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HISTOIRE

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Les ailes de l'ange

Que ceux qui n’aiment pas les histoires à dormir debout ne lisent pas cette histoire.

C’était à une époque où l’on pouvait se faire un max de fric en retapant de vieilles maisons en ruine pour les revendre trois ou quatre fois leur prix d’achat.

Il suffisait d’être en Provence, d’avoir un peu de courage, d’avoir de bons bras et surtout de ne pas avoir peur de se salir les mains. Cela serait inconcevable aujourd’hui.

Avec mon mec, nous avions décidé de monter notre petite entreprise de restauration et bien vite nos affaires furent prospères. Il faut dire que nous mettions du cœur à l’ouvrage car nous étions ambitieux et pas fainéants.

Mon mec se prénommait Gilles. Il était mon alter ego et ses grandes mains calleuses se faisaient douces quand elles glissaient sur ma peau. Gilles était peut-être plus fort et plus beau que moi encore. Parce que c’est vrai que nous étions beaux, tous les deux. Et si heureux que rien de grave ne pouvait nous arriver. Vous nous auriez vus à cette époque, tous les deux, à moitié nus sur nos échafaudages, que vous auriez, tous autant que vous êtes, pétez vos boutons de braguettes.

Grands, minces, solidement musclés et souples comme des jaguars, on nous avait surnommé « les Gémeaux ». Ces divins frères amoureux qui se partagèrent l’immortalité.

Souvent la nuit, nos corps fourbus mais dynamisés par la passion s’entremêlaient en une lente lutte silencieuse. À l’issue de cette lutte amoureuse, le vainqueur disposait du vaincu qui s’abandonnait alors à lui.

Le sexe dur et la bouche avide, sur le corps de son amant, il buvait son plaisir, mais, au final, lui donnait toujours davantage qu’il ne lui prenait. Nos souffles, notre sueur, notre sperme et nos mots de tendresse, longtemps se mêlaient. Notre chevelure balayait le visage de l’autre.

Nos cœurs battaient à l’unisson.

Repus d’amour et enlacés, nous nous endormions sous la lueur d’une Lune blasée. Elle en avait tant vu, cette Lune. Un amour de plus ou de moins, qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre à celle-là ? Avec Gilles, même nos disputes étaient des prétextes pour baiser. C’étaient de furieuses réconciliations qui pouvaient se produire dans les lieux les plus inattendus. Elles étaient toujours très chaudes et nous unissaient encore davantage. Par les dieux, que nous nous aimions… fous que nous étions. Nous ne savions pas.

J’étais en train de changer le moteur d’une bétonnière quand les gendarmes sont venus me dire, avec beaucoup de ménagement, que Gilles avait été la victime d’un refus de priorité. L’accident avait été mortel.

Mes yeux se sont brutalement ouverts sur un monde sans couleurs et vide de tout. La moitié de mon âme est morte à l’instant où j’ai appris la mort de mon mec.

Le chagrin étant, hélas, l’une des choses les plus communes de la vie, je vous épargnerais mes lamentations.

Pendant un mois, je n’ai pas dessaoulé. Notre équipe, solidaire, m’a soutenu. C’étaient de vrais potes. Le boulot a continué. J’avais alors 29 ans.

Dans le petit mas où nous habitions Gilles et moi. Tout était à présent noyé dans un immense océan de silence et d’absence. Je suis monté dans sa vaste chambre aménagée dans les combles. Il avait choisi cet endroit car il aimait l’espace. Un mobilier sobre et élégant soulignait le charme masculin de la pièce mansardée. Tableaux et objets étaient d’une simple beauté. Il ne manquait, devant mes yeux, que la haute et svelte silhouette de mon mec.

Une large baie s’ouvrait sur un paysage de collines surmonté par l’horizon bleu de la Méditerranée. Devant cette baie, s’étalait un grand lit bas sur lequel nous avions tant et tant baisé qu’il avait fallu que nous le changions trois fois. Cela faisait rire Gilles qui m’obligeait à participer aux frais. « Dommages de guerre ! » disait-il.

J’ai sanctuarisé la chambre de Gilles. Nul désormais ne pénétrerait en ce lieu à part moi. Jamais un balai ou un chiffon ne viendrait effacer la moindre de ses traces.

Le moindre de ses cheveux, la moindre de ses empreintes digitales et le moindre de ses gestes devaient dormir paisiblement en ce lieu tant que je vivrais.

