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Saison 1 | Chapitre 6
J’ouvre les yeux, réveillé par une douleur dans ma jambe, pas très forte, mais suffisamment lancinante pour me donner chaud… curieusement j’ai pas trop mal dormi… je sais ce que je dois faire…
Je me lève, récupère mes béquilles pour aller à la cuisine.
L’appart est plutôt pas mal rangé en fait. J’ai des draps propres pour Hakim, le frigo est plein.
Je déjeune vite fait, je donne à manger à Bellatrix, le combattant qui semble me regarder désespérément en bullant dans son bocal, et je file sous la douche.
Je m’applique la technique que j’avais utilisée sur Hakim, même si ma douleur n’a rien à voir avec la sienne, je préfère prévenir…
Et comme tous les matins le temps file à une vitesse de fou, et l’heure est déjà bien avancée quand enfin je prends la route.
Je me gare sur le parking désert. Il fait chaud pour ce début octobre. Je reste quelques minutes dans la voiture, plus très sûr que ce soit une bonne idée. Venir le voir me semblait être la chose à faire cette nuit, mais maintenant que j’y suis…
C’est la première fois que je viens… J’ai honte… mais pas seulement de ne pas être venu plutôt… j’ai honte d’être encore en colère contre lui…
Je sors de la Mercedes, et je ne peux pas m’empêcher de penser que je n’ai pas le droit d’être ici… Malgré tout je ne peux pas reculer.
Je pousse la grille du cimetière et je déambule entre les tombes. Je ne sais pas où se trouve la sienne, n’ayant pas pu assister à l’enterrement, je sais juste qu’il repose près d’une grande haie. Je le trouve curieusement assez facilement, et quand j’arrive devant lui une vieille angoisse me noue le ventre. Je n’ai rien apporté… ça a beau faire plus d’un an et demi, mais sa tombe déborde toujours de fleurs… et moi je ne lui ai rien apporté…
Je me mets à chialer, comment j’ai pu être assez con pour ne pas penser à lui apporter quelque chose putain…
Mes yeux baignés de larmes regardent les plaques funéraires, de ses parents, sa famille, ses amis, ses collègues… il devrait y en avoir une de moi… et je chiale encore plus…
- Salut Alex…
Prononcer son prénom, ici, devant lui, me fait éclater de nouveau en sanglots.
Entre le coma et la tonne de médocs qui m’ont assommé pendant des semaines je n’ai pas pleuré sa mort… et après j’ai occulté…
Quand cette vague d’émotion semble se calmer un peu je me décide à enchainer…
- Je remarche. Ça a été long, mais je remarche… et j’ai repris ma formation à l’hôpital… tu serais content, je pense… J’ai une belle prothèse en carbone, tu aurais adoré la décortiquer dans tous les sens… Lord Voldemort est mort, je l’ai enterré chez mes parents, je l’ai remplacé par un nouveau… je l’ai appelé Bellatrix, j’ai pensé que ça t’aurait fait rire… d’ailleurs mes parents m’ont aménagé l’appart qu’ils avaient acheté pour nous le louer…
Je dois de nouveau me taire, incapable de continuer… Je ne sais pas combien de temps je reste à essayer de me reprendre, mon esprit assailli par un million de pensées erratiques.
- J’ai rencontré quelqu’un Alex… Je ne l’ai pas cherché hein… c’est un patient, Hakim, il a aussi perdu une jambe… je ne sais pas encore ce que je ressens pour lui, mais je crois que je l’ai laissé entrer, et… il va dormir à la maison ce weekend… Je ne sais pas si je lui plais vraiment, ou s’il compense juste… mais je me sens bien avec lui… il me fait du bien…
Je bloque. Une boule de fureur prend possession de mon corps.
- Et puis merde Alex !!! Pourquoi t’as fait ça sérieux ?! On avait tout putain !!!
Je me détourne de sa tombe et je vois une femme au bout de l’allée. J’ai honte de m’être emporté, et d’avoir crié devant elle… je ne sais pas si elle est là depuis longtemps, à me laisser parler à son fils. Nous nous fixons, et d’un signe de tête je lui fais signe qu’elle peut approcher.
