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Étudiant appliqué | S11 | La saison des aveux

1 | à proportion

La lumière inhabituelle me réveille et, aussitôt, me parvient cette odeur camphrée de la pinède. Je sais exactement où je suis ! A mes côtés, Toni dort du sommeil du juste, face au mur. Il est allongé sur le côté et ses jambes dépassent du drap, les pieds détendus en extension. Sur le joli modelé de ses mollets puissants, la ligne de démarcation de sa pilosité laisse apparente la peau fine et ambrée de sa malléole quand la plante de pieds paraît plus claire, plus tendre. Toutes ces images furtives me touchent chez ce garçon.

Comme il me paraît dormir en toute confiance, je me lève discrètement et j’enfourche mon vélo grinçant, direction la plage centrale et son immense ruban de sable fin.

L’eau est bien trop fraîche, juste bonne pour y tremper les pieds, m’éclabousser d’embruns, m’en frictionner le visage. Puis je remonte en selle et rejoins la clôture nord. Je la suis jusqu’à la route puis je bifurque pour revenir au village. Arrêt à la boulangerie qui m’étonne toujours par la variété des produits proposés et retour au gîte.

Toni semble toujours dormir.

Je m’allonge à plat ventre en travers du lit et viens embrasser son épaule ronde, effleurant son dos de mes poils, je caresse son flanc de la pulpe de mes doigts. Il a frémi. Ma main glisse sur ses globes qu’elle enveloppe, puis elle vient titiller la barbichette sous ses fesses. Je le couvre de petits bisous piqués :

- « Toni … »

Il a soupiré, s’est étendu et a, légèrement, relevé sa cuisse. Mes doigts jouent avec cette touffe de poils quand, sous l’effet d’un franc recul du bassin, son fruit se fend.

Mon pouce remonte vers la source et trouve son seuil. Ourlé, souple, clignotant. La pointe de mon doigt le caresse … et il se voit englouti, encouragé par son soupir.

Je me penche pour observer l’expression de Toni mais, pour tout signe, il enfonce son visage dans le matelas et tend une main hésitante vers les ressources en pyramide sur le chevet. Mon bras la soutient et la guide pour qu’il se saisisse des étuis carrés. Il me les offre. Le temps de capoter mon pénis tendu, Toni a écrasé ses épaules, remonté ses genoux écartés et s’expose en grenouille, déjà haletant. A genoux, je presse d’une main un étui de gel sur son coccyx et, de l’autre, je guide ma queue en pinceau dans sa raie. Elle y recueille l’écoulement onctueux, l’étale, s’en enrobe et, ainsi lubrifiée, s’introduit par petites touches.

Je butine une corolle détendue et palpitante qui se déploie.

Toni s’étire, recule lentement son joli cul … et je me laisse avaler. Délicieuse glissade coulée, somptueux écrin qui m’enveloppe de vibrantes ondulations, délicats murmures de volupté.

Il s’est redressé en repoussant sur ses bras maintenant tendus. Mes mains l’enveloppent, mes ongles l’éraflent, mes doigts jouent de ses tétons. Il se caresse sur ma queue qui le remplit, roulant du cul comme un tambour, contractant ses muscles pour, aussitôt, mieux les relâcher, émettant un chant de gorge rauque et étouffé. Un joli animal tout à son plaisir matinal.

Et c’est ce plaisir que je guette.

Il éclate avec un petit cri aigu discret, à peine un éternuement, et une vive contraction de son anus, un sursaut qui se propage jusqu’à ses épaules, est suivi de répliques puis d’un effondrement dans mes bras, d’une longue expiration. Ma main a coiffé sa queue pour recueillir sa sève qui l’enduit et il se penche pour lécher mes doigts. Je l’embrasse pour partager. Il reprend son souffle, me sourit, hésitant, incertain, se penche sur moi.

Il me décapote et voit que je n’ai pas éjaculé. Il est confus ! Je souris pour le rassurer.

- « Tu m’as offert là un TRÈS joli cadeau que j’apprécie particulièrement, Toni ! »

Plus tard, je l’entraîne sur une terrasse du village. Par-dessus mon journal et derrière mes lunettes noires, je l’observe, assis sur son paréo déployé sur ce fauteuil bas, face au soleil.

J’épie ses formes, ses fourrures, ce toupet dense quand il relève le bras pour renvoyer vers l’arrière une mèche rebelle, ce pectoral qui s’étire et son téton pointé. J’observe ses zones d’ombre, ses toisons qui dissimulent sa peau à caresses et, quand il se coule dans son siège, sa verge molle posée sur l’intérieur de sa cuisse velue, ses bourses lisses avec, en dessous, l’amorce de sa vallée profonde, défendue par un buisson touffu mais qui sait pourtant s’ouvrir si généreusement. Il tourne la tête vers moi, je suis d’un œil l’arête de sa mandibule, l’ourlet de sa bouche pulpeuse. Il hésite, incertain.

- « Adrien ? »

- « Tu veux bien aller me commander un café, Toni, s’il te plaît ? »

Il bascule vers l’avant, son ventre détendu s’arrondit puis il se redresse et ses abdos se marquent dans le mouvement, il pivote en appui sur la jambe droite, la fesse contractée, la peau déjà brunie sous le duvet, le dos bien dessiné, ses belles épaules. Il s’accoude au comptoir, la tête relevée pour attirer l’attention, un pied en appui et l’autre reposant sur la pointe, en arrière. Ainsi de profil, la ligne de son dos dessine une courbe souple qui s’inverse et cascade sur ses fortes cuisses aux poils bruns.

