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- Je n'en ai strictement rien à foutre ! Aujourd'hui, c'est moi le patron.
L'ai-je aimablement interrompu.
J'aurais pu me comporter en partenaire attentif et caresser ce corps magnifique pour l'amener progressivement à un bon niveau d'excitation. Mais tel n'était pas mon projet. Loin de là !
Cet allumeur ne méritait pas tant d'égards. Ce soir-là, j'étais le Minotaure vainqueur !
Mon Thésée était à ma merci. Captif de sa propre corde et de mon tortueux labyrinthe affectif, il allait subir sa punition. Que m'importait qu'elle soit ou non méritée.
À croupetons entre ses cuisses, j'ai saisi ses chevilles pour poser ses jambes sur mes épaules.
J'ai tiré son corps vers moi jusqu'à sentir ses cuisses se plaquer à mon torse.
Le visage d'Abel était comme un masque mais il s'accorda une petite grimace quand je l'ai pénétré. J'ai été stupéfait de sentir mon monstre rentrer avec autant de facilité dans sa minuscule rosette. C'est quand l'anneau de ses sphincters s'est refermé autour de ma queue que j'ai compris qu'il m'avait bien facilité la tâche. Ce mec était aussi musclé à l'intérieur qu'à l'extérieur et s'il ne s'était pas offert si charitablement, j'y serais encore...
Dans le gouffre noir de ses prunelles, je ne voyais rien d'autre que mon propre reflet.
Abel était le premier homme que j'enculais. De tout mon être, je remerciais je ne sais qui de m'avoir accordé cet instant fabuleux. Satan peut-être ?
L'espace d'une seconde, je n'ai su que faire. Puis j'ai poussé, lentement mais sans rémission.
Mon sexe découvrait une consistance qu'il ne connaissait pas encore. Une consistance faite tout à la fois de refus et d'acceptation. Quand mon gland a touché une paroi ferme, presque très dure, j'ai compris qu'il s'agissait de la prostate.
Les yeux agrandis de mon amant ligoté me l'ont confirmé. Penché sur lui tel un prédateur qui hume sa proie, soudainement, j'ai détesté cet homme dont la chaude odeur me rendait fou.
Lui, cet être diabolique qui venait perturber ma vie tranquille d'hétéro " normal ".
Lui, qui dynamitait mes solides tabous avec son beau sourire aux lèvres. Il devait payer.
Sans la moindre caresse préliminaire, animé par une rage démesurée, j'ai pilonné comme une vraie brute les tripes de mon jeune partenaire qui était venu en confiance au-devant de moi.
J'ai été sadique, cruel et sans pitié. J'ai violé Abel.
Abel a fait front à mes assauts un bon moment mais mon gros perforateur faisait des ravages.
Il paraissait surpris par ma brutalité et me dévisageait en proférant des injures à mi-voix.
J'ai fracassé sa prostate, j'aurais voulu perforer ses boyaux, je voulais le tuer.
Mon poing a frappé ses pectoraux striés par son effort de résistance. J'ai giflé Abel à plusieurs reprises et il a riposté en me crachant au visage.
- Profites-en bien... tant que tu me tiens... je te casserais la gueule... ahanait-il en me fixant un regard furieux dans les yeux.
Sa menace ne fit que stimuler mon ardeur. Mon travail de démolition parvint-il à un résultat ?
Ou bien alors Abel s'abandonna-t-il totalement ? Ses jambes sont devenues souples et je les ai écartées au maximum en les repoussant haut. Il était aussi souple qu'un gymnaste.
Défoncé à outrance par mon gros pieu turgescent, le beau gars balançait la tête de droite à gauche et ses râles rauques emplissaient maintenant mes oreilles d'une mélopée barbare.
Par moments, il relevait la tête et me regardait comme s'il me découvrait. Il s'admettait terrassé et ne résistait plus, peut-être aussi méprisait-il mon comportement.
Le bourrage a duré un long moment car je maîtrise bien mes éjaculations. J'étais déchaîné.
Un torrent de foutre a jailli sur ses abdos convulsés. Dans l'étau de mes mains, ses fines chevilles vibraient comme des diapasons. Un rictus découvrait ses dents serrées. Il feulait.
Abel se vidait de son foutre en de fabuleuses contractions de tous ses muscles encordés.
Mais j'ai continué de le bourrer.
Un bon moment après, un orgasme quasi bestial m'a enfin libéré de ma pulsion meurtrière et
J'ai encorné Abel jusqu'à la garde à chacun de mes six spasmes taurins, lui arrachant des râles pathétiques, puis, je me suis effondré sur le torse de l'homme que j'avais démoli.
