1 | Apprivoisement
Le récit de Julien
- « J’ai envie d’un solide papa poilu qui s’occupe de moi, longtemps, savamment, auprès de qui, ensuite, je m’endors en confiance et que je réveille avec une pipe. Enlève-moi ! »
Au sauna, Mehdi m’avait fait cette proposition et, après avoir un peu balancé, je m’étais rendu aux arguments de sa peau douce et aux promesses de ses yeux sombres.
Nous avons pris la route des Chênaies. J’ai indiqué à Mehdi où garer sa moto, près de ma voiture, sous le hangar, comme un signal adressé à Lecourt. Mais Lecourt, lui, est au bord de la mer.
Il me suit jusqu’à la maison, pose son casque sur la chaise près de la porte d’entrée, tourne la tête pour balayer l’espace.
- « Voilà ma maison. Je t’offre un verre ? »
- « Tu vis seul ? »
J’ai émis un bruit de gorge en deux temps pour acquiescer, détaillant son profil pendant qu’il termine son examen panoramique ; son nez est marqué d’un net ressaut à la racine du cartilage médian puis est légèrement aquilin. Une jolie arête nette et singulière. Sans interrompre son examen des lieux, il tâtonne à l’aveugle vers moi, jusqu’à toucher mon bras de sa main et me tend distraitement ses clés, puis son porte-feuilles à la suite, puis son téléphone.
- «Range tout ça dans un tiroir, je suis aux abonnés absents jusqu’à ... »
Sa main s’envole et ses doigts papillonnent vers un lointain puis il retire ses bottes pendant que je nous sers à boire. Il s’approche en souriant, défaisant sa combinaison qu’il retire tel un échassier sur une jambe puis l’autre. Pieds nus, il ne porte plus qu’un tee-shirt et un caleçon. Il sourit timidement en approchant, tend la main pour saisir son verre. Je le retiens. D’une détente, j’accroche son coude pour l’attirer à moi, le serrer étroitement. Je viens alors faire tinter mon verre contre le sien en plongeant mes yeux dans les siens. Il me semble soudain un peu hésitant. Je bois une gorgée, il m’imite. Nos yeux se retrouvent, je tends le cou, tête inclinée, lèvres tendues, dans l’attente … et il vient les embrasser rapidement, balance, revient …
J’ai simplement posé ma main sur sa nuque, pour lui couper toute retraite et je l’ai embrassé à mon tour, mesurant mon élan pour l’amadouer, basculant la tête de gauche, de droite, jusqu’à ce qu’à son tour, il se montre plus gourmand.
C’est maintenant lui qui vient chercher mon baiser, détendant sa nuque, aspirant mes lèvres, dardant sa langue. Puis il cesse, le temps d’un rapide sourire encore crispé, puis il revient, plus empressé encore, comme pour s’étourdir. Je l’entoure des deux bras, des deux mains, je presse avec mesure contre moi son corps nerveux et ferme, prenant garde à ne pas le contraindre, dans une prudence d’apprivoisement qui l’enveloppe confortablement.
Petit à petit, on se laisse happer par nos baisers qui deviennent plus lents, plus savants, plus complices. Et il les entrecoupe de sourires qui se font plus intérieurs, qui donnent à voir son plaisir qui se fait jour. Probablement que j’en fais autant car je le sens plus détendu contre moi, câlin et même joueur. Il a glissé ses deux mains sous mon vêtement et ses doigts comme des insectes fouaillent dans la fourrure de mon torse.
- « Viens ! »
J’ai pris sa main et l’entraîne à ma suite jusqu’à la chambre. Il me semble que la protection de la pénombre pourrait me permettre de retrouver le garçon canaille et les promesses qu’il m’adressait au sauna.
Avant même de passer la porte, j'arrache mon polo et me tourne vers lui, entourant sa taille pour retrousser son tee-shirt dans lequel je l'emberlificote prestement. Il gigote, se débat et parvient à s'extirper en riant du tissu qu'il envoie au loin pour se pendre à mon cou et, enfin, m'embrasser dans un bel élan joyeux.
Et tandis qu'il prolonge le savant dialogue des langues, ses deux mains dégringolent pour s'emparer de ma ceinture, la déboucler, déboutonner mon chino qui tombe à mes chevilles, puis revenir avec de petits murmures approbateurs mouler, dans mon slip, ce paquet dont la hampe dressée s'échappe déjà par l'ouverture horizontale.
Les deux miennes l'ont aussitôt adroitement libéré de son boxer pour revenir empoigner ses deux jolies fesses fermes qui les remplissent et les comblent. Mais, insatiable, je les écarte comme on ouvre un fruit mûr et mes doigts glissent dans ce sillon dévoilé, suivant sa pente naturelle, effleurant ce toboggan de peau plus fine, légèrement moite pour toucher au petit cercle plissé souligné d'une couronne de courts poils raides.
De son renflement, mon majeur a pesé et l'anneau s'est entrouvert à cette simple sollicitation, capturant la première phalange qu'il dévore et qu'il retient, qu'il aspire et qu'il serre à l'étrangler. Il proteste tout en réclamant et inversement, dans ce merveilleux conflit propre à la chair, à la fois désirée et tout autant redoutée.