Il revient vers moi, portant mon café. Il est pieds nus et marche avec précaution ; sa queue flaccide balle, ses épaules roulent avec naturel, la lumière souligne sa pilosité sombre sur son joli buste. J’ai baissé mon journal, il me sourit sous son casque de cheveux fous, s’approche, ma consommation à la main. Comme je l’y invite, il se penche sur moi et je peux lui glisser à l’oreille.

- « Ce joli serveur me plaît ! »

Quand il se redresse, ma main vient juste au contact de son avant-bras et l’effleure, dans son mouvement, puis, comme à la cantonade, j’ajoute d’une voix plus forte :

– « Merci, Toni. »

Il se laisse tomber en arrière dans son fauteuil, croise une jambe à l’horizontale sur le genou opposé. D’une main, il se caresse le menton, l’autre coule sur sa hanche et va envelopper ses couilles rasées et, simultanément, il relève son talon à terre et se tasse. Sa jambe, en soulevant son genou, m’ouvre une perspective par en dessous. Je vois alors son doigt glisser lentement dans la crinière de sa raie et disparaître vers son fondement si accueillant.

Je n’ai pu réprimer un sourire.

Bruyamment, ses deux mains claquent sur les accoudoirs et il s’arrache de son siège. Avec un dandinement d’ours, il fait deux petits pas vers moi, se casse brusquement en deux, pose une main en appui. Il bascule de profil en se grattant les reins, sa bouche à mon oreille.

- « Ce beau mec poilu qui me mate derrière ses verres miroir me met le feu ! Retrouve-moi dans les toilettes »

Il ramasse sa foutah rayée qu’il jette négligemment sur son épaule, chausse ses tongs et, d’un pas nonchalant et traînant, basculant alternativement son poids d’un pied sur l’autre en contractant sa fesse, il s’éloigne en direction de l’édicule et y disparaît.

Je sirote lentement mon café en songeant à lui, à sa peau déjà dorée, à nos plaisirs et je m’étonne qu’il n’ait toujours pas effectué le second test qui nous dispenserait de l’obligation du latex. Qu’est-ce qui le retient ?

Paisible, je replonge dans la lecture de mon journal d’entre ces deux tours de l’élection présidentielle, soulagé que le probable vainqueur ait pris l’engagement de ne pas revenir sur l’avancée du mariage pour tous, si péniblement acquise, quand certains conservateurs s’étaient engagés à le remettre en cause. Or dans notre état de droit, en respect de la laïcité d’un État indépendant de toutes les doctrines religieuses, il m’apparaît essentiel de reconnaître tous les citoyens à égalité.

Pas de Toni à l’horizon …

Je me lève, règle l’addition, rassemble mes affaires, envisage la place d’un coup d’œil circulaire : pas de joli brun costaud en vue. Je me dirige donc vers les toilettes, pousse les portes western ; Toni est là, à se laver les mains et me guettant dans le miroir. D’un coup, il se retourne, m’agrippe, m’entraîne dans une des trois cabines et s’adosse en retour contre la porte pour la bloquer. Aussitôt, nos lèvres se soudent et nos langues galopent et se joignent, souples, éperdues, gourmandes. Hummm ! Quel délicieux fripon !

Mais d’un coup, les portes battent à nouveau et nous nous pétrifions, soudain craintifs comme des adolescents sur le point d’être découverts.

Bruits d’eau ; nouveau claquement des portes. Aussitôt, je tire fermement Toni pour dégager l’ouverture puis je sors. Il me rejoint, marche à ma hauteur, au grand jour.

- « Toni, je ne veux pas de ces endroits sordides où l’on pourrait être surpris. Nous cacher pourrait laisser à penser que nous avons honte de ce que nous sommes. Le soupçon indélébile de cette supposée faiblesse pourrait donner prise sur nous. On ne m’aura pas de la sorte. » Je me suis arrêté, j’ai posé ma main sur son épaule la plus proche pour qu’il se tourne vers moi.

- « Or, je suis heureux que tu sois là, à mes côtés, Toni ! »

J’ai laissé ma main épousant souplement son épaule et nos yeux se caressent puis, d’une impulsion, je lui indique la terrasse pour déjeuner. Il tique.

- « Tss Toni ! Hier, c’est bien toi qui a développé les acceptions du mot compagnon : qui accompagne et qui partage le pain, le lit … De plus l’article 214 du code civil précise que, dans un couple, chacun contribue à proportion de ses facultés respectives, c’est une règle simple à appliquer et qui facilite la vie, non ? Do you really want to hurt me ? »

Je fais une moue : « pour moi, l’enjeu est dans ce que la présence de l’autre ajoute au moment présent ; des aspects matériels, on s’accommode toujours. J’ai la chance de ne manquer de rien et tout ce que je te propose, je le fais de bon cœur, simplement parce que j’ai ENVIE de ce partage avec toi. »

Puis je plonge mes yeux dans les siens, avec la même conviction et la même retenue calculée que celle qui tend ma bite quand je l’enfile souplement, cet ourson voluptueux.

- « Toni, s’il te plaît, accorde-moi ce plaisir de m’accompagner durant ce séjour. »

* Culture Club : « do you really want to hurt me »

Amical72

amical072@gmail.com

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