J'étais soudain très mal, super emmerdé. Après ce qu'il venait de se passer, jamais plus Abel n'accepterait de partager ma couche. Je l'avais perdu avant même de l'avoir conquis.
Je reniflais en respirant par saccades. La tête appuyée sur sa poitrine.
- Mon salaud, tu m'as défoncé comme une bête enragée. Tu m'as tout pris. J'ai pourtant été gentil avec toi vendredi dernier ?! Murmura ma victime pantelante.
Il reprenait son souffle en longues inspirations. Son thorax se déployait. C'était beau.
Sans répondre mais soulagé par son tacite pardon. J'ai fait une chose inimaginable pour moi.
J'ai mangé son sperme blanc, épais et acre. Ma langue a lapé la moindre goutte au fond des profonds sillons qui quadrillaient son ventre plat et dur. C'était mon tribut.
C'était une forme de cannibalisme ou bien peut-être tout simplement le désir inavoué de m'emparer, de m'approprier les forces vives d'un homme que je désirais trop. Beaucoup trop.
Il m'a demandé que je lui donne ma queue. Il voulait la sucer. Je ne parvenais pas à débander complètement et quand ses lèvres ont encerclé mon gland baveux, une nouvelle érection m'a noué les veines.
J'ai enfilé une nouvelle capote. Abel a redressé la tête et m'a regardé faire avec un soupçon d'inquiétude dans les yeux. Cela acheva de m'exciter. Il souffla un petit " Non ! ".
Mais quand il vit je n'interrompais pas mes préparatifs, il laissa retomber sa tête en arrière en soupirant et détourna son regard vers la droite. Les muscles maxillaires saillaient sur sa joue.
J'enfonçais de nouveau mon gros sexe dans son cul encore abondamment lubrifié de gel.
Il était maintenant plus souple, presque moelleux comme le serait un vagin.
En poussées lentes mais les plus profondes possible, j'ai très longtemps besogné Abel.
Abel avait relevé la tête. Sur son visage, j'ai alors pu lire le mode d'emploi de sa sensuelle mécanique. En observant ses traits et en capturant ses regards, j'ai appris à diriger ma queue dans des angles subtils qui me permettaient d'atteindre ses failles les plus intimes, les plus secrètes. L'avantage d'avoir une grande queue, c'est qu'on peut se balader off shore, et c'est carrément le pied quand on ouvre les gaz. Je voulais le faire craquer, et il a craqué.
Je n'étais plus le bestial Minotaure, j'étais redevenu un homme qui puisait son plaisir dans le plaisir d'un autre homme. J'apprenais la communion des corps masculins.
Bientôt, sa gorge modula un gémissement rauque, doux et presque continu.
Il murmurait des confidences à un comparse fantôme que je ne voyais pas. Lui disait qu'un démon le détruisait de plaisir et que ce démon n'arrêterait décidément jamais de le trouer, encore et encore, toujours plus profond. Ce démon, était-ce moi ? Oui, ce démon, c'était moi.
La tête rejetée en arrière et les yeux clos, mon amant se donna alors tout entier à moi.
Ses lèvres entrouvertes paraissant attendre un baiser.
Dans mon poing, sa queue d'étalon coulissait dure, brûlante et vibrante.
La vision de ce corps musculeux, si solidement ligoté, si magistralement masculin, si entièrement à ma merci, me bouleversait et m'excitait tout à la fois. Très fort.
Qu'avais-je à faire d'un ersatz de femme ? Il me fallait un homme, un vrai, avec toute sa force et tous ses caractères de mâle.
En se donnant à moi, Abel n'abdiqua jamais de sa virilité et il ne me serait jamais venu à l'esprit de le considérer comme l'une de ces pathétiques et molles salopes qui se font troncher jusqu'aux yeux en poussant des gazouillis de femelles hystériques.
Abel était un homme total et cet homme, pour l'instant, il était à moi.
J'aurais tant voulu le garder ainsi ligoté, à moi, pour toujours. Mais ce n'était pas de l'amour.
Nous avons joui une seconde fois. Ensemble, avec tant de force que ce fut quasi douloureux.
Je me suis penché sur son visage émacié. Ses yeux caves étaient des trous noirs, et au fond de ces trous il y avait des choses que ne savait pas encore lire. Pour la première fois, j'ai embrassé un homme. Le lisse de ses dents, la douceur et la dureté de sa langue m'ont étonné.
J'ai libéré mon amant en prenant bien mon temps, en dénouant lentement la corde et surtout en manipulant avec précaution ces bras ankylosés que j'avais si méchamment tordus.
J'ai dû être doux et tendre, car quand j'ai défait le dernier noeud, il était endormi.
