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Cyrillo :
Comment Romain ? Ai-je bien compris ? Ce n’est pas ça faire l’amour…
Il me parle d’amour.
Lui avais-je dit que j’allais lui faire, s’y attendait-il, une attente, un espoir ?
Est-ce une question ?
Je ne connais pas assez Romain pour décoder ce qu’il souffle à mon oreille et qui me fait mal au cœur.
Je ne sais rien de toi.
J’ai remarqué que nos désirs n’avaient pas besoin d’être exprimés, c’est sans mots dire que nous agissons souvent, que nous nous retrouvons à danser le même mouvement.
Pourtant j’aimerais connaitre ton passé de danseur, qui est ton chorégraphe ?
Maitre Vengeur, Monsieur l’orgueil, Sir Manipulateur, ou une Diva en fin de carrière qui tente une dernière fois la danse de sa vie par procuration. Qui te dirige ?
Je regarde ton visage tourné vers la fenêtre, tu es splendide.
Si j’étais Caligula, je te ferais scalper et porterais ta chevelure sous mes lauriers d’or.
Tes yeux sont grands et lumineux quand les miens sont sombres et petits, une légère paupière tombante leur donne une douceur rassurante.
Je me penche et te donne encore un baiser profond, simple et sincère.
Je me tourne vers le minet qui s’endort à présent.
- Hep chéri, vas te laver tu es dégoutant !
Le pauvre chaton humilié se redresse sur ses grandes pattes arrière et file au bain le cul serré au bord de la fausse couche !
Tu te doutes bien que je vais m’adresser à toi. Tu attends serein ma méchanceté.
- Est-ce que tu comptes rester longtemps dans mon cul ?
- J’aillais te poser la même question : ça va ? t’es bien avec bite dans le cul ?
Je déteste ce moment où il faut se retirer le cul baveux, creampie comme disent les Anglais.
Je n’assume pas.
Ce n’est pas que je trouve ça dégueu. Ma carrière d’enculeur tout terrain m’a fait connaitre bien des situations boueuses, ça ne me dégoute pas, ce sont les risques quand on aime l’imprévu. C’est juste emmerdant ! Prep et lingettes ne me quittent jamais.
Mais quand il s’agit de mon cul, de mes boyaux, j’ai la honte facile.
Je ne mens pas, je devine que j’ai besoin de me faire prendre par un mec comme Romain.
Pourtant je pue l’actif, je suis l’actif, je n’y joue pas, je prends vraiment mon pied à baiser des mecs, à les loper parfois. Quand je me branle, que je rêve, je suis actif.
Je ne sais pas être versatile. Est-ce culturel, psychologique ?
Je ne sais pas passer de l’un à l’autre. C’est comme si je renonçais à l’un, à l’autre, pourtant on peut être soi, entier, justement et dans la diversité.
Mais je ne le peux pas encore.
Une fois par an, je me permets. Me faire enculer.
Il est forcément très viril, très beau, une touche « paternel » ou faut-il que je me ressente à l’âge que j’avais, quand je me suis fait dépuceler ?
Une fois par an, je me cambre, je tente la perte de contrôle.
Quand arrive le moment où je n’ai plus mal, je me libère et mon corps bouge.
J’ondule, je serre et lâche, je gueule et encourage à y aller plus fort.
Je redécouvre qu’on peut ressentir un plaisir physique dans le cul, je bande et débande. Comme j’aimerais jouir avec son sexe en moi…
Mais je n’y arrive pas.
Alors je reprends le contrôle, je joue, j’ai capté ce qu’il aime, je fais la lope ou le passif agressif, le violé ou la femelle en chaleur.
Je fais tout pour qu’il jouisse.
Bien évidemment, ce n’est pas ça faire l’amour.
Alors j’ose encore une fois avec toi, Romain.
Mon bassin commence à s’avancer, les épaules en arrière puis en avant je recule doucement jusqu’à ce que je sente le volume de ton gland aux portes de mon cul.
Je coulisse sur ta bite encore dure. Les yeux fermés, je me concentre sur la région de ventre et je te cherche. Les hanches font le boulot et je me remue empaler sur toi. J’ai la respiration lente, quelque fois en apnée pour faire silence dans mon corps, et t’écouter.
Des pensées parasitent mon plaisir.
