Premier épisode
Nous sommes samedi soir. Il est tard quand Armand se pointe avec son sac de sport sur l'épaule ;
Il a l'oeil brillant. Il sort de l'entraînement de kick-boxing et m'explique qu'aujourd'hui il a eu de bonnes sensations à la salle.
Un copain costaud et de bon niveau, lui a lancé un défi après une petite dispute dont il a d'ailleurs déjà oublié le motif.
Alors, pendant quelques rounds, ils se sont " lâchés " sur le ring. Le coach a pété les plombs et les a foutus tous les deux à la porte en gueulant qu'ils n'avaient qu'à aller régler leurs comptes dans la rue et qu'il n'y aurait jamais de combat de chiens enragés dans sa salle.
Il était furieux.
Armand rigole comme un gosse qui vient de faire une bonne farce, mais il a un peu mal aux cotes parce que son adversaire lui a balancé quelques high kicks sévères et bien ajustés. Qu'à cela ne tienne, il est prêt pour sa séance de bondage. Moi, bras croisés, j'attends calmement qu'il finisse de me raconter sa petite aventure et je le regarde.
Il est rayonnant. Il porte des santiags et un court blouson de cuir fauve. Ses longues jambes galbées sont moulées dans un jean skinny bleu clair. Je ne l'ai encore jamais vu habillé ainsi. Plus sexy, tu meures.
Entre Armand et moi, un crochet se balance à l'extrémité d'un câble d'acier. Le câble descend d'un treuil électrique boulonné à une poutre située à 7 m au-dessus de nos têtes. Avec un petit sourire goguenard il pousse le crochet de l'index pour le faire encore davantage osciller.
- Je me déshabille ? Questionne-t-il inutilement en balançant son sac sur le sol.
J'opine du bonnet et le regarde exécuter son streap-tease. C'est un régal de voir ce mec dénuder sa sculpturale musculature qui fait songer à l'écorché d'Houdon. Sous sa peau hâlée, il est impossible de déceler un atome de graisse et le jeu des muscles est fascinant. Son corps entier exprime la force, la souplesse... et la sexualité.
Comme il est d'usage, il faut à présent définir les règles du jeu. Je questionne :
- Tu es toujours volontaire pour que je te ligote dans des postures difficiles ?
- Plus que jamais depuis que je vois ce crochet. Tu ne vois pas comme je bande déjà ? Gazouille Armand.
- Ok, mais sans me vanter, avec moi ça ne rigole pas. Alors si jamais cela devient trop difficile pour toi, n'hésite à dire stop et on arrête tout. Nous sommes ici entre personnes civilisées et consentantes, je ne suis pas un bourreau de l'inquisition espagnole. Compris ?
- Compris. Mais cela m'étonnerait que tu me fasses facilement dire stop parce que depuis que je suis passé entre les mains de Raoul, je crois bien connaître mes limites d'endurance... et même savoir les dépasser s'il le faut.
Me balance-t-il d'un air suffisant.
Je n'apprécie pas beaucoup qu'Armand fasse allusion aux talents de cette brute de Raoul. Cela ressemble fort à un défi mais je me refuse d'entrer dans ce genre de compétition malsaine. Ce jeune arrogant mérite tout de même une petite leçon. Je vais lui montrer que je suis le meilleur quand il s'agit de rabattre le clapet des insolents.
Je ronronne :
- Alors tu seras aussi d'accord pour que j'utilise quelques petits jouets, tels que des pinces à seins, des plugs et ma cravache... histoire de voir si tu es aussi endurant que tu le prétends ?
- Autant que tu le voudras. Cela donnera un peu de piment au challenge.
De toute façon, tu te fatigueras avant moi.
Me provoque encore une fois le téméraire.
Satisfait, je m'installe dans un fauteuil et à l'aide d'une télécommande, je tamise l'éclairage. Nu, face à moi, Armand attend.
Je lui ordonne, pour mon plaisir visuel, d'exécuter une série de posings culturistes.
