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Agriculteur

Saison 2 | Chapitre 5 | Remise en selle

J’ouvre les yeux dans la pénombre de la chambre aux rideaux tirés et, ainsi qu’à mon habitude au réveil, je me sens joyeux prêt à découvrir le monde qui s’offre à lui. Je sens une présence et distingue son allure familière. Je me dis qu’il a dû retirer ses chaussures pour ne pas faire craquer l’escalier et le parquet. Il murmure « tu es réveillé, Julien ? » Je m’étire sous les draps et un engourdissement me rappelle ma chute du matin. Je me décale dans le lit et tape du plat de la main sur la place dégagée. Il approche, solide silhouette, et je me rappelle ses yeux bienveillants ce matin. Je n’ai qu’une envie, retrouver cette douceur, là où j’ai posé ma tête, sur cette peau tendre qui suit la ligne de sa clavicule, à la lisière de sa broussaille. Effleurer cette peau qui, cachée par le maillot, ne voit jamais le soleil, pour y puiser encore chaleur, force et quiétude. Je me campe sur un coude et d’un large geste du bras, j’ouvre le drap, toile qui claque, courant d’air qui l’invite.

Il s’active, zip, cliquetis, froissements. Il écarte les bras puis les relève, se courbe et lève un genou puis l’autre, ses vêtements tombent comme des feuilles et, toujours penché, il se glisse nu entre les toiles pour se blottir contre moi comme frissonnant. Je rêve, c’est lui qui se pelotonne contre moi. « Bien dormi, gars Julien ? » Je suis sur le dos, les mains croisées sous ma nuque, lui sur le côté, le buste relevé sur son bras replié. La situation est romanesque : je ne fais jamais la sieste et il ne vient que très rarement dans ma chambre et là, il est nu en plein après-midi, à mon côté, dans mon lit. D’abord profiter de ça ! De cette présence. Il me semble que c’est elle, et tous les possibles qui pourraient advenir entre nous, qui fait que je me sens, simplement, posément, être un adulte conséquent et responsable et que de nous deux, là, peut jaillir à tout moment une énergie, un élan vital. Et peu me chaut qu’il soit un homme puisque c’est avec lui que je me sens être totalement moi-même.

Il est redressé en appui sur son coude et sa main droite vient se poser vers mon nombril qu’il caresse du pouce. A peine je contracte mes abdos et ma queue tendue vient taper sa main, comme un signal. D’une preste rotation du poignet, il s’en saisit avec deux trois tressautements de la main pour assurer la fermeté de sa prise sur le manche de l’outil, puis le repose calmement sur mes abdos. Sa main frémit. Comme celle qui, mieux que l’œil, vérifie la planitude de la planche rabotée, elle glisse le long de la hampe, va mouler mes boules pendantes avant d’envelopper mes adducteurs et de s’enfuir vers le bas en faisant redresser mes poils. Puis elle revient se poser sur mon plexus et, dans un crissement de poils contrariés, remonte en conque pour souligner mon pectoral étiré. La pulpe de ses doigts s’égrène en cascade sur mon mamelon, et encore, et encore puis il l’écrase de sa main lourde qu’il repousse vers mon aisselle, glisse vers mon dos pour revenir en trainant ses doigts en griffes de plus en plus légères dans ma toison où il trace des sillons. J’ai fermé les yeux, tout entier absorbé par ces chemins qu’il dessine sur moi. Nos respirations sont calmes, silencieuses et accordées.

Je décolle mes épaules pour libérer mes deux mains, mon bras droit se coule le long de son corps dur, dans sa fourrure et ma main va saisir son manche d’outil, comme lui tout à l’heure. Mon bras gauche s’arrondit et ma main glisse de son épaule vers sa nuque, puis remonte dans ses cheveux drus pour l’accompagner quand il l’infléchit. Nos lèvres et nos langues se retrouvent, charnues, humides, lascives, grasses. Elles s’enroulent, se contournent, coulissent, se nouent et nos bouches se soudent. Nos corps se serrent, se frottent, se mêlent et nous roulons l’un sur l’autre ainsi entremêlés, tantôt dessus, tantôt dessous, caressant alors à pleines paluches ce dos, ces reins, ces fesses. Oui, ces fesses que l’un tantôt contracte et que l’autre pétrit ou tantôt relâche et que l’autre écarte alors pour en parcourir le sillon jusqu’au puits serré qu’il mignarde avant qu’elles ne se referment pour presser nos deux virilités l’une contre l’autre tandis que nos jambes s’enlacent dans des clés ou se rabattent pour emprisonner l’autre, se nouent, dénouent.