Suis-je beau, suis-je propre, est-ce qu’il me regarde, que va penser l’autre en sortant de la salle de bain.
Je n’ouvre surtout pas les yeux et m’accroche à ce plaisir qui me remplit.
Tu me dis « vas-y doucement ».
Tu te redresses vers moi, embrasses la région de mon cœur et sors de mon cul.
Tu me prends dans les bras, me fais basculer et me poses là où tu étais posé.
Je suis ému, comme vulnérable, j’ai envie de te supplier, d’implorer ta pitié.
Tu supplier quoi ? Pitié de ne pas faire quoi ?
Je n’arrive pas à me l’avouer, juste une larme au coin de l’œil droit signe mon émoi.
« La douche est libre » scande le blondinet.
J’y vais direct en coup de vent. Quand je ressors de salle de bain, je suis déjà habillé, tu es seul, nu, debout à la fenêtre et dans un nuage de fumée.
Je viens t’embrasser l’épaule, tire une taffe sur ta cigarette, et quitte l’appartement en t’enfermant à l’intérieur. J’ai ta clé et la mienne en poche.
Je réalise que je n’ai même pas ton numéro de téléphone.
« Au moins je sais où t’appeler » me dis-je en rigolant et te faisant coucou d’en bas.
Je suis gai et de la musique joue dans ma tête quand je marche dans les rues de Paris.
Romain :
Par la fenêtre du second étage, je regarde Cyril me faire un coucou malicieux.
Je te trouve très sexy avec ton jean slim et ton sweat moulant. Le noir te va bien et souligne ton côté voyou chic dont tu joues sans complexe.
Ton sourire banane éclaire radieusement ton visage et me fait croire que tu es heureux de me connaitre… et de m’avoir capturé.
Tu t’éloignes maintenant en longues enjambées.
Salopard que tu es ! Crois-tu que je ne t’aie pas vu piquer la clé que j’avais posée sur la commode ?
Tu m’as enfermé à double tour dans ton appart’. Tu es content de toi ?
Cela me fait sourire parce que je suis un bon en escalade et que pour moi ce serait de la rigolade de descendre dans la rue en me servant des balcons, des parements et des redans de la façade haussmannienne.
Il me suffirait de te chouraver une paire de baskets pour faire une démo de grimpe à tout le quartier.
Ce serait te coller la honte.
« Vous rendez-vous compte, Monsieur Cyril séquestre des hommes chez lui !!! »
Pour le moment, j’ai besoin d’une douche.
Tiens ? La petite pintade a oublié sa trousse de maquillage !
Que va-t-elle devenir sans son gloss repulpant et son mascara Dior ?
La pauvre chérie, je la plains bien. Ça va être l’enfer pour elle.
Super la douche multi jets. Je suis tout neuf ! Mais maintenant j’ai un petit creux.
J’ouvre le frigo, il n’y a que des softs et du champagne, le congélo, que de la glace et 3 bouteilles de Dubrowska.
Une livraison ? Pas sûr que le livreur d’Uber-Eat ait un monte-charge sur son vélo !
Ça commence à me gonfler d’être enfermé comme ton toutou, et encore tu aurais pensé à laisser une gamelle de croquette.
Je retourne sur le Balcon. Je fume, je cherche…
Putain !!!!! la baie vitrée de l’appart d’à côté est ouverte !!!
Cela va me permettre de me tirer d’ici, vite fait bien fait. Ce n’est pas la grille de séparation, toute hérissée de piquots, qui va m’arrêter. Je me rhabille et enjambe la balustrade pour passer par l’extérieur du balcon. Une passante pousse un petit cri en me voyant suspendu dans le vide. Ça va l’exciter un petit moment, la mémère, d’avoir vu un Tarzan parisien faire des acrobaties…
J’atterris devant la baie ouverte d’où s’échappe une musique en sourdine. Du Mozart peut-être ?
Un peu gêné mais déterminé je pénètre dans un vaste salon qui semble désert.
Là, nous sommes dans le cossu. Meubles d’époque, tapis persans et toiles de maître. Le tout désinvoltement mêlé à du design italien de haute volée. Nous ne sommes pas chez les Bidochon.
- Puis-je vous être utile ? Articule soudain une voix chaude derrière moi.
Je me retourne d’un bloc pour voir, au fond du séjour, un homme installé devant un immense ordinateur tout en un.