- Bonjour Mickaël…
- Bonjour…
Certainement pas sûre de ce que j’attends, elle ne m’embrasse pas, elle se place à côté de moi, face à la tombe.
- Je ne savais pas que tu venais le voir…
- C’est la première fois… et je ne lui ai rien apporté…
Je me remets à pleurer et sa main me caresse timidement le dos.
- Ce n’est pas grave arrête… et je comprends ne t’en fais pas… je sais que ce n’est pas facile Mickaël…
- Je suis désolé… c’était vraiment gentil à vous de venir me voir… je regrette de vous avoir demandé d’arrêter de venir…
- Ne t’en fais pas, on a compris, entre l’accident, ta jambe, Alex qui n’était plus là… on ne t’en a jamais voulu…
- Je vais vous laisser…
- J’y vais aussi de toute façon… je me force à ne pas rester trop longtemps… Mon mari viendra ce soir arroser les fleurs.
Et on se dirige en direction de la sortie.
- Je suppose que la Mercedes est à toi…
- Oui…
- Ça m’a fait un choc quand je l’ai vu… c’est exactement la même… j’ai tout de suite su que ça devait être toi…
- Oui… je sais pas pourquoi, mais ça m’a semblé évident d’acheter la même que la sienne…
- Comment tu vas toi ? J’ai quelques nouvelles par ta mère, on a été très heureux d’apprendre que tu remarchais…
Je n’ai rien à lui répondre… comment lui parler de ma vie qui reprend doucement son cours alors que son fils est enterré derrière nous…
- Il faut que tu vives Mickaël… cet accident nous a suffisamment pris, à tous, et puis… il t’aimait tu sais… vraiment… je sais qu’il n’était pas toujours facile, mais tu étais tout pour lui… il ne voudrait pas que tu passes à côté de ce que tu as à vivre…
Je la prends dans mes bras en lui soufflant un merci. Son étreinte me fait sentir qu’elle a compris. Nous pleurons silencieusement.
Sur le point de nous quitter, je dois lui demander.
- Est-ce que vous croyez que je pourrais mettre une plaque…
Elle me sourit.
- Bien sûr Mickaël…
Je monte dans ma voiture, complètement vidé, mais infiniment soulagé.
Tout n’est pas simple, tout n’est pas réglé bien sûr, mais j’ai fait ce que j’avais à faire…
J’arrive au CHU juste avant 10H, mais je dois passer dans l’antre d’Olivier avant d’aller récupérer Hakim.
J’y choisis quelques prothèses toutes simples, afin qu’il puisse profiter de son weekend et ne pas avoir à supporter le regard des gens sur sa jambe de pantalon qui pend dans le vide.
Quand j’entre dans sa chambre, à 10H15 passées, il m’attend assis dans son fauteuil roulant, son sac sur les genoux, visiblement très pressé de quitter l’hôpital.
- Putain t’es en retard !! C’est quoi ça ?
- Je crois que t’as pas compris le principe du weekend Hakim…
Je m’amuse à voir son visage passer en 3 secondes par tout un tas d’expressions différentes… Quand l’incompréhension semble prédominer, je lui explique :
- Tu passes le weekend avec ton kiné mec !! Et le but c’est de te montrer que tu peux vivre comme tout le monde ok ? Donc pour commencer déshabille toi qu’on essaie des prothèses.
- Mais attends je sais pas si je pourrai marcher avec…
Pas très pro, mais je ne peux m’empêcher de rigoler.
- Elles sont pas faites pour marcher ! juste remplir ton pantalon et te permettre d’enfiler ta 2ème basket.
Je vais fermer la porte pendant qu’il se déchausse et qu’il enlève son survêt. Je m’accroupis avec les 3 prothèses que j’ai choisies devant lui, et son Armani blanc qui moule son paquet avec une indécence troublante. D’ailleurs lui est-il utile de replacer sa teub à ce moment-là… Je lui mets une protection et la première prothèse semble particulièrement bien entourer et adhérer à son moignon.