Je m’autorisais uniquement le trajet qui allait de la porte au lit. Pendant treize ans, je n’ai placé mes pas que sur cette ligne pour aller, des soirs de nostalgie, me coucher quelques instants sur le grand lit de Gilles.

Étendu, les doigts croisés derrière la nuque, je contemplais alors le ciel à travers la baie qui au fil des ans s’opacifiait. La Lune, toujours aussi blasée, venait parfois répandre cette même lueur qui avait tant de fois sculpté le corps de mon amant quand il dormait auprès de moi.

Les années passèrent et j’ai rencontré des mecs sympas qui ont partagé ma vie quelques mois ou quelques brèves années mais aucun d’eux n’a pu remplacer Gilles dans mon cœur. Ils le savaient et ils sont tous partis, me laissant seul avec cette moitié de moi-même que m’avait seulement laissée mon mec. Le dernier se prénommait Charles, il était beau et très bien foutu. Il m’a accordé beaucoup de tendresse et cependant je n’ai jamais pu lui accorder l’amour qu’il attendait. Il est parti lui aussi.

Quand on donne tout son cœur à un être, on le donne avec un morceau de son âme que plus jamais on ne pourra récupérer. L’amour, le vrai, n’est pas une rigolade, sachons-le.

Alors je décidais de rester seul avec mes souvenirs et Mirador, le chat de Gilles. Tout noir et replet, Mirador portait bien son nom. Toujours perché en hauteur, il observait son monde d’un œil attentif. Autant il me snobait quand il était, autrefois, dans les bras de Gilles autant aujourd’hui il m’accordait ses câlins. Il était comme un petit pont vivant qui me reliait encore à mon amant disparu.

Quand il m’accompagnait dans la chambre de Gilles, il semblait le chercher et ses empreintes étaient comme des petites fleurs sur la poussière du sol.

C’est le mois de juin et j’ai 42 ans. À l’occasion d’une exposition de peinture très ennuyeuse, je fais la connaissance de Laurent. C’est un beau jeune homme à l’humour caustique. Il n’est pas farouche et me déclare tout de go, entre deux coupes de champagne, qu’il aimerait bien coucher avec moi.

Cela fait un an que je vis dans une chasteté que je ponctue quelquefois d’une masturbation hygiénique. Considérant mieux le jeune provocateur, je m’aperçois que son joli costard doit dissimuler une anatomie fort intéressante. Je l’invite donc à dîner et nous discutons.

J’apprends ainsi le problème de sa vie. Il est somnambule. Cela le met parfois dans des situations invraisemblables. Ainsi, lors d’une de ces dernières crises de somnambulisme, il a foutu toute la collection de cactus de sa belle-mère à la poubelle. Celle-ci ne peut lui pardonner ce massacre.

Cette histoire me fait bien rire mais devant son air penaud, je craque et l’invite à passer la nuit avec moi. Il accepte avec empressement mais m’avertit toutefois qu’il y a toujours un risque à dormir avec un somnambule. Cet avertissement ne fait qu’amplifier mon rire.

Quand il se déshabille dans ma chambre, je ne suis pas déçu. C’est un superbe athlète aux muscles longs et bien définis. Il a une queue de mustang et des couilles très appétissantes. C’est un canon.

De taille moyenne, entre mes bras, je le sens tout à la fois puissant et léger. Cela fait bien longtemps que je n’ai autant désiré un homme. Il doit le sentir car il me défie du regard, sourire aux lèvres.

Je le ploie, je le broie et le jette sur mon lit. Il se cambre pour que je puisse étreindre son torse à plein bras et bombe ses pectoraux pour mieux les offrir à mes dents. Il pousse un cri guttural quand je le pénètre et ses yeux deviennent des gouffres dans lesquels serpentent les mots secrets de l’enfer.

Emporté par la fureur de mon incontrôlable désir, je le baise sauvagement dans la muette complicité de la nuit. Je m’enfonce toujours davantage en lui pour me repaitre de ses râles. Le beau Laurent n’est plus qu’une proie dont je ne parviens pas à me rassasier tant je suis affamé.

Sur sa peau halée, perle une sueur que je bois. Sur son ventre musclé, fuse un sperme que je mange.

Ce n’est qu’après l’avoir brisé de plaisir et joui comme un dinosaure que je l’abandonne au sommeil. Je m’allonge le long de lui et l’enroule de mes bras. J’écoute un moment son souffle paisible et je m’endors.