Alors, tel un bodybuilder qui s'exhibe sur le podium et sans se départir de sa grâce virile, il fait rouler et saillir les muscles ligneux de ses longs membres sous mes yeux admiratifs.
Par moments il se cambre, abdos noués, pour m'offrir sa grande verge raide tandis que sa main fait rouler ses gros testicules dans le scrotum de velours. Je trique comme Priape quand il exécute un magistral vacuum en gonflant son large thorax tout en creusant à outrance son mince abdomen.
Quand il cesse son exhibition, légèrement essoufflé, je suis comme une cocotte-minute dont la soupape est bloquée. Sûr de lui, il me toise les mains sur les hanches et avec un petit sourire satisfait.
Toujours assis dans mon fauteuil tel un potentat sur son trône, je lui tends quatre épais bracelets de cuir qu'il devra se fixer lui-même aux poignets et aux chevilles. En expert, il apprécie la qualité luxueuse des articles. En cuir souple, ils sont spécialement conçus pour la suspension avec chacun un anneau d'acier destiné à accrocher les mousquetons.
Je ne suis pas, comme la plupart d'entre vous pourraient le penser, une brute épaisse. Je suis un mec raffiné très attentif au confort de mes " patients ". Mes accessoires sont molletonnés, capitonnés et souples afin de point meurtrir la peau exquise des beaux messieurs que je manipule dans l'intimité de mon loft.
Une pléthore de crèmes, de baumes et d'onguents me permet d'effacer toutes traces de marques et de meurtrissures afin que mes disciples puissent rejoindre leurs épouses ou leurs conjoints en toute sérénité.
Souffrir certes, mais toujours dans le confort. Telle est la devise de la maison.
Armand s'assied sur le tapis et enroule les plus gros bracelets autour de ses chevilles. Tel un Hermès chaussant ses sandales ailées. Il boucle ensuite un cuir autour de son poignet gauche mais il ne peut pas fixer la seconde menotte de cuir car la première lui enveloppe la main et bloque ses doigts.
Je consens donc à m'extirper de mon profond fauteuil et il me tend la main à laquelle je fixe le dernier bracelet. Il est maintenant prêt à être suspendu. Je lui ordonne de se coucher à plat ventre sur le grand tapis de mousse.
Quand Armand est à plat ventre, je commence par lui attacher les mains dans le dos, à l'aide d'un mousqueton. Avec un autre mousqueton, je réunis ses chevilles et replie ses jambes afin de regrouper poignets et chevilles ensemble avec une corde qui coulisse dans les deux gros mousquetons.
L'homme ne résiste pas quand, par une énergique traction, j'oblige ses mains à rejoindre ses pieds qu'elles peuvent maintenant saisir. Ne reposant plus que sur le ventre, Armand est maintenant immobilisé dans une posture fort inconfortable qui cintre fortement son corps.
La commande du palan électrique en main, je fais descendre le crochet pour le fixer a la corde qui regroupe les quatre bracelets, puis le fait remonter pour élever mon beau captif jusqu'à au niveau de ma tête. Pour qu'il cesse de tourner sur lui-même, je noue une longue cordelette autour de ses couilles et attache l'autre extrémité de celle-ci à l'un des piliers de la mezzanine en la tendant énergiquement afin que le scrotum soit étiré au maximum.
Ayant ainsi stabilisé ma proie, je recule de quelques pas pour mieux admirer mon oeuvre. Bras retournés, reins pliés, corps arqué, Armand est à présent à mon entière merci. Ses muscles étirés sont comme des cordages et un filet de liquide pré éjaculatoire s'écoule de sa grande bite turgescente. C'est une superbe vision et je me félicite, encore une fois, d'avoir fait installer des caméras haute définition dans tous les angles du loft. Je suis persuadé que vais enrichir ma collection d'une vidéo ultra bandante.
Les épaules tordues et l'encolure relevée, l'athlétique prisonnier me regarde tandis que je m'avance vers lui. J'encadre son visage entre mes mains pour poser mes lèvres sur les siennes. Il me rend mon baiser avec ardeur mais aussi avec une douceur qui me surprend.
