Mauvaises fréquentations

Chapitre 11

Le reste de l’été pour les Wahlberg est consacré à l’installation à Los Angeles et à la recherche d’un emploi pour la mère. Elle en trouve un, un poste de secrétaire, pas bien payé, mais dans l’urgence il ne faut pas faire les difficiles.

Ils trouvent un logement à Huntington Park, un quartier pauvre, à très forte majorité latino. L’appartement est petit, 2 chambres uniquement, et Josh doit partager la sienne avec Caroline. Ils ont dû vendre le SUV, et vivre sans voiture a Los Angeles tourne vite à l’enfer pour la famille. Cela devient synonyme d’interminables trajets en bus, entre travail et logement, et pour Josh et Caroline, pour se rendre à l’université ou à l’école.

La semaine avant la rentrée, Josh essaie de visiter le quartier. Quel contraste avec leur précèdent environnement ! Ici tout est beaucoup plus pauvre, moins soigné. Des habitations en mauvais état, des voitures abandonnées, des graffitis sur les murs… On entend régulièrement des sirènes de police. Et Josh se rend compte qu’il vaut mieux ne pas trainer seul tard le soir. La majorité de la population ne parle qu’espagnol, mais Josh parle un peu la langue heureusement.

Les premières semaines sont difficiles. L’argent commence à rentrer avec le nouveau travail de la mère de Josh. Mais cela couvre à peine les dépenses pourtant réduites au minimum… et il faut commencer à rembourser la montagne de dettes laissée par Joe. Les banques et les société de cartes de crédit envoient constamment des relances. Josh prend donc un emploi à temps partiel au Taco Bell du quartier. Comme son espagnol n’est pas parfait, il aide surtout à vider les poubelles, nettoyer les tables. Le tout pour $14 de l’heure, le salaire minimum en Californie. Soudain il découvre une autres facette de l’Amérique. Cette Amérique dont il n’avait pas conscience dans sa campagne du Minnesota, modeste mais pas pauvre. Encore moins en Californie.

Il n’y a pas de distraction… pas vraiment d’espace vert ou faire son jogging. Josh explore donc Los Angeles en prenant le bus pendant des heures. Il n’y a pratiquement pas de métro ici… Mais de toutes les façons il n’a pas le cœur à grand-chose. La mort de Tony, de son père, sa séparation d’avec Damian… les douleurs sont encore vives.

Heureusement la rentrée à l’université apporte une distraction. Le premier jour, Josh se sent bien perdu. Le State College n’est pas en très bon état non plus. Il va falloir se faire de nouveaux amis et recommencer à zéro… Il se sent complètement étranger et seul…De toutes les façons, il n’a pas vraiment le temps d’être sociable, vu le temps de trajet en bus avant et après les cours, et son travail en dehors des études.

Il pense à Damian souvent… comment va-t-il… mais au moment d’envoyer un SMS, ses doigts se bloquent… culpabilité… remords… honte de ce que son père a fait… il vaut mieux oublier…

Josh traine dans le quartier de temps en temps les premiers jours. Pas loin de chez lui, il trouve un terrain de baskets. Vide la première fois. Le lendemain il décide donc d’aller y jouer. Il n’est pas fan de basket, ni très bon, mais c’est la seule activité physique qu’il peut faire près de chez lui, et gratuitement. Il enchaine donc les paniers, seul. Jusqu’à ce qu’une bande de jeunes du quartier ne se pointe. Des latinos. Ils sont surpris de la présence de Josh

- T’es nouveau ici ?

- Oui…

- Désolé c’est notre terrain… on joue toujours à cette heure ci

L’ambiance est un peu tendue. Ils sont 4…

- J’peux jouer avec vous ?

Les mecs s’échangent des petits sourires

- Nan… j’crois pas

Josh sent qu’il gêne et ne cherche pas d’embrouilles. Il s’éloigne du terrain… non sans avoir noté la présence d’un des 4… mignon. Le visage rebelle. Piercing et quelques tatouages comme les autres. Mais un flash de la part de Josh.