- Tu peux te lever, mais ne prends pas appui sur la prothèse ok ? Je veux juste voir la longueur…
- Ça a l’air pas mal non ?
- Non attends rassieds toi…
Ce type de prothèse est rembourrée avec des petits coussins en silicone, étant donné qu’elles ne sont pas faites sur mesure, ça permet d’ajuster un peu.
Je retire un coussin, et enfile la prothèse dans son autre basket. Je remets en place le tout.
- Lève-toi.
Je prends un peu de recul, mais le résultat me semble pas mal.
- Tu peux te rhabiller.
Il se réinstalle dans son fauteuil, retire du coup sa 2ème basket pour pouvoir renfiler son survêt.
- Il te faut une autre chaussette. Weekend normalité j’ai dit !
Il rigole en me demandant de fait de lui en donner une autre paire.
- Elles sont où tes béquilles ?
- Pourquoi t’en a pas chez toi ?
- Putain tu piges que dalle ce matin !! Ton fauteuil reste ici ! Alors ? Tes béquilles ?
- Euh… Dans la salle de bain…
- Eh Hakim tout va bien se passer !! Tu me fais confiance ?
Son sourire… putain pourquoi il sourit comme ça ce con…
- T’as tes papiers ?
- Ouais ! C’est bon !
Je prends son sac et nous voilà prêts à partir.
- Merci Mika… tu peux pas savoir ce que ça représente pour moi tout ce que tu fais…
- Ouais allez on y va on te grille du temps libre là !!
On passe au secrétariat de l’ortho pour signer le formulaire d’autorisation de sortie. Lorsqu’on s’apprête à sortir de l’hôpital, il me demande ce que j’ai comme caisse. Je mets ma main dans ma poche et fais clignoter la Classe A AMG noire garée sur la place handicapée juste devant.
- Putain ça paye kiné en vrai !!
- Les accidents avec amputation ça paye mieux crois moi…
Il semble regretter ses paroles, mais il se détend quand j’éclate de rire.
- C’est bon Hakim y a pas de soucis hein !! Surtout entre nous !!
Naturellement il se dirige du côté passager, mais ce n’est pas le plan.
- T’as déjà conduit une boite auto ?
- Ouais pourquoi ?
- Bah je sais pas… mais peut-être que t’aimerais conduire nan ?
- Sérieux je kifferais trop, mais je sais pas si je peux…
- Je vais te donner un scoop : t’avais pas besoin de ta jambe gauche pour conduire une automatique avant et ça n’a pas changé !!!
Le voyant pas très rassuré j’essaie d’être plus cool.
- Viens t’installer et on voit si tu le sens ou pas ok ?
- Ok…
C’est drôle de le voir intimidé, j’ai l’impression de le revoir au premier jour. En même temps je peux le comprendre, je le prends au dépourvu, et la dernière fois qu’il a conduit c’était le jour de son accident. Mais ça me semble important qu’il puisse se remettre derrière un volant. Ça fera une case de plus à cocher…
- Tu vois t’as tout ce dont t’as besoin pour conduire. Je serai à côté de toute façon, si y a quoi que ce soit je reprends le volant ok ? Tu veux essayer ?
- Ouais allez…
Je prends donc place côté passager, et je réalise que je laisse jamais personne conduire ma voiture d’habitude… mais bon c’est bien qu’il le fasse. Il démarre, accélère 2/3 fois pour apprécier le son du généreux moteur essence et c’est parti. Il est plutôt à l’aise en définitive. Ma cuisse est toujours douloureuse, je me la masse machinalement.
- T’as mal ?
- Un peu… je me suis réveillé comme ça… mais c’est gérable…
Je le guide jusqu’à mon quartier, en faisant malgré tout un détour pour faire durer son plaisir. Je sors, récupère ses béquilles pour qu’il puisse sortir seul, ainsi que son sac.
- Bien ton quartier !! C’est aussi l’accident ça ??
Son sourire en coin me fait dire qu’il a compris qu’on pouvait en rire sans problème.