Tard dans la nuit, un mouvement m’éveille. Laurent est assis au bord du lit et regarde autour de lui.

Il se lève dans la lueur lunaire et se dirige vers la porte. Intrigué, je le suis. À pas lents, il monte l’escalier. Je viens de me souvenir qu’il est somnambule. Je ne sais trop que faire.

Arrivé sur le palier du dernier étage il ouvre la porte de la chambre de Gilles. Je frémis mais n’ose intervenir. Dans la pénombre, il s’avance vers le placard du fond et l’ouvre en grand. Je suis prêt à bondir devant un tel sacrilège mais je parviens à me contenir. Le jeune homme est telle une statue mouvante que la Lune argente.

Le somnambule se penche et saisit dans ses bras un objet de taille importante posé sur le sol du placard. Il se retourne, le visage inexpressif, puis va déposer le gros machin sur le lit. Il passe ensuite devant moi sans m’accorder la moindre attention et redescend l’escalier. Toujours à pas lents.

Un maelstrom d’interrogations tourbillonne autour de moi. Quand je reviens dans ma chambre, Laurent s’est recouché sur le lit et semble dormir paisiblement. Je passe le reste de la nuit les yeux fixés au plafond. Je n’attends pas le jour pour aller préparer le petit déjeuner. J’ai besoin d’un bon café.

Rayonnant, la taille ceinturée d’une serviette de bain, Laurent me rejoint bientôt. Il m’embrasse, me mordille l’oreille et me demande, en ronronnant, à quelle tribu de sauvages j’appartiens… Apparemment il ne se souvient de rien d’autre que de notre baise et je prends le parti de me taire.

Je le regarde dévorer ses croissants qu’il trempe voluptueusement dans son café au lait. La mèche en bataille, il me couve d’un regard coquin.

- Qui est Gilles ? Me demande-t-il à brûle pourpoint.

C’est comme si je recevais un coup de poing dans l’estomac.

- Gilles ?

- Oui, cette nuit j’ai rêvé qu’un très beau garçon me donnait quelque chose de très grand qui était enveloppé dans une housse. Il te ressemblait un peu et il m’a dit qu’il s’appelait Gilles. Il était brun avec des yeux bleu marine.

- Gilles… était mon ami. Il est mort il y a de cela 13 ans. Que je parviens à répondre, la gorge nouée.

- Pardonne-moi, je ne le savais pas. Ce n’était qu’un rêve mais il m’a impressionné.

Avant de partir, Laurent me demande s’il peut revenir. Bien évidemment, je réponds qu’il peut revenir autant de fois qu’il le souhaite en lui promettant d’être plus doux avec lui la fois prochaine. Ce à quoi il me répond qu’il ne faut absolument pas que je change mes habitudes. Sauvage je suis, sauvage je dois rester. Il insiste.

Nous sommes dimanche. Ce n’est qu’en fin de matinée que je me décide à monter dans la chambre de Gilles. Devant le placard ouvert, je suis submergé de nostalgie. Sur leurs cintres, les blousons, les chemises et les jeans de mon mec s’alignent devant moi, encore empreints, me semble-t-il, de son odeur.

Contrairement à moi, Gilles était un garçon ordonné, presque méticuleux. C’étaient d’épiques conflits lorsqu’il décidait de venir mettre le nez dans mes affaires pour y faire un tri et y mettre un peu d’ordre. Il était impitoyable et me grondait comme on gronde un gamin qui ne range jamais le bordel de sa chambre.

Dans l’épaisse poussière, les pieds nus de Laurent ont laissé leurs nettes empreintes. Je les suis jusqu’au lit où il a déposé le volumineux objet enveloppé d’une housse.

Dégueulasse qu’elle est cette housse. Pleine d’accrocs et de taches… bonne à jeter. Dessus, un bristol est épinglé. Un sanglot noue ma gorge quand je reconnais l’écriture et que je lis ces deux simples mots : « Pour toi ». Quand Gilles me faisait un cadeau, il y adjoignait toujours ces deux mots qui étaient pour moi comme une lettre d’amour.

À l’intérieur de la housse il y a des ailes.

Non pas des ailes d’oiseaux séchées ou grossièrement naturalisées, mais une sorte de grand machin blanc tout replié, équipé d’un harnais très souple fait d’une matière que je ne connais pas.

