Premier épisode | Épisode précedent
Les correspondances de Marc & Cyril
27 juin 2019, La Bastide
Cyril,
Aurais-je réchauffé un serpent sur mon sein ?
Je crois bien que oui. C'est donc avec un très curieux mélange d'amertume et de jubilation que j'ai lu ta lettre.
J'ai réussi, et dans mes rais je t'ai capturé.
Que de duplicité, que de hargne et de frustration aussi. Tu es comme une bête fauve prise dans la mâchoire d'un piège, prête à se ronger la patte pour en réchapper.
Fourbe, menteur, prenant ses désirs pour des réalités, décidément, tu ne me déçois pas. J'irais jusqu'à dire que tu me combles. Je vais faire de toi l'une de mes créatures les plus parfaites. La plus parfaite d'entre elles restera cependant mon cher et adorable neveu Yann que tu te vantes d'avoir défloré. Pauvre niais.
Mais je reviendrais plus tard sur ce sujet. Je veux tout d'abord recadrer certains de tes délires.
Tu fumes trop de pétards et sniffes beaucoup trop de rails, mon petit Cyril. À ton répertoire, il ne manquera bientôt plus que des éléphants roses voletant à travers des bulles de savon bleu pervenche.
Si je veux bien admettre que j'ai, un soir d'égarement, forcé la porte de ta chambre pour te faire un petit câlin.
Câlin dont tu as profité pour me sucer le poireau à fond comme la petite salope que tu es.
Tu es incorrigible ! Tu ne peux pas t'empêcher de transformer un moment de tendresse en orgie.
Je n'admets pas que tu bonnisses sur les toits m'avoir vu pleurer (un rail de trop !), car de toute ma vie je n'ai jamais pleuré, sauf sur la mort de mes chiens. Mes adorables bulldogs ivrognes que j'aime pardessus tout.
Me voir pleurer... moi ?
Cela tient du délire... et je tombe sur le cul quand je lis, je te cite : " Quelle ne fut pas ma surprise de te voir pleurer. J'ai ressenti de la compassion et j'ai compris combien tu étais mal aimé. "
Réveille toi vite, mon grand ! Je ne suis ni seul ni mal aimé. Je suis adoré et entouré d'une foule de démons.
À ce point, que j'ai parfois l'impression d'être dans une rame de métro à 18h45... cerné d'obsédés sexuels.
Bon, passons ! Mais va falloir que te surveille de près. Ça commence toujours par des hallucinations, puis on retrouve vite le mec courir, à poil au milieu de l'autoroute un samedi soir. N'oublions que notre Cyril est prêt à tout pour satisfaire son exhibitionnisme forcené. Ça commencera comme ça... la suite, je vous la dis pas.
Revenons en à mon superbe neveu Yann que tu te vantes, éhontément, d'avoir défloré, bien qu'à ma connaissance, tu n'ai été que deux mille huit cents soixante sept nièmes mecs à le sauter.
Maintenant, écoutes moi bien, je vais t'expliquer ce qu'est une vraie salope. Mais auparavant retire ta trop grosse bite de ton crâne de piaf pour y remettre ce qu'il reste de ton cerveau. Bien en place, je te prie !
Tu es prêt ? Tu veux un peu d'huile pour les rouages ? Non !?... Parfait, alors allons-y.
Primo : il y a tout d'abord la salope commune dite populaire. C'est la petite salope de palier qui abonde dans nos quartiers, qui suce à perte et qui se refait faire les niveaux deux fois par jour ou bien qui se fait pomper à perte aussi et qui remonte son froc en affichant un air satisfait. Le terrain de chasse de cette salope s'arrête à la première marche de son palier. Agoraphobe, elle se troue également le cul à grands coups de fantasmes.
Secundo : il y a ensuite la salope royale. La salope royale, c'est comme un couteau suisse... ça fait tout !
Ça encule et ça se fait enculer, ça suce et ça se fait sucer, ça aime et ça n'aime plus, ça dévore sans se faire dévorer, c'est très viril et ça ne l'est soudain plus, ça fouette et ça se fait fouetter, ça fiste et ça se fait...etc.
Bref, que de la joie et du bonheur.