Il faut dire que sa vie sexuelle n’est pas terrible depuis cet été. Les drames de l’été et l’installation à Los Angeles l’ont complètement privé de toute vie affective et sexuelle. Pas le cœur, pas l’envie, pas le temps…

Et puis les choses sont devenues compliquées. Il partage sa chambre avec sa petite sœur. Fini, le plaisir de se balader et de dormir à poil. De se branler sur son lit. Il se masturbe juste sous la douche quand il peut…

C’est donc une vie bien triste et terne pour Josh maintenant, bien loin de son année dorée au lycée en Californie.

A tout juste 19 ans les hormones sont trop fortes et le sexe semble être la seule distraction qui lui reste. Il se résout alors à télécharger Grindr sur son smartphone. C’est nouveau pour lui… Damian est arrivé dans sa vie comme par magie. Il n’a jamais eu à chercher…

Sa première expérience est déroutante. Il choisit quelques belles photos de lui et remplit son profil : « 19 ans, nouveau sur Los Angeles ». Il ne sait pas trop quoi écrire… en fait, il ne sait pas ce qu’il recherche vraiment… l’amour… ça lui fait peur… il sait qu’il cherche du sexe, mais, pudique, ne se voit pas l’écrire comme ça…

Bien que peu précis, son profil est aussitôt visité et il reçoit beaucoup de messages. A la fac, il jette un coup d’œil à la pause. La quasi-totalité des messages sont directs : « tu cherches pour tout de suite ? plan cul chez moi… » « envoie de nudes » « passif ?» … il reçoit aussi des photos de bites.

Josh ressent un mélange d’excitation et de dégoût. Excitation de savoir que le sexe est là, disponible au bout des doigts. Dégoût d’être considéré comme un bout de viande…

Dans les jours qui suivent, il parvient à faire le tri et à identifier quelques profils prometteurs. Malheureusement dès qu’il mentionne où il habite, ou que cela apparait sur sa géolocalisation, les gens ne donnent pas suite. Certains sont prêts à le recevoir, mais il n’a pas de moyen de locomotion… Et puis dans le voisinage, ça n’a pas l’air très « gay friendly ». Très peu de mecs dans l’ensemble. Des mecs qui le tentent encore moins…

Un samedi, alors qu’il termine son service au Taco Bell dans le centre commercial dans l’après-midi, il se connecte sur Grindr. Il repère un mec mignon près de lui… et reconnait celui qu’il avait repéré sur le terrain de baskets il y a un moment déjà. Il n’aurait pas imaginé qu’il était gay… C’est d’ailleurs lui qui le contacte

- Hey salut... je te reconnais 😉

- Salut… basketteur ? qui veut pas de moi dans l’équipe hahaha

- Ouais… désolé… mes potes sont un peu des bad boys…

- Pas grave…

- Dispo maintenant ? Je cherche juste un plan cul rapide…

Josh commence à transpirer… et à bander… c’est donc ça… le sexe facile, direct dont il a tant entendu parlé mais qu’il n’a jamais essayé.

- Oui dispo… mais je peux pas héberger… désolé… et toi ?

- Moi non plus, mais pas grave… suis au centre commercial… on se retrouve dans les chiottes du parking sous terrain

Wow ! Josh est super excité à l’idée d’un plan comme ça… chaud… mais il a un doute… le quartier n’est pas sur… est-ce un piège ? Mais ces hormones prennent le dessus, et il se rend au parking sous-terrain.

