1 | Comment commencer ?
Par le classique, je suis ce qu’on appelle un banquier d’affaires, je négocie des « deals », en fait je suis un mercenaire qui bosse pour mon client du moment, pour lui permettre d’acheter ou vendre au mieux la société cible.
Je bosse beaucoup, tout le temps, j’aime gagner et ne pas perdre.
Le fric est secondaire, mais les montants importants, car le marqueur de la réussite et, donc, de mon égo.
Un jour, un ex prof me demande si je veux bien animer une table ronde organisée à mon ancienne école. J’accepte, un peu parce que je vais parler de moi et surtout passer un weekend sympa avec des contacts intéressants. Business is business.
Pour ne pas prendre de risque de perturbation de train et parce que ma femme me saoule, un peu actuellement, avec les problèmes de sa belle-famille, je fais réserver une nuit d’hôtel supplémentaire, la veille du séminaire et je pars dans l’après-midi.
Je quitte Paris et sa grisaille, pour me retrouver quelques heures plus tard, sous un soleil azuréen. L’été avant l’heure.
Je prends un taxi et je prends possession de ma chambre d’hôtel. A la réception, on m’annonce que ma future suite ne me sera, de fait, allouée demain après-midi. Mais on m’a affecté, pour la nuit supplémentaire, un bungalow.
Je râle un peu pour le fun : pas envie de déménager mes affaires. Le jeune réceptionniste, manifestement en formation, est confus et bientôt rejoint par un senior qui en un tour de main, présente les excuses de l’établissement et m’offre l’accès illimité à l’espace fitness, spa, piscine etc…
Je n’irai certainement pas, mais j’accepte, après qu’il m’ait assuré que le bungalow était magnifique et qu’avec le séminaire d’étudiants, je serai certainement heureux de le garder pour éviter le bruit à venir. Mais que le choix me serait laissé de le garder ou de faire déménager mes affaires par le personnel.
J’accepte en ronchonnant. J’y gagne un pass pour le bar. Trop facile.
Le bungalow est sympa, manifestement aménagé pour les familles : un lit double et deux canapés lits. Jolie vue, accès tranquille directement à partir du parking.
Bref, je prends pour le moment.
Je fais ensuite un tour en ville. Je mate des étudiants. Quelques jolies croupes, tant des donzelles que des p’tits mecs.
Oui, je suis bi. J’ai toujours aimé bouffer du minou qu’une chatte de mec.
J’aime la baise. C’est d’ailleurs mon seul « sport ».
Et, contrairement à ce que je croyais, plus jeune, c’est presque plus facile de « lever un plan » à presque 40 piges.
Alors, attablé en terrasse, dos au mur, je mate les passants et quand j’accroche un regard, je ne baisse pas les yeux. Ça me fait sourire. Trop facile.
Je reçois un sms. Mon pote de baise. Déjà 15 ans, que l’on se connait et que notre amitié sexuée perdure.
« Ce soir, le premier qui envoie une pic prouvant qu’il vient de baiser gagne le droit de donner un gage à l’autre ».
Putain, il me met au défi ce con.
Je souris. Je regarde l’heure. Je sais qu’il bosse jusqu’à tard. Il est cuistot dans un resto bobo dans paris.
J’ai donc tout mon temps, mais si je cible un plan avec un mec, j’ai plus de chance de gagner.
Je télécharge l’application bien connue au masque jaune, je me créé un profil « 39ans, 185, 80, yxverts, chatain clair, poilu pecs, BM » et j’ajoute « mon défi du jour : prouver que j’ai gouté aux charmes locaux », je complète : « actif, tendre, joueur, pas froid aux yeux ni aux mains. Je confie mon plaisir et me charge du tien »
Et je place deux photos, sans visage, vue plongeant sur mon torse quand je remonte l’échelle du bateau en sortant de l’eau (mes épaules apparaissent plus larges et ma taille plus fine, et surtout le boxer de bain souligne que je porte à gauche) et la seconde, moi en costard en train de me pencher pour décrocher un téléphone. Le costume sur mesure souligne ma silhouette et indique ma tenue vestimentaire habituelle.
Je poste. Et laisse venir.
Je mate les profils.
Le mien est nouveau… il est maté.
Quelques vieux grigous, des quadra pressés avant de rentrer chez eux, des jeunes starlettes… bref.
Marché local, pas aussi large qu’à Paris, mais il y a de quoi faire.
Je réponds mollement.
Et puis là, un profil sans photo, mais une accroche flatteuse « qu’est-ce que tu gagnes si tu remportes le défi ? »
Je réponds le droit de fixer un gage à un sexfriend.
« il te faut quoi comme preuve ? ton éjac sur ma face prouvant que ma pipe est irrésistible ? »
Je réponds : « par exemple en cadrant bien ma queue pour qu’il la reconnaisse ! »
L’effronté me répond : « et moi, je gagne quoi si je t’aide à gagner ? ».
Cela me fait sourire. Un négociateur. J’adore ça. Joli sens de l’opportunisme et des affaires.
Un deal est un deal. Mais d’expérience, les gens ne savent pas se valoriser et négocier.
Donc, je lui réponds : « fixes ton enjeu ».
Il me répond : « comme tu as dit confier ton plaisir et te charger du mien, j’aimerai que tu me dépucèles pour être sûr d’y prendre plaisir la première fois ».
Je suis interloqué. Je vérifie son âge. Pas de mention. Je lui demande. Il me répond : « 22 ans, je sais c’est vieux pour un dépucelage, mais j’ai envie, mais je ne veux pas avoir mal. Ca te va ? je te pompe (ça je sais !) et après quand tu as repris des forces et gagné ton pari, tu t’occupes de mon plaisir » et là, il m’envoie plusieurs photos prises dans une salle de bain familiale, montrant son cul, imberbe, musclé, de jeune mec sportif, son profil fin, élancé. ce n'est pas un gamin, mais un homme jeune.
Petit con : quand j’aurai repris des forces ! il me prend pour qui ?
Je souris. Il négocie bien. Il me met un deal en main, titille mon égo pour je surenchérisse.
Je le laisse lanterner.
Il relance « alors ? »
Je réponds "envoies pics de ta face de puceau du cul et donnes moi ton prénom et tes dispos"
Et là, je suis interrompu dans mon dialogue sur mon smartphone, quelqu’un vient de s’asseoir à ma table. Je lève les yeux. Un jeune homme blond cheveux savamment en bataille, qui me regarde droit dans les yeux, avec lueur amusée. « Bonjour, moi c’est Mathieu et toi ? ».
Je le regarde, je maitrise ma surprise. Je ne dis d’abord rien, puis un prudent « on se connait ? »
Il me répond avec un large sourire amusé, sans dissimuler sa victoire « on a un deal ? tu me demandes de te montrer ma face de puceau du cul, donc me voilà. ».
Comment m’a-t-il reconnu ?!? comme s’il lisait mes pensées, il pointe du doigt ma montre et me dit que grâce à elle il était quasi sûr que j’étais le mec de l’appli. Par réflexe, je regarde les photos mises sur l’appli : on voit bien ma montre, une Patek Philippe.
Petit con, il me plait bien lui et pas uniquement sur son sens de la répartie. Il est joueur.
Je le détaille, comme il me détaille.
Large d’épaules, joli polo blanc cintré soulignant son torse, chino prêt du corps moulant des cuisses musclées et amplifiant un joli bulge.
Il a osé un pari, il a gagné.
Je souris, beau joueur.
Un-zéro pour lui.
Jfrancois60
jfrancois60@aol.com