Quand il se lève, je constate qu’il est grand, peut-être même plus grand que moi. Mince, de larges épaules et un visage taillé à la serpe, il doit avoir la soixantaine. Ses cheveux gris et drus sont taillés à la militaire. Très courts. Il porte une veste d’intérieur brune à la coupe stricte. Classe.
- Heu… excusez moi… je suis un ami de Monsieur Cyril… heu… votre voisin. Que je bafouille.
- Oui, en effet, je reconnais votre voix. Je vous ai entendu très tôt ce matin. Vous avez une très belle voix de baryton surtout quand vous criez : « Stop ! Je n’en peux plus ! ». Me balance le mec chicos.
Je me sens devenir rouge écarlate (avec une pointe de grenat) jusqu’à la racine des cheveux et les oreilles me cuisent. L’homme se marre en s’allumant un petit havane. Tout le quartier sinon l’arrondissement a dû m'entendre gueuler quand Cyril se servait de moi. J’ai la grosse honte !
- Ne vous en faites pas, jeune homme, nous sommes tous habitués aux turbulences de mon neveu. Souffle-t-il dans un nuage de fumée.
- Votre neveu ???
- Oui, Cyril est mon neveu. Je lui ai cédé une partie de mon appartement, bien trop grand depuis que je suis veuf. C’est un fripon mais je l’aime bien. Il me tient parfois compagnie parce que nous avons quelques points communs… en vous voyant ici, je suppose qu’il vous a fait son coup de la claustration ? Décidément, ce garçon est incorrigible. Chantonne presque l’oncle.
Je me sens tout nu sous le regard aimable de l’homme élégant. Son regard me transperce mais cependant je me ressens enveloppé de sympathie. D’un geste nonchalant il m’invite à m’asseoir dans l’un des somptueux fauteuils de cuir gris. Pour un peu je me sentirais comme chez moi.
- Puis-je vous offrir à boire… à moins que vous ne désiriez grignoter quelque chose ? Je sais que Cyril se nourrit de toasts et de vodka mais ce n’est pas suffisant pour un grand gaillard comme vous.
- Euh… j’avoue que j’ai un peu faim, Cyril ne m’a même pas laissé des croquettes. Que je salive
Sur son invite, je suis le gentleman dans sa cuisine. Vaste et moderne c’est un lieu convivial baigné de soleil. D’un coup de micro-ondes, il fait cuire une grande barquette de poisson à l’oseille et me verse un verre de blanc sec. Le pain est frais et je me régale. J’avais vraiment faim.
Mon hôte et moi, nous papotons courtoisement. Je lui décline mon identité et lui m’annonce qu’il est un gendarme à la retraite depuis peu. J’ai retiré mon blouson parce qu’il fait bon chez lui. Étonnamment, je me sens en confiance en face cet homme qui pourrait être mon père.
Sa conversation est intéressante et il a beaucoup d’humour. Il me demande de l’appeler par son prénom : Alexandre. Quand je suis repu, il m’invite à fumer un cigarillo dans le grand salon.
- Êtes-vous un homme intelligent, Romain ? Me questionne soudain l’homme mûr.
- Moyennement, je pense. Pourquoi me demandez-vous cela ? Que je rétorque, à la fois surpris et amusé.
- Je vous demande cela parce qu’il faut être intelligent pour comprendre ce dont j’ai envie sans me prendre pour un vieux cochon. Me répond-il en s’enveloppant d’un nuage de fumée.
- De quoi avez-vous envie, Alexandre ?
- J’ai envie de vous voir nu et de toucher votre peau. Pas davantage, je vous rassure. M’annonce-t-il sur le ton de la conversation.
Bizarrement, je ne suis pas choqué par sa demande. Sa voix et son comportement sont si naturels que cela en est déconcertant. Je me surprends même à avoir un début d’érection. Je ne nie pas être un chouïa exhibitionniste comme la plupart des beaux mecs et comme je me sais bien équipé, je n’éprouve aucune gêne à exhiber mon corps. Cela dit, personne encore ne m’a fait une telle requête.
- Pourquoi pas. Je vous dois bien ça. Ce sera ma manière de vous remercier de votre hospitalité. Que je m’entends lui répondre.
