathieu se tourna lentement vers Tom, son regard presque vide, et murmura, la voix à peine audible : "Oui, boss."
Les mots s’échappèrent de ses lèvres comme un souffle léger, un murmure d’acquiescement. Il savait ce que cela signifiait, il comprenait maintenant que tout ce qu’il avait espéré, tout ce qu’il avait cherché dans cette relation, n’avait plus aucune place ici. Tom, avec son air impassible, avait fait de lui ce qu’il voulait : un simple suiveur, une ombre, une existence subordonnée.
Tom, observant la réaction de Mathieu, se sentit un frisson de satisfaction parcourir son corps. Ce mot, "Oui, boss", résonnait dans ses oreilles comme la confirmation qu’il avait obtenu exactement ce qu’il désirait. Mathieu n’était plus qu’un pion, prêt à obéir à chaque ordre, prêt à se soumettre entièrement à son pouvoir.
Un sourire légèrement satisfait se dessina sur les lèvres de Tom, un sourire qui trahissait la victoire. Il avait tout contrôlé, manipulé, et maintenant, il pouvait se reposer dans la certitude que Mathieu n’avait plus aucune chance de se rebeller, qu’il avait laissé tomber tout ce qu’il avait cru être, tout ce qu’il aurait pu devenir.
"Bien," répondit Tom, sa voix maintenant plus douce, mais toujours teintée de cette autorité froide. "Tu sais maintenant où est ta place. Et tu feras ce que je veux, sans poser de questions. C'est tout."
Mathieu acquiesça, la tête baissée, perdu dans un tourbillon de pensées contradictoires. Mais au fond de lui, il savait que tout était fini. Il n'y avait plus de place pour ses rêves, ses attentes, ni même pour son propre désir d’être aimé. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était exister pour Tom, dans l’ombre, comme il l’avait voulu.
Tom, quant à lui, se leva lentement, content de lui-même. Il avait enfin brisé Mathieu, et désormais, il avait tout le contrôle. Il se sentait invincible, satisfait, et prêt à imposer encore plus de règles, à laisser Mathieu toujours plus vulnérable sous son emprise.
Il ne ressentait aucune culpabilité, aucune hésitation. Tout ce qu'il voulait, il l’avait obtenu. Et rien ni personne ne pourrait jamais le remettre en question.
Mathieu, envahi par un mélange complexe de dépendance et de désespoir, se retrouva une nouvelle fois face à Tom. Après tout ce qui s'était passé, après toute cette soumission qui l’avait envahi, il se sentit encore plus faible, encore plus en besoin de quelque chose qu'il ne comprenait pas lui-même. Il avait compris qu’il n’avait plus de place dans la vie de Tom que celle de l’ombre, mais quelque chose en lui continuait de le pousser à en demander davantage, à chercher une forme de validation, même si cette recherche était vouée à l’échec.
Un jour, alors qu’ils étaient seuls tous les deux, Mathieu se sentit presque irrésistiblement poussé à exprimer cette pensée qui tourbillonnait dans sa tête. Il s'approcha de Tom, la voix tremblante, et dit :
"Tom… J'ai besoin de plus. Je… je veux que tu me surveilles plus, que tu me contrôles encore plus."
Les mots semblaient sortis de nulle part, mais ils étaient là, réels et sincères. Mathieu n’avait plus d’illusion, mais il se sentait attiré par l'idée d’une surveillance encore plus forte, pensant que cela pourrait peut-être enfin lui offrir ce sentiment de complétude, de légitimité. C’était comme si, en étant encore plus contrôlé, il pourrait enfin appartenir entièrement à Tom, dans l’espoir qu’il y trouverait une forme d’acceptation.
Tom tourna lentement la tête vers lui, un léger rictus sur ses lèvres. Il avait anticipé cette demande, ce besoin de plus en plus évident chez Mathieu. Il savait que le contrôle avait pris racine en lui, et qu’il devenait de plus en plus dépendant de cette domination qu’il subissait.
"Tu veux plus, hein ?" répondit Tom, d’une voix calme, presque trop calme. "Tu veux que je t’enferme encore plus dans cette cage que tu t’es toi-même créée."
Il se leva, s'approchant de Mathieu avec cette assurance qui l’avait toujours caractérisé. "Tu veux être surveillé de plus près ? Bien. Mais sache une chose, Mathieu. C'est toi qui m'as demandé ça. Et maintenant, tout ce que tu feras, tout ce que tu diras, tout ce que tu seras, sera sous mon contrôle. Plus de liberté, plus de place pour tes désirs. Juste moi, et toi, qui n’existes que pour me servir."
Mathieu hocha la tête, presque dans une forme de soumission totale. C’était ce qu’il voulait, n’est-ce pas ? Qu’il prenne encore plus de contrôle sur lui, qu’il devienne encore plus présent dans sa vie, qu’il l’étouffe presque. Parce qu'au fond, il croyait encore que cela pourrait signifier qu’il avait une place, qu’il comptait d’une manière ou d’une autre pour Tom.