Il reconnait le visage… il le trouve sexy. Un peu bad boy. Excitant

- Viens, suis-moi

Ils pénètrent ensemble dans le box de toilettes réservé aux handicapés. Le latino l’embrasse aussitôt sur la bouche et lui met la main au paquet. Surpris, Josh laisse la langue pénétrer sa bouche, et se laisse faire. Mais les réflexes reviennent vite et il commence à bouger la langue et à toucher le paquet de l’autre. Il se montre entreprenant avec la queue du latino, qui l’a rejoint avec les mains et sorti sa bite. Le baiser est interrompu

- Suce-moi

Josh ne réfléchit pas. Ça fait un moment qu’il n’a pas sucé. Il veut une queue dans la bouche. Il se met à genoux, et prend immédiatement la bite bandée en entier entre ses lèvres. Le sucé lâche un énorme « fuck yeah » et attrape aussitôt la crinière blonde par la main. Josh suce. Ça lui avait manqué. Le gout d’une bite dans la bouche, sa forme. La pression d’une main qui le pousse à sucer. Ses genoux au sol lui font mal, mais ce n’est rien en comparaison du plaisir de refaire une fellation. Son compagnon continue à lâcher des « suck my dick » régulièrement. Puis il relève Josh

- Tu « bottomes » ?

- Oui - je suis versatile… et toi ?

- Seulement « top » … retourne toi et baisse ton jean

Il est directif mais pas désagréable. Josh aime ca. Ca l’excite. Il se retourne et se met fesses à l’air, le jean et le boxer tombés aux chevilles. Le latino s’est mis à genoux

- Ecarte les jambes, cambre-toi

Puis Josh sent la langue lécher sa raie et son anus. Il lâche un énorme soupir. Ça aussi ça lui avait manqué. Il ferme les yeux et se dit : « je suis en train de baiser comme ça, dans des chiottes… c’est chaud ». Il bande et se fait mouiller le cul. Il entend un bruit de crachat et sent la salive atterrir sur son anus. Le latino s’est redresse. Il crache sur sa queue et étale rapidement, avant de presser son gland humique contre l’anus de Josh. Celui-ci s’ouvre et l’accueille en lui. Les va et vient démarrent

- Fuck, yes, t’es bien serré, t’es puceau ?

- Nan… hmm…

Le plaisir est presqu’immédiat pour Josh. Non pas qu’il ait oublié à quel point être pénétré est agréable, mais c’est tellement mieux en vrai qu’en souvenir. Il se cambre bien et écarte un peu plus les jambes. La queue du latino est bonne, assez large. Ses hanches sont saisies. Celles de son baiseur viennent claquer contre ses fesses

- Hmmm, fuck me, yeah, c’est bon

Josh bouge du cul et se retourne pour embrasser. Ça plait à son partenaire, qui sourit et continue à baiser en rythme. Soudain, Josh réalise qu’ils ne sont pas seuls. Des pas et des voix dans les toilettes. Puis des rires. Comme tous les toilettes aux Etats Unis, ceux-ci ne sont pas entièrement fermés. Les cloisons ne touchent pas complètement le sol, ni le plafond, permettant de tout entendre, et d’apercevoir les pieds des occupants. Josh est gêné, son partenaire pas du tout. Il continue. Les visiteurs des toilettes se marrent et imitent ce qu’ils entendent : « oh yes, oh oui, ha ». Mais ils ne s’éternisent pas, comme s’ils étaient habitués à ce genre de spectacle à cet endroit.

Josh ne peut pas se retenir longtemps. Le latino continue à masser sa prostate avec sa bite jusqu’à le faire jouir du cul. Josh jouit sans se toucher contre le mur. Des jets puissants. Le sperme dégouline le long du mur. Ça plait à son partenaire qui s’approche de l’orgasme. Josh se retire aussitôt et le prend en bouche. Surpris par tant d’audace, et excité, celui-ci jouit aussitôt dans la gorge de Josh. Ce dernier lèche bien en le regardant dans les yeux, d’un air qui veut dire « tu vois je suis chaud moi aussi ».

Les deux partenaires se resapent rapidement.

- Au fait, moi c’est Rodrigo

- Et moi Josh… ça te dirait de manger un morceau ?