Mon bras se tend vers le chevet, ma main droite en coupe se remplit de lubrifiant et il sursaute à ce contact quand je l’applique sur sa queue brulante. Mais, après l’avoir rapidement enduite, je descends sur ses boules que je roule puis je suis le filet du périnée pour atteindre l’œillet que je masse en cercle avant d’y ficher sèchement une phalange qui le vibre. On se renverse l’un l’autre. Tandis qu’il tâtonne pour retrouver le flacon, ma main a replongé dans sa raie et mon doigt lui lime souplement l’anneau et le masse. Mais, à son tour, il a la main prête, badigeonne grassement ma queue, chope mes couilles serrées et glisse en-dessous pour crocheter lui aussi mon fion dans lequel il engage fermement un doigt. Bites luisantes coincées entre nos ventres, chacun un doigt fiché dans le cul de l’autre, nous nous mâchouillons la bouche comme deux chiots joueurs, tout en tournant, virant pour nous assouplir respectivement la rondelle.

Puis il m’écrase de toute sa masse, me bloquant de son bras libre et de ses jambes, comme pour imposer une apparence plus calme à une étreinte qui n’en est que plus vorace encore. Et s’il glisse doucement sur le côté, c’est pour m’inviter à poursuivre mes caresses, à me consacrer à lui avec plus d’application encore. Une main qui œuvre sur sa bite et ses couilles, massant, pressant, serrant et l’autre toute entière dédiée à son cul qu’il offre à mon toucher, bassin en rétroversion, cuisses écartées. Et je me laisse guider par ses soupirs, les lèvres qu’il se mord, la respiration qu’il bloque, le dos arqué, les yeux mi-clos. Je l’ouvre, doucement, l’assouplis, l’explore avec méthode pour lui soutirer ces montées brutales du plaisir, l’anneau qui se contracte sur mes doigts puis son souffle qui se détend. J’adore le voir ainsi, emporté, soulevé par sa jouissance. J’ai au fond des reins un élan contenu, je voudrais me fondre en lui ; mais je ne demande rien, je ne veux pas le solliciter à nouveau et me voir opposer un refus. Je préfère attendre qu’il cède à son désir, car je sais qu’alors il me le dira. Entendons-nous, je ne veux simplement rien faire ou dire qui nous mettra inutilement dans l’embarras des précautions d’un refus, créant une sorte de gêne. Alors qu’une caresse de mon majeur vient de lui tirer un gémissement, tout suffocant, il serre ses cuisses en étau et m’immobilise les deux mains. Le temps pour lui de rouvrir les yeux et il sourit, m’embrasse, se dégage et m’enlace. Je sais que mon tour est venu de m’abandonner à ses caresses.

Son pouce embouche mon anneau et le détend, son index me visite et me creuse, faisant courir des ondes de frisson glacial sur toute ma peau, sa main pétrit mes couilles, ma bite demi-molle mais tout aussi sensible. Je me tourne sur le côté, en chien de fusil. Sa main se pose sur ma fesse meurtrie du matin mais l’autre le guide en moi. Doucement, progressivement, il m’envahit, s’empare de moi qui me pousse contre lui, l’attend, l’accueille. Son corps coulisse contre le mien, s’imbrique, se colle et nous dansons du même pas, chaloupé, souple, complice. Nos bras nous soudent l’un à l’autre, nos souffles s’accordent, s’accélèrent. Là, il se plante profondément en moi, secoué de soubresauts, ma main gaine mon gland tendu et je gicle en me contractant, le faisant sursauter encore.

On ne bouge plus. On laisse la tension retomber, les tambours s’apaiser dans nos poitrines. Comme à son habitude, il laisse sa main batifoler sur moi, dessine de petits chemins de la pointe de son doigt, s’invite dans tous mes recoins, intimes ou incongrus. Je m’ébroue comme un animal qui chasse les insectes qui l’importunent, c’est notre jeu. Puis il sonne le retour à la vie ordinaire et ramasse ses affaires pour aller à la douche. Moi, je saute dans mes fringues et comme il me regarde, interloqué, « je me laverai pas pour garder ton odeur* » et je dévale l’escalier.

Je retrouve Noisette dans son box et la selle rapidement. Ne jamais rester sur une chute ! Au plus vite, remonter ! Après une courte détente, j’entame une petite reprise en main ; précision des aides et des départs, changement d’allure, de direction, de pied, petites figures, arrêt au carré. La jument est parfaitement aux ordres et concentrée. Je lui flatte l’encolure et mets pied à terre. Le patron m’observe de loin et surgit à mes côtés dans la sellerie. Il se colle à moi, les mains baladeuses « hum, il me plait ce beau cavalier » Mais je me retourne, le chahute en riant, et lui rétorque « je te monte quand tu veux, patron. A cru ! »

*Réplique de Roselyne Groseille à Paul Le Quesnoy dans le film « la vie est un long fleuve tranquille » d’Etienne Chatilliez (1988)

Amical72

amical072@gmail.com

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