Mais je n'ai pas à faire à un puceau effrayé, non. Et ses yeux me disent assez, avec malice combien il sait jouer de ces injonctions paradoxales : il se retient mais il m'aguiche et il se dérobe tout en se donnant. Dans le clair obscur propice de la chambre, il m'invite à le rejoindre dans cette sarabande dont les voltefaces nous font délicieusement perdre le nord.
Il a accroché l'élastique de mon slip d'un doigt et l'a brusquement étiré, l'autre main plongeant à l'intérieur pour en extraire ce qu'il convoite. Il s'est cassé en deux, à angle droit. Mon slip est tombé à mes chevilles et lui a englouti ma hampe.
Et c'est suffocant!
Ce frisson de volupté me fait fermer les yeux et geindre de satisfaction tout le temps d'une expiration.
Puis je bouscule tout. Nous voilà sur le lit ; moi, adossé à l'oreiller, ma main derrière sa tête accompagne son oscillation entre mes cuisses écartées et l'autre relève et rapproche sa croupe, où mon majeur prestement enduit de salive, replonge dans son conduit.
Il suce, il lèche, il tête et ça me soulève le rein; je fore, je visse, je caresse et il suffoque. Le gel lubrifiant me permet d'ajouter l'index et, sans que sa main lâche ma queue, il redresse la nuque, la bouche ouverte, les yeux fermés, plissés par la concentration sur les sensations que lui procurent mes attouchements. Je l'observe, aiguisé par un sentiment de pertinente puissance.
- "dis-moi si tu aimes mes caresses, Mehdi, dis-le moi, que je t'entende."
- "Oui, continue! Fais de moi ce que tu voudras, j'aime quand tu t'occupes de moi."
J'ai poursuivi. Puisant dans les ressources de mon expérience, pour le bonheur de le voir exulter, perdre pied, quémander, et celui d'obtenir celà du seul bout de mes gros doigts agiles.
- "Et maintenant, est-ce que tu aimerais que je te mette ma queue, Mehdi? Ma belle queue qui bande fort pour toi, qui voudrait coulisser dans ton cul , te remplir, te gaver ..."
Il a grogné, un bruit de gorge qui devient sourd et se perd dans un souffle, comme une supplique. Je lui impose un étui dans la paume, il me suce goulument à deux ou trois reprises puis déroule le latex à deux mains et, sitôt gainé, je m'inonde de gel l'invitant à poursuivre son massage puissant pendant que mon pouce écrase une grasse giclée de lubrifiant jusque dans son fondement, le faisant à nouveau gémir. Mais je coupe court : je le veux.
Je le pointe, il se cambre et, sous nos poussées résolues, je le pénètre lentement puis, ensemble, nous prenons une profonde inspiration, il se tend, s'arque ; je l'agrippe d'une main à l'épaule, de l'autre à la taille et cet ultime élan nous soude aussi étroitement que possible. Il murmure:
- " Baise-moi fort!"
Il est terriblement excitant, ainsi solidement brocardé sur ma queue, soufflant, frissonnant, haletant et je lui imprime de lents et amples va et vient.
- "Branle-toi en même temps, donne-toi !"
Ses deux bras se sont tendus vers le bas, dessinant un V qui réduit son torse. D'une main, il enveloppe et presse ses couilles, de l'autre, il s'astique rapidement ; son conduit se resserre autour de ma queue et j'ai le bonheur de le recalibrer légèrement à chaque poussée. D'une main, je pince souplement tour à tour sa peau, son téton, sa fesse, comme pour l'aiguillonner alors qu'il s'emploie déjà frénétiquement. Mais je veux plus. Je veux tout. Je réclame, j'exige.
Il a crié, secoué en saccades. Il s'écroule mais je le rattrape aux hanches et en quelques puissants coups de rein, je jouis à mon tour en éblouissement puis je m'effondre sur lui.
Je reprends mon souffle le temps que mon étourdissement se dissipe et je roule sur le dos.
Il se rapproche et j'écarte le bras pour lui offrir où se nicher douillettement contre moi. Sa main avance subrepticement pour s'emparer de ma bite et la décapoter. Il se hausse sur un coude et vient me lècher puis s'enhardit, m'aspire et, bientôt, me suce avec application.
J'ai attiré ses lèvres aux miennes, lentement, pour m'offrir de sentir, préalablement, ces puissantes effluves de sexe. Il attend et ma langue l'envahit, grasse limace de gougeat à qui il donne pourtant aussitôt la réplique avec entrain. Hmmm ! Bel appétit.
Une chose encore. J'ai roulé sur une de ses projections, froide désormais, collante, et ce n'est pas très agréable. Je me soulève.
- "Lèche, s'il te plaît. Là!"
Et sans la moindre hésitation, il lappe mon flanc avec gourmandise. Bientôt sa langue s'applique à me chatouiller, prolongeant le jeu et je roule sur lui, nos membres emmêlés, cherchant sa bouche. Le baiser se prolonge, je rabats ses mains sous moi, le ligote, nous enroule dans le drap, emmaillotés comme des momies, à nous rouler des patins d'affamés. Gagné par le retour du désir, j'imprime mon bassin contre lui.
- "Je crois que je vais te garder pour une deuxième séance, joli garçon."
Amical72
amical072@gmail.com
* "déshabillez-moi" par la grande Juliette Gréco, mais ... pas trop vite
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