Premier épisode
Chapitre 2
Je suis assis à une table sur la terrasse du restaurant " La Paillotte ", il se situe sur le port de Fréjus. Il fait moins chaud à cette heure-ci, c'est appréciable. Dans une demi-heure je rejoins Rick et ses potes au Paradiz. En fin d'après-midi je suis allé faire du repérage. Et effectivement le club ne se situe pas loin de mon studio. L'avantage c'est que je n'ai pas besoin de prendre ma voiture, je peux m'y rendre à pied facilement. Sans le savoir, j'ai bien choisi mon emplacement.
Je n'ai pas spécialement faim ce soir, je viens de finir mon assiette, une salade composée. Je sirote avec ma paille la fin de mon cocktail, un Sex on the Beach. C'est la première fois que je goûte ça, il y a plus de jus de fruits que d'alcool mais je dois avouer que ce n'est pas mauvais. Je suis un peu stressé et excité à la fois de me rendre en boîte avec eux. J'espère que ses potes seront aussi sympas et sexy que lui. Je repense à Rick une fois de plus, à sa façon de me parler avec son petit accent du sud, son regard ténébreux, son sourire éclatant, sa démarche assurée...
Soudain la serveuse débarque à ma table et interrompt ma rêverie.
- Ça a été ? Je peux débarrasser votre assiette ? me demande-t-elle gentiment.
- Euh... oui bien sûr vous pouvez enlever mon assiette. Excusez-moi. J'étais ailleurs.
Je lui adresse un sourire poli.
- Pas de soucis, souhaitez-vous que je vous apporte la carte des desserts ?
Elle s'exprime d'une voix douce.
- Non merci. Je sais déjà ce que je vais prendre comme dessert. Une banana split avec beaucoup de crème chantilly s'il vous plaît, lui rétorque, sans hésitation.
J'espère que je ne la choque pas en lui demandant beaucoup de crème chantilly. C'est mon côté gourmand qui parle. C'est vrai qu'à choisir, j'aurai préféré avoir en guise de dessert la banane de Rick et sa crème chantilly maison. Humm, j'en salive d'avance. Je chasse cette idée folle de mon esprit. J'ai l'impression que la serveuse est gênée. Elle débarrasse ma table rapidement.
- La gourmandise est un vilain défaut mais je note quand même une banana split avec un supplément chantilly. Est-ce que vous désirez un café par la suite ?
Je jette un coup d'oeil vite-fait à mon portable.
- Non je vous remercie, je dois partir d'ici quinze minutes Mademoiselle, lui dis-je nerveusement.
- D'accord, je me dépêche de vous apporter votre dessert et l'addition par la même occasion.
Je hoche la tête en signe d'acquiescement. Elle tourne les talons et s'en va discrètement. Très mignonne comme jeune fille, elle doit être un peu plus vieille que moi. Mais une chose est sûre c'est qu'elle ne m'intéresse pas du tout, je préfère les mecs. Malheureusement il n'y a pas beaucoup de jolis garçons autour de moi. Deux minutes plus tard revoilà la serveuse, je suis étonné de la voir aussi vite, elle dépose la banana split devant moi avec une cuillère ainsi que l'addition, me souhaite une bonne dégustation et part en vitesse à une autre table. Je la remercie en lui adressant mon plus beau sourire. Je n'aperçois même pas la banane tellement il y a de crème chantilly par-dessus. Je prends la cuillère, la plonge dans la crème chantilly, et la dirige sans attendre à ma bouche. Hum, c'est délicieux, ça glisse tout seul. En deux temps trois mouvements je finis mon dessert. Je récupère l'addition, et me dirige à l'intérieur du restaurant pour régler. Je laisse un pourboire à la serveuse pour son service remarquable et sors du resto.
Je regarde l'heure sur mon portable et m'aperçois qu'il est déjà vingt-deux heures cinquante. Je n'ai pas vu le temps passer. Je me dépêche de les rejoindre. Pour cette soirée en boîte de nuit avec Rick j'ai sorti ma plus belle chemise, couleur bleu turquoise, coupe cintrée, col boutonné très tendance, j'adore ça fait ressortir mes beaux yeux bleus. Je porte un pantalon noir, coupe standard très chic, accompagnée d'une ceinture en cuir réversible noir. Ça met en valeur mon fessier. J'ai à mes pieds des chaussures habillées vernies noir style contemporain. Je me trouve plutôt sexy pour une fois. Je n'ai pas voulu mettre de cravate de peur que cela fasse trop BCBG. Je n'ai pas pris de veste car il fait rudement bon ce soir. Je viens d'arriver devant l'entrée du Paradiz. Il y a pas mal de monde qui attendent. Je regarde partout pour voir si j'aperçois le beau Rick, personne à l'horizon. A mon avis, il doit être encore sur le chemin avec ses potes. Je décide de patienter sagement dans mon coin. Ils ne devraient plus tarder. J'observe les gens autour...