Toujours avec tendresse, je me saisis d'une paire de pinces à seins aux mâchoires dentelées que je crochète aux tétons saillants de l'homme suspendu. Comme de bien entendu, les pinces sont lourdement lestées de poids d'acier qui oscillent maintenant dans le vide avec des scintillements du plus bel effet.
Un grincement de dents m'annonce que mon patient apprécie, à sa manière, les jolis accessoires qui mordent ses mamelons en les étirant. Comme je lui demande s'il se sent capable d'en supporter davantage, il me rétorque que mes gadgets ne sont que des enfantillages et qu'il s'attendait à bien pire. Je n'apprécie guère ce genre de provocation.
Aussi, c'est sans aucun scrupule que je décide de lui remplir le cul avec mon magnifique plug gonflable vibreur.
Pour cela, je fais descendre l'arrogant d'une cinquantaine de centimètres afin d'avoir un accès aisé à sa rosette dans laquelle j'enfonce maintenant la canule d'une poire à lavement emplie de gel lubrifiant. Comme je ne suis pas du genre à regarder à la dépense, je le remplis jusqu'à ce que ça déborde. C'est ainsi que je parviens à introduire le méchant engin de latex dans le cul musclé qui fait pourtant tout son possible pour empêcher la pénétration.
J'ai la satisfaction d'entendre un long râle quand mon gros jouet se verrouille solidement dans les sphincters écartelés du jeune héros. J'actionne la poire afin de faire gonfler le plug géant de manière très satisfaisante.
Je décide maintenant prendre un peu de repos après tous ces laborieux préparatifs. Il ne faut surtout pas que je me surmène. Je me serre donc un rafraîchissement et m'allume un petit cigarillo avant de me vautrer dans mon fauteuil.
Tout en buvant et fumant, j'aimerais bien papoter un peu mais l'homme aux épaules vrillées, suspendu à son filin ne semble pas enclin à la conversation. Il n'est plus très bavard.
Quand je lui demande ce qu'il pense du réchauffement climatique, il ne me répond pas. Pareil quand j'aborde le sujet du Brexit. Armand est décidément un rabat-joie. Il laisse pendre sa tête vers le sol et me cache ainsi un visage sur lequel je voudrais lire ce que j'espère.
Je me la joue " Maître impitoyable " et pourtant je n'y crois pas moi-même. Je suis mal à l'aise. Certes que le spectacle de ce superbe corps arqué est jouissif, mais ce n'est pas ainsi tordu que je le souhaiterais.
Je le voudrais étendu, librement offert, sur un lit tendu de toile, afin que mes mains puissent modeler la ferme argile ambrée de ses courbes masculines. Tant masculines et si sensuelles.
Mais je suis prisonnier de mon rôle de méchant Maître. Je ne dois pas faiblir, même si pour cela je dois marcher sur mon coeur. J'ai presque fini mon cigarillo quand Armand redresse la tête pour me demander :
- Donne-moi ta queue s'il te plaît, j'ai envie de te sucer. J'ai envie de te remercier.
La douleur a fait son travail et la sueur perle sur son front. J'écrase mon mégot dans le cendrier Hermès avant de me remettre debout avec majesté. En gestes lents, je dévêts ma splendide personne, je descends ensuite le corps du demandeur à la hauteur adéquate puis me retourne pour lui coller mon cul dans le nez.
- Si tu veux me sucer la bite, lèche-moi d'abord le cul !! Que je tonitrue sans me départir, un seul instant, de ma courtoisie vieille France.
Mon prisonnier s'exécute avec un rare talent et sa langue commet des miracles dans mon fion. Les orteils écarquillés et les reins creusés, je bénis l'inventeur de la langue en lui reprochant toutefois d'avoir un peu lésiné sur sa longueur.
Rassemblant les derniers vestiges de ma dignité, je me retourne pour enfourner mon gros monstre dans la cavité buccale du vaillant Armand qui s'étouffe en l'acceptant jusqu'au fond de sa gorge.