- Nan ça c’est l’héritage de mes parents…
- Ah putain je suis désolé… je savais pas Mika je te jure…
- Ils sont pas morts c’est bon je déconne !! Mais l’appart est à eux donc oui techniquement il sera à moi un jour !!
- Putain t’abuses là wallah.
Et on rigole comme deux gamins, enfin moi plus que lui. Dans l’ascenseur il me fixe bizarrement, et je commence à être mal à l’aise. On y est. On va rentrer chez moi, tous les deux, alors que ses intentions sont manifestement définies…
- Ah oui l’appart va avec le quartier !!
- C’est pas très grand, mais il est sympa oui. J’ai qu’une seule chambre alors tu prendras le lit, mon canapé se déplie ça m’ira très bien.
- Attends…
Il pose ses béquilles contre le mur et me tend les bras. Sur le coup je ne comprends pas et je saisis bêtement ses avant-bras pour lui offrir un appui.
- Nan viens…
Il m’attire contre lui et je me laisse faire alors qu’il me presse contre son corps chaud. Sa tête dans mon cou, il me souffle avec une voix que je ne lui ai jamais connue, une voix suave, profonde et chaude.
- Si tu dors dans ton canapé alors moi aussi… il est hors de question que je dorme dans ton lit sans toi…
- Hakim commence pas s’il te plait…
Il me serre un peu plus fort. Mes mains sont sur ses hanches.
- Ecoute, on est chez toi, il n’y a que nous, j’en ai trop envie, et je sais que toi aussi, alors je sais pas ce qui va se passer ou pas ce weekend, mais je suis pas là pour qu’on se retienne ok ?
Il s’écarte pour me regarder avec ses yeux si sombres et profonds.
- Hakim…
- Laisse-toi aller…
Après quelques secondes son visage se rapproche, mais comme un réflexe toujours je me détourne. Ses lèvres trouvent ma joue et y déposent des baisers tendres et sensuels.
- Embrasse-moi toi…
Tout semble se déconnecter dans ma tête, les questions, les doutes, les peurs…
À mon tour j’embrasse sa joue. Presque malgré moi je ferme les yeux, mon coeur tape comme un fou dans ma poitrine, et je prends une longue inspiration pour le respirer. Je connais son odeur depuis le temps, mais le sentir de si près c’est juste ouf et c’est l’explosion dans ma tête, et dans mon boxer, je suis tendu comme un chien. Quand ma bouche se rapproche de son oreille, il me serre à nouveau contre lui, en appuyant son crâne contre le mien, fort, et je peux sentir plus bas qu’il est aussi excité que moi.
- Putain… si tu savais depuis combien de temps j’en ai envie Mika…
Sa bouche se rapproche de la mienne.
- Hakim…
Ses lèvres sont contre les miennes.
- Bébé arrête de me recaler là…
Nos lèvres se pressent. Plusieurs minutes durant, on s’embrasse chastement, les yeux clos, savourant les lèvres de l’autre, debout dans l’entrée, comme deux ados… Mon corps est dans un état que j’avais je crois oublié, comme électrisé, la douceur de ses lèvres diffusant des ondes délicieuses partout…
- Bon on mange quoi ??
J’éclate de rire en le serrant quelques secondes de plus contre moi avant de m’écarter.
- Putain !!!
Et il me montre son survêt largement déformé par une barre impressionnante. Je saisis ma propre trique au travers de mon jean.
- T’es content de toi ??
- Allez c’est toi là aussi tu rends ouf sérieux !!
Je prends son sac et l’emmène dans ma chambre.
- Ça sent trop bon chez toi !
- T’as cru j’étais un crado ou quoi ??
Sur ses béquilles, il me suit et se colle derrière moi.
- Mais nan t’inquiète. C’est juste que ça change trop de l’odeur de l’hosto tu vois…
Je me retourne, on est presque l’un contre l’autre.
- Je connais ça… Bon tu veux manger quoi ?
- À part ta bouche ?
Je lui souris.