Ce bidule, remarquablement léger mais apparemment solide fait environ 1m50 de long et plus de 60 cm de large et d’épaisseur. Dans un assemblage complexe on distingue des sortes de grandes plumes d’un blanc nacré. Elles ne sont pas en plastique et certainement pas, non plus, d’origine biologique. Bizarre… très bizarre.

Quand je dis des ailes, il faut que j’ajoute que j’ignore encore qu’il s’agit d’une paire d’ailes. Je le soupçonne seulement à cause des plumes soyeuses.

Je descends l’escalier avec ce mystérieux objet dans les bras.

j’ai faim, alors je me tape un petit casse-croûte arrosé d’un ballon de rouge. Circonspect, tout en mâchouillant je regarde le « machin » posé sur la table de la cuisine. Soudain, je me dis : puisque ce truc a des bretelles… pourquoi ne pas l’endosser… !? Et que j’endosse mon fourbi pour sortir dans le jardin. Étonnement les bretelles sont parfaitement ajustées à ma taille. Je n’ai aucune idée de l’usage de cet engin si léger et encore moins de son mode d’emploi. Je dois avoir l’air très con à trottiner dans l’herbe avec ce bazar sur le dos.

Il y a un vent à décorner les bœufs. C’est le grand Mistral qui est de retour. Je ris de moi et m’apprête à rentrer à la maison quand je suis soudain enveloppé par une ombre immense. Ce sont deux ailes qui se sont déployées au-dessus de mes épaules, sans un bruit. Je lève la tête pour découvrir des ailes fantastiques de plus de 5m de longueur. D’un blanc nacré elles brillent au soleil, amples, vastes et joliment courbées. Elles sont gigantesques.

Ma contemplation ne dure guère longtemps car une rafale de vent me soulève du sol et je prends majestueusement mon envol pour aller m’écraser la gueule sur le tronc d’un grand pin situé à 30 mètres de là. Les ailes enchevêtrées aux branches basses.

Complètement groggy, durant un instant. Je ne sais plus qui je suis et encore moins où j’habite.

Je suis suspendu aux branches comme un parachutiste en perdition. Je peste entre mes dents en me démenant lorsque les ailes se replient brusquement pour me permettre de m’aplatir sur le sol, trois mètres plus bas. Du coup, après cette chute, je suis fin prêt pour les urgences et c’est à quatre pattes que me rapatrie à la maison. Je n’ai plus l’âge de m’adonner à des conneries pareilles !!! Pas content du tout, je balance le machin dans un coin de la pièce pour partir en quête de désinfectant, de compresses et de sparadrap.

Pugnace de nature, j’ai essayé les ailes encore plusieurs fois les jours suivants en prenant bien garde que ce soient des jours sans vent… je n’avais pas envie de me reprendre une gamelle. Une fois suffit. Je n’obtenais aucun résultat probant. Les ailes fantastiques parfois se dépliaient pour se replier quelques minutes plus tard, sans un bruit. Bien à l’abri sur un rebord de fenêtre, Mirador m’observait d’un œil dubitatif. Il devait penser que son patron voulait devenir un moineau. Pour lui, c’était une affaire à suivre car pour un gros chat gourmand, un moineau dodu est toujours le bienvenu.

Un soir de juillet, cependant que j’étais torse nu, j’ai senti une tiédeur dans les bretelles et les ailes se mirent soudainement en mouvement. À ma stupeur, en d’amples battements, elles m’arrachèrent du sol et m’élevèrent au-dessus de la maison.

Pris de panique, je gesticulais suspendu dans le vide tandis que les grandes ailes battaient avec la majestueuse cadence de celles d’un aigle. Quand enfin elles me reposèrent doucement sur le sol avant de se replier, j’étais ahuri et je tremblais de tous mes membres en claquant des dents.

Je ne repris mes esprits qu’après deux whiskys bien tassés et commençais à réfléchir. Voyons voir… jusqu’alors j’endossais ce machin alors que je portais une chemise ou un T-shirt. C’était la première fois que j’étais torse nu pour faire un essai. C’était donc la chaleur de ma peau nue, transmise par les bretelles, qui actionnait les ailes magiques… ? Lors des essais suivants, en me dépouillant au fur et à mesure de mes vêtements, je compris qu’il me fallait être entièrement nu pour obtenir le maximum de rendement des ailes mystérieuses. À partir de ce moment, tout devint extraordinaire.