- Ouais si tu veux

Rodrigo se montre un peu plus bavard... Ils se posent à un fast food. Rodrigo et Josh font connaissance. Sans trop de tabou. Comme si après avoir baisé dans les chiottes, ils ne pouvaient rien se cacher. En tout cas, Rodrigo n’est pas pudique, à tout point de vue. Il explique qu’il travaille dans un garage du quartier, tenu par son oncle. Son père est mort, assassiné par un gang. Il n’en dit pas plus. Josh n’insiste pas. La mère, elle, il ne la voit presque jamais. Elle est retournée au Guatemala. Sentant que rien n’est vraiment tabou pour Rodrigo, Josh explique que son père s’est suicidé, que sa famille et lui ont tout perdu… et que maintenant ils sont ici. Rodrigo a l’air désolé pour lui, mais ce n’est pas le style à s’apitoyer. Il se contente d’un « c’est dur, mec, désolé. C’est sûr qu’atterrir ici, c’est pas vraiment une promotion… »

Josh se sent différent de Rodrigo… quel contraste avec Damian aussi… mais quelque part, il est intrigué par lui… et comme il n’a pas d’amant… ni d’amis… il aimerait le revoir.

Rodrigo n’est pas contre… « tu sais ou me trouver… Grindr ou terrain de basket » … et les deux se séparent.

Pour Damian aussi, la rentrée à l’université a été une distraction bien venue. La fin de l’été avait été difficile. Le deuil de son père… et la relation avec sa mère. Rester sous le même toit fut difficile. Damien n’arrive toujours à lui pardonner. La rentrée offre donc une bonne coupure. Damian part s’installer sur le campus, et n’a prévu de passer chez lui que certains week-ends.

Le campus est magnifique… ici, tout le monde est beau, riche et intelligent. Comme son lycée l’an dernier mais sous stéroïde. Toutefois, ça ne parvient pas à lui changer les esprits.

Il écoute vaguement en cours. Les professeurs sont excellents, mais il ne ressent pas vraiment de passion. Pareil pour le football. Le niveau est maintenant très élevé. Et il souffre à l’entrainement. Il n’est pas heureux, et rien n’arrive à lui rendre vraiment le sourire.

Un jour, il retombe sur Scott. Ils se parlent, sans arrière-pensées. Scott est sympa, sans essayer de la reconquérir. Il était venu à l’enterrement de son père. Sympa de sa part. Damian se tient malgré tout à distance…

Son père lui manque. Josh lui manque. Sa relation d’avant avec sa mère lui manque… Il ne ressent que du vide. Tout le temps. Partout.

Sa libido s’est effondrée. Il y a beaucoup d’homos sur le campus. Certains le draguent un peu. Ça le laisse froid. Pourtant au bout d’un moment, plus par curiosité qu’autre chose, il finit par se créer un compte sur Grindr. Beaucoup de mecs sexy ici. Beaux, riches et intelligents. Mais il continue à penser à Josh. A son père aussi. Tout se mélange en lui. Il ne répond à aucune des nombreux messages. Il ne cherche pas de sexe… et il aimerait « connecter » avec quelqu’un… pour se confier à d’autres gens, maintenant qu’il est seul à l’université.

Un peu par hasard, il remarque qu’un visiteur a consulté son profil plusieurs fois, et lui a envoyé un message, poli, courtois, pas quelque chose de cru… Le profil en question n’est pas vraiment ce qu’il recherche. Quelqu’un d’une cinquantaine d’années. Toutefois, l’individu en question a un physique agréable. Grand, un peu athlétique, souriant. Elégant, en tenue de pilote de ligne. Basé à New York. D’origine italienne… Damian sourit…

Un soir où il s’ennuie, il répond, avec juste en tête l’idée de discuter avec quelqu’un… Le type, Jack, est cool, surpris en bien que Damian lui ait répondu. La discussion est sympa et ne porte pas sur le sexe. Damian est surpris en bien. Mais Jack n’est pas en Californie ce jour-là… Les choses s’arrêtent donc là.