- Ouais à part ma bouche…
- La vérité, je kifferai trop bouffer un bon gros McDo !!
- T’es sérieux ??
- Bah en fait là je préfèrerai faire une sieste je suis un peu fatigué je crois…
- Je commande un McDo alors !!!
Je finis de lui faire visiter l’appart, c’est rapide. Puis on se cale dans le canapé pour commander le McDo qui lui fait tant envie.
Son bras entoure naturellement mon épaule, et pendant que je remplis mon panier son front caresse tendrement ma tempe.
J’aime trop ce côté tactile, à la fois tendre et animal… même si les battements de mon coeur ne se calment pas…
Il s’écarte pour aller chercher sa carte bleue, mais je le retiens, la mienne est enregistrée et je valide le paiement direct.
Il râle en me disant qu’il payera autre chose.
- Bon tu penses que tu vas pouvoir attendre 40 minutes ??
Et alors que son nez effleure mon oreille, son souffle dans mon cou, il me murmure :
- Ouais… je pense que je vais pouvoir attendre…
Ses lèvres partent à la conquête de mon cou. Lentement il me fait basculer sur le côté puis sur le dos. Son corps à quelques centimètres du mien, les yeux dans les yeux, je décide de me faire violence et de l’attirer sur moi. Il se laisse aller en enfouissant à nouveau sa tête dans mon cou, je crois qu’il me respire aussi… mes mains caressent son dos, sous son sweat, et même si je connais son corps par coeur, même si j’ai l’habitude de le toucher, là c’est totalement différent, et cette intimité me fait complètement tourner la tête. Sensuellement, il entreprend de se glisser entre mes jambes, mais…
- Aie putain !!
- Qu’est qu’il y a Hakim ??
- C’est la prothèse là ça m’a pincé !!
J’éclate de rire en le faisant s’assoir. Je m’accroupis par terre pour lui enlever ses baskets, et son survêt suffisamment large me permet de retirer sa prothèse sans le déshabiller. Je bloque quelques secondes sur la bosse sous le tissu au niveau de son entrejambe. Il le remarque et se caresse doucement.
- Tu vois comme j’ai envie de toi…
- Je vois surtout que t’es beaucoup trop en manque !!
Il reste sérieux, et moi je flippe comme un ouf…
- Je suis peut-être en chien, mais tu crois quoi ? Que je bande pour un rien ou pour n’importe qui ??
- J’en sais rien moi… tu bandes quasiment chaque fois que je te masse…
- Justement c’est bien ce que je dis…
Je ne relève pas, et je prends appui sur son genou pour me relever, mais je grimace à mon tour de douleur.
- Ça va pas Mika ?
- Juste un peu mal c’est bon… je vais enlever ma prothèse je crois.
Il se décale sur le côté. Je vire mes baskets et mon jean.
- Tu sais t’avais pas besoin d’excuse pour te déshabiller hein ?!
- Allez tais toi là…
Je le bouscule un peu et je m’assieds à côté de lui. Je retire ma jambe en carbone et je me masse un peu. Il est sur ma droite et sa main, que j’imagine rassurante, vient caresser mon autre cuisse.
- Je vais tout le temps avoir mal hein ?
- Pas nécessairement… déjà moi ça fait pas 10 ans, avec le temps ça va de mieux en mieux, mais j’ai beaucoup forcé cette semaine… et puis tu as encore ton genou donc ça devrait être plus facile.
- Je sais que tu voulais qu’on sorte cet aprèm, mais c’est bon on peut rester ici si tu préfères rester tranquille et reposer ta jambe, ça me gêne pas…
- Nan nan t’inquiète !! On va bouger ça va aller !!
Je récupère les béquilles à côté du canapé.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je vais mettre un short.
- C’est bon tu peux rester comme ça ça me dérange pas hein !
- Je préfère Hakim…
Et je l’entends me dire que je vois sa jambe tous les jours alors que je vais dans ma chambre. Mon armoire est à peine ouverte qu’il entre aussi dans la chambre. Il se laisse tomber sur le lit, en travers.