C’est ainsi qu’un soir, nu comme Adam, sous un soleil déclinant, je me suis élancé vers le ciel.

Mon vol fut tout d’abord hésitant et chaotique mais bientôt il se stabilisa et ma trajectoire se fit de plus en plus précise. Peu à peu je m’apaisais et pris de l’assurance.

Sous moi, défilaient forêts et plaines, campagnes et vignobles. J’habitais loin de la ville et ne survolais que de rares maisons. Je volais bas et n’osais encore m’élever à plus de deux cents mètres.

Des chiens me virent et coururent dans les champs en aboyant, tête levée vers le ciel.

Fort heureusement, ce n’était pas la saison de la chasse car il y a fort à parier que l’un de ces chasseurs, soi-disant protecteurs de la nature, m’aurait abattu comme ils abattent froidement un faisan d’élevage qui sait à peine voler. Je ne m’étendrais pas sur ce sujet… Je constatais que les ailes obéissaient à ma volonté avec autant d’aisance que mes propres membres. Ne me demandez pas comment cela pouvait être possible car je serais bien incapable de vous l’expliquer.

C’est ainsi que lorsque je décidais de revenir chez moi, elles effectuèrent un parfait virage serré agrémenté d’un plaisant looping. Bientôt je vis apparaître mon mas planté au sommet de sa colline.

Ma voisine, la mère Beringuier, était dans son jardin, occupée à surveiller ses tomates. Quasi centenaire, bigote acharnée, riche comme Crésus, percluse de rhumatismes, avare et cancanière, elle leva la tête alors que passais au-dessus d’elle dans un moelleux vol plané. Je crois avoir entendu craquer ses vertèbres cervicales quand je lui ai adressé un petit signe de la main.

On la retrouva le lendemain matin, trottinant dans le jardin du presbytère, le menton en l’air. Elle chevrotait qu’elle avait eu la visite de l’ange Gabriel et qu’elle devait rencontrer le pape au plus vite afin qu’il la canonise.

Elle insistait sur le fait que les anges avaient bien un sexe, c’était formel et incontestable. Elle en témoignerait devant les plus hautes instances religieuses ! Elle était catégorique ! Les anges étaient montés comme des ânes !!! Ses impatients héritiers s’empressèrent de la coller dans un EHPAD où elle fut mise sous calmants à très fortes doses. Ce petit incident m’incita à la prudence. Il me fallait faire des vols de nuit.

C’est peut-être alors que beaucoup virent une ombre étrange planant devant la Lune mais ils sont vite allés se recoucher en pensant qu’ils avaient fumé un ou deux pétards de trop.

Les pouvoirs de ces ailes étaient fantastiques. En effet, je m’aperçus que dès que j’étais harnaché, je voyais parfaitement bien, même par nuit sans Lune. De plus, je ne ressentais ni le chaud ni le froid. Autre découverte que je fis plus tard : quand je m’élevais à de grandes altitudes : la raréfaction de l’oxygène ne me gênait aucunement. De plus en plus sûr de moi, je devins audacieux.

Bien entendu, mon apprentissage s’émailla de quelques mésaventures, notamment ces nuits où je me suis retrouvé nez à nez soit avec un Boeing, soit avec un Airbus. Il fallut alors que je m’échappe à grands coups d’ailes pour ne pas être aspiré et déplumé par les turbulences provoquées par les énormes aéronefs.

Quant à cette idiote de Lune, elle fut un peu surprise de me voir si proche d’elle et abandonna son petit air blasé pour me regarder avec un peu plus d’intérêt. Mais dans sa nocturne lumière je me sentais plus seul que jamais. Se souvenait-elle combien j’aimais mon bel amant ? Pure banalité pour cet astre froid, témoin indifférent de tant d’autres bonheurs et de tant d’autres souffrances. J’étais devenu l’une de ces souffrances car plus je volais dans sa lumière, plus le souvenir de Gilles me taraudait le cœur.

Enfermé dans un secret que je partageais avec un mort, je perdais peu à peu le goût de vivre si seul.

Agenouillé sous mes ailes, par une nuit de désespoir, de toute mon âme, j’ai appelé mon compagnon disparu. - Gilles !! pourquoi m’as-tu donné ces ailes puisque je ne peux pas te retrouver ? Hurlais-je vers la voûte des cieux. Sombre.