Je me suis allongé près de lui et j'ai contemplé son visage apaisé. L'ombre de ses cils griffait ses pommettes osseuses. Seuls les lointains ronflements de Tango, qui cuvait son whisky, troublaient le silence d'une nuit dont le souvenir m'accompagne toujours.Taraudant.
Abel est parti au petit matin. Il voulait faire bonne figure devant son équipe. Certes, la plupart de ses équipiers connaissaient son homosexualité, mais il était inutile d'en rajouter.
Il voulait retourner chez lui et revenir sur le chantier, comme si de rien n'était.
Nous avons bu un café ensemble. J'étais ému par ses yeux creusés par la fatigue.
Abel m'avait tout donné et maintenant, il allait devoir reprendre son travail dans trois heures.
Avant de s'évaporer dans la nuit, il a accepté de venir dîner avec moi le samedi soir suivant.
J'étais très reconnaissant à l'égard de Sylvie d'avoir si judicieusement coupé la route à un camion de pompiers lancé à pleine vitesse, sirène hurlante.
Ce petit incident allait m'accorder de longues vacances dont je comptais bien profiter.
Comme je suis un gentleman, j'avais délégué auprès d'elle une équipe de coiffeurs, d'esthéticiennes et de manucures qui s'activaient sur tout ce qui émergeait du tas de plâtre.
En outre, j'avais disposé autour de son lit de douleur ses sacs à main préférés, pour qu'ils lui tiennent compagnie.
En tant qu'époux-modèle, je me devais de lui porter secours et assistance.
N'est-on pas marié pour le pire et le meilleur ?
Fouettés par l'appât d'une prime conséquente, mes avocats se démenaient comme de beaux diables pour m'obtenir un divorce taillé sur mesure.
Je pouvais, dès à présent, m'adonner au stupre et à la luxure en toute quiétude et sans l'ombre d'un remord.
À présent, je n'allais à la piscine que le soir venu, après le départ des ouvriers.
J'avais invité Abel à utiliser la douche du pool house plutôt que de se rincer avec son tuyau d'arrosage. Il se lavait maintenant comme un homme civilisé et piquait une tête dans la piscine après ses ablutions. Histoire de se revigorer... il allait en avoir besoin !
Je restais à distance, sur la terrasse, et je crois qu'il appréciait le fait que je le laisse tranquille.
Ce n'était pourtant pas facile de voir ce magnifique triton jaillir hors de l'eau et de me retenir de me jeter dessus.
Après s'être de nouveau rincé, debout nu sur la margelle, le chef de chantier s'épongeait, se rhabillait et après m'avoir adressé un petit signe de la main, il s'en allait... avec Tango sur les talons. Mon chien s'était toqué d'Abel (lui aussi). Il accompagnait son copain jusqu'à son Duster, puis revenait vers moi pour son verre du soir. Bien organisé, le Tango !
En ce qui me concerne, j'avais les couilles qui turbinaient à plein régime, chaudes à fuser.
Je me faisais l'effet d'un bombardier américain de la Seconde Guerre Mondiale cherchant désespérément à larguer ses bombes avant de faire un atterrissage d'urgence sur le ventre.
Quitte à me péter la gueule dans une explosion apocalyptique, il n'était pas question pour moi de larguer les miennes. Sur ma carte d'état-major, j'avais un objectif désigné : Abel.
Je lui réservais toutes mes bombes, je préparais mon raid, il n'allait pas être déçu.
Enfin, arriva le soir de ce samedi.
Sanglé dans une combinaison de cuir noir, apparu Abel, chevauchant un roadster 1500 cm3.
Il mit pied à terre tel un chevalier de légende et s'avança vers moi de sa démarche chaloupée. La combinaison noire soulignait l'étroitesse de ses hanches, la largeur de ses épaules et la longueur de ses jambes.
Il enleva son casque intégral à la manière d'un heaume et m'offrit un grand sourire.
Il semblait si jeune. Il était rayonnant.
Il a posé son casque puis m'a saisi dans ses bras pour m'étreindre avec une force que je ne lui soupçonnais pas. Il m'a balloté de gauche à droite comme une poupée de chiffon. À vrai dire, dès son contact, j'étais réellement devenu une poupée de chiffon...
L'ange du diable rigola dans mon oreille :
- Tu as droit à un bon point, Romain. Tu as été bien sage cette semaine.
C'était sympa, j'avais besoin de récupérer un peu. (un peu ?)
Quand, face à moi sur la terrasse, il a zippé sa combinaison, il m'est apparu, nu, sous le cuir.
Il a sorti son grand sexe raide et dans le creux de sa main, m'a offert ses couilles charnues.
C'était une vision d'un érotisme suffoquant.
alain.romain@orange.fr