Je commence par me déchausser. J’ai de beaux pieds et de belles mains. Cela ne gâche rien de les montrer en guise d’apéritif. Je me déshabille comme si j’étais dans ma chambre et le regard de l’homme ne m’indispose aucunement. Confortablement assis dans son fauteuil, il assiste à mon strip-tease sans manifester davantage d’émotion que s’il regardait le journal 20h de la chaîne 2.
Quand il ne me reste plus que le caleçon, je l’interroge d’un regard auquel il répond par un léger hochement de tête. Je suis maintenant complètement à poil et Alexandre se lève.
Je ne peux m’empêcher de frissonner quand ses mains se posent sur ma poitrine. Elles sont grandes, fortes, douces et chaudes. Elles glissent sur ma peau avec une lenteur mesurée.
- Vous êtes magnifique, Romain. Si vous saviez comme c’est merveilleux pour moi de toucher un corps aussi harmonieux. J’espère que mon neveu apprécie sa chance de vous avoir pour amant ? Murmure l’homme en me plantant son regard noir dans les yeux.
Je suis profondément troublé de me sentir si fort et si beau sous les mains de mon hôte. Profondément troublé aussi de me sentir tout à la fois désiré et respecté. C’est probablement le respect d’Alexandre qui me trouble le plus. Allez savoir pourquoi ?
Inconsciemment ou pas, je m’avance vers ses mains pour qu’elles soient plus persistantes et plus audacieuses. J’ai besoin qu’elles pétrissent mes muscles, qu’elles me resculptent en profondeur.
Alors que mon souffle s’accélère, celui d’Alexandre reste paisible et régulier. Il maîtrise la situation et je me laisse porter. Qu’il est bon de se laisser aller en toute confiance.
Comme répondant à mon secret appel, les caresses de l’homme se font plus profondes. Mes muscles malaxés roulent sous des doigts experts qui savent s’arrêter à la lisière de la douleur. Je bande maintenant comme un âne. Cela dure une éternité qui me semble bien brève. Je n’en peux plus.
- Vas-y ! Que je murmure en tournant la tête vers la baie ouverte sur un ciel bleu.
- Tu es déjà très fatigué. Cyril t’a tout pris cette nuit, je ne veux pas t’achever. Répond Alexandre en saisissant mon sexe d’une main légère.
- Non, tu ne m’achèveras pas. J’ai du répondant. Vas-y !!! Que j’implore.
Alors c’est fantastique. Ma queue est un Pégase volant dans les nuages, mes couilles roulent dans la volupté et je jouis de la tête aux pieds. Cambré dans l’extase, j’inonde le tapis d’un sperme brûlant. Des lèvres douces sucent mes mamelons comme dans un remerciement. Pendant de longues minutes je reste debout au milieu du grand tapis. Mozart parsème le silence de ses notes magiques.
Puis soudain, les choses vont très vite. Cyril est de retour m’annonce Alexandre en entendant claquer la porte de l’appartement voisin. Je me rhabille et prend congé de mon hôte… si hospitalier.
Sur le pas de la porte, Alexandre, en guise d’adieu, tout simplement me saisit la main et dépose un léger baiser sur ma paume. Je frémis comme une jouvencelle et lui adresse un sourire de jouvenceau.
En cinq enjambées je suis devant ta porte d’entrée et je sonne. Tu as largement eu le temps de constater que je m’étais envolé de chez toi. Aussi, j’admire ton sang-froid quand tu ouvres la porte.
Tu ne sembles pas étonné de me retrouver sur le palier alors que tu m’avais enfermé à double tour.
Je jubile en jouant les innocents. Le claquement de la porte, après que je sois rentré, me fait tout de même comprendre que tu n’es pas très content. Sans un mot, tu me précèdes dans la cuisine.
- J’ai fait des courses. J’ai ramené de quoi nous faire un bon petit repas. M’annonce-tu de ta voix la plus suave.
Sur la table, en effet, je constate, à l’étiquette prestigieuse de ton traiteur, que tu ne t’es pas foutu de ma gueule. C’est du bon de chez bon, accompagné d’une bouteille de vieux Bordeaux.
- Merci Cyril, c’est très gentil mais je n’ai plus faim. Que je roucoule.
- Comment ça ! Tu as déjà mangé ? Et où ça ? M’interroge-tu, le regard ombrageux.
Il ne me reste plus qu’à prendre mon air le plus innocent.
Cyrillo & Romain