Les ailes de l’ange, qui devaient en avoir plus que marre de m’entendre pleurnicher, décidèrent brusquement de m’emmener vers lui. Avec des battements d’une ampleur grandiose, elles m’enlevèrent.

Jamais encore elles n’avaient déployé tant de force. Je pourfendais l’espace sous le silence des étoiles. Peut-être aurais-je pu rivaliser de vitesse avec un Dassault Rafale.

Gilles m’attend, souriant, debout dans le vide. Derrière lui il y a une myriade d’étoiles blanches et deux avions de ligne qui se croisent en faisant clignoter leurs feux de positions.

Il est nu et plus beau que dans le plus beau de mes souvenirs. Vous n’allez pas me croire (encore une fois) mais en le voyant si splendide, j’ai soudain envie de m’enfuir à tire-d’aile pour me cacher. J’ai honte.

Honte de mon corps, que j’ai pourtant soigné, mais que treize ans de vie ont abîmé. J’avais perdu l’insolence de ma ligne parfaite. Que suis-je maintenant face à lui ? Un gros morceau de viande suspendu à des ailes qui commencent d’ailleurs à fort s’impatienter !? Avec ce petit sourire que j’aimais tant, Gilles s’avance vers moi comme s’il marchait sur un sol ferme et me prend dans ses bras.

Ô merveille, à son contact, mon corps recouvre cette jeunesse heureuse qu’il avait jadis emportée avec lui. Il me donne en partage son instant d’éternité.

Ses bras sont chauds et vigoureux, ce sont ces mêmes bras qui m’ont étreint lors de nos nuits de passion. Son souffle est tiède à mon oreille quand il murmure : - Cela fait si longtemps que je t’attends. Tu en as mis du temps à trouver mes ailes… Je n’aurais pas dû les mettre dans le placard du fond. Je rangeais trop bien mes affaires, comme tu le sais.

Je ne peux répondre tant je sanglote de bonheur. En me berçant doucement, il attend que je me calme. Puis ses lèvres se posent sur les miennes pour me donner ce baiser qui m’a tant manqué.

Auprès de Gilles, mes ailes sont inutiles car tout entier de son amour il m’enveloppe.

Il m’enlace et nous faisons l’amour au-dessus des lumières nocturnes de Nice et de Cannes. Au loin, brillent celles de la côte italienne. Il me prend dans l’extase puis ensuite m’offre son corps. Ce corps qui a sans cesse hanté mes nuits de solitude. Ce corps adoré.

Sa peau est de satin sous mes mains et mon sexe pulse dans son fourreau chaud, si ferme et si doux. Nos mots d’amour roulent sur mon cœur comme l’écho des orages lointains. Je ne veux plus vivre d’autre vie que cette vie improbable. J’embrasse ses yeux clos et lui demande : - Pourquoi m’as-tu laissé seul ? Il hausse les épaules avec un gentil sourire puis il repart vers les étoiles en ignorant mes bras tendus. Seule sa voix me parvient encore. Elle dit : - Je t’attends.

J’ai ordonné à mes ailes de rattraper mon amant. Elles firent tout leur possible mais que pouvaient elles poursuivre ? Quand on aime, on ne compte pas. Je n’ai donc pas compté le nombre de fois que j’ai utilisé les ailes de l’ange pour rejoindre mon mec afin que nous baisions au-dessus des nuages. Maintenant elles sont usées à mort.

J’ai fait du rafistolage avec toutes sortes de colles merdiques dites professionnelles mais elles n’en peuvent plus et grincent et se bloquent de plus en plus souvent malgré ma burette d’huile 3-en-un.

Je n’ai pas le mail du fabricant d’ailes d’anges pour lui demander de réparer les miennes. De vous à moi, je n’en ai rien à foutre. D’ailleurs, il doit être submergé de travail et moi j’en ai marre d’attendre. Pour la dernière fois, je vais m’envoler vers Gilles. Ce sera mon ultime voyage.

Mes ailes se briseront cette nuit, très haut dans le ciel. Alors, comme un Icare déplumé, je vais chuter vers ma mort. En tourbillonnant.

Je n’ai pas peur car mon mec va me tenir la main jusqu’au sol et qu’aussitôt l’impact, je vais être auprès de lui pour toujours et je n’aurai plus jamais besoin des ailes de l’ange.

Romain

alain.romain@orange.fr

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