Je le saisis par les oreilles qui sont de solides poignées qui me permettent d'imprimer un rude mouvement de va-et-vient à mon réceptacle humain. Sans tenir aucun compte de la cordelette qui étire douloureusement ses couilles à chaque oscillation, j'accélère le rythme.
C'est ce qu'on appelle une gorge profonde ou bien je ne m'y connais pas. Il en bave notre héros. Il en bave au propre comme au figuré. De longs filets de salive s'écoulent de sa bouche distendue. Sous lui, sur le tapis, il y a une mare de bave que je compte bien agrandir - prochainement - d'une mare de foutre. Il s'étouffe et s'étrangle pour me donner du bonheur. Sa glotte est si douce autour de mon gland.
Je le laisse parfois reprendre sa respiration pour enfoncer de plus belle ma bite dans son gosier. C'est trop bon.
Je n'oublie cependant pas que j'ai encore du travail sur la planche. Il ne faut pas que j'éjacule. Cela risque d'émousser mon excitation et ce serait bien dommage, vous en conviendrez. L'histoire n'est pas finie.
À contre coeur, je retire donc - malgré ses véhémentes protestations - ma queue de la bouche experte.
Je ne vous dirais pas à quel point j'ai fait grossir le plug gonflable dans le cul de mon patient pour bien lui élargir les sphincters. je ne vous dirais pas le pied que j'ai pris à lui pilonner ensuite la prostate avec ma petite batte de baseball. Je ne vous dirais pas pendant combien de temps j'ai sucé et astiqué sa queue tendue par une érection phénoménale sans pour autant l'autoriser à jouir. Je ne vous dirais pas, non plus, combien de fois ma cravache a cinglé ses fessiers contractés, ses abdos étirés, ses pectoraux mordus et sa bite parcourue de grosses veines.
Mais je vous dis que le moment venu d'en finir, je saisis la queue baveuse d'Armand pour le traire comme jamais, certainement, il ne le fut. D'une main je le branle furieusement et de l'autre j'écrase ses couilles distendues. Enfin vaincu, notre beau héros, muscles contractés à bloc, rugit à plein poumons en déchargeant son jus viril.
D'invraisemblables jets de foutre aspergent interminablement le tapis, mes jambes et mes pieds. J'exulte en vidant l'homme noué par un convulsif orgasme ravageur.
Au summum de l'excitation, je manoeuvre ensuite le palan électrique à la bonne hauteur pour pouvoir planter mon sexe dans la bouche de l'homme haletant. Le saisissant à nouveau par les oreilles, je le balance frénétiquement sur ma jouissance baveuse. Je suis comme fou. En moins de deux, je lui crache dans la gueule une énorme quantité sperme qu'il lui faut avaler en hoquetant.
Je suis ravagé et mon partenaire bien plus encore. Dans un sursaut de miséricorde, je fais doucement descendre Armand sur le tapis et le libère de ses bracelets de cuir. Je déplie ses membres avec précaution pour qu'il puisse s'étaler, exténué, à mes pieds.
Portant à moitié l'homme que j'ai vampirisé, je le conduis dans la petite chambre du rez-de-chaussée et le couche sur le grand lit de fer. Sous son innocente apparence de lit à baldaquin, ce meuble métallique est l'un de mes chevalet de torture. Très solide, il me permet de ligoter les mecs dans des postures variées et multiples.
Mais pour l'instant, ce lit ne servira que de lit car mon athlétique victime a besoin de repos. Avec un grand soupir, Armand s'étend et s'abandonne à la douceur des draps. La tête enfoncée dans un moelleux oreiller, il m'adresse un franc sourire.
- Tu m'as complètement démonté, Julien. Tu ne sais pas à quel point j'en avais besoin. Merci, c'était trop bon. On remet ça quand ?
- Dès demain si tu t'en sens capable. J'ai plein de projets pour toi, il va donc falloir que tu prennes un abonnement. Que je feule d'une voix rauque.
- Sûr que demain je m'en sentirai capable et sûr aussi que je vais prendre un abonnement... Mais, tu ne m'attaches pas ? S'étonne-t-il.