Ne désespère pas mon Cyril aimé, encore 2 ou 3 voyages internationaux et tu accéderas à ce titre prestigieux.
Tertio : Mais, il y a bien mieux encore... the greatest... la salope impériale.
Avec la salope impériale, les jeux sont faits. Vous avez perdu.
Sorte de mutant d'une séduction infernale, né dans le chaudron d'une sorcière, la salope impériale ignore elle-même ses pouvoirs et les ravages qu'elle peut commettre.
C'est de l'art à l'état pur.
Mais... mais... mais, il y a aussi la Salope Vertigineuse !!!
Cette monstrueuse créature n'apparaît que lors de l'alignement des planètes doublé de l'éclipse de la Lune.
La seule issue qu'il vous reste si vous rencontrez la Salope Vertigineuse, c'est de vous coucher sur les rails du train.
Cette espèce de mutant rarissime, c'est la candeur du mal, c'est le sublimissime de la sexualité dépravée.
Yann, je te l'annonce, sans ambages... EST une Salope Vertigineuse !!!
Tu as enfoncé ta grosse bite prétentieuse dans le cul de l'Enfer !
Jamais je n'ai touché le corps de mon divin neveu. Seul me suffisait son maléfique rayonnement.
Mais je me suis pris des orgasmes à foudroyer un dinosaure rien qu'en pensant au dessin de ses orteils.
Dans ta première lettre, tu n'es pas passé loin en évoquant l'apparence de Rocco Siffredi (jeune), car Yann comme moi avons en effet des faux airs de cette licencieuse vedette. Serais-tu à ce point perspicace ???
Méfions-nous, dorénavant, car de notre anonymat, nous sommes très jaloux !
Magnanime et surtout parce que je t'aime, je vais essayer de t'aider à survivre à ta folie des grandeurs.
Je sais que tu es prêt à tout pour te faire de la publicité cyrillo.biz, mais là, tu es allé trop loin en te vantant d'avoir brisé l'hymen du fils de Satan.
Je glousse dans ma barbe rase quand le lis : " Sur le rivage, en plein soleil j'ai pris le cul de ton petit prince rose pâle. ". Tu avais dû ajouter une bonne dose d'opium à ton rail, mon bon Cyril.
Je te signale que mon " petit prince rose pâle ", mesure presque 1m90, qu'il a des bras capables de tordre une barre à mine, des pecs comme des boucliers, des abdos en acier d'un relief fantasmagorique et je ne parle pas de ses épaules parce que (pour une fois) je n'ai plus de mots.
Faudra vite que t'emmène chez un médecin spécialiste en affabulations. Pour ma part je pense que tu souffres d'une malformation congénitale.
Toujours selon moi, tu aurais le nerf périnéal directement connecté au nerf optique.
J'ignore si cela se soigne, sinon on fera avec. Cela nous promet bien du bonheur...
Reprenons, je disais donc que tu avais planté ton gros dard mal élevé dans le cul de l'Enfer.
Fier de ton calibre et de ta puissance de feu, tu t'imaginais que Yann, accablé par ton stupre et rempli de ton foutre de malotru allait succomber à ton charme désuet de petit parisien en vadrouille... ?!
La première chose qu'a faite mon redoutable neveu, c'est de venir me conter son aventurette avec toi. Il ne me cache rien car il me considère comme son mentor.
Malgré son sourire angélique, j'ai lu dans ses grands yeux émeraude ta condamnation à mort. C'est donc à genoux que j'ai dû le supplier de t'épargner, de ne pas déployer son charme invincible et mortel sur toi.
Tu n'aurais pas survécu.
Yann m'accorda cette faveur au nom de l'amour filial qu'il m'accorde. C'était la plus grande preuve d'amour, pour toi, que je puisse faire. M'humilier, à genoux, devant ma créature me coûta beaucoup.
Et voilà pas que se pointe le Cyril, tout fier, tout pavanant, tout roucoulant, voulant à tout prix me faire renifler ses doigts qui portaient encore le parfum sublime du cul de mon cher neveu.
Il était là, gonflé comme un paon, boursouflé de satisfaction, tortillant des hanches pour mieux encore exhiber son gros paquet prétentieux qui explosait sa braguette.