Tom se pencha légèrement vers lui, son regard froid, mais empli d’un certain pouvoir qu'il savourait. "Tu veux que je te surveille de plus près ?" répéta-t-il, un sourire presque cruel se dessinant sur ses lèvres. "Tu ne sais pas ce que tu demandes, mais très bien. Tu seras totalement à ma merci. Je serai toujours là, toujours à t’observer, à te diriger, à te contrôler."
Mathieu se sentit frissonner sous les mots de Tom, un mélange d’appréhension et de soumission lui remontant le long de l'échine. Il savait qu’il ne pourrait plus reculer, que tout ce qu’il avait cherché dans cette relation se résumait désormais à cette dynamique de pouvoir et de contrôle. Et au fond de lui, il se rendait compte qu’il n’en voulait rien d’autre.
Tom, lui, savait exactement ce qu'il faisait. Il n’avait plus besoin de jouer à des jeux subtils. La demande de Mathieu n’était qu’une nouvelle preuve de sa victoire. Il avait définitivement pris le contrôle, et il en était pleinement satisfait.
Tom, assis dans son fauteuil, son regard froid et détaché, prit un moment pour réfléchir. La domination qu'il exerçait sur Mathieu avait atteint un nouveau niveau, et cela ne pouvait se faire sans que quelqu'un l'ait poussé dans cette direction. Il pensa à Max, son ami, celui qui, sans le savoir, avait ouvert la voie à cette relation de pouvoir, cette dynamique entre lui et Mathieu. Après tout, c'était grâce à lui que tout avait commencé.
Tom prit son téléphone, avec un léger sourire en coin, et envoya un message à Max.
**"Merci Max. Tu m’as bien orienté."**
Ce message, simple et direct, était tout ce qu'il ressentait. Max avait toujours eu ce flair pour les dynamiques de pouvoir et avait, d'une manière ou d'une autre, renforcé cette idée chez Tom : celle qu'il pouvait tout contrôler, même les autres. Il avait offert à Tom la confiance nécessaire pour prendre les rênes, sans hésitation.
Max, sûrement occupé dans sa propre vie, répondit quelques minutes plus tard, sans vraiment savoir à quel point il avait alimenté ce jeu de manipulation chez Tom.
**"Tant mieux. Tu sais comment tu veux que les choses se passent."**
Tom relut le message et se laissa aller à un petit rire, presque sinistre. Il savait que Max ne se doutait de rien, qu'il ne comprenait pas l’ampleur de ce qui se passait derrière la façade. Mais cela importait peu. Ce qu’il savait, c’est que tout se déroulait exactement comme il l’avait prévu.
Mathieu, après des années passées aux côtés de Tom, était parvenu à un point où la relation, bien que figée, prenait un tour plus complexe. Huit ans s’étaient écoulés, et à bien des égards, rien n’avait vraiment changé. Les choses étaient restées les mêmes, un équilibre entre soumission et domination, une routine où les rôles étaient parfaitement définis, et où chaque geste, chaque mot de Tom, chaque mouvement de sa présence, devenait le centre de l’univers de Mathieu.
Le bonheur de Mathieu ne venait pas de l'évolution de leur relation, ni même d'une quelconque promesse d'avenir partagé. Non, son bonheur était dans les petites choses, dans les détails qui, à ses yeux, signalaient l'intensité de l'attachement qu'il ressentait pour Tom. C'était dans l'odeur de Tom, cette senteur qui persistait dans l'air autour de lui, qui flottait sur ses vêtements, qui marquait chaque espace qu'ils partageaient. L'odeur de Tom était pour lui un parfum de sécurité, de possession, un rappel constant qu'il appartenait à celui qu'il vénérait.
La plupart des gens ne comprendraient pas, et Mathieu le savait. Mais pour lui, ces années de soumission, de silence, de dépendance, avaient une beauté étrange et unique. Il n’avait jamais eu besoin de plus. Tom, malgré sa froideur, son indifférence, était devenu l'homme de ses rêves. Peut-être qu’il n’y avait pas d’avenir, pas de changements, mais il n’en avait pas besoin. Il s’était résigné à cette réalité, et d’une certaine manière, il s’y épanouissait.
Il se souvenait des premières années, quand il avait espéré que les choses changent, qu'ils puissent évoluer vers une relation plus équilibrée, plus ouverte. Mais avec le temps, il avait compris que ce n'était pas ce qu’il désirait au fond. Ce qu’il désirait, c'était cette domination de Tom, cette attention brute et totale, même si elle venait sous forme de silence et de contrôle.
Tom, de son côté, semblait indifférent à tout cela. Pour lui, Mathieu était là, à sa disposition, et c’était tout. Il ne voyait pas la profondeur des sentiments de Mathieu, ni la dévotion inébranlable qu’il éprouvait. Tom savait qu’il avait tout sous contrôle. Il n’avait pas besoin d’évoluer, ni de comprendre. Tout ce qui importait, c’était le pouvoir qu’il exerçait, le contrôle qu’il imposait.
Et pourtant, dans ce monde figé, Mathieu se sentait heureux, même si ce bonheur était teinté de solitude et d'une certaine mélancolie. Il était là, près de Tom, absorbé par cette présence qui, bien qu’impitoyable, était aussi tout ce dont il avait besoin.
Mspy
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