- Je ne vais pas t'attacher pour dormir, Armand. Tu es lessivé... comme moi d'ailleurs, et il faut que tu récupères un peu si nous voulons remettre le couvert demain.
- Ne t'en fais pas, je récupère très vite, même attaché. Ça me plaît d'être ton jouet et tu sais bien qu'il faut que je sois ligoté si tu veux te servir encore de moi. Allez, Julien, attaches-moi. S'il te plaît... fais-moi plaisir. Me demande-t-il d'une voix câline.
J'éclate de rire mais comment résister à ce superbe assortiment de muscles qui minaude comme un gosse qui veut sa glace chocolat vanille ? Je cède et je prépare quatre bracelets et des cordes. Pendant ce temps, Armand file dans la salle de bains pisser un bon coup et prendre une rapide douche d'eau claire pour laver le sel de sa sueur. Faut dire que, tout à l'heure, je l'ai fait transpirer en abondance notre athlète...
Je lui propose de manger un morceau avant que je ne l'attache. Il refuse parce qu'il veut rester à jeun.
Il m'explique qu'il jeune une fois par semaine pour se nettoyer les boyaux. Il se contentera d'un grand verre d'eau. Spartiate qu'il est ce mec.
Armand se fixe lui-même les bracelets aux poignets et aux chevilles et me donne un coup de main pour nouer les cordes aux quatre piliers des angles du lit. Il est très serviable.
Je l'attache en X en m'assurant qu'il ne pourra pas se libérer. Ainsi crucifié, bras et jambes écartés, il offre un bien joli spectacle que les caméras de la chambre sont en train d'immortaliser.
Il est vraiment tard maintenant et il est temps d'aller se pieuter. Mais avant, je décide de masser le torse du prisonnier avec mon onguent miracle. En effet, je n'y suis pas allé de mainmorte avec la cravache et sa poitrine ainsi que son abdomen sont zébrés de striures rouges. Sous mes mains, ses pectoraux et ses abdominaux restent très fermes bien que détendus. Mes pouces s'enfoncent avec volupté dans la profonde gouttière qui scinde sa tablette de chocolat. Demain matin, toutes ces traces auront presque disparu.
Avant de couper la lumière et de sortir de la chambre, je me surprends à me pencher vers Armand pour l'embrasser. Pendant que nos langues se livrent à un duel sensuel, je caresse son sexe qui se redresse avec une telle vigueur que j'en reste pantois. Ce mec a vraiment du répondant, c'est incroyable !
Mais il faut être raisonnable et je monte me coucher en laissant la porte ouverte. Qui veut voyager loin, ménage sa monture, disait mon grand-père. À peine le temps de m'endormir que le téléphone sonne.
C'est Jean et Yvan, deux copains à moi, qui sont en rade en ville. Ils sortent de boîte et leur voiture est en panne de batterie. Ils me demandent de les héberger pour la nuit. Comment refuser l'hospitalité à deux potes avec lesquels j'ai fait les 400 coups ?
Ils débarquent à trois heures du mat. Jean est un grand costaud poilu aux muscles globuleux avec une bonne bouille de voyou tandis qu'Yvan est plutôt petit et sec avec des muscles ligneux et des tatouages jusqu'aux oreilles. On dirait toujours qu'il va mordre, même quand il sourit. C'est un hargneux qui aime la baston.
Ils sont contents de me revoir et me remercient de les accueillir.
Je les guide vers la seconde chambre d'amis du rez-de-chaussée mais quand nous passons devant la porte ouverte de la chambre d'Armand, Yvan stoppe net en émettant un sifflement admiratif.
- Jean, viens voir et dis-moi si je ne rêve pas ! Dit-il en entrant dans la chambre seulement éclairée par la lumière du séjour.
Je tique mais je le suis quand même, accompagné d'un Jean soudain très curieux. Le corps sculpté par un clair obscur des plus sensuels, Armand nous regarde avec un petit sourire goguenard. Parfaitement conscient de l'effet qu'il produit, il tire sur ses liens et cambre son torse pour faire jouer ses muscles appétissants. Il nous la joue prisonnier de guerre avant interrogatoire musclé. Ça me fout les boules de le voir allumer ainsi mes deux potes.