Après plusieurs minutes d'attente, je me faufile dans la file près de la porte d'entrée de la boîte de nuit. Un couple se tient devant moi. Ils se pelotent. La gonzesse est habillée comme une catin, le mec à l'air d'être un vieux débauché. Ils sont chauds bouillant à Fréjus ! Je matte les autres greluches qui attendent avant moi. Elles sont peu habillées, limite proche du vulgaire. En fait, le dress code de cette soirée c'est Miss Pute ! Il aurait pu me dire la vérité Rick, j'aurai joué le jeu. Je rigole bêtement de ma connerie. Je me retourne en cherchant désespérément son visage qui me sortirait de ma torpeur, mais il n'est pas là... Où es-tu Rick ? C'est bizarre qu'il ne soit pas encore là. J'espère qu'il ne m'a pas posé un lapin ou bien alors il est déjà à l'intérieur, qui sait ? J'avance lentement mais sûrement. Je ne peux pas louper l'entrée du club : sur un immense bâtiment, on peut lire " PARADIZ " écrit avec de grandes lettres en néon bleu. Je marche en direction des portes. Alléluia, j'y suis arrivé enfin. L'un des deux colosses à l'entrée m'interpelle :
- Hé, toi, tu es tout seul ? me demande-t-il d'un air renfrogné.
- Malheureusement oui, lui dis-je d'un air penaud.
- Puis-je voir ta carte d'identité s'il te plaît ?
Il est sérieux lui ? Il pense réellement que je suis mineur. J'ai eu vingt-ans cette année. Connard ! Je fronce les sourcils et attrape dans la poche de mon pantalon mon portefeuille. Je lui tends nonchalamment ma carte d'identité en soupirant. Il vérifie soigneusement ma date de naissance.
- C'est bon, tu peux entrer, me dit-il avec son air hautain.
Ce grand brun baraqué est de toute évidence un sale con. Je m'empresse d'aller à l'accueil. La poulette qui s'y trouve me précise que le tarif pour les mecs est de vingt-cinq euros, dans le prix est compris une consommation ainsi que le vestiaire. Je trouve ça assez chère pour un club en bord de plage. Je ne discute pas, et paie mon entrée avec ma carte bleue. Le ticket pour le vestiaire ne me sert à rien, car je n'ai pas pris de veste ou de sacoche. Je garde sur moi mon portable, le fameux ticket pour une consommation et mon portefeuille. Je jette le ticket du vestiaire dans une poubelle qui se trouve dans le hall. Je passe une porte battante et là, c'est un autre univers qui s'offre à mes yeux. La musique, de la techno - Benny Benassi, si mes souvenirs sont bons - me percute de plein fouet. Push me and then just touch me. Till i can get my satisfaction, satisfaction... La vue n'est guère plus engageante : il fait si sombre que tous les spots multicolores m'aveuglent. Il faut bien cinq minutes pour que mes oreilles et mes yeux s'y adaptent. J'observe les lieux et surtout, les personnes présentes, à la recherche de ma cible. Il y a énormément de monde, je décide de commencer par le bar. Je distingue une gigantesque piste de danse sur laquelle un dj mixe aux platines. La musique est hyper forte. J'essaye tant bien que mal de me frayer un chemin à travers la foule, et à chaque contact accidentel, je ressens leur désir. Il fait une chaleur abominable, je crève de soif. J'atteins enfin le comptoir, il est immense. Je me pose sur un tabouret et commande un Sex on the beach au barman. Je sors de ma poche mon portable pour voir l'heure. Il m'indique qu'il vingt-trois heures trente. C'était trop beau pour être vrai, il s'est foutu de ma gueule à tous les coups. J'aurai dû lui demander son numéro de portable cet après-midi. Ça m'a complètement traversé l'esprit. Pfff, quel imbécile je suis.
Le barman pose le cocktail devant moi, je lui remets le ticket et commence à vider le verre. Je me retourne, et guette les gens s'éclater sur la piste, ils dansent, ils boivent, ils rigolent... Je suis en train de chercher le nom de la discothèque. Ça s'appelle le Paradiz ? C'est plutôt l'inverse oui ! Je suis blasé, je me retrouve comme un con sur mon tabouret. Je te remercie Rick, super la soirée ! Je termine vite mon cocktail qui pour le coup est pas terrible, enfin bref passons...
Je choisis de faire un tour dans la boîte. Il y a différentes tables avec des groupes de jeunes pas loin de la piste de danse. Je repère des beaux mecs. Ça sent la sueur, la testostérone, le whisky... Humm ça commence à me plaire tout ça. Je continue mon chemin, à ma gauche se trouvent les toilettes. Et à ma droite, je détecte un escalier en colimaçon avec un panneau lumineux à coté qui indique le " CARRE V.I.P ". Qu'est-ce que je fais ? Je tente ma chance et monte ? J'hésite un instant. Et puis merde ! Je m'autorise à y faire un petit saut. Je grimpe furtivement à l'étage, je distingue plusieurs tables avec des sièges et canapés trop design, je trouve cet endroit trop canon. Il y a un petit bar aussi, avec plein de monde autour, la barmaid à l'air d'être débordée. Il faut dire que ce soir c'est blindé. D'en-haut j'ai une vue superbe sur toute la boîte de nuit. J'interroge une fois de plus mon portable, et me rends compte qu'il est pas loin de minuit. Je continue mon chemin dans le carré V.I.P quand soudain je détecte au loin une silhouette familière. Non mais c'est une blague ? Je demeure stoïque quand je discerne Rick et ses amis à une table...
Flok
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