- Viens 2 minutes…
Mon short à la main je m’assois à côté de lui. Je le retiens alors que son bras voulait me rapprocher contre lui.
- Attends faut que je regarde si la prothèse t’as pas blessé…
- Pareil t’as pas besoin d’excuse pour me demander de virer mon survêt hein !!
Et aussitôt son bassin se soulève et son survêtement se retrouve en boule au sol alors que je suis toujours super mal à l’aise.
- C’est bien le livreur va arriver et on est tous les 2 à moitié à poil !
Il rit. Il rit et je kiffe… j’examine sa jambe, une légère rougeur, mais rien d’alarmant. Mes doigts glissent doucement sur sa peau halée et poilue, dessinent des arabesques sur sa cuisse, et sur l’intérieur. Rapidement son boxer se tend à nouveau alors qu’il est sur le dos, les yeux fermés, les bras croisés derrière sa tête. Je m’allonge à côté de lui et ma main passe sous son sweat pour caresser son ventre et ses abdos qui se redessinent de plus en plus. Ma bouche retrouve sa joue, il ne bouge toujours pas. Ma main tressaute alors qu’elle rencontre son érection qui ne pointe plus sur le côté, mais vers le haut à présent. Un « désolé » l’accompagne presque malgré moi. Il rouvre ses yeux et me sourit.
- T’auras jamais à t’excuser pour ça Mika…
En appui sur mon coude, je caresse ses lèvres avec les miennes. Ses yeux se referment. Qu’est-ce qu’il est beau putain… je ne comprends même pas pourquoi la cicatrice de son visage le dérange tant…elle n’entache en rien sa beauté… Je m’amuse avec sa lèvre inférieure, je l’embrasse, la prends entre mes lèvres, ma main caressant à présent ses pecs. Il soupire de contentement, offert.
Putain l’interphone !!! J’avais presque oublié la livraison sérieux…
- T’y vas Hakim ?
- T’es sérieux là ? T’as vu la trique que j’ai ??
- Bah et moi !!
Bref, j’enfile en vitesse mon short et je file répondre. J’essaie de me calmer le temps que le livreur monte les 3 étages, mais je crois que j’ai encore une bonne bosse quand je lui ouvre. Il me file les 2 sacs et se barre direct, il a pas dû voir grand chose, je ne sais même pas s’il a remarqué j’avais qu’une jambe !
- Bon on mange ?
Il revient dans le salon, toujours en boxer.
- Tu aurais pu t’habiller nan ??
- C’est bon on est entre nous…
Je souris devant son naturel et son aisance. On mange donc tranquille, ce que j’avais entendu est vrai, il bouffe vraiment comme 4, mais il a l’air bien et ça me fait vraiment plaisir de le voir aussi détendu…
- Bon tu veux faire quoi cet aprèm ?
- Il a l’air confortable ton lit…
- Allez tu le testeras ce soir, sérieux faut que tu profites de ta sortie là !!
On reste un moment à digérer, calés l’un contre l’autre.
- C’est encore mieux en fait…
Je me redresse, je n’ai pas compris.
- Quoi ?
- D’être avec toi… je veux dire vraiment quoi, pas à l’hôpital… c’est encore mieux que ce que je croyais…
Je ne suis pas prêt pour une déclaration là…
- Allez on se bouge !
- On bougera demain nan ? J’ai envie de rester posé avec toi là…
- Je crois que tu sais que demain on bougera pas… donc tu lèves ton cul !!
- Ok mais embrasse-moi avant…
Je prends appui avec mes mains sur le dossier du canapé et je rapproche mon visage tout doucement, je m’amuse à passer ma bouche devant la sienne, l’effleurer, mais il s’agace vite et ses mains me maintiennent face à lui.
- Embrasse-moi bébé…
Je ne peux pas m’empêcher de lui sourire et je me décide à lui donner ce qu’il veut.
S’ensuivent des bisous toujours simples, nos langues restant pour le moment sagement de leur côté.
Mais pourtant je crois que je n’ai jamais autant kiffé embrasser un mec…
Mickaël
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