J'avertis :
- Chasse gardée, les mecs. La maison fournit le couchage mais pour le cul faudra aller chercher ailleurs. Mettez vous la bite sur l'oreille et allez faire dodo. Illico presto !
- T'inquiète Julien, on ne touchera pas à ton joli joujou mais admets que ça peut faire saliver de voir ce gros morceau. Où as-tu trouvé ce canon ? Ronronne Yvan.
- Ce ne sont pas tes oignons. Allez, ouste, dehors ! Que j'ordonne en faisant les gros yeux.
Jean et Yvan sortent de la chambre en gloussant et en échangeant des regards entendus.
Je fulmine et je fusille du regard l'athlète attaché en X qui me semble satisfait de son petit numéro d'allumeur.
Un claquement de porte m'annonce que les deux lascars sont dans leur chambre. Sans se départir de son sourire irritant, Armand roucoule :
- Chasse gardée ? Tu es bien possessif, Julien. Serais-tu jaloux ?
- Je...
- Ça me plait bien que tu sois jaloux. Susurre le diable aux grandes oreilles.
- Je ne suis pas jaloux ! Seulement, tu n'as aucune idée de ce que ces deux mecs pourraient te faire subir. Ce sont des brutes et avec eux il n'est question de dire stop.
- Wow ! tu me mets l'eau à bouche en disant cela. Si tu avais le sens de l'hospitalité, tu aurais pu les laisser se distraire un peu. Les brutes ne me font pas peur, elles auraient pu terminer ton travail. Comme ça, tu aurais pu aussi te remplir les yeux... petit voyeur.
Gazouille ce petit fumier de provocateur.
- Je ne suis pas un voyeur... Que je ronchonne.
- Oh que si, Julien. À quoi servent toutes tes caméras ? Tu es un voyeur comme moi je sais que je suis un masochiste. Il n'y a pas de honte à ça, tu sais. On est comme on est. Rétorque-t-il.
- Pourquoi es-tu masochiste ? Que je questionne stupidement.
- Je ne sais pas. C'est peut-être à cause de mon viol quand j'avais douze ans. J'étais costaud pour mon âge et je me suis bien défendu. Mais ils étaient deux et ça s'est très mal passé. Ils ont fini en tôle mais moi, j'ai fini à l'hôpital. Depuis il y a comme un court-circuit dans ma tête. Il faut que je sois ligoté pour faire l'amour, si on peut appeler cela faire l'amour. Pourtant, avec les femmes ce n'est pas pareil, j'ai un comportement normal.
- Mais tu es un boxeur quasi professionnel. Si tu es maso, pourquoi tu ne te laisses pas démolir sur le ring ?
- Ce n'est pas la même chose. Sur le ring il ne s'agit pas de baise, le kick boxing est un sport de combat en principe équilibré. Ce sont les psys qui m'ont orienté vers ce sport. Ils pensent que cela peut remettre mon psychisme d'aplomb. J'ai fait des progrès mais ce n'est pas encore ça.
- Peut-être que je peux t'aider, Armand. Il ne faut pas croire mais malgré toutes les petites misères que j'ai envie de t'infliger, je t'aime bien, tu sais.
- Il ne faut pas m'aimer, Julien. Je suis une vraie pute avec les mecs et je ne veux pas te faire souffrir parce que j'ai de l'estime pour toi. Tu es un type bien, Julien, tu ne mérites pas ça.
Je suis une salope maso et je suis prêt à me livrer à tous les mecs capables de me dérouiller dans la volupté. Je suis devenu addictif au bondage SM, avec les hommes tout au moins.
L'homme lié sur le lit me fait penser à un fier navire qui se saborde plutôt que d'être capturé. Image un peu lyrique, mais elle s'impose à mon esprit. D'un coup, je l'aime. Je l'aime d'une force dont je ne serais pas cru capable. Cette révélation me fait mal, très mal. J'ai ouvert l'une des portes de l'Enfer. Je persiste :
- Et si j'ai envie de t'aimer quand même ?