Et que je me dandine, et que je me campe fièrement sur mes beaux jarrets, et que j'avance mon ventre plat bien en avant pour mieux montrer ma taille mince, et que je suis content de moi.
J'étais fou !!!
J'avais l'envie furieuse de te prendre en poids pour te balancer à travers la fenêtre. Je venais de te sauver la peau et tu venais me narguer. Il faudra que m'accoutume à ton ingratitude... cela va être dur.
Bien sur, tu ne savais pas ce à quoi tu avais échappé. C'est pourquoi il me faut t'expliquer au plus vite la genèse de la famille de Yann et par conséquent de la mienne.
Lui et moi sommes issus d'une très longue lignée de grands forcenés du cul.
De génération en génération, à travers d'innombrables siècles, nos ancêtres - toujours en rut - ont prospéré dans le commerce du sexe à tel point que même les rois quémandaient notre alliance.
Les Médicis étaient nos amis.
Pour tous les hommes de notre tribu, toujours très bien équipés, bourrer un fion à bloc, à autant d'importance que de boire un verre d'eau. Nous sommes totalement dépourvus de sentiments... surtout amoureux.
Rarement, mais de temps à autre, se glisse une petite erreur génétique. L'homme porteur de cette erreur peut alors aimer une fois dans sa vie... une seule et unique fois.
Je suis l'un des rares porteurs de cette erreur génétique. Je peux donc aimer une fois... et c'est tombé sur toi.
Pour mon malheur, je suis tombé sur un homme qui peut-être le plus adorable des gentils garçons tout comme il peut-être la pire des saloperies qui puissent ramper sur terre.
Me voila bien mal barré.
En ce qui concerne l'alcoolisme de mon bulldog, je te remercie de ne pas m'avoir dénoncé à la Fondation Brigitte Bardot qui n'est pas bien loin de la bastide. Je connais un peu Brigitte, très gentille personne, qui est venue, pas plus tard que la semaine dernière prendre un verre à la maison.
Nous avons trinqué ensemble, Brigitte, Tango et moi. Et tous les trois on te dit gentiment m....
Je reconnais bien ta reptilienne méchanceté quand tu m'annonces que tu vas faire don de mon chèque à une association de féministes... communistes de surcroît !
Là, du coup, je pète les plombs !! Donner mon fric à ces grognasses !! À ces pètasses qui crient au viol dès qu'on ose leur demander l'heure !!
Là, mon gars, t'es allé trop loin !
OK, j'irais te chercher moi-même à la gare des Adrets. Je viendrai sur mon roadster 1500, tout gainé de cuir noir. Toi, par contre, tu laisseras tes bagages et toutes tes fringues à la consigne et c'est seulement vêtu d'un petit string rouge vif que tu enfourcheras mon bolide. Mon chauffeur récupérera tes affaires, sois sans crainte.
Bien sur, tu auras droit à un casque intégral... puisque c'est obligatoire.
Tu devras serrer très fort ma fine taille avec tes bras musclés parce que j'aime la vitesse et surtout j'aime coucher la moto dans les virages en lacets. Et il y en a beaucoup sur la route touristique de Saint Tropez...
Sur le port de ce charmant village provençal, nous attendront ; une cinquantaine de journalistes et photographes et la foule de tes admirateurs. J'ai en effet commis l'erreur d'annoncer l'imminente visite de Cyrillo, fondateur et animateur du site : cyrillo.biz .
Du coup, mon ami le préfet a dû déléguer une brigade de CRS pour renforcer le service d'ordre.
J'ignorais ta célébrité et je suis à présent très flatté d'avoir eu l'honneur d'écarquiller les beaux sphincters d'une vedette du top show international.
Tu devras surmonter ta proverbiale pudeur et relever la visière de ton casque pour répondre aux appels hystériques de tes fans et aux questions orientées des journalistes.
Ta grosse saucisse paraîtra en première page de tous les quotidiens régionaux... et pourquoi pas nationaux.
Je ramasserais ensuite, amoureusement, ce qu'il restera de toi, pour le ramener à la bastide et lui faire un gros câlin bien musclé.
De tous les mots de ta dernière lettre, je ne veux retenir que ceux-ci : " Et pourtant je t'aime. "
À samedi, mon Cyril, je t'attends.
Marc