- Ce sera la cata. Soupire-t-il en détournant les yeux.
Sans un mot, je pose mes lèvres sur les siennes et brusquement il relève la tête pour capturer ma bouche avec passion. Il me donne le plus amoureux baiser de ma vie et me lie ainsi sur le bûcher de son amour.
Plus tard, allongé sur mon lit, je ne parviens pas à m'endormir. Troublé, perdu, je erre dans un labyrinthe de pensées kaléidoscopiques. Puis, d'un bloc, je sombre dans le sommeil.
Il fait jour quand je m'éveille. Provenant du rez-de-chaussée, j'entends soudain un long râle de plaisir mêlé de douleur. C'est comme un appel. Il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour savoir de quoi il s'agit.
Je descends l'escalier en pestant.
Sur les draps froissés, deux hommes nus jouent avec le corps d'un homme nu écartelé.
Couché entre les jambes écartées d'Armand, Jean se repaît de ses couilles en branlant simultanément sa queue raide comme une barre de fer. Yvan, quant à lui, se régale en actionnant vigoureusement ma fidèle batte de baseball dans un cul écarquillé à l'extrême. Je n'aimerais pas être à la place de la prostate du Tarzan. Que non !
- Putain, Julien. Il est trop bon ton mec... ça fait une demi-heure que nous sommes dessus et il en redemande. Je n'ai pas réussi à lui casser les abdos et Jean n'arrive qu'à avaler une boule à la fois tellement ses couilles sont grosses... Tu nous fais un café, s'il te plaît ?
On a besoin de reprendre des forces parce que ça va être dur de le finir. Chevrote Yvan.
Tel le gentleman que je prétends être, je reste calme tout en interrogant du regard Armand qui a tourné vers moi des yeux creusés de fatigue. Certes, il semble serrer les dents très fort mais je pense qu'il pourra tenir le coup encore un bon moment. C'est un garçon très endurant. Je lui adresse un petit sourire d'encouragement avant d'aller dans la cuisine préparer ce si bon café dont j'ai le secret.
Quand je me pointe avec mon plateau garni de quatre tasses de Sèvres et d'une cafetière odorante, j'entends rugir le grizzly velu prénommé Jean.
- Yvan, détache le !! J'veux le retourner pour le baiser en levrette !!
Sitôt dit, sitôt fait. Jean déboucle les chevilles de sa proie et Yvan déboucle ses poignets.
- Non !!! Que je gueule. Il ne faut surtout pas le libérer !!!
Trop tard ! Armand est déjà debout sur le lit. Narines palpitantes et muscles roulants, il extirpe en grimaçant la batte enfoncée dans son trou, puis tel un Bruce Lee de cauchemar, il feule avant de bondir sur le quintal de viande dénommé Jean qu'il catapulte illico sur la commode époque Directoire. Je n'ai pas le temps de cligner des yeux qu'Yvan s'envole à son tour pour venir s'écraser sur ma ravissante table de chevet époque Charles X.
Est-ce pour sauver mon mobilier ou bien sauver la vie de mes deux de copains ?
Toujours est-il que je m'interpose entre eux et le fauve déchaîné... mon service à café toujours en main.
Pendant une seconde, je crois mon heure arrivée. J'ai en face de moi un visage de marbre et des grands yeux vides qui s'étrécissent brusquement en me dévisageant. D'une pichenette, le furieux expédie plateau et café au plafond et se regroupe tel un tigre prêt à l'attaque. Je suis mort. Je ferme les yeux, résigné.
Quand je rouvre les yeux, Armand est devant moi, bras ballants avec l'air désolé d'un gamin fautif.
- Pardonne-moi, Julien. J'ai perdu le contrôle. Ces deux cons m'ont détaché trop tôt. Murmure-t-il.
Cependant qu'il me parle, mes deux hôtes indélicats se relèvent péniblement et sortent de la chambre en le contournant soigneusement. Jean se masse la mâchoire et Yvan se frotte les cotes. À présent, ils réfléchiront à deux fois avant de toucher à mes jouets.
Mais ils ne sont pas rancuniers. Après de courtes et sincères excuses réciproques, nous allons déjeuner tous les quatre dans un restaurant de plage huppé, planté face aux vagues de la Méditerranée.
Sous l'oeil concupiscent de riches matrones liftées à mort, nous sommes attablés, dérisoirement vêtus de minuscules maillots qui proclament outrageusement nos débordantes virilités.
Jean et Yvan laissent courir des regards admiratifs et respectueux sur l'anatomie ciselée d'Armand qui est assis à coté de moi. Son nez cassé accentue la virile beauté de son profil. J'aime la ligne énergique de sa mâchoire ainsi que j'aime la courbe de ses longs cils.
Je frissonne quand sa grande main se pose discrètement sur ma cuisse nue pour la serrer gentiment.
La bouillabaisse est bonne et le rosé est frais. Une petite brise caresse nos épaules.
Après quelques allusions balourdes des deux cocos assis en face de moi, je comprends qu'ils pensent qu'Armand est mon gigolo. Ils savent que je suis friqué. Alors, pourquoi pas ? Mais je ne veux pas qu'ils croient cela, autant pour Armand que pour moi.
- Non, les gars, Armand n'est pas mon gigolo. Il n'a pas besoin de moi pour vivre confortablement. Que je balance à brûle-pourpoint.
- C'est vraiment dommage parce que Jean et moi voulions te demander de bien vouloir nous le vendre une heure ou deux. Me rétorque Yvan en grimaçant son sourire le plus aimable.
Je reste coi tandis qu'Armand éclate d'un rire sonore.
- Qu'est-ce que tu attends Julien, vends-moi à tes bons copains. Je ne demande que ça. Module Armand, à pleine voix sous le regard ébahi du jeune serveur, un tendre jouvenceau, qui laisse choir le seau à glace par terre.
Armand se lève alors, presque nu tant son slip de bain moule son gros paquet et ses fessiers de trapéziste.
Il exécute une double flexion des biceps en gonflant son torse splendide. C'est une vision fastueuse.
- Alors, Messieurs, dites-moi, quelle somme proposez-vous à Julien pour disposer de mon corps pendant une heure ? Barytonne-t-il.
Et tandis qu'une bonne centaine de regards médusés et gourmands se braquent sur mon beau voisin de table, je cherche en vain un trou de souris pour plonger dedans. Une voix gutturale s'élève d'une tablée voisine.
- Je propose cinq mille euros... avec toutefois la permission de croquer les oreilles.
Ruisselante de bijoux et les doigts surchargés de carats, une grosse ogresse certainement octogénaire dévore des yeux la musculeuse chair fraîche d'Armand. Elle farfouille déjà dans son sac en peau de croco pour en extraire son chéquier Cartier.
Sous mes yeux écarquillés de stupeur, Armand fait mouvement vers le Tyrannosaure femelle qui bat des cils pour lui faire une bise avant de décliner gentiment son offre d'achat. Cela fait, il regagne tranquillement sa place à notre table. Le Tyrannosaurus Rex, très déçu, range son chéquier en bougonnant.
Sourire aux lèvres et tout en sirotant paisiblement son rosé, Armand attend que Jean, Yvan et moi ayons repris nos esprits avant de nous annoncer l'inconcevable :
- Avec la permission de Julien, pour vous deux ce sera gratuit. Je ne suis pas mercantile.
Vous pourrez disposer de moi tout à loisir et prendre votre petite revanche durant une heure, mais pas avant le mois prochain parce que j'ai un planning très chargé... Ok ?
PS : Armand, en plus d'être masochiste, serait-il exhibitionniste ? Je suis sincèrement confus de vous avoir conté une histoire aussi inconvenable et ne sais plus, à présent, si je dois continuer à écrire les aventures d'Armand aux grandes oreilles. À moins que les plus pervers d'entre vous m'encourage de nouveau à le faire...